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Cegrand érudit ne se cantonna pas à la poésie épique et écrivit des œuvres philologiques dont un Contre Zénodote et un commentaire d'Hésiode, ainsi que des récits étiologiques. Mais sa plus grande œuvre est sans nul doute Les Argonautiques, long poème épique réussissant à mêler à la tradition homérique l'érudition qui charmait le public de la période alexandrine.
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Le comité prie les mêmes sociétés, ainsi que Messieurs les membres correspondants, de lui accuser réception du Bulletin, afin qu'il puisse s'assurer de la régularité du service de ses envois. Le comité laisse aux auteurs des travaux publiés dans le Bulletin la responsabilité de leurs assertions. Digitized by GoogI Digitized by Google à\ ± /H ^Dig^jzedbyV^iOQQle AUGUSTE STOEBER SA VIE ET SES ŒUVRES par le Dr Henri Ehrismann Près de trois ans se sont écoulés depuis que l'homme de bien auquel nous consacrons ces pages nous a quittés. Sa mémoire n'en est pas moins restée vivante dans le cœur de tous ceux qui l'ont connu. Ses amis, ses anciens collègues, ses élèves, pour honorer sa mémoire et lui donner une dernière marque de leur affection, ont orné sa tombe d'une couronne de bronze; pour conserver ses traits, le Musée historique lui a consacré un médaillon de marbre; ses amis des Trois-Epis ont placé en son honneur une inscription commémorative dans ces lieux où, si souvent, il était venu se retremper et se délasser des fatigues d'une vie laborieuse. Le sentiment unanime des divers orateurs qui, à ces occasions, comme lors des funérailles, ont pris la parole, a été que l'Alsace a perdu en Auguste Stœber un de ses meilleurs, un de ses plus nobles fils. C'est ainsi que s'est exprimée également la presse alsacienne, qui lui a voué de nombreuses notices nécrologiques. L'étude d'une personnalité comme la sienne offre de l'intérêt à plus d'un point de vue. Non seulement les exemples qu'elle nous offre stimulent nos aspirations, mais encore nous voyons se dérouler devant nos yeux une page intéressante de l'histoire de notre patrie restreinte. Cette étude nous fait comprendre les tendances d'une génération qui est sur le point de s'éteindre, et si même elles semblent s'écarter de celles d'une grande partie de la génération actuelle, nous pouvons Digitized by Googlt — 6 — y reconnaître un sentiment qui leur est commun la ténacité avec laquelle le peuple alsacien, à travers toutes les crises et sous tous les régimes, a maintenu son individualité provinciale, toujours exposée à être broyée entre les deux nationalités rivales qui, tour à tour, se le sont disputé. Daniel-Auguste-Ehrenfried Stœber naquit à Strasbourg le 9 juillet 1808. * Sa famille avait fourni, pendant plusieurs générations, des notaires et des tabellions à Strasbourg et à ses environs. Son père, Ehrenfried Stœber, notaire lui-même jusqu'en 1821, puis avocat, est fort connu comme poète et comme homme de lettres alsacien. Il a été, au commencement de ce siècle, une des figures les plus originales et les plus populaires du vieux Strasbourg. C'est de lui que sont ces strophes caractéristiques pour les tendances de la génération dont il a été l'un des principaux représentants , nous dit-il dans ses Memorabtlia vitœ. C'est un de mes livres de prédilection, supérieurement poétique et romanesque. La plus déli- cieuse figure est celle de la douce et virginale Mimili. Son divin caractère se combine avec un amour pur de la nature, un senti- ment délicat, une pieuse affection et une sainte innocence. Elle se meut au sein de ses Alpes comme une apparition idéale d'un pays meilleur. Son cœur est chaste et pur comme la neige éternelle de la Jungfrau.... Mais où trouver une créature pareille dans nos terrestres vallées? » Quelques années plus tard, Stœber dut sourire en relisant ces lignes, car il ajouta en marge l'exclamation significative Tempora mulantur ! Les œuvres du sentimental Matthison, et surtout celles de Hœlty, l'aimable poète élégiaque, qu'il relut jusqu'à cinquante fois, déve- loppèrent en lui un penchant à la mélancolie qui ne fut heureuse- ment que passager. • Des vers charmants, dit-il, en parlant de Hœlty. Comme je partage sa joie lorsqu'il chante le mois de mai, et ses pleurs lorsque sa lyre revêt un crêpe et qu'il en tire des accords funèbres! Que j'aime à suivre ses douces rêveries au clair de lune, lorsqu'il dirige mes pensées vers un cimetière ou que, livré à son enthousiasme, il prête l'oreille aux apparitions célestes! » Rien d'étonnant si, pendant cette phase, que plus d'un a tra- versée, Stœber est pris de regrets vagues et inexpliqués; un dégoût Digitized by Googlt — 13 — complet de la vie et des choses terrestres s'empare de son âme. Dans la nuit de la Saint-Sylvestre 1826 il s'écrie Achève de rouler dans l'abîme insondable des temps, année qui t'en vas. Je descendrais sans regrets dans la tombe avec toi et si, pour moi aussi, retentissait le glas funèbre qui maintenant t'appelle, que je serais heureux ! Que fais-je sur cette terre froide et égoïste, où la haine et l'imposture ne cessent d'obscurcir l'astre de la vérité et de l'amour céleste? » Puis il songe à ceux qui lui sont chers, se promettant, après sa mort, de venir les visiter pour les préparer à la vie des cieux, et il finit en s'écriant Tône TodtmgVkMein baid, Ton' in sussent Beben, Aus der Erde fremd und hait Aufwârts mich eu heben. La vie malheureuse et la fin prématurée du pauvre Hœlty l'avaient profondément touché. Il s'indigna en apprenant qu'aucun monument, pas même une croix n'indiquait l'endroit où reposait le jeune poète. Ces sentiments arrachèrent à sa lyre les vers suivants, qui sont restés inédits Wo ist des Sàngers Qràb? Wo ruht der Mude aus? Kein Flitterkranz noch Bluthenstrauss Wèht flûsUrnd darauf heràb. AUmàMich doch beim Sternenschein, Wenn ewôlf die Gloeke ruft, Da tônt es um die MMe Oruft Wie goîdner HarfenJdang; Und van den hohen HimmelshaUen Lie 8U88en Engellieder schaUen, Und in der SeVgen Oeisterreiche Schwebt Hœlty; der VoUendung Schein Umstrafilt die dunklen Locken. So wandeln die GestaUen nieder, So 8cheiden sie mit Geisierkuss. Dort wo die sùssen Klànge bebten, Wo Seraphim hernieder schwebten, Dort ist des eéUen Sdngers Gruft, Dort ruht der MAde aus. Digitized by GoogI — 14 — Heureusement cette crise sentimentale ne fut que passagère. L'étude et des travaux plus sérieux guérirent Stœber de son spleen, et lui rendirent la verve et la gaîté qui formaient le fond de son caractère. Avec son frère Adolphe et quelques amis intimes, il fit partie d'une nouvelle société esthétique et littéraire, qui s'était formée sous la présidence d'un professeur au séminaire protestant, feu M. Th. Fritz. Auguste fut chargé d'écrire un Essai sur les Minnesânger et, lorsqu'il présenta son travail à la société, on le combla d'éloges bien mérités. Le président déclara que, comme style et comme exposition, l'œuvre était tout à fait réussie. Ces diversions poétiques et littéraires ne l'empêchaient pas de se préparer avec ardeur au baccalauréat ès-letlres, et de suivre assi- dûment le cours préparatoire de théologie au séminaire protestant. Ces études comprenaient, outre la théologie proprement dite, un bon fonds de philologie classique. Cet enseignement avait le mérite de faire de ceux qui le suivaient des professeurs aussi bien que des théologiens; et comme à plus d'un de ses condisciples, il arriva dans la suite à Auguste Stœber de préférer le professorat au minis- tère sacré. Le 8 novembre 1828, il obtint le grade de bachelier ès-lettres et put dès lors se livrer exclusivement aux études théologiques. Elles durèrent cinq ans. C'était long, et dans la trop courte notice biogra- phique qu'il a consacrée à Stœber, dans le Journal d'Alsace du 29 mars 1884, M. Rod. Reuss nous en dit la cause. • Si Auguste Stœber y consacra cinq ans, c'est qu'il s'occupa pendant ce temps de beaucoup de choses qui ne rentraient pas précisément dans les rubriques de l'exégèse ou de la dogmatique. M. de Polignac, les ordonnances de juillet, l'avènement de Louis-Philippe firent quelque tort, on peut le croire, aux commentaires sur l'Ancien et le Nou- veau Testament. Ce qui prouve mieux que toute autre chose l'enthousiasme qui s'empara du jeune étudiant durant les journées émouvantes qui précédèrent et suivirent la chute des Bourbons, c'est le petit volume allemand intitulé Histoire de la Révolution de Juillet, que fit paraître Auguste Stœber peu de temps après les Digitized by Googlt — 15 — événements de Paris. Ajoutons à ces occupations littéraires comme à cette agitation politique les devoirs de garde national, la création d'un grand casino des étudiants, qui s'organisa en 1831 sous la présidence de M. de Quatrefages, alors étudiant à Strasbourg, et d'où sortit le casino théologique et littéraire dont Stœber fut un des premiers administrateurs, et Ton comprendra facilement qu'il n'ait pu clore ses éludes qu'assez tard, en 1833. » Pendant toute la durée de ses études, Auguste Stœber fut en outre membre dune association d'étudiants, à la fondation de laquelle il avait lui-même contribué. Cette société portait le nom A'Eugénia. Les procès-verbaux des séances hebdomadaires prouvent qu'on s'y amusait bien, tout en travaillant sérieusement. On y faisait des conférences littéraires, on recherchait la solution de pro- blèmes philosophiques, on discutait théologie, politique, etc. On y buvait aussi de bonne bière et l'on s'y adonnait à une gaité qui n'avait rien que de juvénile. Gomme garde national, Stœber, qui était alors loin d'avoir l'embonpoint qu'on lui a connu plus lard, fut incorporé dans une compagnie de voltigeurs, où il eut pour camarades son frère Adolphe et son jeune professeur M. Edouard Reuss. Tout en prenant de la sorte part aux événements politiques qui bouleversaient alors l'Europe, Stœber n'en resta pas moins fidèle à ses études de prédilection. 11 collaborait entre autres au Morgenblatt de Stuttgart, dirigé par le poète Gustave Schwab, dont il s'était de bonne heure acquis l'amitié. En 1831, il publia, dans la Morgenzeitung, un travail sur l'ami de Gœthe et son rival, le poète Lenz, travail qui était, pour ainsi dire, l'ébauche de l'excellente monographie qu'il publia, en 1842, sous le titre de Lenz et Frédérique de Sesenheim. Gustave Schwab ne ménagea pas les éloges à ce très intéressant » travail, ainsi qu'il s'exprime dans une lettre à Stœber du 27 septembre 1831 . A cette époque la position de Slœber n'était pas exempte de soucis. Ehrenfried avait subi des pertes considérables, dont les res- sources de la famille s'étaient ressenties. Il en résulta pour Auguste Digitized by Googlt — 16 — la nécessité de pourvoir un peu par sa plume à ses moyens d'exis- tence. C'est ce qui contribua aussi à prolonger ses études de théologie. En 1833, soh frère Adolphe, qui avail accepté une place de précepteur à Metz, l'engagea fortement à accepter une position semblable qu'on lui offrait alors, c Dans quelques années, lui écrivit-il, tu pourras voyager et continuer tes études à une univer- sité allemande. » Auguste suivit ces conseils. Après avoir passé les examens de candidat en théologie, il devint précepteur à Ober- broQn, dans une famille apparentée aux Stœber. Il termina ses études en théologie, en soutenant, l'année sui- vante, sa thèse de bachelier, sous les auspices de son jeune professeur, M. Edouard Reuss. 11 avait pris pour sujet l'un des Alsaciens les plus marquants au xve siècle Geiler de Kaysersberg, que l'on considère comme un des précurseurs de la Réforme. • L'Essai historique et littéraire sur la vie et les écrits de Geiler de Kaysersberg, dit M. R. Reuss, dépassait en importance, sinon en volume, la plupart des dissertations académiques semblables. Fruit d'études personnelles et approfondies, elle rappelait l'attention de nos compatriotes sur l'un des écrivains les plus originaux de la fin du xve siècle ; elle indiquait aussi la direction dans laquelle Stœber allait bientôt poursuivre de préférence ses recherches littéraires et archéologiques. » Le 20 avril 1834 eut lieu la consécration solen- nelle du nouveau bachelier. En attendant une vacance, il desservit la paroisse d'Oberbronn, en qualité de vicaire, tout en continuant à remplir ses fonctions de précepteur. Deux ans plus tard il se chargea, en outre, de la cure de Rothbach, petit village voisin. En 1834 son ami Edouard Verny, alors principal du collège de Mulhouse, lui proposa la place de professeur d'allemand à cet éta- blissement. Us s'étaient connus comme étudiants à Strasbourg, où ils suivaient ensemble les cours de l'abbé Bautain. Bien que Verny n'eût pas séjourné longtemps à Strasbourg, ils s'étaient liés d'une étroite amitié. Verny s'était rendu plus tard à Paris, où il n'avait pas tardé à se faire la réputation d'un brillant publiciste. Appelé à Mulhouse en 1830, c'est lui qui réorganisa le collège, en essayant Digitized by Googlt — 17 — de mettre l'enseignement en rapport avec l'esprit et les besoins modernes, et surtout avec ceux, de Mulhouse. Il créa deux cours, lun de latin et de grec, l'autre de sciences appliquées; c'est ce dernier qui se transforma plus tard en école professionnelle. Dès 4833, Verny avait proposé son ami pour une chaire alors vacante. Stœber aurait sûrement accepté à cette époque; malheureusement on lui préféra un docteur de Fribourg, qui se montra incapable de remplir ses fonctions et qu'il fallut remercier. Verny offrit alors la place à son ancien condisciple; mais quoique cette position lut maté* riellement plus avantageuse, Stœber ne put se décider à l'accepter. Au point de vue social et littéraire, notre industrieuse cité offrait alors si peu de ressources, à en juger par les nombreux témoignages du temps, entre autres ceux du spirituel E. Souvestre Dictionnaire de la conversation et de la lecture, lre éd., article • Mùlhausen » et de Verny Sermons, que Stœber préféra rester dans son paisible et champêtre Oberbronn, où il avait alors sa mère, et dont le site était plus propre à nourrir ses goûts poétiques que les noires cheminées du Sundgau, sans compter la proximité de Strasbourg, où il avait alors de nombreux amis. C'est â Oberbronn que Stœber commença sa vie à lui, cette vie à laquelle il ne renonça que lorsque l'âge et les infirmités l'y obli- gèrent. Dans les moments de loisir que lui laissaient ses fonctions, il se mettait en route, par monts et par vaux l'aspect de la nature inspirait ses poésies. Lorsqu'il arrivait à un endroit habité, il s'arré* tait pour recueillir avant tout, de la bouche même des habitants, les légendes du pays, les proverbes et les dictons populaires, les chansons et les rimes de la rue. Il notait les particularités du lan- gage, les tours de phrases et les expressions qui le frappaient. Il transcrivait les inscriptions curieuses qui couvraient les murs des vieilles chapelles et des châteaux en ruine. H fouillait les archives des communes, et tirait de leur oubli de nombreux et intéressants documents inédits. Dans ces tournées il s'adressait à tout le monde, de préférence aux curés, aux pasteurs et aux instituteurs, même aux enfants, auxquels il faisait réciter leurs rondes naïves. Il Digitized by Googlt — 18 — se créait ainsi de tous côtés des relations multiples et collectionnait avec une ardeur, une énergie admirable tout ce qui avait rapport à la littérature, à l'histoire» aux légendes et aux coutumes de son pays natal. Dans l'accomplissement de cette tâche il trouvait chez son frère Adolphe tous les encouragements, tout le concours dési- rable. En 1835 il fut vivement affligé par la mort de son père. Il ne perdait pas seulement en lui un père, mais encore son plus fidèle conseiller littéraire. Parmi ceux qui contribuèrent le plus à suppléer Ehrenfried dans ce dernier rôle, il faut citer l'historien alsacien Strobel et le poète allemand Gustave Schwab. Strobel avait été son premier mailre, d'abord à l'école Saint-Pierre, puis au Gymnase protestant. C'est à lui que revient en grande partie le mérite d'avoir guidé son élève vers les études alsa tiques et de l'y avoir orienté. Stœber resta constamment en relations avec son cher professeur et ne cessa de s'inspirer de ses conseils. D'autre part, Gustave Schwab, le rédacteur en chef du Morgenblatt, auquel Stœber collaborait depuis nombre d'années, était son grand oracle en matière de poésie; bienveillant, mais sévère, il habitua son disciple à donner à ses vers une facture harmonieuse et correcte. 11 sut aussi épurer son goût. En reconnaissance de leurs bons offices, Stœber dédia à ces deux hommes un recueil de poésies, qu'en 1836 il publia, de concert avec son frère Adolphe, sous le titre Al&àbilder. Ce livre contient des légendes alsaciennes, mises en vers par les deux frères, qui confondaient ainsi, comme dit Spach, leurs inspirations lyriques dans un seul et même volume. Vingt-cinq d'entre elles sont d'Auguste, huit d'Adolphe. Guidés principalement par l'intérêt poétique, les auteurs ne se sont pas toujours tenus à la lettre de leurs légendes; quelquefois aussi Auguste en a créé lui-même de toutes pièces, par exemple celle des quatre chevaliers. Pour rendre un peu ses droits à la vérité historique, Strobel, qui prit connais- sance de leur manuscrit avant l'impression, leur conseilla d'ajouter des notes explicatives, ce qu'ils s'empressèrent de faire. Les critiques firent un accueil bienveillant aux Al&abilder. Schwab remercia Digitized by Googlt — 19 — Stœber de sa dédicace, ainsi que des strophes à son adresse qui commencent le volume. Il y a toutefois lieu de se demander, dit Schwab, si cette attention ne vous créera pas plutôt des adversaires en littérature que des amis. Car il parait se former dans l'Allemagne du Nord une véritable ligue polemischer Bund contre ce qu'on est convenu d'appeler l'école des poètes souabes. Uhland lui-même, notre maitre à tous, si noble et si grand, auquel personne jusqu'ici n'avait osé s'attaquer, est depuis quelque temps en butte à toutes sortes d'agressions, aussi mesquines que malveillantes. > L'Allemagne littéraire était alors, en effet, divisée en deux camps qui, avec des armes différentes, se disputaient vivement la supré- matie littéraire. Le fougueux et sarcastique Heine, quoique issu lui-même du romantisme le plus exalté, avait, par une contradic- tion surprenante, mais habituelle, tout à coup tourné ses armes contre l'école même dont il sortait. Il sut gagner une grande partie de la jeunesse de l'Allemagne du Nord à ses idées et, à la tête de cette t jeune Allemagne » dos junge Deutschland, il dirigea des attaques virulentes contre la vieille école romantique de l'Allemagne du Sud, l'école souabe qui se groupait alors autour d'Uhland. Celui-ci ne répondit que par le silence aux sarcasmes de Heine. Stœber, qui se rattachait à l'école souabe, risquait donc d'être englobé dans cette polémique. Gustave Schwab lui adressa, à ce propos, le mot d'ordre de l'école La88 aie richten, Lass uns dichten! Stuttgart, le 42 septembre 1836. Ce conseil répondait bien aux sentiments de Stœber, qui, tout en admirant le talent poétique de Heine, n'en resta pas moins fidèle à l'école souabe, dont les tendances lui étaient infiniment plus sympathiques que celles de Heine. A propos des Alsabilder. nous citerons encore un fragment inédit de la lettre de remerciements et de félicitations que le poète Rùckert, un juge compétent s'il en fut, adressa à Auguste Stœber Digitized by Googlt 20 — Quoique la maturité de l'âge commençât à calmer bien des entraînements, auxquels il s'était abandonné naguère, Stœber ne resta pas indifférent au mouvement de l'opinion qui se manifesta, après 1840, contre les Jésuites. Le besoin d'éclairer ses compatriotes sur les véritables tendances de leur ordre le poussa, en 1843, à traduire en allemand les fameux cours d'Edgar Quinet et de Michelet. Mais sauf cet inter- mède, Stœber ne s'occupa plus, jusqu'en 1850, qu'à publier périodiquement ses Neujahrsblâtter. C'était peu de chose en com- paraison des matériaux qu'il amassait lentement pour des travaux futurs. Il étudiait avec ardeur les ouvrages des frères Grimm sur la mythologie allemande, projetant de publier bientôt, à l'instar de ces maîtres allemands et d'après leurs principes scientifiques, un recueil en prose, aussi complet que possible, des légendes alsa- Digitized by Googlt — 25 — tiennes. Ce recueil, dédié à Jacob G ri m m, parut en 1852, sous le titre de Sagenbuch des Elsasses. Il est, sans contredit, après le Volksbuchlein, l'ouvrage le plus original et le plus important que Stœber nous ait laissé. Il avait fait la connaissance personnelle des frères Grimm, en même temps que celle d'autres savants allemands, à l'occasion d'un congrès de philologues allemands qui eut lieu à Francfort, en 4846, et auquel Stœbep, ainsi que son frère Adolphe, avaient pris part. Les impressions qu'il en rapporta exercèrent sur son esprit une influence considérable et changèrent en quelque sorte la direction de ses études. M. N. Martin, à qui nous devons une notice succincte sur Auguste Stœber, dit à ce propos Nous pouvons considérer cette époque comme une sorte de point solstitial qui sépare un âge anté- rieur purement poétique d'un autre qui est plutôt historico-philo- logique, avec la réserve toutefois que cette dernière tendance s'était déjà fait sentir précédemment, et que la première revenait encore à l'occasion. » En effet, Stœber abandonnait de plus en plus la poésie et les belles-lettres en général, pour se consacrer plus spécialement à l'histoire et à la philologie. Cette tendance se fait déjà remarquer dans les derniers volumes des Ekàssische Neujahrsblâtter, où les travaux d'érudition occupent une place de plus en plus considé- rable. Les Neujahrsstollen, qui parurent en 1850, sont, de même, une publication essentiellement scientifique. Us furent continués en 4854, ainsi que les années suivantes, sous le titre d'Alsatia, et parurent d'abord annuellement, puis à des intervalles moins régu- liers. La série des volumes de VAlsatia fut close par une publica- tion posthume, la Nette Alsatia 1885. VAlsatia est consacrée à l'étude de l'histoire et des légendes, des coutumes, du langage et de l'art en Alsace. Elle a été, sans contredit, la publication pério- dique la plus remarquable en fait de travaux et de documents alsatiques. Le premier et le dernier volume de la collection, c'est- à-dire les Neujahrsstollen 1851 et la Nme Alsatia 1885 appar- Digitized by Googlt — 26 — tiennent en propre à Auguste Stœber, tandis que les dix autres sont l'œuvre collective de toute une phalange d'amis et de collabo- rateurs qu'il avait su gagner à son entreprise. Stœber resta toujours fidèle à ce que l'on peut appeler le pro- gramme de sa vie, bien qu'à plusieurs reprises on lui eût proposé des positions plus avantageuses. En juillet 1847, le recteur de l'académie, M. Michelle, d'accord avec le bureau d'administration du collège de Bouxwiller, lui proposa la place de principal en remplacement de M. Kûss, devenu professeur d'histoire au collège de Mulhouse. Stœber refusa. En mai 1852, il fut l'objet d'autres sollicitations plus honorables encore. La ville de Bàle s'occupait alors de la création d'un realgymnasiuni, dont le directeur, M. Schmidlin, accompagné de MM. Staehelin, membre du Erzie- hungsrath et du Petit Conseil, Christen, banquier, membre du Grand Conseil, vint à Mulhouse lui proposer la place de professeur de littérature française et allemande dans les classes supérieures. Cette position était infiniment plus avantageuse que toutes celles qui lui avaient été offertes jusqu'alors. On n'en voudra pas à Stœber d'avoir hésité un instant. A Baie il se serait trouvé dans un milieu plus littéraire qu'à Mulhouse, où prédominaient les préoccu- pations industrielles; il y aurait conquis bien vite les sympathies et la considération générale. Averti de cette démarche par le prin- cipal du collège, M. Serrés, M. Vivien, alors recteur à Colmar, vint personnellement prier celui qui en était l'objet, de ne pas accepter et de rester fidèle à l'Alsace. Stœber déféra au vœu de son chef. Il était le champion des traditions alsaciennes, et il sen- tait que s'il avait déserté son poste, il aurait failli au mandat qu'il s'était librement donné. Aléa jacta est! > s'écrie-t-il dans une lettre à un ami ; je ne puis abandonner ma bannière. > En 1853 Stœber profita de ses vacances pour faire un court séjour à Paris. 11 en rapporta les meilleures impressions et, à son retour, il s'arrêta pendant deux jours à Nancy, où il rendit visite à un de ses amis d'enfance, le pasteur et poète alsacien Candidus, qui avait été longtemps l'un de ses plus zélés collaborateurs. Digitized by Googlt — 27 — En 1856 il se rendit à Nuremberg. C'est le dernier grand voyage de Stœber ; il y allait en qualité de membre délégué du Gelehrten- ausschuss fur dos germanische Muséum. Gomme il comptait un très grand nombre d'amis et de correspondants littéraires dans l'Alle- magne du Sud, il prit le chemin des écoliers et la parcourut en tous sens. Il y renoua bien des amitiés et fit la connaissance per- sonnelle de beaucoup de gens de lettres, avec lesquels il n'avait eu jusqu'alors de relations que par lettres. A Carlsruhe il vit Mone, Kunlzel, Draxler; à Francfort il retrouva des connaissances de 1846, entre autres Kilzer et Roth. Après s'être arrêté à Aschaffen- bourg et à Wùrzbourg, il arriva enfin à Nuremberg. Begeisternd schôn » , écrit-il i L. Schneegans. De Nuremberg, où il se lia parti- culièrement avec Fromann, il se rendit à Munich, où il salua S. Muller, Steub et Aug. Becker. Il ne rentra en Alsace qu'après avoir fait à Stuttgart un séjour de quelque durée. A l'exception de ces trois voyages, Stœber bornait ses absences à de petites excursions dans le grand-duché de Bade ou en Suisse, surtout à Bàle, où il comptait parmi ses amis Wackernagel, les Merian, le Dr Bischof et M. le Dr Sieber. Il fit aussi à plusieurs reprises le voyage de Saint-Gall, où il visitait un de ses éditeurs, le savant poète Tschudi, descendant du célèbre chroniqueur suisse. En 1860 il fut chargé du cours supérieur de langue allemande, tout en conservant la régence de sa sixième. Depuis 4848 il faisait les cours d'allemand élémentaires et intermédiaires. Il rédigea pour cet enseignement toute une série de livres de classe grammaires allemandes, exercices de grammaire, chrestomathies. V Histoire des Belles-Lettres en Allemagne, qu'il publia en 1843, mérite une mention particulière. C'est un précis de littérature succinct et substantiel, qui eut une dizaine d'éditions. Ces cours d'allemand augmentaient beaucoup la charge de travail qui pesait sur Stœber. Dès 1851 il se plaignait d'être trop occupé. Sa classe, le cours d'allemand et les leçons particulières qu'il don- Digitized by Googlt — 28 — nait lui prenaient de sept à huit heures, sans compter la préparation qu'elles nécessitaient. Quiconque connaît les fatigues et les ennuis de la carrière pédagogique, s'étonnera, à bon droit, de la force de résistance et de la puissance de travail de Stœber. A côté de son enseignement il trouvait encore moyen de suivre les études qui lui étaient chères. 11 publiait assez régulièrement son Akatia, écrivait une foule d'ouvrages ou de monographies alsa- tiques, fournissait des articles à plusieurs journaux et revues, notamment au Samstaysblatl, à la Revue d'Alsace; il faisait face en môme temps à une correspondance très étendue, comme le prouvent ses Correspondenzbûchlein, carnets où il avait l'habitude déconsigner la date, la destination et le sommaire de ses lettres. Il consacrait aussi beaucoup de temps à lire et à corriger les travaux de toutes sortes qu'on venait lui soumettre. Voici par exemple le relevé de ses occupations du mois de décembre 1850 Correction des premières épreuves des Sagen des E basses; publi- cation de YAlsatia; enseignement au collège et leçons particulières; collaboration à la Revue d'Alsace; critique littéraire d'un ouvrage philosophique, de trois recueils de poésies et d'un poème épique; correspondance. Grâce à sa robuste constitution, cette remarquable facilité de travail le suivit jusqu'à la fin de sa vie. Ses études alsatiques étaient pour lui, comme il l'a souvent dit, un délassement. Elles le réconfortaient après les fatigantes et monotones journées du profes- seur de sixième. Stœber n'était pas de ces savants qui fuient le monde. Il était, au contraire, d'un caractère essentiellement sociable; il recherchait les hommes, mais en les choisissant. En 1853, il groupa autour de lui quelques amis dans le but de cultiver ensemble les lettres alle- mandes en Alsace. Il reprenait ainsi le plan de VErwinia et des Nmjahrsblâtter. Ce petit cénacle, qui tint sa première séance le 23 février, prit le nom de Concordia; il compta bientôt un nombre Digitized by Googlt — 29 — assez grand de membres actifs et honoraires. Parmi ces derniers figuraient MM. Louis Sohneegans, Adolphe Stoeber, Charles Schmidt et Xavier Mossmann en Alsace; M. le Dr Bischoff, de Bâle; Jacob Grimai et L. Uhland en Allemagne. La Conwrdia se réunissait tous les quinze jours, le mercredi à 6 heures du soir, chez l'un des membres de la société. L'hôte était en même temps tenu de fournir un travail écrit en allemand. Tantôt c'était une œuvre originale traitant une question de littérature, de philologie ou d'histoire; tantôt ce n'était qu'un simple compte-rendu des ouvrages d'autrui. On y lisait aussi des pièces de vers, des compositions d'un caractère humoristique. Stœber surtout, grâce à sa gaité naturelle, excellait dans ces jeux d'esprit. Cette partie de la séanoe se termi- nait par une discussion générale, qui était suivie d'un modeste souper. On songea bientôt à créer un organe de publicité; mais ce ne fut qu'en 1856 que Zetter, l'un des membres actifs, bien connu comme poète sous le pseudonyme de Fr. Otte, fit paraître pour la première feus le Samstagsblatt, Dans cette feuille hebdomadaire, dont Aug. Stœber fut l'un des collaborateurs les plus assidus, paru- rent un grand nombre de travaux historiques et littéraires d'une valeur incontestable. A Mulhouse même ce petit cercle littéraire faisait peu de bruit. Bien qu'il ait existé jusqu'en 1870, il y était è peu près Il y a une cinquantaine d'années, on n'entendait encore guère parler à Mulhouse que le patois sundgovien. Souvestre, qui a séjourné dans notre ville, de 1830 à 1835, comme professeur de rhétorique, rapporte méchamment qu'à cette époque les lettres y étaient pour Penfant qui finissait ses études ce qu'était l'Amérique avant Il suffit de vingt ans pour changer cette situation. Le français était la langue des affaires et l'usage l'avait rendu familier aux classes élevées. L'allemand, dès lors, perdit pied si rapidement 1 Voyez Coubvoisibb, pp. 28-29. • Dictionnaire de conversation et de letton, V9 édition, furtioto MUlhftnaen ». Digitized by GoogI — io — qu'il fallut l'enseigner comme une langue étrangère à la jeunesse de 1850 à 1860. On comprenait donc de moins en moins des tendances comme celles de la Concordia. Courvoisier, dans son intéressante étude sur les lettres françaises en Alsace, explique ainsi l'attitude que la nouvelle génération, de plus en plus française de mœurs, prenait à l'égard des rares défen- seurs de la langue allemande et des mœurs alsaciennes c On lais- sait tranquillement rêver dans leur coin les quelques hommes courageux qui voulaient s'opposer à ce courant , qui sentaient le besoin de vivre d'un peu de poésie. Eux aussi, ne cédant qu'aux inspirations de leur cœur, ne se torturèrent point pour se créer un nouvel instrument ; c'est dans la langue allemande, la langue des ancêtres, la langue du berceau et de la prière, qu'ils continuèrent à exprimer leurs sentiments •. Stœber était le centre de cette petite phalange ; il y brillait au premier rang ; on peut dire qu'il lui donnait l'impulsion et la vie. Parmi les autres occupations où se dépensait la vie si active de Stœber, il faut surtout citer l'administration de la Bibliothèque municipale et, plus tard, ses fonctions de président du comité du Musée historique de Mulhouse. Nommé sous-bibliothécaire en 1857, il devint bibliothécaire à partir de 1861. Ce poste, quoique souvent fatigant et ingrat, ne laissait pas de lui convenir beaucoup. On eût difficilement trouvé un bibliothécaire plus zélé et mieux qualifié que Stœber. Le meilleur ordre régnait dans les rayons de la bibliothèque. Stœber s'appliquait particulièrement à réunir des alsatiques rares; il le fit avec un grand succès, comme le prouve la bibliothèque Gérard, à l'acquisition de laquelle, grâce au puissant appui de M. F. Engel-Dollfus, il sut déterminer la municipalité. À côté de la Bibliothèque, le Musée historique de Mulhouse était l'objet de sa plus vive sollicitude. II avait été le premier à en con- cevoir le Les commencements en remontaient à 1858, Lettre de M. Engel-Dollfus du 26 mars 1876. Digitized by Googlt — M — sans le concours de la Société industrielle ni de la ville. H est vrai que, faute de fonds, les progrès furent d'abord très lents; cette collection d'antiquités mulhousiennes demeura fort modeste. Cepen- dant elle s'enrichit, en 1859, du produit des fouilles que Stœber, de concert avec son ami G. Stoffel, fit faire au Huhnerhubel, tertre celtique qu'ils avaient découvert aux environs de Mulhouse, au Zurenwald, entre Rixheim et Zimmersheim. Ce n'est qu'en 1863, sur la proposition de M. Engel-Dollfus, le généreux promoteur de tant d'utiles institutions, que le Musée fut définitivement fondé par la Société industrielle et, grâce à ce patro- nage tout puissant, son existence fut dès lors assurée. Aujourd'hui Mulhouse peut être fier à juste titre de cette belle création, dont le succès est dû surtout à l'initiative et à l'énergie du comité d'admi- nistration et de ses deux présidents, feu M. Engel-Dollfus, qui en a été le président honoraire, et Stœber, qui a rempli jusqu'à sa mort les fonctions de président effectif. Nous avons déjà parlé du médaillon de marbre que le Musée historique lui a consacré. Ce médaillon, véritable œuvre d'art, se trouve au-dessus de la porte d'entrée de la salle principale. Les événements de 1870, suivis d'une grave maladie qu'il fit en 1871, interrompirent quelque temps ses travaux. Peu à peu l'âge et les infirmités minèrent sa constitution jadis si vigoureuse. L'amour de l'étude l'emportait malgré tout. On sait combien ses veilles ont été fécondes encore après 1870. Il est vrai qu'il se rendait plus facile la production des ouvrages d'érudition, dont beaucoup ne sont plus que de simples compilations. En 1873, Stœber, alors âgé de 65 ans et de plus en plus valé- tudinaire, demanda sa mise à la retraite comme professeur au Collège de Mulhouse. Sur la recommandation du président supé- rieur de r Alsace-Lorraine, M. de Môller, sa pension lui fut liquidée à des conditions particulièrement favorables. H resta bibliothécaire jusqu'en 1882; ce ne fut qu'à regret que r administration accepta sa démission, et en reconnaissance de ses Digitized by Googlt — 32 — services elle le oomma bibliothécaire honoraire. Cette distinction est la dernière qui lui ait été décernée. En 4865, le ministre de l'instruction publique, M. Du ru y, lavait nommé officier d'académie; le 8 juillet 4878, à l'occasion de son 70me anniversaire de naissance, l'Université de Strasbourg lui avait conféré le titre de docteur en philosophie. 11 était en outre membre boooraire ou correspondant de différentes sociétés savantes, entre autres de la Historische und antiquarische Gesellschafl, de Bàle. Il faisait partie du Gelehrtenverein des germa- nischen Muséum, de Nuremberg; il était maître du freies deutsches Hoçhslifl des Gœlheschen Vaterhauses, de Francfort-sur-le-Mein, etc., etc. L'un des séjours de prédilection de Stœber dans sa vieillesse c'étaient les Trois-Ëpis, près dcColmar. • Stœber », dit M. Reuss, • l'admirateur passionné de nos montagnes, lui qui aimait tant à les parcourir, le bâton du touriste à la main, dut renoncer peu à peu à ses courses lointaines. C'est alors qu'il concentra ses affec- tions sur ce coin charmant des Vosges qui s'élève au-dessus de la petite ville de Turkheim, sur le site des T rois-Épis. Il y faisait chaque année un pèlerinage pour y retremper son corps affaibli, pour se débarrasser en cet air pur des oppressions qui l'assaillaient, pour admirer avec une joie toujours nouvelle ces paysages variés qu'il a chantés plein de reconnaissance en son dernier recueil de vers Drei Âehren im Ober-Elsass, Gedichte 1875 ». Le Belvédère, Belle vue, la Roche-du-Corbeau, le Galz étaient les promenades de prédilection du vénérable vieillard. Du haut du Galz il pouvait admirer le magnifique spectacle des Alpes éclairées par le soleil couchant, toute la chaîne, depuis le Tœdi jusqu'au-delà de la Jung- frau. Il se sentait rajeunir au milieu de cette belle nature. Il y retrouvait chaque année une société d'élite, amie de la nature et de la poésie. Nous citerons entre autres MM. A. Nefftzer, Th. Schimper, H. Kugler, J. Eck et Max Frey. M. Rodolphe Reuss nous a retracé de main de maître les derniers jours de celui qui a été son ami et celui de son père Après un Digitized by Googlt — 33 — mauvais hiver, Slœber se rendit une dernière fois, Tannée passée 1883, en son séjour favori des Trois-Épis. Cette villégiature, dont il espérait les meilleurs résultats, lui fut pourtant bien pernicieuse. Il prit froid sur ces hauteurs, et les siens durent le faire revenir à la hâte. Bientôt la maladie dç cœur dont il souffrait s'aggrava, l'hydropisie fit des progrès vainement combattus, et dès ce moment ceux qui le voyaient tous les jours ne purent conserver aucun espoir. 11 n'en était pas de même des amis du dehors, grâce à l'énergie vitale et ad confiant optimisme du vaillant écrivain. Au milieu des angoisses souvent intolérables qui secouaient son corps, il trouvait encore moyen de travailler et d'écrire. Dans la dernière lettre qu'il m'adressait â la fin de novembre 1883, il parlait avec tant de vivacité de ses projets littéraires, de telle étude commencée, de telle question qu'il se proposait d'élucider plus tard, que le sentiment d'un danger immédiat ne pouvait naître en nous, malgré oe qu'il y disait des épreuves par lesquelles le faisait passer la maladie. La nouvelle de la mort de Stœber fut donc pour ses nom- breux admirateurs et pour ses amis, anciens et nouveaux, une nouvelle inattendue autant que douloureuse. Pour lui qui a tant souffert dans les dernières semaines, ce fut à coup sûr une déli- vrance quand il s'endormit — doucement et sans agonie, nous ont dit ses proches — â l'aube du 19 mars 1884. Nous l'avons porté en terre, deux jours plus tard, par une sombre et pluvieuse journée, et le soleil a refusé l'aumône de ses rayons au poète qui tant de fois avait chanté sa beauté vivifiante et les beautés de la naturel » Les orateurs qui ont pris la parole sur la tombe du savant, se sont particulièrement attachés à mettre en relief le noble caractère du défunt. Comme professeur il a été un excellent pédagogue; car il aimait passionnément les élèves et avait, malgré toute son érudi- tion, un rare talent de se mettre à leur portée, pour éveiller et pour entretenir chez eux le goût et l'intérêt pour les choses qu'il leur enseignait. Aussi tous l'adoraientrils et, devenus hommes, ils n'ont cessé de lui témoigner leur reconnaissance et leur vénération. 3. Digitized by Googlt — 34 — 11 avait une prédilection pour ceux de ses disciples chez qui il croyait reconnaître de l'aptitude pour les études historiques. Il s'efforçait de développer en eux l'amour du sol natal, de les intéresser à l'histoire de l'Alsace, pour les pousser à travailler sur le terrain qu'il avait été le premier à défricher. Parmi ces élèves nous cite- rons particulièrement M. Joseph Coudre, qui devint son collègue, et M. Albert Courvoisier, dont la mort a brisé trop tôt la carrière. La première qualité de son âme était la bonté; bonté sans pareille venant du cœur et allant droit au cœur. Entièrement dévoué à ses amis, il ne reculait devant aucun sacrifice pour les obliger. 11 évitait de heurter; il possédait ce charme captivant, cet esprit de véritable politesse qui, selon La Bruyère, est une certaine atten- tion à faire que par nos paroles et par nos manières les autres soient contents de nous et d'eux-mêmes. Aussi s'est-on complu à l'appeler l'homme qui n'a pas d'ennemis » . Tous ceux qui ont eu avec lui des rapports sociaux ou littéraires, ont vanté sa cordialité, l'absence de tout sentiment de jalousie, de toute prétention, son désintéressement. S'il tirait quelque profit de ses livres de classe, qui se vendaient très bien, il l'employait à couvrir les frais d'impres- sion de ses autres écrits. Son bonheur était de venir en aide aux travailleurs, c Avait-on besoin, dit R. Reuss, d'un renseignement alsatique, cherché en vain dans les auteurs, demandé inutilement à de savants amis, on était sûr de le trouver auprès de Stœber. > Il jugeait les travaux d'autrui avec la bienveillance et l'impartia- lité qui sont l'apanage des grands cœurs. Mais s'il rendait pleinement justice au mérite de ses confrères, il était péniblement affecté lorsqu'il se voyait méconnu. Ce n'était ni présomption ni vanité de sa part quand il se plaint qu'on le pille et qu'on le copie, sans môme citer la source où l'on avait puisé. A la modestie du caractère se joignait chez lui un bon sens pra- tique, qui le guidait dans toutes ses actions et qui était la qualité prédominante de son esprit. L'ordre le plus parfait régnait dans toutes ses affaires. Nous avons déjà mentionné ses Correspondenzbùchlein, carnets 'dans lesquels, Digitized by Googlt — 35 — pendant quarante ans, il a noté brièvement dates, adresses et som- maires de sa correspondance littéraire. Sa bonne humeur ne s'est jamais démentie; il avait un fonds de gaité native qui a été l'un des charmes de ses relations. Sa vie s'est écoulée bien réglée, sans tache et sans reproche. Son éducation première avait développé chez lui des principes chrétiens qui n'ont pas laissé d'exercer sur toute sa vie une influence salutaire. Stœber a été un homme de bien dans toute l'acception du mot; on verra1 qu'il a été, de plus, un homme de caractère. 1 Dans la seconde partie, qui sera publiée ultérieurement -*^>^AAAAAAAAAr Reicheisen se doutait bien d'où venaient les dénonciations ; un Digitized by Googlt — 45 — des grands griefs qu'on lui faisait, c'était d'avoir manqué de prendre ses repas chez le vieux Barth. Je le crois bien, réplique-t-il ; c'est que je suis continuellement dans le cas d'entendre des propos ironiques et blessants , qui remontent même jusqu'à monsieur. Combien de fois le père ne m'a-t-il pas dit que mon maître ne lui avait laissé que son chien et son serviteur, toutes bêtes qui ne lui sont d'aucune utilité, et qui lui font du tort ! Il disait cela parce que notre jeune Tùrk lui avait étranglé un poulet; aussi n'a-t-il plus voulu le garder et Pa-t-il envoyé à Ribauvillé J'en conclus qu'il me reproche les repas que je fais chez lui ; de sorte que, pour modérer mon appétit , il m'arrive souvent de manger à la njaison un morceau de pain sec, avant de me mettre à table chez lui. t On sait bien, et monsieur tout le premier, que le père est un vieux grognon, plein de singularités, prompt à se fâcher; quand la colère le prend, ce qui arrive très facilement, il ne ressemble à personne, et, une fois qu'il vous en veut, dans sa sagesse profonde il n'en démord plus. » L'accent sincère de Reicheisen dut frapper Mogg, d'autant plus que son collègue Jonas Walch, de retour à Golmar dès le 2 juin, l'avait déjà averti de ne pas prendre au pied de la lettre tout ce qu'on lui disait de son scribe • Je n'ai rien appris, lui écrivait-il le 42 juin, de bien particulier touchant les déportements de votre serviteur; les grands-pères sont quelquefois difficiles à vivre sub rosa. » Quelques jours après, le 24 juin, il lui dit encore Je ne passe jamais devant la chancellerie sans entrer chez vous, et je dois dire que votre Jean-Ulrich fait preuve de diligence. Aussi ces messieurs sont-ils contents de lui, et le papa Barth reconnaît lui- môme qu'il est plus laborieux que jamais. Cependant si vous deviez le remplacer, je ne vous conseille pas de prendre un damoiseau Junckher ou quelqu'un à qui il faille donner un gros salaire, mais bien plutôt un jeune homme d'honnête famille, qui paierait sa pension en contractant un engagement pour deux ou trois ans. • De son côté le vieux Barth, qui s'était en effet radouci, en voyant son gendre se tourmenter de la conduite de Reicheisen, lui écrivait Digitized by Googlt — 46 — le 7 juin Pour ce qui est de votre serviteur, je n'ai eu à son sujet ni peines ni ennuis ne vous faites donc là-dessus aucun souci. Pourvu qu'il se contente de ma table, qu'il vienne à l'heure des repas et qu'il remplisse assidûment son office à la chancellerie, je ne pourrai me montrer que parfaitement satisfait. » Il reconnaissait donc qu'il y avait eu passablement de tracasseries dans ses procédés à l'égard du commis ; mais peut-être au fond y avait-il encore plus le sentiment exagéré de la discipline, à laquelle nos pères soumettaient la jeunesse. A leurs yeux elle était, ainsi que s'exprime le règlement constitutif du gymnase fondé à Golmar en 4604, une partie considérable de la cité, 1a pépinière où Dieu choisit ses ministres et ses gouvernants. » Et comme correctif aux taquineries de Barth, on peut citer ce début d'une lettre d'un per- sonnage connu, l'ancien greffier de justice Nicolas Sandherr, qui avait été récemment promu stettmestre. Mogg ayant eu besoin à Francfort d'un secrétaire, on lui adjoignit en cette qualité le fils de Sandherr, que son père lui recommanda, le 25 juin, dans les termes suivants Mon fils André ayant été désigné pour vous venir en aide, je vous prie de vous accommoder de ses modestes capacités et de ses services, et de le dresser selon ses aptitudes j'ai l'espoir que, conformément à mes instructions, il se prêtera à tout ce que vous exigerez de lui, et qu'il pourra à l'occasion vous soulager dans votre travail. Mais s'il ne devait pas en tout point se comporter comme il le doit, je vous prie de lui en témoigner votre mécon- tentement sévèrement et sans ménagement, et de plus de me le faire savoir à moi-même, pour que je puisse agir en conséquence. Rarement la jeunesse réunit toutes les vertus, et tous les débuts sont difficiles. Je pense que mon fils est assez bien doué pour que, si votre enseignement et votre direction ne lui font pas défaut, il puisse vous être de quelque utilité. Les jeunes gens ont besoin d'être tenus, d'être le moins possible inoccupés. Vous me rendrez honneur et service, et vous m'obligerez beaucoup en usant de mon fils, et en l'employant de manière à ce qu'il puisse apprendre quelque chose et gagner de l'expérience. > Digitized by Googlt — 47 — m Reicheisen n'était pas seulement exact à remplir son office à la chancellerie il gouvernait par surcroit la maison avec beaucoup de zèle et d'entente. Ses lettres sont pleines de détails minutieux sur le ménage, sur le jardinage, sur la culture des champs et des vignes, sur la moisson et la vendange ; de semaine en semaine, il marquait le cours des denrées, et, en dépit des grosses affaires dont il était chargé à Francfort, rien de tout cela ne semble avoir échappé à la vigilance de Mogg. Le 26 avril, Reicheisen lui rend compte d'une démarche des vignerons, qui réclamaient du blé comme complément de salaire. Il est à remarquer qu'à cette époque, partie des salaires, des traite- ments, voire des contributions, se payaient en nature. II revenait aux ouvriers quatre boisseaux ; Mogg crut qu'il ne leur en devait que trois la contestation se termina sans doute à l'amiable. Le 44 mai, il l'entretient de sa cave, qui exigeait mille soins. Le vin n'était pas encore soutiré ; il y en avait du rouge et du blanc, du vermouth qui tourne à l'aigre, de la piquette reps, du vin de sauge et de prunelle qu'il finit par faire distiller chez le vieux Barth, .et qui produit sept pots d'eau-de-vie; mais le beau-père en réclame la moitié pour le dérangement que cela lui a causé. Passant aux vignes, il lui apprend qu'elles se présentaient on ne peut mieux. Dans un petit champ, il avait fait planter un millier de choux, tant frisés que cabus; au jardin de la ville — peut- être le promenoir clos d'une grille, au midi de la cour d'appel, dont le syndic aurait eu la jouissance — les arbres promettaient beaucoup de fruits ; malheureusement un semis de radis dans la couche — notez les couches dans les jardins de Colmar, en 1634 — avait monté en graines, et Reicheisen demande ce qu'il doit en faire. Mogg marqua ce passage de la lettre d'un trait de plume, et la correspondance revient à plusieurs reprises sur ces radis qui avaient monté. Il envoyait des semences de Francfort, et le vieux Barth et Digitized by VjOOQIC — 48 — sa femme venaient de leurs mains les mettre moitié en pleine terre, moitié dans la couche l'un et l'autre semis levaient on ne peut mieux; car c'étaient, remarque Reicljeisen, des gens féconds qui fertilisaient tout ce qui sortait de leurs mains. Plus loin, le 30 mai, il mande au syndic que voyant les soldats faire paitre sans vergogne leurs chevaux sur les remparts, il avait donné Tordre à l'économe de l'hôpital de faire faucher l'herbe qui revenait à son maître, en sa qualité de membre du magistrat. Le 7 juin, le pauvre Reicheisen ne savait plus où don nef de la tête t Je ne dois pas laisser ignorer à monsieur, écrivait-il, qu'au jardin et au champ tout est beau et réjouissant, surtout les replants et la salade ; mais il n'y a personne ici pour en tirer l'argent que cela vaut. Quand j'en parle au père et à la mère, ils me répondent qu'ils ont bien assez de leurs propres affaires. Mais pourquoi votre mère n'enverrait-elle pas sa servante de Rîbauvillé pour voir à tout cela ? Je ne comprends rien aux difficultés qu'elle fait je ne prétends nullement que Léonore c'était son nom demeure ici tout le temps, ni qu'elle s'installe dans la maison avec moi. Mais faut-il donc tout laisser faire à des étrangers, qui coûtent le triple? Gela fait pitié de voir que personne ne vous vient en aide ; mais on le dit bien quand on aurait besoin d'amis, il en faut trente-deux à la demi-once. Freund m der noth Géhn zwey und dreùsig uff ein loth. t Tout se gâte et se perd, comme ces radis précoces auxquels, dans l'attente du retour de monsieur, le père n'avait pas voulu qu'on touchât; les voilà montés sans que personne en ait profité, et, pour comble d'ennuis, M. Dieffenbach avec sa dame, qui est venu de Riquewihr. trouve à redire à l'installation de la couche, et prétend que, dès l'arrivée de monsieur, il faudra tout changer. Pour ce qui est de notre bétail hébergé à l'hôpital, grâce à Dieu, il va bien; il s'est augmenté d'un agneau qu'on voulait me livrer mort, mais que j'ai fait garder vivant. Les bouchers m'en devaient un second qui est également en vie; cela va faire toute une bergerie. » Digitized by Googlt — 49 — Plus loin, le 44 juin, Reicheisen annonce que les vignes étaient en pleine floraison, nonobstant la Saint-Médard où il avait fortement plu il le remarque, parce que bien des gens jugent que, s'il pleut ce jour-là, la pluie durera trente jours sans discontinuer, c mais c'est une erreur» car il n'est pas tombé une seule goutte d'eau depuis, i Les autres correspondants parlent aussi volontiers de culture et de jardinage. De tous temps Colmar fut une ville agricole, et la petite culture des fleurs, des légumes et des fruits, délassement de la journée, était comme une image des grandes exploitations rurales des riches laboureurs. Ces jardins où se complaisaient les contem- porains de la guerre de Trente ans, ne devaient guère différer des nôtres, avec leurs allées à angles droits bordées de buis, leurs carrés de légumes, leurs arbres fruitiers et leur parterre. Mogg ne se lasse d'aucun détail de ce genre. Gomme fleuriste, il avait la passion des œillets il en cultivait en pleine terre et dans des pots in scherberi, et il en avait des espèces variées, qui lui venaient de Thann, de Bàle et d'ailleurs ; il se les fait décrire, quand ils fleurissent, et son commis savait les jardins où il y en avait de plus beaux, dont il se procurait des marcottes par des moyens plus ou moins catholiques. Quand il parle des progrès de la végétation, Reicheisen ne tarit pas, et son enthousiasme s'exprime dans des termes dont on sourirait volontiers. Le 28 juin, il s'écrie c Dans le jardin de ville, nous avons déjà trois poiriers avec des fruits mûrs c'est un plaisir de prince d'y aller, parce que les fruits mûrissent dans ce moment les uns après les autres. » Ah ! si les princes ne prenaient jamais d'autres amusements ! On dira peut-être que le jeune homme était gourmand, et que c'était la goinfrerie qui l'inspirait. Nullement le 5 juillet, il annonce à Mogg que tous les fruits se sont gâtés, faute de quelqu'un pour les vendre La mère me disait qu'elle ne peut pas gager une servante pour l'amour de mes pommes, cependant sur la fin, quand il n'y en avait pour ainsi dire presque plus, elle consentit à en exposer un panier, un jeudi jour de marché devant sa porte, non 4 Digitized by Googlt — 50 — pour me faire plaisir, mais parce que cela faisait nombre avec ses propres denrées» » Ce dernier trait est encore à noter de notre temps n'avons-nous pas vu des millionnaires étaler à leur porte les herbes inutiles de leurs jardins? La perte de sa récolte devait être sensible à Mogg, lui qui, dans une lettre du 17 juin, exprimait à son ami Walch le tourment que lui causaient les pommes, dont il avait encore une bonne provision et que son absence prolongée compromettait au plus haut point ; lui qui, lors d'une pèche pour la table des magistrats, en apprenant qu'il n'avait reçu, au lieu de carpes ou de brochets, que du poisson blanc, mettait en marge de la lettre du 17 mai, où Reicheisen lui annonçait ce passe-droit cum protestatione et réservations solilis. IV Celte stricte économie, ces habitudes parcimonieuses peignent l'homme et son époque, et, à mon avis, elles ne déparent point l'envoyé qui, l'an d'après, négocia avec le cardinal Richelieu le traité de Ruel, qui sut gagner la confiance du père Joseph, au point d'en recevoir une mission pour la ville de Strasbourg et qui, à ce moment, représentait dignement notre ville à l'assemblée de Franc- fort. Notre sort, celui de la Décapole et de l'Allemagne y étaient en question. Alors qu'il apparaissait à tous les yeux qu'en Allemagne les états protestants, même appuyés par la Suède, n'étaient point bastants pour faire échec à la puissance de la maison d'Autriche, l'alliance de Louis XIII était une question de vie ou de mort. Pen- dant que la Suède stipulait à l'avance pour la satisfaction dont l'Allemagne devait payer ses services, l'ambassadeur français, M. de Feuquières, s'était borné à demander pour le roi, son maître, l'importante place de Philippsbourg, que les Suédois avaient con- quise sur l'électeur de Trêves. L'Allemagne ne pouvait avoir oublié le mouvement qui, depuis le xive siècle, emportait la France vers le Rhin, du temps d'Enguérand de Coucy et des grandes compagnies, des Armagnacs et de Charles-le-Téméraire, comme sous le roi Digitized by Googlt — 51 — Henri 11; aussi devait-elle se méfier de ce redoutable voisinage. Cependant l'Union de Heilbronn, qui savait ce que les premières victoires de l'empereur Ferdinand II avaient coûté à la Bohême, et qui ne se dissimulait pas que le même sort atteindrait le Palatinat, le Brandebourg, la Saxe et tous ces petits états, toutes ces villes impériales qui mettaient la liberté de conscience même au-dessus de l'unité de l'Empire, l'Union, dis-je, ne faisait en principe aucune objection à l'abandon d'une place forte à la France. Seulement les représentants de l'électeur palatin, qui ne se souciaient point de voir une garnison française sur le Rhin, au cœur de ses possessions, proposèrent de substituer Golmar à Philippsbourg. Cela se passait in pleno, c'est-à-dire tous les collèges réunis, et Mogg raconte cette scène dans une lettre du 45 juillet. En entendant la proposition du secrétaire Faber, l'envoyé palatin, il protesta au nom de ses com- mettants, en priant l'assemblée de se souvenir un jour qu'on n'avait pas reculé devant l'idée de sacrifier aux convenances d'une puis- sance étrangère, sans son aveu, sans même la consulter, une ville du saint Empire, et, qui plus est, un confédéré protestant, qui avait donné tant de gages de sa fidélité et de son dévouement i l'Union de Heilbronn. — Il ne savait pas qu'avant la fin de l'année, Colmar serait trop heureux d'ouvrir ses portes à des troupes fran- çaises ! — Les députés, palatins ne tenaient du reste pas plus à livrer Colmar que toute autre place de l'Alsace. Dans une dépêche antérieure, du 8 juillet, Mogg avait déjà annoncé à ses commettants qu'il avait été question de céder Sélestadt ; mais dans sa réponse, du 42, la ville fit remarquer combien il serait dangereux de se dessaisir d'une place qui, coupant la province en deux, rendrait la France, déjà nantie de Haguenau, de Saverne et du château de Haut-Barr, maltresse des communications entre la haute et la basse Alsace, et que, s'il fallait se résigner à un nouveau sacrifice, mieux vaudrait céder Belfort, qui était sur la frontière, et dont la possession serait plus avantageuse au roi de France, en raison du voisinage des comtés de Montbéliard et de Bourgogne. Ce fut à ce dernier biais que s'arrêta le collège des villes. Belfort était encore entre les Digitized by VjOOQIC — 5â — mains de l'Autriche, et, tout en faisant remarquer les inconvénients qu'il y aurait à abandonner à la France un passage si important, il insista moins pour sa conservation. Voilà les graves questions qui donnaient à Mogg occasion, après les menus soins de la vie bourgeoise, de témoigner de toute la fermeté de son caractère et de son patriotisme , et de sa capacité peu commune. A ce moment il était seul à Francfort, et il fallait se résoudre par soi-même. Ainsi qu'on l'a vu, le conseiller Jonas Walch était retourné en Alsace au commencement de juin, et cette séparation donna lieu à l'échange de quelques lettres entre les deux collègues ou schwager. Nous avons déjà pu juger Mogg dans ses rapports avec sa famille et avec le jeune homme qui lui était confié; sa correspondance avec Walch nous le montre tel qu'il était avec ses amis. Mogg était naturellement grave et soucieux , et ses idées s'assombrissaient volontiers. ce qui était, à ce qu'il parait, le lot des pasteurs à qui incombaient les offices du mercredi et du ven- dredi, il ne voulut entendre à rien. Désespérant d'accorder les parties, on remit la décision à plus tard, et, pour faciliter la trans- action qu'on souhaitait, on pria notre ami Jonas Walch de s'employer entre les deux théologiens pour les amener à composition. En vrai diplomate qu'il était, il commença par les inviter à souper, en compagnie de son compère Jean-Georges Barth. La séance fut longue. La conversation se prolongea jusqu'à une heure du matin. Enfin quand, par ses discours, l'amphitryon crut avoir suffisamment préparé les esprits, il ouvrit le feu ; il fut pres- sant, insinuant, conciliant. Le pasteur Weber joignit ses instances aux siennes et demanda en grâce que M. son frère voulût bien lui permettre de prêcher seulement un dimanche sur quatre, à l'office du matin, pour que lui aussi pût se faire entendre des fidèles; sinon il perdrait tout goût pour l'étude. Mais le pasteur Haas fut intraitable ; plutôt que de céder, il parla de retourner à Strasbourg. M* Weber pria son confrère de ne pas prendre son insistance en mauvaise part ; son intention n'était nullement de le molester; il aimait mieux reprendre son premier poste à Munster, si du moins ses anciennes ouailles voulaient encore de lui. Le fait est qu'ils tenaient à leur pasteur et qu'ils n'auraient pas demandé mieux que de le garder, même au prix de sacrifices personnels. Quoi qu'il en soit, voyant qu'il n'obtenait rien, Walch, en sortant de table, prit M* Haas à part et lui fit à son tour un sermon en trois points, mit glimpffund ernst die sieben wort gesagt, que la question ressortit aux autorités dont le pouvoir émane de Dieu, qu'il ne faut pas Digitized by Googlt — 64 — laisser percer de vains sentiments d'amour-propre, et, encore moins, les antipathies de la chair et du sang; que M. le Dr Schmid ne manquera pas de le blâmer ; que des hommes de valeur qui renon- cent à une belle position pour en accepter une moindre, méritent plus d'égards que cela; qu'il appartient à MM du magistrat et du conseil à pourvoir aux besoins de l'église selon leur conscience; que tout le monde est mortel et que, débile comme il Test, il faut consi- dérer l'avenir, et que s'il fallait le remplacer, on n'aurait pas tous les jours des sujets pareils à sa disposition. Je ne sais si ce dernier argument fut du goût de Me Haas ; il parut céder néanmoins et autorisa Walch à proposer d'alterner les offices entre les trois ministres, en chargeant son nouveau confrère de présider au jour de prière, dm 4wochigen algemeinm bethtag, dont il était question d'introduire l'usage. C'était peu, et le magistrat n'était qu'à demi satisfait de cette capitulation insuffisante. Walch fit de son mieux pour que le pasteur Weber se contentât des maigres concessions de son confrère et ne témoignât rien du froissement qu'il éprouvait. Pour sa part, te pasteur Jodocus Haas conserva l'office du dimanche matin, pen- dant que ses collaborateurs se partageaient les autres prêches. Il est vrai qu'un autre champ pouvait encore s'ouvrir à leur activité; car le magistrat se proposait in petto d'introduire la réforme à Sainte-Croix, où grâce à l'effondrement de la puissance autrichienne sur le haut Rhin, il croyait pouvoir s'arroger le jus reformandi, et à Soultzbach dont la Suède venait de le rendre également seigneur. Mais en attendant, le pasteur Weber, qui avait rempli la première charge à Munster, qui quittait une paroisse qui lui était très affec- tionnée, et qui, pour venir à Colmar, faisait un gros sacrifice, dut se contenter du troisième rang, et se subordonner même au diacre Klein. Trouva-t-il du moins à son arrivée à Colmar un accueil qui le dédommageât de cet amoindrissement et de ces humiliations? Le pasteur Barteller avait occupé dans la rue du Mouton, à deux pas de l'église des Franciscains, dont les protestants avaient fait leur Digitized by Googlt — 65 — paroisse, une maison que la ville avait mise à sa disposition. Quand le pasteur Haas la vit vacante, il prétendit l'habiter, sous prétexte que le pasteur serait là, im Schaffgessel, plus près de son bercail, meinem Schaffstal; seulement il attendit, pour déménager, l'arrivée du pasteur Weber avec son mobilier et sa femme, malade de suites de couches, qui ne pouvait ni marcher, ni se tenir debout. Il fallut attendre trois jours que son confrère eût vidé les lieux, et entre temps il dut s'installer avec tout son monde chez le zunftmestre et peseur de beurre, ankenwœger, Georges Willig, son beau-frère. À Munster son remplacement donna lieu à d'autres incidents* Le poste vacant était convoité par le pasteur de Mûhlbach, qui, avec le saint ministère, cumulait les fonctions de maître d'école. Il se croyait des droits indéniables; mais le résident Mockhel intervint auprès des autorités de Munster, pour leur faire accepter un jeune théologien de Tubingue, Me Jean Scheurer, originaire de Bebelnheim, dans la seigneurie de Riquewihr. Après un sermon d'épreuve qui fut très goûté, ce dernier fut nommé. C'était un cruel mécompte pour son confrère de Mûhlbach, qui, à l'occasion, s'en expliqua en chaire taxant le nouveau pasteur de vagabond et de coureur de grands chemins fagant und landslreicher, il ne malmenait pas moins les autorités qui l'avaient institué et qui avaient forfait a leur devoir, en confiant la paroisse à ce drôle et à cet écornifleur. En écrivant ces choses A son ami Mogg, le brave Walch ne put taire son indignation. Le pasteur Scheurer ne devait pas les ignorer non plus» Dans tous les cas, le meilleur démenti qu'il opposa aux invectives de son discourtois confrère, ce fut la dignité de sa vie. Il fournit une longue et honorable carrière à Munster, où il mourut en 4678. C'est de lui que descend une nombreuse lignée bien connue en Alsace, et qui ne peut que bénir la théologie de lui avoir donné un tel ancêtre. C'était sur leur orthodoxie que les confrères du pasteur Weber et du pasteur Scheurer comptaient pour maintenir leur prestige et faire accepter leur manque de savoir-vivre. La fidélité au dogme, c'était là leur fort, celui de Me Jodocus Haas en particulier. A ses 5 A I Digitized by Googlt — 66 — yeux, c'était la seule chose nécessaire et l'unique voie du salut pour ses ouailles. Aussi quoiqu'il n'y eût pas encore deux ans que l'église de Colmar eût été rappelée à l'existence, les disputes religieuses avaient-elles repris avec la même âpreté qu'autrefois, au grand regret des hommes modérés tels que Jonas Walch. Il s'en explique, non sans amertume, dans une lettre du 29 juillet Bon nombre d'entre nous ne sont plus préoccupés que de s'injurier publiquement, sous prétexte de religion. Comme chrétiens, nous ne devons damner personne, mais prier -et user de charité les uns envers les autres, observer la parole de Dieu, qui est assez puissant pour la faire prévaloir. Il n'a que faire de notre vaine sagesse. Mais cette pré- tendue sagesse, qui ne se manifeste que par la violence et par la haine, qui va jusqu'à interdire publiquement la lecture des livres de prières et des psaumes, et qui divise plus qu'elle n'édifie, sans tenir compte des circonstances où nous vivons, où nous avons plus besoin d'amis que d'ennemis. Il est désolant que nous conservions ce que nous blâmions le plus chez les papistes. N'est-ce pas les imiter que de vouloir contraindre tout le monde à croire ce que nous croyons, à ne pas s'en écarter d'un cheveu, sinon on nous voue au diable, on nous conspue, on nous condamne, on nous persécute. Cependant Paul n'a-t-il pas écrit que la charité chrétienne accepte et tolère tout, qu'on doit se supporter mutuellement et ne se servir de la parole de Dieu que pour s'éclairer les uns les autres et se reprendre avec douceur si cela ne sert à rien, on passe outre en se remet- tant à sa toute-puissance. Mais notre sagesse ou notre orgueil ne l'entend pas ainsi; personne ne doit lire les Ecritures et en vérifier l'esprit, mais s'en rapporter exclusivement au pasteur, qui a charge de votre àme, et n'écouter que lui; lui seul ne peut errer; les autres sont des égarés, mais lui a la lumière incarnée. Si seulement il voulait user de ses dons pour lui seul ; il s'appliquerait à instruire ses frères, au lieu de les envoyer à tous les diables. J'ose croire qu'on ne me rangera pas parmi les calvinistes ; mais je n'entends pas pour cela les précipiter en enfer, et me contente de les abandonner au jugement de Dieu. Chacun n'a à répondre que de son âme. Digitized by Googlt — 67 — C'est à bon droit que Dieu punit celui qui voue celle de son frère à la damnation éternelle. » Et Walch termine cette tirade véhémente en imputant au pasteur Haas le mauvais esprit qui s'infiltrait dans son troupeau. Vffl Par plus d'un côté, ces contemporains de la guerre de Trente ans ressemblaient aux nôtres. Le temps où ils vivaient, ne leur épar- gnait pas non plus les luttes, les tourments, les épreuves, les mécomptes, les catastrophes les plus dures. Pendant de longues années, ils ont pu appréhender — il est vrai, sans y croire — ce pacte final par lequel l'Allemagne les abandonnerait à la France, pour recouvrer la paix et mettre fin au déchirement de la patrie, et ils savaient à l'avance que c'en serait alors fait de l'indépendance toute républicaine de la commune. Mais malgré cela, comme ils ne raffi- naient pas sur tout, la joie leur était facile; ils la prenaient d'où elle venait, et les longues beuveries rabelaisiennes ne répugnaient pas au tempérament et aux nerfs de nos ancêtres. On vient de le voir les affaires les plus sérieuses se traitaient inter pocula et, dans la meilleure société, nul n'avait honte de boire outre mesure. Si l'un des convives s'observait et faisait, comme on dit, la petite bouche, les autres, que sa sobriété aurait humiliés, s'entendaient pour faire trébucher sa sagesse et chavirer sa raison. Naturellement les lendemains s'en ressentaient, et Ion ne s'en cachait pas. Le beau-père de Mogg termine ainsi une lettre du 12 juillet, l'une des plus courtes qu'il ait écrites Hier M. le résident, M. le rent- mestre, M. notre collègue Walch, les Ortlieb et moi, nous avons diné chez M. l'obristmestre, nous avons été très gais; et entre autres brindes, nous avons porté votre santé à la ronde. Ma tète n'a pas encore bien repris son assiette, et, comme je ne sais rien au monde de neuf à vous dire, je m'arrête ici, en vous saluant maintes fois de la part de la mère comme de la mienne, et en nous recomman- dant réciproquement à la miséricordieuse Providence de Dieu ! » Digitized by Googlt — 68 — Du reste le culte de la dive bouteille ne faisait nullement tort à la culture de l'esprit. Mogg était, pour sa part» très lettré. H avait gardé de l'école l'habitude des vers latins, et on conserve encore des distiques composés par lui, du temps où il remplissait les fonc- tions d'obristmestre, et publiés avec d'autres pièces de circonstance, à la suite du sermon d'inauguration de l'église de Saint-Pierre, ouverte au culte protestant, le 27 décembre C'était, on le voit, une occasion où l'on ne pouvait se dispenser de faire une saignée à la veine poétique. Mais que feraient nos modernes pères conscrits, si on leur en demandait autant? Tout au travers de la correspondance de Mogg, passe incessam- ment la société des lettrés, qui s'étaient comme ralliés autour de lui les médecins, les pasteurs de la ville et des possessions wnrtem* bergeoises. Les affinités des études disposent d'autant mieux à la sociabilité, que ceux qui s'y livrent sont moins nombreux; elles suffisent pour constituer de nos jours, dans les villes secondaires de la Suisse, de petits centres où l'on s'occupe avec amour des choses de l'esprit, qui les font honorer de tous et qui en donnent comme la marque au milieu qu'ils animent. Reicheisen n'écrivait jamais i son patron sans lui parler des lettrés de sa connaissance, sans lui dire l'état de leur santé, et sans lui transmettre leurs affectueuses politesses. Quand ils étaient malades ou souffrants, le modeste commis, en tout tenu en lisière, prenait sur lui de leur donner la part de gibier fin qui revenait à Mogg en vertu de son office, et du bon vin rouge de la cave de son maître. On sait que, dans nos campagnes, le vin rouge passe encore pour un spécifique souverain contre une foule de maladies, sans compter la soif. Dans cette société sincèrement religieuse, la théologie primait 1 CkristUche Einwethungs Predigt âêren in des Bètl. ScsmisAen Metâ&lfrtym était Coknar Ncu-erœffneton Kiréhen 8. Pétri, toekhe dm 27 deçmber dièses jetst ablauffenden Jahre 1658, zum Heûigen, reinen, unverfodschten Augspurgischer Con- fession nach eingerichiem Gottesdienst eingeweihet worden, gehalten von M. Jodoco Haaeen. — Btmzburg, bey Friedrich Spoer, MDCLIX, in**", IV4S piges. Digitized by Googlt — 69 — tout; c'était la science par excellence, la science de Dieu. Les moins lettrés entendaient ou croyaient entendre les matières théo- logiques. Mogg avait au moins la modestie de consulter les juges compétents. Un ecclésiastique anglais, Jean Dureeus, avait adressé à l'Union de Heilbronn un mémoire sur les moyens de réconcilier les deux grandes églises protestantes de Luther et de Calvin. Mogg le communiqua au pasteur Jodocus Haas, qui lui répondit, le 2 août, par une lettre mi-partie allemande, mi-partie latine, avec du greo brochant sur le tout, et où Ton voit que tout en rendant hommage, pour la forme, aux louables intentions de Duneus, il n'était pas d'humeur à transiger sur le point de la présence réelle. On pouvait s'y attendre. La guerre n'était pas seulement dans les esprits, elle était par- tout ! la guerre pour l'équilibre européen, la guerre pour la liberté religieuse de l'Allemagne, et la plus hideuse, la plus funeste de toutes, la guerre des diverses confessions autour du pouvoir. La correspondance de Mogg est un miroir fidèle de cette situation, telle qu'elle se reflétait à Colmar. L'histoire l'emporte ici sur les scènes de mœurs, et ce tableau ne serait pas complet, si je négligeais l'aspect que donnaient à notre ville les événements du dehors. La défaite infligée aux Impériaux, à Wattwiller, le 2 mars 1634, ne leur permettait plus en Alsace de tenir la campagne. Leur défensive se concentrait à Rheinfelden, que l'armée suédoise tenait assiégé, et à Brisach, d'où ils inquiétaient et incommodaient jour- nellement le pays. Un jour que le rhingrave Othon-Louis était allé de Colmar rendre visite au comte de Ribau pierre , l'ennemi en eut vent, à Brisach, et il forma le projet d'enlever ce général, l'un des meilleurs du parti protestant. C'était le 12 mai. Deux fortes compagnies de cava- lerie passèrent le Rhin, et cherchèrent une embuscade d'où l'on pût surprendre le rhingrave. Elles arrivèrent ainsi dans les prés où paissait le troupeau de Colmar. Dans toute autre circonstance, il aurait été de bonne prise cette fois les Impériaux se bornèrent à demander aux pâtres si le rhingrave n'était pas à Ribeau ville? Ce Digitized by Googlt — 70 — fut là ce qui le sauva averti à temps, un forestier courut en ville, où il donna l'alarme. On fit monter à cheval une partie des hommes dont on pouvait disposer; d'autres partirent à pied, et, renforcé de nombreux officiers et des serviteurs du rhingrave, tout ce monde se précipita au-devant du général. Le bruit courait déjà qu'il n'était plus libre. Il est facile de comprendre l'état pitoyable où cette fausse nouvelle jeta madame la rhingrave. Le tumulte ne s'apaisa qu'au retour de son mari. En voyant les mouvements qu'on se donnait, les Impériaux, jugeant leur coup manqué, avaient battu en retraite. Le peu de forces dont on disposait à Golmar, était loin de suffire pour tenir tête aux Impériaux de Brisach. Depuis que la garnison de Neuenbourg était venue les rejoindre, le 26 mars, après avoir repoussé un premier assaut des Suédois, ils avaient repris confiance, si bien qu'ils se crurent en mesure de porter secours à Rheiufelden, où le Lorrain François de Mercy se défendait avec une rare bravoure. Le rhingrave Jean-Philippe qui commandait les assiégeants, serrait la place de plus en plus, et, pendant deux jours, le canon se fit entendre jusqu'à Colmar. L'artillerie suédoise avait pratiqué deux brèches assez larges pour le passage d'un régiment entier, mais des retranchements derrière les remparts démolis, des barri- cades dans les rues n'auraient permis d'avancer que pas à pas. A la fin du mois de mai, le canon se tut; tout se borna à des mousquetades très meurtrières pour les assiégeants. Les Impériaux crurent le moment propice pour les prendre à revers. Mais le rhingrave détacha une partie de ses troupes et surprit l'ennemi en pleine marche. Après avoir vainement attendu le secours sur lequel il comptait, Mercy comprit que la chance tournait contre lui, et demanda une armistice de deux heures pour traiter avec les Suédois. Le rhingrave exigea que la garnison se rendit à discrétion. Si l'on en croit Reicheisen lettre du 24 juin, Mercy répondit fièrement qu'il ne comprenait pas ce langage, mais que si on lui offrait des conditions acceptables, peut-être pourrait-on s'entendre avec lui. Pour toute réponse, le rhingrave fit amener le Digitized by Googlt — 71 — lieutenant-colonel de Schœnau, le commandant des Impériaux de Brisach qu'il venait de défaire. À cette vue Mercy ne put s'em- pêcher de s'écrier t Ah ! camarade ! faut-il que je vous trouve en cet état ! C'en est donc fait, il ne me reste aucun espoir de conserver la place et de faire lever le siège, > Schœnau et d'autres prisonniers de distinction furent internés à Colmar; mais Rheinfelden ne capitula que le 27 août jusqu'à cette date, dans toutes les lettres adressées à Mogg revient sans cesse, comme un refrain, la nouvelle que Rheinfelden tenait encore. Pendant cette longue agonie, Mercy, qui tenait à maintenir sa correspondance avec Brisach, chargea un jour un paysan d'un message verbal pour le commandant de la place ; mais son émissaire tomba entre les mains d'un parti de soldats suédois postés à Sainte-Croix dans la crainte de trahir le secret qui lui était confié, noble esclave du devoir, il se tua de sa main. Ce siège qui semblait s'éterniser, fit éclore en Suisse le beau chant populaire Der Bheingraff und der Schwede, Sie Kriegen beyde Herre, Rheinfelden woUend sie han. En attendant, l'échec du colonel de Schœnau rendit pour un moment la garnison de Brisach plus circonspecte. Elle cessa de veuir fourrager jusque sous le canon de notre ville. A Colmar on monta en dragons les mousquetaires de la garnison ; on forma de petits corps de cavalerie qui, à leur tour, battirent l'estrade. La disette se fit sentir à Brisach et amena de nombreuses désertions. II était rare que les partis de cavalerie rentrassent à Colmar sans ramener des soldats et même des officiers, que le rhingrave Othon- Louis enrôlait aussitôt sous le drapeau suédois. En un seul jour, le 27 juin, ils firent vingt-et-un prisonniers, dont un capitaine et dix cavaliers montés. Ces expéditions plaisaient fort à la population, à l'exception des catholiques, qui ne témoignaient de joie qu'à la nouvelle d'avantages remportés par les Impériaux. Lorsque le rhin- grave Othon-Louis avait été sur le point de tomber entre les mains de l'ennemi, leur allégresse avait été visible. Pour les en punir appa- Digitized by VjOOQIC — 72 — remment, le magistrat voulut obliger le clergé de Saint-Martin à pré- senter des actions de grâce au Dieu des armées, à l'occasion de je ne sais quel succès remporté par les Suédois dans le nord de l'Alle- magne c'était une de ces nouvelles qui faisaient dire à Walch qu'elles semblaient tirées du roman d'Amadis amz dem zierlichen Amadi$. Le commissaire des guerres Brombach composa une prière qu'il envoya au doyen du chapitre, avec ordre de la dire en chaire après le Te Peum, Le vénérable pasteur se présenta devant les fidèles tenant à la main le papier qu'on lui avait envoyé, mais au lieu d'en donner lecture Bien-aimés en Jésus-Christ, dit-il, on veut qous faire remercier Dieu d'une grande victoire nouvellement rem» portée ; mais il vaut mieux le prier de rentrer dans le fourreau le glaive de sa justice, et de nous châtier avec les verges de sa misé- rioorde. » Le vent n'était pas à la tolérance, ainsi qu'il arrive chaque fois que le pouvoir est aux mains d'un parti religieux, et en rendant compte de cet incident, dans une lettre du 34 mai, Reicheisen se demande si de pareils discours resteront impunis. Entre les Suédois de Colmar et les Impériaux de Brisach, les rôles changèrent de nouveau. Après la moisson, dans le proche voisi- qage de Colmar, à Holzwihr, à Wickerswibr, ces derniers fai- saient tranquillement battre en grange pour leur approvisionnement. Upe nuit, un parti de leurs cavaliers se présenta sous les murs de Colmar ; l'un d'eux appela la sentinelle placée à l'entrée du canal en ville, a l'endroit où s'élevait précédemment la tour de la scierie. 11 prétendit que lui et ses camarades étaient suédois, cantonnés à Tùrkheim. H fallut que la sentinelle menaçât de faire feu pour décider oes mauvais plaisants à détaler. A quelque temps de là, le mardi 19 août, une vingtaine de chenapans de la garnison de Brisach arrivèrent inaperçus jusqu'au pied des robustes murailles du Haut^Landsberg , qui n'était plus armé et dont les canons avaient été transportés à Colmar. Le châ- telain était parti avec sa femme pour le marché de Munster, et le fort restait confié à la garde d'un jeune garçon. Les maraudeurs n'eurent aucune peine à forcer l'entrée ; le jeune homme prétendit Digitized by Googlt — 73 — que l'un d'eux était parvenu à escalader le rempart, et qu'il l'avait contraint d'ouvrir la porte aux autres. Le château fut pillé, et, à son retour, le châtelain mis sous clef. Le lendemain seulement, à 41 heures du matin, les auteurs de ce coup de main abandonnèrent leur conquête. En se retirant, ils enlevèrent encore quelques che- vaux à des bourgeois de Colmar. Bien convaincue qu'ils n'oseraient pas revenir, la régence de Kiensheim se contenta de donner au vieux fort une garnison de trois jouvenceaux. Ces jeunes gens ne s'attendaient â rien, quand, le 22 août, un nouveau détachement de Brisach vint les sommer de leur livrer la place ; cette fois, les Impériaux arrivaient avec deux tonnes de poudre et des mèches en suffisance, comme pour une occupation permanente ; ils ramenaient même avec eux huit bœufs qu'ils avaient dérobés en passant au bailli de Wibr et au boucher de Winzenheim. Aussitôt prévenu, le magistrat de Colmar fit monter à cheval soixante bourgeois qui, soutenus par trente dragons, battirent la campagne. De leur côté, le commissaire Brombach et l'ancien lieutenant-colonel du régiment de Nassau, Joachim de Rùlicke, qui à ce moment n'aurait pas mieux demandé que de passer au service de la ville, se rendirent à Win- zenheim, où ils menacèrent de tout mettre à feu et à sang, si le château n'était pas évacué â défaut du prévôt et du bourgmestre qui ne s'étaient pas fait voir, ils arrêtèrent un assesseur du tribunal, qu'ils dirigèrent sur Colmar. De là, ils coururent â Kiensheim, dont le receveur était déjà prisonnier de la ville pour augmenter le nombre des otages, ils se saisirent encore du bailli. Pendant ce tempS'là Tùrkheim qui, pas plus que Colmar, ne se souciait de la présence des Impériaux au Haut-Landsberg, apprit que, sur les énergiques représentations des notables de Winzenheim, la garnison s'était décidée à partir comme elle était venue, en abandonnant même ses munitions on s'empressa d'en transmettre la nouvelle à la ville et â Brombach, qui était resté à Kiensheim. Cette fois, il prit possession du château avec ses dragons. La mesure était sage; car on apprit de source certaine qu'un corps de soixante Impériaux, infanterie et cavalerie, était parti, le samedi de grand matin, de Digitized by VjOOQIC — 74 — Brisach pour le réoccuper. Dans ce poste, ils auraient coupé toutes les communications et empêché la rentrée des vendanges ; la si- tuation de Golmar eût été intolérable. On ne laissa pas ignorer ces incidents au résident de Suède, pour lui montrer les conséquences de l'abandon où on laissait la ville. Mockhel comprit le parti que les mal intentionnés pouvaient en tirer contre la Suède il fit de son mieux pour en atténuer la gravité et persuader de n'en pas faire l'objet d'une plainte à l'assemblée de Francfort. Et ce n'était pas seulement l'ennemi dont il fallait se garder plus d'une fois, les soldats qu'on mettait en campagne, au lieu de faire la police des routes, se barbouillaient de suie et opéraient pour leur propre compte. Il fallait une discipline de fer pour répri- mer le brigandage parmi la garnison, et le rhingrave Othon-Louis avait juré de statuer un exemple rigoureux, si, parmi ses hommes, il s'en faisait prendre. Il n'attendit pas longtemps sans qu'on lui en amenât toute une bande ils étaient à sept, parmi lesquels le fils de Michel Eckert, un bourgeois de Golmar. Je ne sais s'il était le plus coupable ; dans tous les cas, c'est lui que là vindicte publique désignait surtout aux rigueurs du rhingrave. Seulement le magis- trat se laissa attendrir par les larmes de son intéressante famille, et il députa le greffier de justice vers le général, pour le prier d'épargner une vie si précieuse. Son Excellence parut fort surprise que la ville intercédât pour un vaurien pareil, et elle répondit qu'il fallait leur faire grâce à tous ou les pendre tous. Loin de mettre un terme aux idées miséricordieuses , cette rebuffade enflamma davan- tage le zèle du magistrat, qui, cette fois, chargea Jonas Walch et le stettmestre Goll d'intercéder également en faveur de son jeune ressortissant. Walch eut beau représenter que la sévérité dont Son Excellence faisait preuve, était motivée par les plaintes dont la ville le harcelait, sur le peu de sécurité des routes et sur les excès que les soldats commettaient ; qu'EUe sera en droit de reprocher sa faiblesse au magistrat, quand, sur cent malfaiteurs, on en arrêtait un. et qu'il intervenait pour empêcher que justice soit faite. Mais rien ne servit et il fallut marcher quand même. Voilà nos Digitized by Googlt — 75 — envoyés chez le rhingrave, qui les fait attendre une bonne demi-heure. Survient le résident Mockhel, qui leur demande ce qu'ils faisaient là? Walch lui répond en souriant qu'ils venaient demander la grâce des condamnés ; que le magistrat ne pouvait résister aux instances de leurs parents ; que, pour sa part, il n'en serait pas d'avis et qu'il préférerait voir tous les brigands pendus, plutôt que d'en lâcher un seul ; qu'il aurait regret d'entraver l'action de la justice, et qu'il n'a demandé une audience à Son Excellence que pour en finir avec les criailleries dont il élait obsédé. Là-dessus on vint appeler Mockhel de la part du rhingrave. Quand il sortit, les ambassadeurs étaient encore là. Il leur dit qu'il était inutile d'attendre davantage, que Son Excellence ferait mener tous les condamnés au lieu du supplice, mais qu'il n'y en aurait qu'un de pendu, celui qui avait entraîné les autres et donné l'exemple. Le rhingrave venait précisément de faire dresser un gibet tout neuf, un schwenckel, près de la gravière, le long de la route qui menait à Kaysersberg ; il était décoré d'une plaque en fer blanc qui portait en gros caractères que, de leur vivant, les pendus qui y étaient accrochés, étaient des voleurs de grand chemin, et qu'il en arriverait de même à tous ceux qui les imiteraient. Avant de rentrer, Walch et ses deux compagnons montèrent au haut de la tour de la scierie, qui n'avait pas encore été démolie, pour se donner le spectacle de cette pendaison. Cela se passait le 9 juin. Voilà pour le dehors. A l'intérieur, on était exposé aux insolences de la garnison, à la brutalité des officiers. Le 10 juin, le major Charles Weiss, faisant sa ronde à quatre heures du matin, se présenta complètement ivre devant un poste de la garde bourgeoise. Il se mit à l'apostropher • Vous êtes tous, disait-il, des voleurs et des fripons, de même que vos magistrats. Je vous traiterai pis que les Welches avaient pensé le faire naguère allusion aux projets im- putés aux soldats impériaux du colonel Vernier, qui avait servi de prétexte à la population pour les massacrer et pour ouvrir les portes aux Suédois. Le diable m'emporte si mes soldats et moi nous Digitized by VjOOQIC — 76 — n'exterminons pas l'un de ces jours toute la bourgeoisie ! » Il est facile de comprendre l'exaspération de ceux qu'on invectivait ainsi. Sans les diversions du dehors, une collision eut été imminente. L'attitude du magistrat devant le rhingrave Othon-Louis et devant son état-major n'était pas étrangère à la conduite des soldats et de leurs chefs. Dès le 26 avril, Reicheisen avait écrit à son patron i Si cela continue, les officiers n'épargneront leurs mauvais traite- ments pas plus aux magistrats qu'aux simples bourgeois. Cela vient de ce qu'aucun de nos messieurs n'a le cœur de se plaindre, quand on lui manque. Il y en a qui tremblent comme un chien qui sort de l'eau rien qu'à l'idée de se trouver en présence de Son Excellence. Aussi, quand on a à lui parler, le rhingrave voit-il du premier coup que ce n'est pas à M. le syndic qu'il a affaire. » Le fait est que Mogg était réellement le seul homme capable de faire face à tout et de tenir tôte aux insolents. Lui parti, l'irrésolution frappait d'impuissance tous les actes de l'autorité. Faute de fermeté, personne n'obéissait. Walch, qui était homme de bon conseil, faisait de son mieux pour faire marcher la machine, mais, ou bien les avis qu'il donnait étaient reçus sans gratitude, ou bien on ne s'y conformait pas après les avoir adoptés , ou bien encore on s'en irritait, sans se donner la peine d'y opposer une seule bonne raison. Aussi soupirait-il, lui aussi, après le retour de son collègue, qui, avec cent paroles, gagnait plus sur le magistrat que lui avec mille. Même quand il se bornait à écrire, il savait se faire écouter. Pendant son absence, l'abbé d'Ebersmûnster, se prévalant de l'appui ou d'un ordre un peu prématuré du roi Louis XIII, prétendit se mettre en possession du prieuré de Saint-Pierre, que Colmar avait acheté de la ville de Berne, après la sécularisation de l'ab- baye de Payerne. Consulté là-dessus par ses collègues, Mogg leur répondit, le 19 juillet • Je ne conçois pas qu'en votre qualité de magistralus loci, vous n'ayez pas immédiatement signifié au prélat d'Ebersmûnster de déguerpir, sauf à employer la force, s'il s'y était refusé. Contre des entreprises pareilles, il vaut mieux se protéger soi-même que de faire appel à la protection des autres. Quand vos Digitized by Googlt — 77 — droits sont si évidents, à quoi bon les laisser discuter? Ne vaut-il pas mieux que le roi de France ait des représentations à vous faire, que si vous aviez vous-même des doléances à présenter à Sa Majesté ? Montrez-vous tels qu'il convient à des magistrats d'insti- tution divine, et n'accordez rien au-delà de ce qui est strictement dû. Si vous avez affaire à de grands personnages, priezIes de ne pas exiger ce qu'en conscience vous ne pouvez pas accorder, et, pour les autres, éconduisez-les par un refus net. » Ainsi poussée dans ses retranchements, la ville ne se fit pas faute d'évincer ce prétendant, ce qui ne l'empêcha pas, au mois de juillet, de venir se mettre entre les mains du Dr Sommervogel, qui lui fit faire, à Colmar même, une cure d'eau de Soulzbach dm saurbronnen getrunckhenj. La défaite de Nordlingen mit fin à l'assemblée de Francfort, et ramena Mogg à Colmar. A la nouvelle du désastre qui frappait les armées protestantes, le vieux Barth dut se remembrer un songe qu'il avait eu, le 15 mai, et dont il n'avait pu s'empêcher de parler à son gendre il avait été d'autant plus impressionné, qu'il croyait en avoir eu de semblables une première fois, avant les mesures décrétées, en 1628, par l'empereur Ferdinand II contre les pro- testants de Colmar ; une seconde fois avant l'entrée du duc de Feria et du général Altringer en Alsace. Etant couché, il avait eu les membres saisis d'un grand tremblement, et il lui parut comme si tous les siens avaient été en danger de mort, sans qu'il pût leur porter secours. Sa femme le réveilla pour mettre fin au cauchemar; mais dès qu'il se rendormait, la même vision le reprenait, et, chose horrible, dont il n'osa même pas s'ouvrir à sa moitié, il lui sembla voir des chemises ensanglantées dans sa chambre à coucher ! Si le jeune Reicheisen ne croyait pas à la pluie de la Saint- Médard, on voit qu'en revanche, pour le vieux Barth, les rêves et les pressentiments n'étaient pas de vains signes. Hélas t malgré les progrès du scepticisme, ces antiques préjugés n'ont peut-être pas entièrement disparu de notre temps. Plus d'un de nos contemporains admet encore les signes avant-coureurs des Digitized by VjOOQIC — 78 — grandes catastrophes ; les plus modernes croient même au magné- tisme, au somnambulisme, à l'hypnotisme, aux suggestions, ce qui nous ramène en droite ligne aux sorcières, aux possédés, aux plus sombres épouvantes du moyen-âge. La même loi qui gouverne les faits de l'histoire, régirait-elle donc également les idées, et l'évolu- tion ne serait-elle au fond qu'un perpétuel recommencement? ^.n/VAAAAA/Vvvv'— — Digitized by GoogI MATÉRIAUX POUK UNS ÉTUDE PRÉHISTORIQUE DE L'ALSACE PAR iMM. LES Dre Faudel & Bleicher RAPPORT présenté é la Sooiété industrielle de Mulhouse, dans sa séanoe du 27 Janvier 1886 par M. MATHIEU MIEG Messieurs, En présentant aujourd'hui à la Société industrielle, au nom des auteurs, MM. les Dre Faudel et Bleicher, la quatrième publication de leurs matériaux pour une étude préhistorique de l'Alsace, je me propose de continuer ce que j'avais fait pour les deux premières parties de leur Mon but, maintenant comme alors, est d'attirer l'attention sur ces intéressantes études , de pousser à de nouvelles recherches et de provoquer la description exacte des objets qui pourraient être découverts par la suite. En se tenant rigoureusement à la méthode positive adoptée par 1 Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse. Voy. Rapport présenté à la séance du 27 octobre 1880, tome L, pp. 415-422. Digitized by GoogI — 80 — eux dès le début, MM. Faudel et Bleichcr, avec une patience de bénédictin, ont soumis à un examen sévère et méthodique tous les documents préhistoriques existant en Alsace parvenus à leur connaissance. Des études consciencieuses poursuivies depuis plus de sept années les ont conduits à des résultats importants et des plus remarquables, étant données les difficultés de la tâche entreprise. Leurs travaux ont été, du reste, appréciés à leur juste valeur par les savants étrangers. Grâce à eux, l'histoire des temps préhisto- riques de l'Alsace a fait un pas en avant, et commence à sortir des ténèbres dans lesquelles elle a été si longtemps plongée. On en jugera par la rapide analyse qui va suivre. Une première livraison donne la description de 360 instruments en pierre taillée ou polie , recueillis en Alsace , avec des observa- tions sur les variétés de formes de ces instruments, leurs usages probables , les idées superstitieuses dont ils sont l'objet , la nature et la provenance des roches employées à leur fabrication. Deux gisements de l'époque néolithique, la grotte d'Oberlarg et une station près de Golmar , y sont étudiés au point de vue de leur situation topographique , ainsi que des vestiges de toute nature qu'on y a trouvés. Enfin, la répartition et la fréquence relative des objets de pierre sur le sol de l'Alsace ont permis de partager la province en régions ou zones plus ou moins riches , et d'en déduire quelques notions préliminaires sur le groupement et la densité des populations primitives. Une seconde livraison se rapporte aux monuments mégalithiques répandus dans les Vosges et consistant en murailles et enceintes de divers types» cromlechs, menhirs, allées couvertes, auxquels il faut ajouter les bassins creusés dans le roc, pierres à ôcuelles, etc. La situation de tous ces mégalithes a été recherchée avec soin et leur degré d'importance établi , dans la limite du possible , par un examen impartial. Si l'on manque encore de données suffisantes pour en spécifier l'âge et souvent la destination, les auteurs ont pu cependant relever assez complètement leur mode de distribution, qui semble soumis à certaines règles précises. Digitized by Googlt — 84 — Le troisième fascicule n'est qu'un supplément aux deux premiers. L'inventaire des instruments en pierre est augmenté de 160 pièces et porté au chiffre de 520 ; une nouvelle station néolithique décou- verte à Weyer, dans la Basse- Alsace, fait l'objet d'un chapitre spécial ; des renseignements plus précis sont donnés sur l'enceinte à blocs vitrifiés du Hartmannswillerkopf, le mur à queues d'aronde du Franckenbourg , les rochers à bassins , les croix gravées , les mardelles et autres monuments. Les auteurs ont essayé, en termi- nant, de grouper systématiquement tous les faits recueillis jusqu'a- lors et de les rattacher aux diverses périodes des âges préhistoriques auxquelles ils semblent appartenir, en suivant les classifications généralement adoptées, dans les limites où ces dernières sont appli- cables à notre région. La quatrième publication comprend un premier essai sur l'âge du bronze, un examen des temps préhistoriques en Alsace et en Lorraine, un deuxième supplément d'une centaine de numéros au catalogue des instruments en pierre trouvés dans notre contrée; enfin un chapitre inédit sur quelques monuments mégalithiques et légendaires des Vosges. Nous voudrions pouvoir analyser, avec quelques détails, tous les travaux contenus dans ce quatrième volume ; le peu d'étendue de ce rapport nous force à nous borner à l'étude de l'âge du bronze en Alsace et aux conclusions qu'en ont tirées les auteurs. En abordant un sujet aussi vaste et aussi difficile, MM. Faudel et Bleicher se sont bien rendu compte qu'il ne pouvait être traité complètement de prime abord. Leur travail, accompagné d'une série de planches coloriées fort bien réussies, représentant les prin- cipaux objets en bronze trouvés en Alsace, est divisé par chapitres avec beaucoup de méthode et de clarté. Un premier chapitre renferme les considérations générales sur l'âge du bronze, les divisions établies par les principaux auteurs qui se sont occupés de la matière, les gisements, l'industrie et la fabrication de l'âge du bronze. Un second chapitre traite des cromlechs de Mackwiiler, carac- 6 Digitized by Googlt — 82 — térisés par des inhumations dans des cercles ou assemblages en pierres brutes, recouverts de tertres de terre, et par la présence exclusive d'objets en bronze sans aucune trace de fer. Un troisième chapitre est consacré aux vases cinéraires avec ossements concassés et objets en bronze. Ces monuments funéraires sont fréquents en Alsace, où ils se présentent avec des caractères tout particuliers L'urne principale est remplie de cendres et d'ossements concassés, au milieu desquels se trouvent un ou deux petits vases en pâte plus fine , ainsi que les objets ayant appartenu au défunt. Parmi ces objets, les plus remarquables sont les couteaux à lame recourbée et à manche terminé en anneau, les lourds bracelets ouverts à boutons, les grandes épingles et les doubles spirales qui semblent à peu près spéciales à notre contrée. Un quatrième chapitre comprend les inhumations simples sans monuments spéciaux d'aucune sorte. Les inhumations simples se distinguent des tumulus en ce qu'elles se rencontrent plus ou moins isolées dans la région des collines sous-vosgiennes, ne renferment que peu de poteries et pas de fer, tandis que les tumulus se voient généralement par groupe dans la plaine, contenant beaucoup de poteries et parfois du fer. Le cinquième chapitre, un des plus importants, est relatif aux tumulus d'Alsace. Ces tumulus sont des élévations faites unique- ment eh terre, sans moellons ni cailloutage. Leur forme est géné- ralement circulaire, rarement en demi-lune; leur diamètre varie entre 15 et 70 mètres et leur hauteur entre 0m,60 et 3m,50. Ils sont extrêmement abondants dans la haute Alsace, où on les ren- contre surtout dans la plaine comprise entre l'Ill et le Rhin , ainsi que dans la basse Alsace , où ils se trouvent surtout entre le Rhin et le pied des collines sous-vosgiennes. Dans la basse Alsace, M. Nessel, maire de la ville de Haguenau, qui a fouillé un très grand nombre de tumulus dans la forêt de Haguenau, a réuni une collec- tion unique des objets de cette époque. L'histoire de cette impor- Digitized by Googlt — 83 — tante nécropole est résumée dans une note des plus intéressantes adressée aux auteurs par M. Le sixième chapitre traite des caractères et de l'ancienneté rela- tive des gisements de l'âge du bronze en Alsace. Le septième chapitre comprend la distribution des objets en bronze en Alsace.* Le huitième chapitre est consacré au matériel de l'âge du bronze. Sur un total de 4338 pièces en métal, les auteurs ont relevé 1275 pièces en bronze ou cuivre pur, 44 pièces en bronze et fer ou totalement en fer, 19 pièces en or. Le cuivre pur ne comprend que 7 haches plates, dont 3 seule- ment ont été analysées, mais qui, il est vrai, se ressemblent toutes. En résumant les données positives qui se dégagent de leurs études sur l'âge du bronze et en les coordonnant avec les résultats fournis par leurs précédentes publications, MM. Faudel et Bleicher sont arrivés à formuler une série de conclusions que nous résumons comme suit 1° L'existence de l'homme, en Alsace, se révèle déjà aux plus anciens temps de l'âge de la pierre période paléolithique, lorsque notre pays n'avait pas encore son relief et sa configuration actuels. Il y était contemporain du mammouth et d'autres espèces d'animaux disparus. On peut attribuer à cette date reculée les découvertes suivantes crâne humain, dolichocéphale, à arcades sourcilières saillantes, trouvé dans le lehm intact à Eguisheim, avec molaire de mammouth et ossements divers. Squelette humain découvert dans le lehm intact ou remanié? à Bollwiller, crânes dolichoplatycéphales, fémurs à colonnes, etc. 1 Voy. Matériaux pour une étude préhistorique de V Alsace. Quatrième publica- tion, pp. 91-95. * Voy. Matériaux, quatrième publication, page 109, le tableau relatif à la répartition des vestiges des temps préhistoriques en Alsace. Digitized by GoogI — 84 — Pointe de flèche triangulaire , trouvée à un mètre de profondeur dans le sable vosgien non remanié, à Harthausen près Haguenau. 2° A l'époque néolithique la densité de la population devait être assez grande. Elle occupait en nombre la partie méridionale de la province qui touche à la Suisse cantons d'Altkirch, Ferrette, Hir- singue et partie ouest de Landser ; elle était disséminée sur les collines sous-vosgiennes depuis Masevaux jusqu'à Niederbronn, et assez répandue dans la portion de la basse Alsace enclavée dans la Lorraine. Mais l'agglomération la plus importante existait dans la région des collines de la basse Alsace limitée par la Bruche au sud et par la ligne Strasbourg-Bischwiller-Haguenau-Niederbronn à l'est et au nord. Outre les nombreux instruments en pierre trouvés isolément dans la province, on y a constaté deux stations bien caractérisées de cette époque. La première est la grotte d'Oberlarg avec nom- breux silex taillés, pointes de flèches triangulaires, poteries gros- sières, ossements d'animaux disparus, émigrés et actuels, etc. La seconde comprend les foyers de Weyer, près Drulingen, avec silex taillés, pointes de flèches, ossements d'animaux actuels et poteries grossières. Les découvertes faites par MM. Mathieu Mieg1 et Schumacher9 1 Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, 1882, page 157. — Le marteau de Rixheim ayant été trouvé à une profondeur de 5 à 6 mètres dans le diluyium rhénan, U faut admettre que ces dépôts quaternaires, les plus anciens connus en Alsace, ont été remaniés en cet endroit, jusqu'à une profondeur relativement assez considérable. D'après le Dr Bleicher Matériaux pour une étude préhisto- rique de V Alsace, quatrième publication, page 143, à l'époque de la pierre polie la plaine du Rhin, comme les vallées lorraines, n'était par moments qu'un vaste marécage , sillonné par des cours d'eau irréguliers et peu profonds. La preuve pour l'Alsace existe dans les dépôts récents de graviers, de lehm, de tourbes, de marnes, avec coquilles d'eau douce et terrestres trouvées à Neudorf, près Strasbourg, par M. le professeur Cohen. Le puits creusé à la chaussée de Dornaeh, chez MM. Wallach, m'a fourni les mêmes marnes avec coquilles terrestres, à une profondeur de 8 mètres environ, au milieu d'un diluvium essentiellement vosgien. * Erlàuterungen sur geologischen Karte der Umgegend von Straseburg, 1883, page 39. Digitized by Googlt — 85 — de haches de pierre polie perforées dans le diluvium rhénao de Rixheim et dans le lehm à coquilles terrestres de Strasbourg, tendraient à modifier considérablement les opinions courantes sur l'ancienneté de l'homme et l'âge de la pierre polie en particulier, si on ne tenait pas compte des remaniements du sol superficiel, dont l'étendue en profondeur, variable suivant les lieux, reste à déter- miner. 3° A l'âge de la pierre a succédé, en Alsace, un âge de bronze bien caractérisé et qui a dû avoir une durée très longue. L'époque de transition de la pierre au métal est peu représentée. La station d'Oberlarg, qui appartient positivement à l'âge de la pierre, a sans doute été occupée jusqu'au commencement de cette époque, en raison du lingot de bronze qu'on y a trouvé. On peut encore y ranger La tombe d'Obernai â squelette accroupi, hache de pierre, cou- lants d'argile et anneau en bronze. Quelques celts en cuivre, de forme primitive, trouvés isolément. La rareté des gisements de celte période de transition fait sup- poser qu'il y a eu alors quelque changement brusque dans l'état du pays, peut-être une invasion d'une race nouvelle qui aurait supplanté les anciens habitants. En effet, avec l'introduction du métal appa- raissent d'autres mœurs, une vie probablement plus sédentaire, et surtout l'inhumation et le respect des morts que les hommes de l'âge de la pierre ne semblent pas avoir pratiqués. 4° Les auteurs attribuent à l'âge du bronze proprement dit Reine Bronzezeit du D* Tischler des objets nombreux trouvés isolément les cromlechs de Mackwiller, les vases cinéraires, les inhumations sans iumulus et sans traces de fer, enfin les tumulus les plus anciens. La plupart des types du bel âge du bronze, figurés dans les ouvrages spéciaux, armes, outils, bijoux et ustensiles divers, se retrouvent en Alsace. 5° La fin de l'âge du bronze et la transition du bronze au fer période de Hallstatt sont marquées par les innombrables tumulus qui couvrent la vaste plaine d'Alsace. Leurs mobiliers funéraires Digitized by Googlt — 86 — varient depuis les plus simples jusqu'aux plus somptueux, selon la condition du défunt. Ici apparaissent les substances précieuses or, ambre, corail; des pièces artistiques parfois richement ornemen- tées; enfin un outillage complet et prouvant une civilisation avancée. Le bronze domine encore sensiblement et le fer semble réservé à la confection de quelques armes. On n'a pas encore trouvé, dans la contrée, une seule station bien constatée de cette époque ; mais, à en juger par la quantité des tombes, la population devait être très dense. La rareté des armes, le nombre de bijoux et de poteries, la présence d'ossements d'âges et de sexes différents dans les sépultures, Tordre qui avait présidé aux funérailles, enfin la superposition des tombes, prouvent à l'évidence que ces populations ont habité nos contrées pendant une longue ère de calme el de prospérité. 6° On peut attribuer au premier âge du fer période de la Tène quelques-uns de nos tumulus ou plutôt les inhumations superficielles de certains d'entre eux. Le fer y est plus abondant, les armes rares pendant tout notre âge du bronze deviennent tout à coup nombreuses. Après le long calme dans lequel se sont succédé les nombreuses générations du bronze , on dirait qu'il est survenu une époque de trouble et de combats c'est peut-être là le commencement des grandes invasions d'outre-Rhin? 7° Il est difficile de saisir actuellement les liens qui rattachent aux époques préhistoriques de notre contrée les monuments méga- lithiques qui s'y rencontrent en grand nombre. On n'a pas trouvé, auprès de ces monuments , d'objets antiques en nombre suffisant pour en caractériser l'âge. D'après leur mode de construction, on voit qu'ils proviennent de diverses époques; en les comparant à leurs analogues d'autres pays dont la date a pu être fixée, il y a lieu de supposer qu'ils appartiennent à l'époque néolithique et aux premiers temps de l'âge du bronze. 8° D'après les données acquises, on peut avancer, avec assez de certitude que, dans le cours des temps préhistoriques, les habitants de l'Alsace ont traversé successivement Digitized by Googlt — 87 — Des périodes de calme où une population déjà dense a occupé tranquillement le sol pendant un temps fort long époque néoli- thique, grand âge du bronze et surtout époque des tumulus. Des périodes troublées où des changements radicaux se mani- festent tout à coup transition de la pierre au métal et période de la Tène ou premier âge du fer. Ces alternatives de calme et de trouble sont-elles dues à des modifications survenues sur place dans les coutumes des habitants primitifs? Cela n'est guère possible, et on est porté plutôt à les attribuer à des causes violentes et brusques , telles que le renou- vellement de la population par l'irruption de races supérieures. Quels sont ces peuples qui ont tour à tour occupé notre sol et quelles dates peut-on assigner à ces événements qui ont amené les perturbations révélées par le contenu des gisements préhistoriques? Questions encore obscures et dont la solution exigera de longues et patientes études historiques et anthropologiques. Un point cepen- dant généralement admis aujourd'hui, c'est que toutes les périodes qu'a traversées notre pays, jusqu'à celle de la Tène inclusivement, sont antérieures à l'occupation romaine. L'analogie des vestiges de toute nature rencontrés en Alsace avec ceux de plusieurs pays voisins, notamment la Suisse et la rive droite du Rhin, prouve qu'il y a eu dans cette vaste région com- munauté d'origine et de race ; d'où l'on peut induire aussi l'évolu- tion synchronique des âges préhistoriques et la contemporanéité des grands événements dont ils ont été les témoins. Les auteurs présentent ces conclusions sous toutes réserves et comme simples déductions des données encore incomplètes que Ton possède aujourd'hui. L'étude préhistorique d'un pays, quelque limité qu'il soit, offre des points de vue très multiples et soulève de nombreuses questions, dont la solution nécessite de longues et persévérantes recherches. Il reste donc encore beaucoup à faire dans la voie tracée par MM. Faudel et Bleicher; cependant plusieurs parties de leur œuvre peuvent être considérées comme traitées à Digitized by VjOOQIC — 88 — fond ; ce sont les âge» de la pierre et du bronze, la transition du bronze au fer et les mégalithes. La comparaison du préhistorique alsacien avec celui des pays voisins, commencée, avec tant de savoir, par le Dr Bleicher pour la Lorraine française, sera continuée successivement pour la Lor- raine allemande, les pays de Belfort et de Monlbéliard, pour la Suisse, le Palatinat et le duché de Bade. Les auteurs expriment l'espoir que l'examen des crânes et osse- ments antiques entrepris par le Dr Gollignon pourra être repris prochainement. Us comptent publier dans un prochain fascicule L'étude, au point de vue de l'histoire naturelle, des substances étrangères au pays ambre, corail, ivoire, jayet et lignite, qu'on rencontre assez fréquemment sous forme d'ornemenls et de bijoux. Celle des poteries préhistoriques, dont la forme, l'ornementation et le mode de fabrication varient selon les époques auxquelles elles appartiennent. Celle du premier âge du fer, dont les caractères, les limites et la durée sont encore si incertains pour notre contrée. Arrivé au terme de ce rapport, je serais heureux si j'avais réussi à intéresser la Société aux travaux de MM. Faudel et Bleicher, et â la convaincre des progrès que leurs belles études ont fait faire aux sciences préhistoriques en Alsace. -— 'n/vaaAAAAAAAAa/v-. Digitized by GoogI PRIX DU COMITÉ D'HISTOIRE ET DE STATISTIQUE DR LA SOCIÉTÉ INDUSTRIELLE DE MULHOUSE I Médaille d'honneur , d'argent ou de bronze, selon le mérite du travail présenté, pour i L'histoire complète d'une des branches principales de l'industrie de la Haute- Alsace , telles que la ûlature et le tissage du coton et de la laine, l'impression des étoffes de coton ou de laine, la con- struction des machines, etc. II La biographie complète d'un ou de plusieurs des principaux inventeurs ou promoteurs des grandes industries de la Haute-Alsace. m Des recherches statistiques sur la population ouvrière de Mul- house ou des autres villes industrielles de la Haute- Alsace , leur histoire, leur condition et les movens de l'améliorer. IV Déterminer, à l'aide de renseignements incontestables, les varia- tions que le prix de la journée de travail a éprouvées, depuis un siècle, dans le département de la Haute-Alsace. Mettre en regard le prix de l'hectolitre de blé, ainsi que celui des objets de première nécessité pendant la même période. 1 Les auteurs pourront traiter une partie seulement de chaque question, ou même fournir simplement des documents utiles à une histoire future. Digitized by GoogI — 90 — V Une carte du département de la Haute-Alsace à l'époque gallo- romaine Indiquer les routes ainsi que les fragments de routes romaines ; les villes, les stations, les castra; les murailles sur les crêtes des Vosges, les colonnes itinéraires; les turaulî celtiques ou gallo- romains; les emplacements où Ton a trouvé des armes, des mon- naies, des briques en tuiles, ou autres objets importants appartenant à l'époque gallo-romaine. VI Une carte des seigneuries féodales existant dans la Haute-Alsace au commencement du xvne siècle. VII Une carte des établissements industriels de l'ancien département du Haut-Rhin en 1789 et en 1870 Distinguer , par des marques ou des couleurs particulières , les différentes branches d'industrie établies dans le département du Haut-Rhin et leurs rayons respectifs. Les cartes ci-dessus spécifiées devront être exécutées sur l'échelle de la t Carte du département du Bas-Rhin, indiquant le tracé des voies romaines, etc., par M. le colonel de Morlet ». Voir la lre livraison du tome IV du Bulletin pour la conservation des monu- ments historiques d'Alsace. VIII Histoire des voies de communication dans la Haute-Alsace routes, canaux, chemins de fer. Examen de leur influence sur la prospé- rité commerciale, industrielle et agricole du département, au point de vue, soit de l'entrée, soit de la sortie des matières premières, des marchandises manufacturées ou des produits agricoles, etc. IX Une histoire des voies de communication en Alsace et de leur influence sur le commerce et l'industrie. Digitized by Googlt — 91 — Grandes routes, rivières, canaux, chemins de fer. Indication sommaire de quelques-uns des articles à traiter Nomenclature, dates, descriptions, coût, parcours, mouvement, tonnage. Prix du transport à différentes époques; influence sur le prix des produits, et notamment sur celui du combustible. Avenir, améliorations à réaliser. X Etude critique , énumérant et appréciant les travaux archéolo- giques, historiques et statistiques faits en Alsace depuis le commen- cement du siècle. XI Production de documents authentiques ayant trait à l'existence de l'industrie cotonniére en Alsace, du XIIIe au xvne siècle. XII Confection de cartes en relief de certaines parties de la chaîne des Vosges ou du Jura, ou d'autres régions de l'Alsace. — Les noms des localités seront figurés en langue fran- XIII Projets et plans de restauration de châteaux et monuments histo- riques de l'Alsace, qui rétabliraient ceux-ci tels qu'ils étaient autrefois, avant leur destruction. — Le texte accompagnant les plans sera rédigé en langue XIV Une médaille d'honneur et 100 francs pour une histoire abrégée de la ville de Mulhouse, jusqu'au moment de sa réunion à la France, 1 Prix fondé par M. T***. » Prix fondé par M. M***. Digitized by GoogI — 92 — considéré surtout au point de vue de sa législation, de ses coutumes et des mœurs de ses habitants. Celle histoire devra être écrite en langue française. XV Une médaille d'argent ou de bronze pour une monographie ou histoire d'une localité quelconque d'Alsace, depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, ou pour un travail historique inté- ressant, portant sur la totalité ou sur une partie de noire province, ou pour un ensemble de recherches historiques sur le même objet. XVI Médaille d'argent ou de bronze pour une étude bibliographique sur une série complète d'ouvrages imprimés ou manuscrits concer- nant l'Alsace et ayant trait à la géographie, à l'histoire, à la litté- rature, à la jurisprudence ou aux sciences. XVII Déterminer la nature et l'origine des droits que les évêques de Strasbourg ont exercés à Mulhouse ; étudier les événements et les diverses transactions qui, de l'Eglise, les ont fait passer à l'Empire. */W\AAAAAAn/v*~-— Digitized by GoogI COMITÉ D ADMINISTRATION DU MUSÉE HISTORIQUE MM. Auguste Dollfus, président honoraire. Mathieu Mieg-Kroh, président. Xavier Mossmann, vice-président. Joseph Coodre, vice-président; conservateur. Karl Franck, conservateur. Ernest Meininger, secrétaire. Edouard Dollfus-Flach, trésorier. Edouard Benner. Frédéric Engel-Gros. Jules Franck. Emile Gluck père. Daniel Grumler. Jean Heilmann. Edouard Hofer-Grosjean. Armand Ingold. Henri Juillard-Weiss. Fritz Kessler. Gustave Kœnig. Jean-Jacques Ljbderich. Auguste Michel, aide-conservateur. Louis Schœnhaupt. Auguste Thebrry-Mieg. Armand Weïss-Zuber. Digitized by GoogI — 94 — LISTE DES SOUSCRIPTEURS 1886—1886 MM. Aighinger Théophile. Amann Emile. Amann Jacques. Antoni Nicolas. Arlenspach Jacques. Ast Henri. Audran Gustave. Audran Eugène. Bader Léon. Bader Léon Vve. Bsr Fritz. Barlow-Kœchlin. Barth Eugène. Barth Jean Baudinot A. C. Bauer Benjamin. Baumert Ferdinand. Baumgartner Henri. Baumgartner- Knoll A. J. Baumgartner Léon. Baumgartner Léon Vve. Becker Auguste. Beinert Fritz V™. Benner Albert. Benner Charles. Benner Edouard. Benner Emile. Benner Henri. Bernheim Charles. Bernheim Léon. Bertelé Charles. MM. Bertrand S1 Germain. Bertrand-Ljsderich Auguste. Bibliothèque de la ville de Col- mar. Bibliothèque de la ville de Strasbourg. Bidlingmeyer Jules. Biset Eugène. Bogh Théodore. Bœhler Alofee. Bcehm Eugène. Bœringer Eugène. Bohn Charles. Bohn Jacques. Bontemps-Rieffel V* Bourcart Jacques. Bourcart Charles. Bourry Guillaume Bourquin-Hartmann J. Brjendly J. Brandt Charles. Brandt Emile. Braun Albert. Braun Théodore. Breûer Otokar. Bringkmann Jean. Bron Eugène-Edouard. Brughet A. Brunschwig C. Brustlein Charles. Brustlein Henri V™. Digitized by GoogI — 95 — MM. Bughy Adolphe. Buchy Henri Buhl Ch., pasteur. Bulffer Joseph-Dominique. Burgert Adolphe. Burgert Jules. Burghardt Arthur. Burghardt Jacques. BURGART-LiEDERlCH J. V'e. Burnat Emile. BURTSGHELL J. Clottu Jean. Coughepin Charles. Coudre Camille. Coudre Joseph. Couget Jean-Baptiste. COULERU-SCHMERBBR fila. Courtois ClémenL Danner Pierre. Dardel Gustave. Degermann Jacques. Degert Charles. Desaulles-Gluck P. Diemer Gustave. Diemer Michel. Dietlin Hercule. DlETSGH S0BUT& Doll Edouard. Dollfus Adrien. Dollfus Auguste. Dollfus Charles. Dollfus-Dettwiller Vve. Dollfus-Schwartz Edouard. Dollfus Emile V*. Dollfus Eugène Dollfus-Flach Edouard Dollfus Gaspard. Dollfus Gustave. Dollfus Jean. MM. Dollfus Jean, fils. Dollfus Josué. Dollfus Mathieu. Dormob Charles. Dreyfus Jacques. Dreyfus Léon. Dreyfus Mathieu. Drumm Oscar. Dumény Benjamin. Dupré-Heinck. Durthaller Albert. Egk Daniel. Eck Jacques. Eggenschwiller Jules. Ehrmann, D. M. Ehrsam Nicolas fils. Eighert Edouard. Endingeb Josué. Engel Albert. Engel Alfred. Engel Arthur. Engel -Dollfus Frédéric V™. Engel Eugène. Engel-Gros Frédéric. Engel Gustave. Engel-Royet Eugène. Enoelmann GodefroL Erighson Alfred. Erné HenrL Ernst Adolphe. Esghbagher Jean-Jacques. Essbn von Alfred. Fallot Charles. Faudbl Frédéric, D. M. Favre Alfred. Favre Arthur. Favre Eugène. Favre Gustave. Fieghter Jules. Digitized by GoogI — 96 — MM. Fleischhauer Edmond. Franck Frédéric. Franck Jules. Franck Karl. Frey Max. Fries Jean. Fritsch Charles-Henri. Gantzer-Haffa Fritz. Gassmann Eugène. Gatty Alfred. Gatty Ferdinand. Gsïyelin Georges. Gerber Auguste. Geyelin Eugène. Gilardoni Jules. Gimpel Abraham. Glœss Ignace. Gluck André-Armand. Gluck Emile. Gluck Emile fils. Gœtz Eugène. Gœtz Jean-Armand. Graeub E. Graf Greuling-Noiriel. Grimm Gustave. Grosseteste-Thœrry Charles. Grumler Daniel. Grumler Jean-Georges Vfe. Guerre Jules. Guth Jules. Haas Abraham. Haas Alexandre. Hjeffely-Steinbach H. Vfe . Hensler Auguste. Hanhardt Théodore. Hans Joseph. Hartmann Jacques. Hartmann, notaire. MM. Heelmann Albert. Heelmann Edouard. Heilmann Jean. Heilmann Heilmann Paul. Heilmann-Sghœn J. Heinis Emile. Heinrigh Ferdinand. Herrmann-Bornand Ch. Heyden Arnold. Heyer Edouard. Hilbert Jean-Baptiste. Hofer-Grosjean Edouard. Hoffet Eugène, pasteur. Hubner Albert. Hubner Edouard. Huguenin Edouard. Huguenin Jules. Huguenin Louis. Iffrig Jean-Jacques. Igersheim Emile. Ingold Armand. j£GER, D. M. Jaquel-Gœtz Emile. Jacques Charles Vw. Jelensperger Charles. Jelensperger & Roudolphi. Jeannin Benjamin. Juillard-Weiss Henri. Jund Emile. Jung-Keuffer Charles. Juteau Eugène. Kammerer Théophile. Eeller Charles. Eessler Fritz. Kestner, D. M. Klein Georges. Kleppel, D. M. Klotz Edouard. Digitized by Googlt 97 — MM. Kneght Louis. Kœchlin Albert. Kœghlin Camille. Kœchlin Charles. Kcechlin-Claudon Emile. Kœchlin-Dollfub Eugène Vv. Kœghlin-Dollpus Marie V*. Kœchlin Edouard. Kœchlin Edouard Willer, Kœchlin Emile V*. Kœchlin E., D. M. Kœchlin Fritz. Kœchlin Georges. Kœchlin Isaac, fils* Kœchlin Paul. Kœchlin Joseph* Kœchlin Jules Vve. Kœchlin-Klippel Emile. Kœchlin Léon. Kœchlin Rodolphe Kœchlîn-Sghwartz Alfred. Kœhler Jules. Kœnig Emile. Kœnig Eugène. Kœnig Gustave. Kohler Emile. Kohler-Dietz Eugène. Kohler Mathias. Krau8 Henri. Kublkr Gufitave. Kuhlmann Eugène. Kullmann Alfred. Kullmann Auguste fils. Kullmann Paul. Kunbyl Jules. Kunz M. Lacroix de Camille. Lacroix de Victor. Ivederich Jean Jacques. MM. Ljedkrich Lederich-Courtob Charles. Lederich-Weber Charles. Lalance Auguste. Lampert Benjamin. LANHOFFER-LiEDERICH Emile. Lantz Emile. Lantz Jean. Lantz Lazare. Lesage-Gœtz. Lisghy Edouard. Maisch Robert. Mantz-Blech Jean Vw. Mantz Jean. Mansbendel Charles. Mansbendel-Hartmann J. V. Mathieu Paul, pasteur. MattmannF. Marozeau Ph. Marquibet Armand. Martin E. Meininger Ernest. Meininger Jules. Meininger Meistermann Nioolas. Mergklen Gustave. Metzger Oscar. Meunier-Dollfus Charles. Meyer Alfred. Meter Emile. Meyer Eugène. Meyer. frères. Meyer Henri. . Meyer Robert. Meyer Valentin V*. Meyrel Jules. Michel Auguste. Michel Fritz. Michel Thiébaud-Georges. Digitized by GoogI 98 — MM. Mieg Edouard. Mieg Edouard-Georges. Mieg Charles VYe. Mieg-Kœghlin Jean. Mieg Mathieu. MlQUEY E. Mœhler François. Mojonnier Charles. Moll Louis. Moritz Victor. Mossmann Xavier. Muller-Benner. Muller Emile. Muller Fritz. Muller Georges. Muller Henri fils. Muller Louis. Muller-Munck Munck Charles. Muntz-Schlumberger Vve. Muralt de Albert. MUTTERER AugUSte. Negely Charles. Neyser Jean. Nithard Xavier. Nœlting Emilio. D'. Oberlin Charles. Obreght Jean. Orth J., pasteur. Osterrded Georges. Ostier Louis. Pattegay Math. Péris Charles. . Petit Auguste. Pétry Emile. Pfenninger Henri. Picard Platen Jules. Platen Théophile. MM. Poupardin Franz. Pouvourville Théodore. Rack Iwan. Rayé Aimé. Reber-Dollfus Fréd. Redler Rey Emile Vw. Rieder Aimé père. Rieder Jacques. Riegler Ch. Risler Adolphe. Risler Charles. Risler Jean. Risler-Schœn Henri. Rœllinger Joseph. Royet-Geyelin Claude. Rùgkert-Steinbach Jules. Sartoré Vincent fils. Screffer Gustave. Schaller Schauenberg Rodolphe. SCHEIDECKER EmOSt. Sgheidecker Henri. SCHERR J. Sgheurer-Frey André. Scheurer Oscar. Sghieb Edouard. Schlumberger Alphonse. Schlumberger Amédée. Schlumberger EcL-Albert. Schlumberger Ern., D. M. Schlumberger Frédéric. Schlumberger Georges. Schlumberger Jean. Schlumberger Jean fils. Schlumberger Jules. Schlumberger Jules-Albert Schlumberger Paul. Schlumberger Pierre. Digitized by Google 99 — Schlumberger-Sengeun. Schlumberger Théodore. Schmalzer-Kœchlin VYe. Sghmerber Alfred. Schmerber Camille. Sghmerber Jean. Schœn Alfred. Sghœn Daniel. Schœn Fritz. Sghœn Gustave. Schœn Jean-Bernard. SCHŒNHAUPT Louis. Schrott Alfred. Sghrott Joseph. Schumacher Jean. Schwarberg Henri. Schwartz Edouard. Schwartz Henri père. Schwartz Oscar, schweisguth-coudray ch. Schwettzer Louis. Simonet Eugène. Sitzmann Edouard. Spetz Georges. Spœrlein Ernest. Spœrry Albert Spœrry Henri. Steffan Emile. Steinbagh Georges. Steinbach Léon-Félix. Steiner-Dollfus Jean. Steiner-Schœn M. Vvo. Steinlen Vincent. Steinmetz Charles. Stern, E. pasteur. Stetten de Frédéric. Stiehlé Adolphe. Stœber Adolphe, pasteur. Stœber Paul. MM. Stœcker Jacques. Stoll-Gûnther André. Stuckelbbrger Huns. Tachard Albert. Thierry-Mieg Auguste. Thierry-Mieg Charles. Thierry-Mieg Edouard. Thierry-Mieg Emile. Thdsrry-Rûckert Jules. Tournier Wladimir. Vaucher Jean. Verrier-Littig Joseph. Viénot John. VOGELSANG Joseph. Wachter Gustave. Wacker Albert. Wacker-Schœn Cb. Vve. Wagner Auguste. Wagner Eugène. Wagner François. Wagner Théophile. Walther Oscar. Waltz André. Weber-Jacquel Ch. Wegelin Ferdinand. Wegelin Gustave. Wehrlé-Sonderegger. Weiller Benjamin. Weimann-Bohn, Math. Weiss Albert. Weiss-Fries. Weiss Jacques. Weiss-Schlumberger Emile. Wetss-Zuber Armand. Weizsscker Charles. Welter Emile. Wennagel, pasteur. Wenning Alfred. Werner,D. M. Digitized by GoogI — 400 — MM. Wigk-Spœrlein Josué. Wild Eugène. Willmann César. Wrrz Charles. Wrrz Frédéric Witz-Urner D. Wohlschlegbl Oscar. Wolff-Thierry Vve. Wûbth Julien. Wurtz Fritz. Z'berg Jacques. Zengerlin Gustave. Zetter Alphonse. Zetter Auguste. Zetter Edouard. Zetter Henri. MM. Ziegler Emile. Ziegler Gaspard. Ziegler Jean. Ziegler Jules. Ztmmermann Frédéric. Zimmermann Michel. Zindel Henri. Zindel Octave. Zuber Emile. Zuber Ernest. Zuber Frédéric père. Zuber Ivan. Zuber Victor. Zundel Charles. Zundel Emile V™. Zurgher Charles. Digitized by GoogI — 101 — SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES Société industrielle de Mulhouse. Président M. Auguste Dollfus. Société d'histoire *attoblle de Cqlkar. Président ; M. Adolphe Hirn. — POTTB LA CONSERVATION DES MONUMENTS HISTORIQUES D'ALSACE. Strasbourg. Président M. le chanoine A* Straub, — bblfortaine d'émulation — Belfort. Président M, Parisot — d'émulation de Montbéliard — Montbéliard. Président M, C, Duvernoy. — d'archéologie lorraine et nu Musée historique lorrain, à Nancy. — philomatique vosgienne — Saint-Dié. Président M. EL Bardy. — académique d'agriculture, des sciences, arts et belles- lettres de l'Aube, h Troyes. Historische und antiquarische Gesellschaft zu Basel. Prœsident. Herr Dr. Achilles Burckhardt, Professor am Pœdagogium zu Basel. Schweizerisches Bundesarchiv — Bern. Herr Dr J. Kayser, Bundes- archiv-Director. ALLGEMEINE GESCHICHTFORSCHENDE GESELLSCHAFT DER SCHWEIZ — Zurich. Président Herr Prof. G. von Wyss. Hi8torischer Verein der fûnp Orte Luzern, Uri, Schwtz, Unter- walden und Zug in Luzern. Prœsident Herr Prof. Jos. Léop. Brandstetter. Annales de l'Est. — Nancy. M. Ch. Piister, secrétaire. MEMBRE8 CORRESPONDANTS MM. Arthur Benoit, littérateur, à Berthelming. conservateur des archives communales de Strasbourg. l'abbé A. Hanaueb, bibliothécaire-archiviste à Haguenau. Xavier Kohler, archiviste h Porrentruy. Charles de Lasablière, h Saint-Dié. Digitized by GoogI — 102 — MM. Théod. de Liebenau, Directeur des archives du canton de Lucerne. l'abbé A. Merklen, professeur de philosophie au collège libre de La Chapelle s. R. le comte de Mûlinen, littérateur, à Berne. Rod. Reuss, conservateur de la bibliothèque communale de Strasbourg. J. Rixgel, pasteur à Montbéliard. Paul Ristelhuber, littérateur, à Strasbourg. Ch. Schmidt, docteur en théologie, ancien professeur de l'Univer- sité de Strasbourg. Dr L. Siebeb, bibliothécaire en chef de l'université de Bâle. Dr Rod. Wackebnagel, archiviste d'Etat du canton de Bâle- Ville. Digitized by GoogI TABLE DES MATIÈRES Pages Avis 4 ÀUGUBTB StŒBRB ; 8A VIB BT 8BS 02UVRB8 5 scbnb8 db mœub8 c0lmaribnne8 du tbmp8 db la oubrre de tbbntb an8 37 Matériaux poub une btudb préhistorique db l'alsacb 79 Prix du comité d'histoire et db statistique 89 comitb d'administration du muser historique 93 Ll8TE DB8 8OU8ORIPTBUB8, 1885*1886 94 SOOIBTBS CORRESPONDANTES 101 Membres correspondants 101 Digitized by GoogI MULHOUSE — IMPRIMERIE VEUVE BADER * 0* Digitized by Googlt BULLETIN DU MUSÉE HISTORIQUE DE MULHOUSE Digitized by VjOOQ 16 Digitized by GoogI BULLETIN DU MUSÉE HISTORIQUE DE MULHOUSE XII ANNÉ^ 1887 MULHOUSE Imprimerie Veuve Bader et C 1887 Tous droits réservés i Digitized by GoogI AVIS Le comité du Musée historique a l'honneur d'inviter les sociétés savantes correspondantes à vouloir bien lui faire connaître les changements qui pourraient avoir eu lieu dans le personnel de leurs présidents pendant le cours de l'année. Le comité prie les mêmes sociétés, ainsi que Messieurs les membres correspondants, de lui accuser réception du Bulletin, afin qu'il puisse s'assurer de la régularité du service de ses envois. Le comité laisse aux auteurs des travaux publiés dans le Bulletin la responsabilité de leurs assertions. Digitized by GoogI Digitized by GoogI Digitized by GoogI UN LETTRÉ MULHOUSIEN THÉODORE BRAUN Par L. B. J. G. C'était l'homme du monde le plus aimable ; il cultiva la littérature toute sa vie, elle augmenta ses plaisirs ainsi que sa considération, et elle adoucit ses chagrins, s'il en eut ». Ce mot de Voltaire sur le cardinal de Bernis s'ap- plique de tout point à l'excellent poète que nous avons perdu cette année, et à qui nous tenons à rendre hommage dans ce recueil. Aussi bien, n'est-ce que justice, puisqu'il a célébré le Mulhouse d'autrefois dans un grand poème, qui porte le sous-titre de Fragment de chronique mulhou- sienne. Et puis, tout en acquittant une dette de reconnais- sance, nous aurons la bonne fortune de pouvoir citer à foison de jolis vers, faits par un des nôtres ce sera double plaisir. Théodore Braun naquit, le 17 janvier i8o5, à Béligny, près de Villefranche Rhône, où son grand-père, un mul- housien de vieille roche, avait établi, une vingtaine d'an- nées auparavant, une manufacture de toiles peintes. Mais, dès 1806, il fut amené à Mulhouse, son père ayant accepté de diriger les tissages de la maison Dollfus-Mieg et Cie. Notre ville ne présentant pas les ressources nécessaires Digitized by VjOOQIC — 6 — pour une instruction libérale complète, il fit ses études classiques à Montbéliard, puis à Nancy, et il les acheva à Strasbourg, où il suivit avec succès les cours de la faculté de droit, tout en ne négligeant pas ceux de la faculté des lettres. Il débuta par être avocat à Colmar, mais il ne tarda point à entrer dans la magistrature. Juge-auditeur à Alt- kirch, en 1829, substitut du procureur à Colmar, en i83o, il devint procureur du roi à Saverne, dès l'année suivante ; de là, il fut promu, en i836, au parquet de Colmar, à la tête duquel il se trouvait, quand il fut nommé, à la même résidence, conseiller à la cour d'appel. Il ne se fût pas arrêté là, dans la carrière qu'il s'était choisie, si des circonstances particulières ne lui avaient procuré une position tout exceptionnelle, à Strasbourg. Comme il avait, en qualité de délégué laïque, pris une part considérable aux travaux de réorganisation admini- strative de l'Eglise luthérienne, le Gouvernement lui offrit la présidence du consistoire supérieur et du directoire de la Confession d'Augsbourg en France. Ce poste, aussi avantageux qu'honorable, qui lui donnait rang d'évêque et siège au Conseil supérieur de l'instruction publique, il l'occupa depuis i85o jusqu'à 1871, où les événements poli- tiques le décidèrent à s'en démettre spontanément. Il se retira à Mulhouse, dans sa ville de prédilection, où il s'était marié, en i83o, avec mademoiselle Cécile Hofer, continuant d'ailleurs à passer la belle saison dans sa jolie campagne de Scharrachbergheim, près de Wasselonne. Cependant, quoiqu'il fût, corporellement aussi, un des heureux de la terre, les infirmités finirent par l'atteindre ; il devint à peu près aveugle, et, après avoir langui quelque temps, sans rien perdre de la lucide aménité de son esprit, il s'éteignit doucement, le 12 avril 1887, âgé de plus de quatre-vingt-deux ans. Digitized by Googlt - 1 - Nous n'avons pas ici à suivre M. Braun dans sa carrière publique ; il nous suffira de dire qu'il remplit avec une rare distinction les différentes fonctions dont il fut revêtu, et que le Gouvernement récompensa ses mérites par les palmes d'officier de l'Instruction publique et par la rosette d'officier de la Légion d'honneur. Ce qui nous importe davantage, ce qui assure à Théodore Braun une place hono- rable dans l'histoire de .la littérature française, ce sont ses productions poétiques, auxquelles il consacra les loisirs de sa vie. Dans la courte revue que nous en ferons, nous parlerons d'abord de ses poésies lyriques, dont il a recueilli une partie sous les titres de A la ville et aux champs* et de Joies et Tristesses, puis de sa traduction en vers des tragé- dies de Schiller, enfin de son poème Mes trois noblesses. Et comme, à part le Schiller, ces publications sont peu connues, ayant été tirées à un très petit nombre d'exem- * Voici, dans le même ordre, la bibliographie de l'œuvre poétique de Théodore Braun A la ville et aux champs 1 827-1 875. Nancy, imprimerie Berger-Levrault et Cie, 1876, in-12 de 4 ff. préliminaires, de 452 pp. chiffrées et de 1 page non chiffrée pour l'errata. Sans le nom de l'auteur, mais avec son portrait celui qui accompagne la présente notice, gravé à l' eau-for te par Lalauze. — Tiré à 200 exemplaires numérotés à la presse, dont 3 sur papier Whatmann et 25 sur papier de Hollande. Aucun n'a été mis dans le commerce. Joies et tristesses. Mulhouse, imprimerie Brustlein et Cie , 1882, in-12 de 204 pages. Le nom de l'auteur ne figure pas au titre, mais au bas de la dédi- cace imprimée. — Imprimé à 60 exemplaires numérotés à la presse, sur papier de Hollande; tous réservés à la famille et aux intimes. Don Carlos, tragédie de Schiller, traduite en vers français. Neuchâtel, imprimerie de Henri Wolfrath, 1847, inm%- Extrait de la Revue suisse. Trois tragédies de Schiller "Don Carlos, Jeanne d'Arc, Guillaume Tell traduites en vers français. Strasbourg, typographie de Gustave Silbermann, i858, in-12; n'a pas été mis dans le commerce. Marie Stuart, de Schiller, traduite en vers français. Strasbourg, Treuttel et Wurtf, 1862, gr. in-8. Wallimstein, de Schiller Le camp de Wallenstein, Les Piccolomini, La Digitized by VjOOQIC — 8 — plaires, nous laisserons le plus souvent la parole au poète. De la sorte, les lecteurs auront le plaisir de se faire eux- mêmes une idée juste non-seulement de son talent, mais encore de son caractère ; car ses poésies sont empreintes d'un cachet tout personnel et, dans ce qu'il appelle ses mémoires chantants d'un demi-siècle, il s'est appliqué, comme Montaigne, à représenter le progrez de ses hu- meurs ». Ce qui frappe d'abord, dans cette suite prodigieuse de vers, c'est l'heureuse facilité dont ils témoignent. Théodore Braun versifiait, comme Ovide, par un don de nature Je me pris à rimer dans un âge encor tendre ; J'étais d'un tel prurit poétique enflammé Que j'aurais mis en vers mes deux Epitome. Il se joue de la difficulté, sa muse alsacienne s'est un jour complu à décrire, à la Delille, tous les mets particuliers à notre pays. S'adressant à ses fils, il leur dit plaisam- ment Vous prisez à l'égal des plus friands morceaux Qu'on demande à Véfour, aux Frères-Provençaux, Les Knœpffle, variés selon qu'on y combine Pomme de terre, foie, ou semoule, ou farine. . . mort de Wallenstein traduit en vers français. Strasbourg, Treuttel et Wurt%, 1864, gr- in-8- [.a Fiancée de Messine, de Schiller, traduite en vers français. Strasbourg, Treuttel et Wurtf, 1867, gr. in-8. Schiller Théâtre en vers traduit en vers français. Strasbourg et Paris, Berger- Levrault et C*e, 1870, 3 vol. gr. in-8. Schiller Théâtre en vers traduit en vers français. Ouvrage couronné par l'Académie française. Deuxième édition, corrigée par le traducteur. Paris, G. Fischbacher, 1 881- 1882, 3 vol. in- 18. Mes trois noblesses, fragment de chronique mulhousienne, rimé par un descendant des deux principaux personnages des vingt-six chants qui disent la seconde. Mulhouse, librairie Pétry, 1886, gr. in-4 de 8 ff. préliminaires et de 658 pages. Titre rouge et noir. — Imprimé avec luxe, sur papier de Hollande, par Brustlein et Oe, à 100 exemplaires, numérotes à la presse, et dont les 80 derniers seulement ont été mis dans le commerce. Digitized by Googlt — 9 — Les Wasserstriewle aussi, cet autre farioage Qui, liquide d'abord, s'affermit et surnage, Alors qu'un entonnoir du plus poli fer-blanc Dans une onde fumante en verse le ruban . . Vous savez faire honneur au pudding, un peu vague, Oeuvre du charcutier, et qu'on dit Schwârtemâgue. . . Sans être d'ordinaire aussi terre-à-terre, jamais il ne s'est, même à vingt ans, perdu dans les nuages Je ne m'inventais pas des songes poétiques, Je ne célébrais pas des amours chimériques Et par d'autres jamais je ne fus absorbé. Je ne m'amusais pas à contempler Phœbé, Et surtout ne posai jamais en poitrinaire, Comme il était alors de mode de le faire. Il avait une santé trop robuste et une trop grande fermeté de bon sens, pour être tombé dans ce travers. On le voit au contraire Même en vers sérieux toujours un peu rieur. Ce n'est pas à dire qu'il n'ait trouvé parfois des accents touchants et tristes, sans aucune pointe de malice. Il a fait une élégie fort belle sur une jeune fiancée, enlevée par une mort soudaine . . . Pour elle en linceul Se changea tout-à-coup le voile d'hyménée — Et l'autel, en cercueil. Et il ne parle jamais de sa femme, qu'il avait tendrement aimée, sans une émotion sincère et profonde. En attendant que Dieu borne aussi ma carrière, Et qu'on m'ait près de toi descendu sous la pierre Qui t'a recouverte d'abord, Ma plainte et mon pieux bouquet se renouvellent Sur ce marbre ; et surtout aux dates qui rappellent Ton nom, notre hymen et ta mort. Mais le genre larmoyant n'était pas son fait. D'une hu- meur gaie, d'un esprit enjoué, il tourne plus volontiers un couplet qu'il ne module une stance. Il était poète de société, Digitized by Googlt — IO — et ses nombreuses chansons, qu'il débitait et chantait lui- même, avaient beaucoup de succès. Celle qui porte le titre de Mon manteau d'étudiant » est un modèle de grâce piquante. Il ne craignait pas — sûr qu'il ne dépasserait pas la limite permise — d'aller même jusqu'au bouffon, comme dans la Chanson d'un tambour du 176 léger, rapport à c' que 1' capitaine Littras, d' la compagnie qu'a été en can- tonnement à Thann, épouse la fille de M. Schaeuffele, le pharmacien de l'endroit *. À peine étions-nous dans cett' ville, Nous avons vu, c'était facile, Que vous aviez un cantonn'ment Qui vous donnait de l'agrément. A voir vot' mine réjouie, On s' disait dans la compagnie Faut croir' qu' dans cett' localité Il a plu-z-à quelque beauté. Vous avez eu bon goût tout d' même Quel conscrit pour not' Dix-septième ! Pas b'soin d* conseil d' révision Qu'en prononce l'admission Comm' c'est taillé pour le service ! A pas d' danger pour l'exercice Vous verrez comm' ça profit'ra Des leçons qu'on lui donnera. Il ne réussissait pas moins bien le madrigal. Voici com- ment il répondit à Une jeune fille, qui lui demandait d'im- proviser un couplet On dit qu'à de belles mortelles Plus d'un dieu de l'antiquité, Dans les demeures éternelles, Assura l'immortalité Que possible encor fût la chose, L'Olympe se disputerait — Les dieux, s'entend, — à qui serait L'auteur de votre apothéose 1 Digitized by GoogI — II — Il était du reste passé maître en galanterie raffinée. En octobre 1874 nous marquons la date, pour innocenter la plaisanterie, au moment de quitter sa campagne, Voulant sauver de la broche Un cochet brillant comme or, il prie une voisine de ses amies d'admettre dans son pou- lailler le séduisant porte-crête, et il ajoute De votre antique château Châtelaine si charmante, Au doux nom qu'avait l'amante Du Montaigu Roméo. Mettez qu'il ne tint qu'à moi, Et que je sois jeune encore, Pour mon chantre de l'aurore Nous pourrions créer emploi. Après mutuel aveu Des sentiments qu'Amour donne, Des deux amants de Vérone Nous répéterions le jeu. Je serais le Montaigu, Vous seriez ma Capulette, Et, remplaçant l'alouette, C'est mon coq, au chant aigu, . Qui, nous gardant des jaloux, Lorsque viendrait l'aube luire, Le lancerait pour nous dire Mes enfants, séparez-vous ! » Mais poison ni fer n'aurait A raccourcir notre trame, Et c'est tous les jours, Madame, Que notre coq chanterait. N'est-ce pas ainsi que Ton coquetait dans les ruelles du xviie siècle, ou avec les Cidalises du xvni6? Où est cette ancienne politesse ? Nos jeunes gens ne parlent plus ce langage ; à peine s'ils le comprendraient, hélas ! C'est que M. Braun, outre son grand amour des lettres, qui porte Digitized by GoogI — 12 — sa récompense avec soi, eut toujours le goût de la socia- bilité; et, lorsque ses jambes lui refusèrent leur service, ce lui fut une sensible privation de ne plus pouvoir rendre ses visites accoutumées. 11 avait le culte de la femme, sur- tout de la femme d'esprit Pour moi, qu'une femme ait encor la crinoline, Qu'elle porte la robe où le corps se dessine, Que son chapeau soit grand, ou bien qu'il soit petit, Ce qu'en elle je veux d'abord, c'est de l'esprit. Non qu'à ce point sur moi la puissance en soit forte Qu'il me rende sans yeux pour l'écrin qui le porte. Qu'il n'ait pas été insensible à cet écrin, s'il en fallait une preuve, nous la trouverions dans la plus longue pièce de Joies et Tristesses», pièce qui est un chef-d'œuvre. C'est la description humoristique d'une fête de village, d'un Messti, où il avait été convié, quand il était procu- reur du roi à Saverne. Il avait dansé avec la fille du maire, la jolie Grédel, et quoique fatigué par une promenade assez longue et par un festin pantagruélique, il s'en était tiré à son honneur. Mais quand il fut requis de faire même poli- tesse à la demoiselle de M. l'adjoint, quand il vit Comme elle avait l'œil gauche louche, Totale absence d'embonpoint, Dans un coin du nez une loupe, — Ce nez se projetait au loin — Et les cheveux comme d'ètoupe, il recula d'abord d'effroi. Cependant Par pitié pour la pauvre fille, Je prépare un suprême effort Simulant un galant transport, Je prends sa main. . . A mon abord, Sa loupe se dilate et brille, Son nez se recourbe en faucille, Et son bon œil sur moi scintille, Comme en la nuit l'étoile d'or; Digitized by GoogI — i3 — De plaisir tout son corps frétille, Un moment se balance encor, Comme un navire sur sa quille, Puis, pour la valse prend Tesson Mais il avait trop compté sur ses forces, il resta court ; et voici comment il s'excusa par une Triste à la bachelette Trop certaine est ma lassitude ! C'est bien ce danseur que tu vois. C'est lui qui dans l'arène exsude, Mis par ta rivale aux tfbois. Je suis — comparaison classique, Qu'il n'est besoin que je t'explique — Comme Jupiter qui, dit-on, Ayant trop chanté pour Alcmène, Et chez lui rentrant hors d'haleine, Manqua de voix près de Junon. Cet astéisme, cette plaisanterie pittoresque et de bon ton, se retrouve dans la série de ses chroniques villageoises qu'il a datées de sa campagne, où, depuis i865, il passa tous ses étés, et qu'il a intitulées Scharrachbergheimoises. Scharrachbergheim ! ainsi mon cottage s'appelle, Mais il est bien joli, si ce nom est bien laid. Il en fait la description à ses fils, qui ne la connaissaient pas encore. Par l'escalier tournant arrivons à l'étage, Il a, cet escalier, la tourelle pour cage; Dix-huit marches de bois vous mènent au palier. — De bois ! c'est bien de bois qu'il est votre escalier? Cette habitation à vitraux, à tourelle, N'est donc qu'un poulailler où conduit une échelle? » . . . A gauche du salon, la chambre de maman Petite comme l'est tout notre appartement, Grande assez pour loger sa petite personne. Sur la plus belle vue, à l'ouest, elle donne. A l'embellir je veux que l'on n'épargne rien Songez qu'en ce bijou j'enchâsserai le mien ! Digitized by GoogI — 14 — Ce dernier vers est bien précieux , mais il est bien joli et bien senti. C'est ainsi que dans ses poésies légères Théo- dore Braun avait pour muses la finesse, la gaieté et la grâce. Dans sa traduction en vers des tragédies de Schiller ces qualités, qui lui étaient propres, ne se retrouvent naturelle- ment pas; elles n'eussent pas été de mise. Mais il y a déployé toute la souplesse de son talent et une étonnante flexibilité de plume. C'était une entreprise sinon téméraire, du moins d'une difficulté extrême. Pour bien traduire, il ne suffit pas de rendre fidèlement le sens de l'auteur, de savoir garder un juste milieu entre la licence du commen- taire et la servitude de la lettre, il faut encore modeler avec une exactitude scrupuleuse la forme de l'expression. Aussi, surtout quand il s'agit de faire passer d'une langue en une autre, dont le génie est tout différent, comme de l'allemand en français, non seulement les pensées, mais leurs nuances, les tours qui donnent la vie au discours, les figures qui ajoutent à sa force ou à son charme, et cela, par surcroît, avec la gêne de la rime, est-ce un mérite rare que d'appro- cher de l'original. Deux ou trois citations suffiront à mon- trer à quel haut degré M. Braun posséda ce mérite. Pou- vait-on, par exemple, reproduire avec plus de précision le monologue célèbre de Guillaume Tell ? Voici le chemin creux qu'il lui faudra descendre, Qui -veut gagner Kussnacht n'en a pas d'autre à prendre, Ici j'achèverai ! Tout me secondera A 9es yeux ce sureau me dissimulera ; C'est de là que je vais tirer sur lui, sans craindre Que dans ce défilé ses gens puissent m'atteindre. Rends tes comptes à Dieu, Gessler 1 il en est temps. Tu vas mourir; ton heure a sonné. . . Je t'attends. Et dans les dernières paroles de Jeanne d'Arc mourante quel art consommé, ou plutôt quel naturel parfait, sans remplissage, sinon peut-être la fin du premier vers Digitized by Googlt — i5 — Voyez- vous l'arcren-çiel? Voyez-vpus bien, eçcor, Les deux en ce moment ouvrir leurs portes d'or ! C'est là qu'elle se tient dans sa gloire immortelle. Elle brille au milieu des anges. Avec elle Est son fils, qu'elle tient sur son cœur. Voyez-vous Ses bras qu'elle me tend I son sourire si doux ? Regardez ! . . . Mais, soudain, qu'éprouvée d'étrange ? Mê pesante cuirasse en des ailes se change. . . Des nuages légers m'enlèvent vers les cieijx. . . Adieu ! ... La terre fuit . . . Elle échappe à mes yeux . . . Adieu ! C'est là ... là haut . . . Une sphère nouvelle . . . La douleur est d'un jour, la joie est éternelle ! Certes, ce n'est pas là, pour nous servir d'une compa- raison de Rollin, l'envers d'une tapisserie, c'est un reflet intense et pur du chef-d'oeuvre original. Sans doute, M. Braun n'a pas toujours été aussi heureux. Souvent, à défaut de l'expression simple, en dépit qu'il en eût, il a été obligé de recourir à la paraphrase ; du moins s'est-il servi de ce pis-aller avec une discrétion de bon goût. Ainsi la chanson bien connue du chasseur, a Es donnera die Hôhen, es zittert der Steg, Nicht grauet dem Schùtzen auf schwindlichtem Weg». . . n'est pas trop affaiblie La foudre gronde aux hautes cîmes, L'arbre jeté sur les abîmes En frêle pont, est ébranlé. Mais en franchissant la montagne, Sur le passage étroit où le vertige gagne, Jamais le chasseur n'a tremblé. Nous pourrions aussi relever bien des épithètes languis- santes, qui sont là trop manifestement pour la mesure ou la rime ; mais malgré tout, ce n'en est pas moins une tra- duction excellente, et l' Académie française en a consacré le mérite en la couronnant, à la suite d'un rapport élogieux de son secrétaire perpétuel, L'auteur ... a siégé dans le Conseil de l'instruction publique, où l'ont connu et appré- cié plusieurs membres de l'Institut. Les loisirs que lui lais- Digitized by Googlt — i6 — saient ses graves devoirs, il les a consacrés à traduire, le premier, le Théâtre de Schiller en vers simples et faciles, non exempts parfois de quelque faiblesse, mais d'un ton toujours naturel, d'une allure dramatique, suivant avec aisance le mouvement de la composition et celui de chaque scène. La grandeur et le succès de l'entreprise ont déter- miné le choix de l'Académie. Elle a été heureuse, en même temps, de pouvoir honorer d'une marque publique d'es- time et d'intérêt un des plus distingués parmi ces fils d'Alsace. . . . » M. Braun était à bon droit fier de sa traduction, en rai- son surtout de la peine qu'elle lui avait donnée. Il la con- sidérait comme son œuvre maîtresse et il l'appelait, avec une complaisance tempérée d'un grain d'ironie, tantôt son Monument, tantôt son Exegi, Sans que pourtant je m'abandonne A cet espoir exagéré Qu'il soit perennius aère. Pour nous, tout en reconnaissant qu'elle témoigne à la fois d'une patience de bénédictin, d'une connaissance par- faite des deux langues, et d'un talent d'interprétation vrai- ment extraordinaire, nous ne dissimulerons pas notre pré- férence pour la dernière en date des productions de l'auteur, pour son poème Mes trois noblesses. Qu'il nous soit permis de répéter ici ce que nous en disions , le jour même de sa mise en vente 17 janvier 1886. Nous nous faisons un devoir et un plaisir d'annoncer la publication de ce poème. Car c'est bel et bien un poème épique en vers, dans le genre du Roland furieux, à cette différence près qu'il n'a que vingt-huit chants au lieu de quarante-six et que le héros, qui est en même temps l'au- teur, a toujours, dans le cours de sa longue carrière, con- servé une sérénité d'esprit tout olympienne. Heureux vieil- lard, qui, à quatre-vingt-un ans, malgré l'affaiblissement Digitized by Googlt — i7 — de sa vue, malgré les souffrances qui, dans les derniers temps, crispaient ses doigts diligents, a pu mener à bien cette œuvre monumentale, et s'acquitter jusqu'au bout des soins minutieux qu'exige l'impression d'un volume de tant de pages. Puisse-t-il jouir longtemps encore du succès d'un livre dans lequel il a répandu à larges flots toutes les qua- lités exquises d'une nature d'élite ! Nous n'entreprendrons point l'analyse de cet ouvrage, où, sous prétexte de retracer à sa famille et à ses amis les traits principaux de sa vie, M. Théodore Braun a su, avec un art infini, parler de tout et d'autre chose, de ses an- cêtres et de ses contemporains, des mœurs et des usages de l'ancienne république de Mulhouse, et de la transfor- mation qu'ils ont subie, par suite moins peut-être des vicissitudes politiques de la cité que du prodigieux déve- loppement de son industrie. C'est une lecture des plus attrayantes, autant par la diversité des sujets et des situa- tions que par la souplesse avec laquelle le poète a su varier son style, passant, avec une habileté consommée, de l'en- jouement aux vigoureuses indignations, de la grâce naïve de l'idylle aux tours hardis de l'ode, des scènes pathétiques de la tragédie aux tableaux plaisants de la muse comique, des majestueuses comparaisons de l'épopée aux railleries fines et mordantes de la satire. Que dire de ses épigraphes, qui sont toutes d'heureuses trouvailles, de ses notes et commentaires qui témoignent d'une vaste érudition. M. Braun est un pur lettré, qui s'est formé à l'école de nos grands classiques et qui, sans dédaigner de parti pris la littérature nouvelle, est resté fidèle aux vieilles tradi- tions. Mais il serait oiseux de louer le style du traducteur de Schiller, dont les vers magistralement frappés, ont été couronnés par l'Académie française. Une lecture plus attentive n'a en rien modifié notre im- pression d'alors. Mais laissons parler le poète Digitized by Googlt — i8 — De ce livre j'ai fait un simple badinage . — Non que parfois il n'ait sa sérieuse page — J'ai cru pouvoir entrer dans le champ qu'ont ouvert Boileau par son Lutrin, Gresset par son Vert-Vert. Se défiant de ses forces, il croit devoir s'excuser de quel- ques peccadilles, qu'il grossit à plaisir. Le temps roule sur moi sa tranquille avalanche Soixante-dix-huit ans courbent ma tète blanche. Je n'ai plus pu polir mes vers comme jadis, Absence de césure, enjambements hardis, Rimes pauvres et mots de nouvelle fabrique, Irrespect pour Boileau dans son art poétique, Moi, vieux classique, avec moi-même contrastant, J'ai de tout . . . Retenons ces derniers mots, mais dans un autre sens ; et ne pouvant pas appliquer la loupe à la contexture d'un poème où la chaîne est solide et bien attachée sans doute, mais tellement recouverte par la trame qu'il faut des yeux infiniment exercés pour la découvrir, voyons au moins ce que l'auteur entend par ses trois noblesses. Celle dont je me dis, tout d'abord, revêtu, Noblesse qui n'a pas besoin pour qu'elle existe D'ancêtres, de blason, de généalogiste, C'est celle que me fait amplement Ma Vertu. Et il ajoute avec une fine ironie . . . Vertueux je fus, suis et serai, Quoique — bien franchement je le confesserai — Je n'aime nullement à voir lever l'aurore. M. Braun était très personnel et parlait volontiers de soi ; mais, je ne sais comment il s'y prenait, dans sa bouche le moi n'était pas odieux et haïssable. Après cette première déclaration tout empreinte d'une malice inoffensive et déli- cate, et sur laquelle il glisse, bien entendu, avec légèreté, il aborde la partie principale du poème, celle qui n'em- brasse pas moins de vingt-six chants. Digitized by Googlt — ig — Ma seconde noblesse est aussi d'héritage Les signes n'en sont pas signes de haut lignage, Mais ces signes sont là les Braun ont leur blason, Et s'ils ne forment pas une illustre maison, Du moins allèguent-ils pouvoir compter au nombre De celles qui ne sont pas tout-à-fait dans l'ombre. En son armoriai Mulhouse a consacré Que je porte d'azur au cheval brun cabré. Et il part de là, pour se livrer à toutes les saillies de sa fantaisie de poète et de sa mémoire d'érudit. Il raconte tout au long comment, un jour de vendange, au Rebberg, se rencontrèrent ses deux premiers ancêtres mulhousiens. C'était l'heure où, laissant la vigne et la serpette, On récoltait au fond du verre et de l'assiette ; Où l'on n'entendait plus que l'heureux cliquetis Que font, dans l'action, le couteau, la fourchette; Où les parfums de l'air étaient ceux des rôtis, Dominant ceux des mets à l'odeur plus discrète, Même de ce fromage auquel dans mon récit J'ai donné vingt-trois vers — ceux-là d'un vrai poète, Parce que pectus est quod disertosfacit. Toujours un bout de citation latine, le bout de la toge du magistrat. Or, Catherine Zetter, qui tout-à-1'heure va férir d'amour le brave Jean-Samuel Braun, a réuni autour d'elle, sur la place gazonnée devant la tonnelle, tout le monde de la vigne, et tenant un verre où est du vin, elle chante Pour que la récolte soit bonne, Vendanger; Pendant le repos qu'on nous donne, Bien manger ; N'est assez il faut qu'on entonne Chant léger ! Or, ne voyant encor personne Y songer, C'est moi qui vais, sur cette tonne, M'en charger ! Digitized by GoogI — 20 — Et sur un petit fût où s'était fait le vide, Égalant le chevreuil en son agilité, Plus gracieuse encor — peut-être moins timide — Au milieu des bravos, d'un bond elle a sauté. N'est-ce pas ravissant ? Théocrite n'a jamais fait idylle plus jolie. Aussi ne sommes-nous pas étonné que Jean- Samuel qui, le sac de compagnon au dos, avait, du haut d'un talus voisin, assisté à cette scène, ait été séduit par la grâce de l'aimable chanteuse. De son côté, Jean était beau garçon sous sa timidité, Il offrait un modèle à l'œil du statuaire, Si bien qu'on entendait dire dans le vulgaire Voilà, sur ma parole, un garçon fait au tour. » Ici, notre poète, qui avait une stature noble, une physio- nomie agréable et forte — et qui le savait — s'interrompt pour dire, à la suite d'un de ces dialogismes où il excelle Que je puisse venir de Jean quant au physique Merci ! Tous mes miroirs me l'avaient attesté. Une connaissance commencée sous de si riants auspices devait naturellement finir par un mariage, quoique ce fût une dérogation aux usages de la ville, Jean-Samuel étant un étranger. Rarement voyait-on les fils du vieux Mulhouse Aller hors de ses murs se choisir une épouse ; Ses filles, moins encor, pour avoir un époux, Vouloir au sol natal se montrer infidèles La République avait de quoi les lotir tous. Ses garçons étaient beaux, ses filles étaient belles, Eux n'auraient pas ailleurs pu rencontrer mieux qu'elles, Elles, mieux placer leur Je n'aimerai que vous. Voilà toute la donnée première ; aussi les épisodes abondent, ou plutôt ils constituent l'essence du poème, qui sans eux n'existerait pas. Le moyen de nous intéresser pendant vingt-six chants deux de plus que n'en comptent l'Iliade ou l'Odyssée aux amours platoniques d'un garçon Digitized by Googlt — 21 — sellier et d'une fille de sellier, encore que l'un se nommât Jean Braun et l'autre Catherine Zetter. Cependant l'auteur a eu soin de toujours lier ces épisodes à l'action principale par un fil, si ténu qu'il fût d'ailleurs. Ainsi, il lui impor- tait que son héroïne eût entendu la Suite du Menteur, et comme il eût été peu admissible que vers la fin du xvne siècle, elle eût pu voir représenter cette comédie à Mulhouse, il lui fait passer un ou deux ans à Vevay et à Genève. Et du même coup il a l'occasion de parler de la coutume qui a longtemps subsisté entre les bourgeois de Mulhouse et de Montbéliard ou de Vevay, d'échanger temporairement leurs enfants, pour leur faire connaître aux uns le fran- çais, aux autres l'allemand. Apprendre l'allemand de Mulhouse ! grand Dieu ! C'était, convenons-en, se contenter de peu, Comme d'aller chercher au bord de la Vevayse, Ou bien à Montbéliard, une langue française. La grammaire, on l'y sait ; mais hélas ! leur accent. . . M. Braun tenait beaucoup à la diction, qu'il avait nette, nombreuse et polie; son talent de lecteur était remarquable, et il s'en vantait Mais pourtant si, lisant, j'allais vous faire rire De moi qui dans mon temps posais pour le bien lire, Et qui m'imaginais qu'au sol alsacien J'étais ce qu'à Paris l'académicien Dont le père a rimé le Mérite des femmes! Aussi fait-il un procès en règle à l'accent alsacien, non pour se moquer, mais pour tâcher de réformer, si possible, notre prononciation du français. Il est navré surtout de l'habitude où nous sommes de ne pas faire sentir l'e muet final. Tel pour qualifier de magnifique course Une partie aux champs dont il est enchanté, Va vous en arriver à cette énormité De dire qu'il a fait une magnifique ourse. . . Digitized by VjOOQ 16 — 22 — On sait combien d'enfants, et de quel sexe, ont eus Danaùs, roi 33, les liens de parenté qui unissent cette famille aux zv Rhein. Digitized by Googlt -3g- une vieille chronique de famille, de 1640, écrite par Jacques HenrioPétri, d'abord greffier, puis bourgmestre de Mul- house, et compléter nos données sur plusieurs points importants , notamment en ce qui concerne la génération contemporaine. Nous lui exprimons ici toute notre recon- naissance. Notre travail, qui a moins de prétentions historiques que généalogiques, a donc pour base des sources absolument authentiques, et c'est sous cette garantie que nous osons la soumettre à l'indulgence de nos lecteurs. APERÇU HISTORIQUE La famille zu Rhein est originaire de Bâle, où elle paraît dès 1 169. Une tradition de famille lui donne la Lorraine comme berceau1, et prétend qu'à la suite d'un bouleverse- ment politique, ses ancêtres furent obligés de s'exiler et de se fixer à Bâle. Dans cette ville seulement, ils prirent leur nom actuel de zu Rhein \e Rin, \em Rein, etc., en latin de RhenoJ de leur demeure, le soi-disant Sal{thurm, situé sur les bords du Rhin. Quoi qu'il en soit, dès leur première apparition dans l'histoire, les zu Rhein occupent une position sociale importante, et comptent jusqu'à la fin au nombre des principaux vassaux de l'évêque de Bâle. Un siècle plus tard, en 1261, une branche s'était détachée du tronc et transplantée à Brisach, où elle prospéra pendant près de deux cents ans, fournissant à cette ville des conseillers et un bourgmestre. A Bâle même, les zu Rhein figurent, dès la fin du xiii6 siècle, parmi les premiers magistrats de la cité Jean, en 1290; Bourcard, en 1420, et Jacques, en 1 C. Seyfried, Notif tiber Dornach, Rixheim, 1886, p. 6. Digitized by Googlt — 4o — 1452; deux autres membres de la famille y occupent même avec éclat le siège épiscopal, Frédéric, de 1437 à 1451, et Gaspard, qui appartient à la branche de Mulhouse, de 1479 à i5o2. Cette branche de Mulhouse qui, à partir de la fin du xve. siècle, devait absorber toutes les autres * et former la souche des branches modernes, remonte au chevalier Hugues zu Rhein, membre du conseil en i356, et que Wurstisen cite, en i366, avec son fils Bourcard, chanoine à Bâle. Le chevalier Herterich qui, en 1346, figure en qualité de témoin au bas d'un document, parmi les bour- geois nobles de notre ville*, était un autre de ses fils. Un arbre généalogique que nous avons trouvé dans le dossier M, mais dont nous ne pouvons, en tous points, garantir l'au- thenticité, donne la filiation de la famille de Mulhouse en y comprenant les ascendants directs de Bâle v. tableau généalogique, parmi lesquels figure déjà un Hugues, membre du conseil de notre ville en i23o. Cependant Herterich avait encore un autre frère, Frédéric Fritschemanri dit le jeune, qui paraît de 1367 à 1401, en qualité de vassal de l'évêque de Bâle et à qui Wurstisen attribue, en 1377, un autre frère du nom de Henri*. En i36o, Herterich devint prévôt de Mulhouse, fonctions qu'il conserva jusqu'en i366, année où, le 17 avril, un acte le désigne encore comme tel 4. Cette charge échut également, en i385, à son fils aîné, le chevalier Hugues II, mais momentanément seulement*. Ils furent les fondateurs de la souche mulhousienne de leur nom. 1 On remarquera effectivement plus loin, sur la liste des zu Rhein de Bâle, qu'aucun membre n'y est plus mentionné au xvi* siècle. • Trouillat, Monuments de l'ancien évêché de Bâle, t. III, p. 840. 3 Wurstisen, Bas^ler Chronick, IV, chap. 23. 4 X. Mossmann, Cartulaire de Mulhouse, t. I., pp. 257-276. * Ce fait, affirmé par Schoepflin, a été depuis mis en doute. Il existe cependant au Musée historique, catalogué sous le n° 934, un document Digitized by Googlt — 41 — Le fils aîné de ce Hugues, Herterich II, épousa une fille du bourgmestre Ulric Guterolf de Dornach, dernier de sa race, et hérita de son beau-père le fief de Dornach, qui relevait de l'abbaye de Murbach. 11 en possédait déjà, ainsi que ses hoirs, une part depuis 1409 ft et, pendant plus de quatre siècles et demi, ce village resta inféodé aux zu Rhein, dont il forma longtemps la résidence ou Stammgut. Le fief autrichien de Morschwiller fut attribué à la famille dans la première moitié du xve siècle, et resta plus tard à la branche aînée, à partir de 1589, jusqu'à la Révo- lution. Une investiture, signée par Anne de Bronswick, le lundi après la Saint-Michel de Tannée 1420, donne ce village, qui appartient à Ulric de Dornach et que celui-ci a hérité de ses ancêtres, » au même Ulric, à son gendre Herterich zu Rhein et à son cousin Rodolphe de Neuen- stein, unsern Schenckhen, » ainsi qu'à leurs hoirs, tant fils que filles, sous réserves des droits de Wernly de Dornach, s'il revenait au pays \ Le fief resta un peu plus tard aux seuls zu Rhein. Il était masculin, Mannlehen; mais, en i56i, les femmes furent déclarées capables d'y succéder*. A ce moment, Jean-Sébastien Ier n'avait de sa première femme, morte en 1564, que des filles, ce qui explique cette modification. Cependant après son décès, lors du partage des biens entre les trois fils du second lit, qui eut lieu en 1589, ceux-ci eurent soin de prendre des dispositions pour annuler le droit des femmes. Il en résulta même, plus tard, certaines contestations énumérées longue- ment dans le dossier M. Au xv6 siècle apparaissent plusieurs zu Rhein intitulés émanant authentiquement du magistrat de Mulhouse et ayant encore un fragment du sceau de la ville, dont le contenu reproduit un jugement rendu, en mai i385, par le sous-prévôt Fritschemann von Esch au nom du prévôt, le chevalier Hugues zu Rhein, au sujet d'une servitude relative à un égout. 1 X. Mossmann, Notice sur Dornach, Mulhouse, 1872, p. 9. * V. dossier M. » V. idem. Digitized by Googlt — 42 — seigneurs de Hœsingen. Hœsingen est un village situé à une lieue de Bâle et appartenait jadis à l'abbaye de Murbach, qui en investit la famille en 140 1, suivant Schoepflin. Cependant Tonjola1 cite déjà un chevalier Johannes Zering von Haesingen enterré, en i3o7, dans l'église Saint-Jean à Bâle, puis un autre Jean, chevalier, dit de Hœsingen, possède en fief, le 24 février 1349, le village de Haltingen, qui lui avait été engagé pour cinq cents florins par le margrave de Hochberg*. Quoi qu'il en soit, Haesingen paraît avoir appartenu successivement à ceux de Bâle et à ceux de Mulhouse. En effet, un troisième Jean zu Rhetn, de Mulhouse, frère de Herterich II, le reçut en 141 2, comme fief d'Ensisheim, de Catherine de Bourgogne, veuve de Léopold-le-Superbe*, et, quelques années plus tard, en 1423, nous en voyons également investi le chevalier Bourcard zu Rhein, bourgmestre de Bâle; il existait sans doute aussi une parenté assez rap- prochée entre les deux tenanciers. Enfin, Haesingen passa, après eux, à Jean-Bernard n° 6 et à ses fils Frédéric et Gaspard, celui-ci évêque de Bâle de 1479 à i5o2. La famille possédait encore de nombreux fiefs, entre autres à Blotzheim, à Ruelisheim, à Rixheim, à Brunstatt, etc. Ils succédèrent aux Zobel4, vers i38o, dans la posses- sion du village de Niedersteinbrunn, qu'ils conservèrent jusqu'en 1466, année où il passa par héritage auxREiNACH1. Ils le reprirent cependant plus tard, et le vendirent en 1733. La possession du fief de Spechbach, dont les zu Rhein jouis- 1 Basilea sepulta, Bâle, 1661, p. 293. — Schoepflin-Ravenez, L'Alsace illustrée, t. IV, p. 1 53, le signale également d'après Grandidier. 1 Archives de Carlsruhe, conv. 2o3. * Schoepflin-Ravenez, t. IV, p. i52. Il en résulta un long procès entre Murbach et la maison d'Autriche. Murbach dut racheter Hœsingen en 1542. * Ancienne famille mulhousienne, sur laquelle on trouvera des détails dans Kindler de Knobloch, Der alte Adel im Ober-Elsass, p. 114. * Schoepflin-Ravenez, t. IV, p, 1 5 1 - Digitized by Googlt -43- saient encore au dernier siècle, ne nous paraît pas remonter aussi haut. Ils avaient en outre encore de nombreux biens à Fislis, à Ligsdorf, à Betlach, etc. A Mulhouse ils possédaient, en dehors de leur cour, la dîme d'Illzach dite Vor\ehente, que le magistrat racheta au xvne siècle, et la dîme dite Etter- \ehente. Avec le temps ils acquirent différentes maisons dans notre ville ils en avaient dix, en 1793, ainsi que le constate une pièce officielle de cette époque du dossier M. Au moment de la Réforme, les derniers zu Rhein de Bâle — si toutefois il en existait encore — quittèrent définitivement cette ville. Ceux de Mulhouse, en fidèles vassaux de Pévêque de Bâle, firent cause commune avec lui, et poussèrent même leur attachement à l'ancien culte jusqu'à renoncer à leur droit de bourgeoisie dans notre ville, où ils possédaient leur hôtel, avec cour et jardin, dans la rue des Maréchaux, vis-à-vis du Werkhof. Aucun de nos chroniqueurs n'en a fait mention; mais nous avons trouvé le fait mentionné dans une lettre du dossier D, datée du g septembre i632 et émanant du magistrat de Mulhouse, à l'adresse de la bru et du petit-fils ! de Jean- Sébastien, Ier du nom. Cette lettre dit entre autres . . . Nun iperdet ihr eùch noch {ue erinnern wissen das{, ohnangesehen etixver schweyer vnnd gros\vatter selig, das bey vns, von seinen voràlteren hàr vnnd fUr sich selbsten gehabte burgerrecht auffgekhundet, vnnd saithar vns einige burgerliche pflicht, schutf, schirm oder burgerrechtgelt nicht gelàistet tvorden, wir jedoch eùch in etiwerem hof niemahlen kheinen eintrag gethan .... Cette renonciation au droit de bourgeoisie remontait sans doute à 155g, année où ce Jean-Sébastien offrit sa cour de Mulhouse en oblation féodale aux archiducs 1 C'est-à-dire à Ursule de Roggenbach, veuve de Jean-Christophe zu Rhein, et à leur fils Melchior. Digitized by Googlt — 44 — d' Autriche1. Ajoutons cependant qu'elle ne fut pas main- tenue par ses descendants; car nous trouvons plus tard, sous la date du 14 octobre 1722, une lettre du magistrat reconnaissant que la très noble famille de zu Rhbin fait partie, depuis déjà plusieurs siècles, des bourgeois d'hon- neur EhrenburgernJ de la ville, et qu'elle y possède des biens, etc. ...» En 1 589, après la mort de Jean-Sébastien 1er, survenue en 1587% ses deux fils Jean- Jacques et Jean-Christophe se partagèrent sa succession et donnèrent naissance aux branches dites de Morschmller et de Dornach \ La pre- mière se poursuivit ensuite pendant deux siècles, sans aucune interruption. Une troisième branche, celle de Pfastatt, est issue, dans la seconde moitié du xvne siècle, de Jean-Sébastien II, à qui son cousin Jean-Conrad de Roggenbach, évêque de Bâle, vendit ce village en i658, pour la somme de cinq mille florins, à condition du main- tien du lien féodal4. 1 Schoepflin-Ra venez, t. V, p. 768, et le dossier M * Par suite d'une erreur d'impression sans doute, Schoepflin donne i558 comme date de ce décès, et plusieurs autres auteurs Pont répétée de bonne foi. Nous avions déjà la certitude de cette erreur de date par quelques pièces du dossier D, émanant de Jean- Sébastien Iw et allant jusqu'en 1 586, quand nous avons eu connaissance des pierres tombales conservées au château de Morschwiller par M. Tachard, dont Tune d'elles tranche définitivement la question V. plus loin, p. 53. * Schoepflin dit Pfastatt au lieu de Dornach, ce qui est une erreur. Pfastatt n'appartenait alors pas encore à la famille. 4 Pfastatt était jadis la propriété des nobles de Hauss, également bourgeois de Mulhouse, auxquels succéda, en i523, Gabriel de Salamanca, comte d'ORTENBOURG , qui fut investi en même temps de Riedisheim et de Brun- statt. En qualité de créancier des comtes d'ORTENBOURG, Mulhouse s'empara, en 1639, du consentement des Suédois, de ces trois villages, qui lui avaient été engagés par les premiers ; mais la ville n'en jouit que jusqu'en 1 647. La possession de Pfastatt fut encore moins longue ; car, étant un fief de l'église de Bâle, il lui fit retour dès 1640, à la mort de Georges d'Ortenbourg, dernier représentant de la famille, et Tévêque Jean-Henri d'Ostein 1628- 1646, malgré les instances de Mulhouse, qui voulait en être investi de préférence, en nomma bailli Vogt le susdit Jean-Sébastien II, qui en devint propriétaire dix-huit ans après. Digitized by Googlt -45- Jean-François, son fils aîné, et Renaud-Guillaume, son plus jeune fils, devinrent, après le décès de leur père, les chefs des branches de Pfastatt et de Dornach. Le château de ce dernier village était depuis bien longtemps dans un état de délabrement complet; car, dès i5ii, un document l'appelle déjà Burgstall ou château détruit. Aussi Renaud- Guillaume fut-il dans la nécessité de reconstruire sur son emplacement, une nouvelle demeure, vers la fin du xvn€ siècle, telle qu'elle existe encore de nos jours, à côté de l'église du village1. L'ancien château était entièrement entouré d'eau et il avait été impossible d'y creuser des caves; une nouvelle construction avec de grandes caves dut être élevée plus loin, à cinq minutes du village, à laquelle on donna le nom de Neuhaus'. Celle-ci, qui appartient aujourd'hui à M. Braun, photographe, est plus généralement connue sous le nom de propriété Rieff. On y voit encore, sur la façade principale, les armoiries de la famille Rieff de Zurhein , sculptées dans la pierre , qui portent un chevron chargé de trois roses , le cimier sur- monté de deux cornes de buffle. Cependant la descendancede Renaud-Guillaume, bienque composée de douze enfants, dont plusieurs fils, s'éteignit de bonne heure, l'aîné, le seul qui se soit marié, François- Conrad-Christophe , n'ayant eu que deux filles , dont la cadette épousa son cousin, François -Joseph -Antoine - Sébastien zu Rhein, de la branche de Morschwiller. Ce fut la ligne aînée de Pfastatt qui prit alors possession de 1 Lors de la Révolution, ce château fut vendu comme bien national et acquis par Gaspard Dollfus, de Mulhouse, qui le revendit plus tard à François- Louis Parant, notaire et maire de Dornach, dont les descendants en sont encore propriétaires. 1 II est question d'un Neuhaus dans un document du dossier M, daté de i58o. il aura été construit par Jean IV qui parle en i5n dossier D de nouvelles constructions élevées par lui à côté de l'ancien château. La pro- priété Rieff est cependant plus récente. Digitized by Googlt -46- Dornach en 1769 et qui l'occupait encore au moment de la Révolution. Quant à la postérité de Jean-François, elle fut continuée par son fils Jean-Meinrad-Jacques et les deux fils de celui-ci, Philippe-Jacques Ier et Didier-Sébastien. Nous reviendrons plus loin sur la destinée de cette branche, qui est tombée en roture dès la seconde génération et dont la descendance mas- culine directe est plongée, depuis le commencement du siècle , dans une obscurité complète. Retournons encore un instant en arrière. Après la paix de Westphalie, qui terminait la guerre de Trente Ans, les possessions des archiducs en Alsace étant devenue fran- çaises, la noblesse autrichienne se vit dans l'obligation de reconnaître son nouveau suzerain. Les zu Rhein ne paraissent pas y avoir mis trop de mauvaise grâce; car, dès i653, Jean-Guillaume, de la branche de Morschwiller, et Jean-Sébastien II, de celle de Dornach, prêtèrent à la couronne de France l'hommage féodal pour ceux de leurs fiefs mouvants de la maison d'Autriche \ Cependant ceux de Dornach et de Pfastatt étaient plus spécialement feuda- taires de l'abbaye de Murbach remplacée plus tard par le chapitre de Thann et de l'abbaye de Lucelle. Le cens an- nuel qu'ils étaient tenus d'acquitter à ces deux abbayes se composait, pour Murbach,. de douze sacs de seigle, de douze sacs d'avoine et de trois livres, trois sols stebler en argent; pour Lucelle, de sept sacs et trois setiers sester de blé, de quinze sacs et trois setiers de seigle, et de huit sacs et trois setiers d'avoine. Par contre les revenus que les zu Rhein tiraient de la seule commune de Dornach, 1 Le Conseil royal d'Alsace, siégeant alors à Brisach, leur délivra des lettres d'investiture écrites en allemand et revêtues du sceau de la Régence de l'Alsace supérieure et inférieure. Schoepflin-Ra venez, t. V, p. 768. Digitized by Googlt — 47 - se chiffraient par quatre cent cinquante-sept livres et dix sols stebler *. Le dossier D contient, au sujet des fiefs de cette partie de la famille, quelques pièces intéressantes. Nous citerons entre autres une lettre de l'abbé de Murbach, du 17 décembre 1628, enjoignant à Jean-Christophe de se présenter à Guebwiller pour y recevoir l'investiture du fief, dont la famille jouit depuis longtemps; puis une autre lettre, émanant de l'abbé de Lucelle et datée du 17 septembre i63g, par laquelle il dénonce à Jean-Sébastien II son fief de Dornach, parce qu'il a n'a pas payé, depuis plusieurs années, le cens annuel pour l'entretien du curé, quoique ses revenus et son état de fortune le lui eussent parfaitement permis.» Cette dé- nonciation, qui évidemment n'a pas été suivie d'effet, dut amener le débiteur négligeant à résipiscence. A ces pièces sont jointes d'autres lettres des évêques de Baie, de la ville de Baie, etc., au sujet des fiefs de leur mouvance. L'investiture était presque toujours une solennité qui comportait une certaine pompe. Nous n'en voulons pour preuve qu'une lettre de Jean-Conrad de Reinach, évêque de Bâle, du iw août 1725, qui prescrit à Georges-Sébastien zu Rhein n° 20 g 3, de Pfastatt, de se rendre à cet effet à Porrentruy in rittermàssigem Aufcug. Quand Louis XV, par lettre datée de Compiègne, du 6 août 1773, conféra le titre de baron à toute une série de vieilles familles nobles d'Alsace, les zu Rhein devaient nécessairement en faire partie. Leur noblesse remontait assez haut pour cela. Ce privilège de Louis XV avait ceci 1 Cf. C. Sbyfried, Notif Uber Dornach, p. 5. On trouvera en outre, sur la manière dont ces nobles administraient leurs villages, beaucoup de détails très intéressants dans la brochure de M. X. Mossmann, Notice sur Dornach, pp. 12 à 22. 1 Voici le passage essentiel de cette lettre, d'après Ernest Lehr, L'Alsace noble, Introduction, p. IX A ces causes, notre intention est qu'à l'égard Digitized by Googlt -48- de particulier, contrairement aux lois d'hérédité en usage alors en France , où les titres du père passaient au seul aîné de la famille, qu'il laissait à tous les mâles, indistincte- ment, le droit de s'intituler baron, qu'ils fussent aînés ou cadets, et du vivant même du père, suivant les anciennes lois et coutumes du Saint-Empire romain *. Lorsqu'éclata la Révolution, tous les zu Rhein mâles, sauf un dont il sera question plus loin, émigrèrent en Alle- magne. Le chef de la branche de Morschwiller venait de mourir à Mayence, en 1785, et ses deux fils Maximi- lien et Frédéric, nés hors de l'Alsace, étaient élevés par l'évêque de Worms. En leur qualité de mineurs, la loi française leur devait aide et protection, et c'est aussi pour ce motif que leurs biens ne furent point déclarés na- tionaux, et qu'ils ne figurent point sur la liste des émigrés de 1793, comme les autres membres de la famille. Au com- mencement de ce siècle, ils vendirent leur patrimoine, ce qui rompit leurs dernières attaches avec l'Alsace , et c'est pour cette raison aussi que la restauration des Bourbons ne les ramena point au pays de leurs ancêtres, avec la foule des autres émigrés nobles. L'Allemagne était devenue leur patrie et, le 25 août 18 16, ils furent immatriculés parmi la noblesse bavaroise, dans la classe des barons. L'aîné four- nit une descendance assez nombreuse , qui fleurit encore aujourd'hui et dont le chef est actuellement le baron Louis de la qualification dont il s'agit, les choses restent dans l'état où elles étaient en 1680 et que les familles d'ancienne noblesse de notre province d'Alsace qui jouissaient à cette époque des titres de Herr et de Freiherr ou de Baron, continuent de prendre la qualification de baron en tous actes tant judiciaires qu'extrajudiciaires, sans être tenues de la justifier par des diplômes ou lettres patentes de concession spéciale....» Le 25 novembre suivant, le Directoire de la noblesse de la Basse- Alsace fit dresser une liste de cinquante-huit maisons qui se trouvaient dans ce cas et plusieurs autres furent encore ajoutées un peu plus tard. 1 Cf. Ernest Lehr, loc. cit., Introduction, pp. X! et XII. Digitized by Googlt - 49 — de zu-Rhein, chambellan du roi et ancien député au Reichs- tag allemand, demeurant à Wûrtzbourg. Les trois fils de Didier-Sébastien, le dernier seigneur de Pfastatt, rejoignirent l'armée de Condé et moururent tous les trois, de 1796 à 1797, en portant les armes contre leur pays. Les deux fils de Philippe-Jacques II, de Dornach, étaient aussi partis, ainsi qu'il résulte d'une déclaration faite par la veuve, Madeleine-Sophie d'Ocahan, à la municipalité de Dornach, sous la date du 24 juin 1793, dans laquelle elle dit que son fils aîné a quitté le pays depuis treize ans pour se rendre à Wûrtzbourg, afin d'y faire son service de page , et que son autre fils , Jean-Clément-Célestin , s'est engagé dans le 53e régiment d'infanterie qui stationnait auparavant en Alsace *. De ce dernier nous n'avons plus trouvé de mention; quant à l'aîné, François-Joseph, il figure dans les registres de décès de Mulhouse comme mort, en 1826, à l'hôpital de notre ville. Il est qualifié sur l'acte mortuaire d'ancien militaire et de célibataire. Cependant il existait encore, au début de la tourmente révolutionnaire , un frère de Philippe-Jacques II , Jean- Sébastien-Guillaume-Ignace , né en 1740. Contrairement à l'exemple que lui donnaient les siens, il adopta sans hésiter les idées nouvelles et ne craignit pas de les confir- mer en épousant , âgé déjà de plus de cinquante ans , à Brunstatt, le 21 avril 1791 , sa cuisinière, Catherine Kirchhof , de Morschwiller. Ses concitoyens le nom- mèrent capitaine de la garde-nationale et, le 7 octobre 1793, la municipalité de Dornach lui délivra un certificat de civisme , attestant qu'il avait toujours été un vrai répu- blicain*. » Ces tendances démocratiques n'avaient au fond 1 C. Seyfried, loc. cit., p. 8. 1 C Seyfried, loc. cit., p. 9. Digitized by GoogI — 5o — rien d'anormal; car on sait que le Tiers-Etat de 1789 comp- tait dans son sein de nombreux nobles qui, les premiers, votèrent pour l'abolition de leurs titres et privilèges. Sé- bastien zu Rhein avait du reste déjà du sang bourgeois dans les veines par sa grand'mère Marie-Charlotte Sau- vage et par sa mère Thérèse Toussaint. Quoique la pre- mière eût eu pour mère une de Kieffenberg1, Jean-Mein- rad-Jacques zu Rhein, en l'épousant, ne fit pas moins une mésalliance, au sens d'alors, et ses descendants ces- saient d'être chapitrables. Ce fait est bel et bien reconnu dans une supplique au roi de leur fils Didier-Sébastien, datée de 1788 \ La Révolution, qui avait privé Sébastien de son patri- moine il était coseigneur de Dornach, lequel fut aliéné comme bien national , ne lui valut aucune compensation. Il se fit cultivateur, poussant lui-même la brouette aux champs, tout vieux qu'il était. En 1807 il mourut subite- ment , âgé de soixante-sept ans *, laissant deux enfants, dont un fils, du nom de Fabien-Sébastien. On nous per- mettra de consacrer quelques lignes à l'existence mouve- mentée de celui-ci. Né à Dornach, en 1800, il fut, sous la Restauration, brigadier dans un des escadrons de chasseurs de l'Allier, qui firent la fameuse campagne de Battenheim*. De retour 1 V. Armoriai d'Alsace, p. 267. * Elle porte pour titre A Monseigneur de la Galaizière , comte de Chaumont, conseiller d'Etat, intendant d'Alsace», et demandait l'admission gratuite de son plus jeune fils dans une école militaire royale dossier P. * Le registre des décès de l'état civil de Dornach porte, par erreur, soixante- dix ans, chiffre du reste surchargé. De plus, les déclarations de naissance de ses enfants, faites par Sébastien lui-même, portent chaque fois des décla- rations de son âge, qui ne concordent non plus entre elles. * Cette triste équipée, qui coûta la vie au colonel Car on, est racontée en détail dans la petite brochure publiée, en 1822, par Jacques Koechlin, dé- puté du Haut-Rhin, sous le titre de Relations historiques des événements qui ont eu lieu à Colmar et dans les villes et communes environnantes, les 2 Digitized by Googlt — 5i — dans ses foyers, il entra en qualité d'ouvrier dans la tein- turerie de l'établissement Dollfus-Mieg et O, mais n'y resta pas longtemps. En i83o, il fut instructeur de la garde- nationale de Dornach et, quelque temps après, le gouver- nement lui donna une place de douanier, qui lui occa- sionna plusieurs changements de résidence1. Nous le re- trouvons, en 1842, garde-barrière au chemin de fer de Mulhouse. Ayant obtenu sa retraite, il parvint, grâce à feu M. Engel-Dollfus , à se faire admettre comme pen- sionnaire à l'asile des vieillards de notre ville, où il est mort le 3i décembre 1886, laissant un fils, Jean-Baptiste, surveillant au retordage chez MM. Dollfus-Mieg et Cie, et qui n'a pas de descendance masculine. Il est , par con- séquent, le dernier représentant de son nom en Alsace. Sur le tronc complètement ébranché des zu Rhein alsa- ciens nobles, une tentative de greffe fut faite par Alexandre- Louis Rieff, fils de Pierre-Louis Rieff, qui avait, en 1793, épousé Marie- Walburge-Hortense , fille de Didier-Sé- bastien zu Rhein , seigneur de Pfastatt. Par ordonnance du n avril 1826, Charles X l'autorisa à joindre le nom de sa mère au sien. Voici le texte même du Bulletin des lois. ... Ordonnance qui autorise le sieur Rieff Alexandre- Louis, né le 24 prairial an iv 12 juin 1796 à Pfastatt, ar- ec rondissement d'Altkirch, département du Haut-Rhin, lieu- tenant au i3e régiment de ligne, chevalier de l'ordre royal a et militaire de Saint-Ferdinand d'Espagne, à ajouter à son nom celui de Zurhein, qui est le nom de sa mère, et à 1 s'appeler Rieff de Zurhein. » Cependant Alexandre-Louis n'eut de sa femme , Octavie Reibell , sœur du général de division, de Strasbourg, que deux filles, dont Mme Theu- rillat, qui vit encore à Dijon. et 3 juillet 1822. Ajoutons que la brochure valut à son auteur six mois de prison. 1 Communication de M. J. Z., un de ses contemporains. Digitized by GoogI — 52 — Deux autres filles de Didier-Sébastien s'allièrent égale- ment à de simples roturiers, ainsi qu'on le verra plus loin, n° 22, gg 10 et 12. Il nous reste encore à dire deux mots des autres châteaux de la famille zu Rhein , outre celui de Dornach , qui sub- sistent dans nos environs. Du château de Pfastatt on ne voit plus qu'une aîle, avec des traces d'armoiries sculptées sur le fronton de la porte d'entrée, ainsi qu'une partie des talus qui exhaussaient dans le temps les bâtiments entourés de marais. Les autres con- structions sont des annexes modernes, ajoutées pour les besoins de la fabrique, qui y fut installée dans la première moitié de ce siècle. Un ancien château existait sur cet em- placement , appartenant jadis aux nobles de Hauss , mais il fut détruit par le feu et les zu Rhein le firent restaurer en 1725 *. Comme importance et comme architecture, le château de Morschwiller est le plus remarquable de tous. Construit en 1726 par François-Joseph-Conrad, dans le style Renais- sance, il était déjà très délabré un demi-siècle plus tard. Antoine Struch , aubergiste à la Demi-Lune et maire de Lutterbach, s'en rendit acquéreur en i8o5, pour la somme de 180,000 francs, et le laissa en son état primitif*. En 1860, le propriétaire actuel, M. Albert Tachard, l'acheta de sa famille et le fit habilement restaurer. C'est aujourd'hui une des plus belles maisons de plaisance de nos environs. Dans la cour d'honneur s'élève un énorme tilleul c'est l'arbre de la Liberté planté, pendant la Révolution, par les paysans du village. A ce moment le domaine était veuf de ses maîtres, établis à l'étranger depuis plusieurs années déjà, et la garde du tilleul fut confiée, sous les plus sérieuses me- 1 SCHOEPFUN-RA VENEZ, t. IV, p. 97. * Dans l'acte de vente est stipulée cette curieuse clause que tous les papiers des archives du château appartiendraient à Struch. Digitized by Googlt — 53 — naces , au bailli de l'endroit , Christophe- Antoine Clavé. Celui-ci, soit dit en passant, avait épousé, en 1771, Marie- Anne zu Rhein , de Dornach , sœur du susdit républicain Sébastien n° 23 § 5. Il se trouvait anciennement dans la chapelle du château, aujourd'hui disparue, trois monuments funéraires remar- quables, et comme ancienneté et comme travail, que M. Ta- chard a fait encastrer dans un mur situé en contre-bas, sur la droite, près de l'entrée principale. Ils représentent trois statues couchées, de grandeur naturelle, dont deux femmes et un homme. Celui-ci, le moins bien conservé, est un chevalier revêtu de son armure, Fépée au côté. Une double inscription, presque indéchiffrable, sur une pierre séparée et fortement ébréchée, que nous reproduisons ci-après mais plus lisible , indique qu'il s'agit des pierres tombales de Jean-Sébastien Ier du nom, et de sa seconde femme, Marie- Suzanne de Rotberg. La troisième statue pourrait bien représenter sa première femme, Marie-Judith de Hohen- first. Le texte complet de cette inscription peut être rétabli à peu près comme suit Digitized by GoogI -54 Anno 1587 am 3*en Mayy ht verscheiden der Edel vnd Vest Hans% Bastian Zu Rheyn, F. D. von Oesterreich Statt Rhatt in Ensisfheym. C'est-à-dire Anno /5.. starb in Lothringen , Die Edel vnd iugenU same Fraw Susanna %u Rheyn, Geborne von Rot- berg, dem ou vont Anderer. — L'an 1587, le 3 mai, est décédé le noble Jean-Sébas- tien zu Rhein, conseiller de ville de son Altesse le duc d' Autriche à Ensisheim; — L'an 1 5 . . mourut en Lorraine ... la noble et ver- tueuse dame Suzanne zu Rhein, née de Rotberg, de l'autre. . . '. Dès le xviie siècle cependant, les membres de la famille des trois branches se faisaient inhumer dans le chœur de l'église de Dornach, ainsi que le prouvent les vieux re- gistres de cette paroisse. Quelques-uns même, décédés au- dehors, y trouvèrent également leur dernière demeure. D'après la Kleine Thanner Chronik, les zu Rhein avaient, aux xive et xv* siècles, leur sépulture dans la chapelle du couvent des franciscains de cette ville, en compagnie des Andlau, des Eptingen, des Haguenbach, des Landenberg, des Wunnenberg, des Zobel, etc., la plupart également bourgeois de Mulhouse. Enfin, un quatrième château, situé à Spechbach-le-Haut, a longtemps appartenu aux zu Rhein , mais ne paraît pas avoir été habité par eux d'une manière suivie. Il était sans doute l'apanage des cadets et des veuves de la famille. Jacobée zu Rhein, de la branche de Pfastatt, y séjourna, entre autres, après la mort de son mari, François-Joseph- Conrad zu Rhein n° i5, et y mourut en 1789. La demeure seigneuriale de Spechbach devint, pendant la Révolution, la propriété de M. Antoine Struch le même 1 Cela ne pourrait-il signifier de l'autre lit ? Digitized by Googl — 55 — qui , un peu plus tard , acheta également le château de Morschwiller et de M. Schultz, de Blotzheim, qui ven- dirent ce qui en restait. Le soi-disant Gesindehaus ou les communs, grande et vaste maison avec de larges corridors et escaliers , fut acquis par Christophe- Antoine Clavé, époux de Marie-Anne zu Rhein n° 23 g 5, et resta à cette famille pendant près d'un demi-siècle. Leur fils Joseph Clavé, convertit, vers i83o, les granges et écuries en tissage à bras, mais en 1842 ou 1843, toutes ces constructions furent démolies et rien ne rappelle plus aujourd'hui aux généra- tions actuelles le manoir des zu Rhein, si ce n'est le Burg- weiler transformé en une belle et vaste prairie arrosée par leKrebsbdchlein, et le chemin dit hinter dem Schloss, situés au Nord-Est du village \ Plusieurs auteurs, entre autres Iselin 2, ont confondu la famille zu Riiein avec une autre du nom de am Rhyn, originaire de Stras- bourg, qui, au xvie siècle, quitta cette ville pour se retirer à Lucerne8, qui lui doit plusieurs avoyers. Les am Rhyn, dont le nom latin est également de Rheno et qui se sont appelés quelquefois zum Rhyn ou de Rin, portent dans leurs armes une bande fuselée comme les Illzach et les Schaler v. planche IT, fig. 11. Armoiries et sceaux de la famille zu Rhein Explication des planches I et II L'Armoriai d'Alsace donne pour les anciennes armoiries de la famille fin du xvne siècle D'argent à un lion 1 Communication de M. F. Boeglin, maire de Spechbach-le-Haut. * V. son Lexicon, t. IV, pp. 71-72, sous la rubrique %u oder am Rhyn. * Schoepflin-Ravenez, t. V., p. 769. Digitized by VjOOQ 16 — $6 — contourné de sinople, la queue double et passée en sautoir A, lampassé et armé de gueules. La branche actuelle des zu Rhein de Bavière* porte D'argent au lion contourné de sinople, lampassé et armé de gueules, l'écu timbré d'un casque de tournoi surmonté d'une couronne de baron. Cimier le lion issant de sinople, orné d'une crête échancrée d'argent de quatre angles, chaque angle orné d'une boule or et d'une plume de paon au naturel. Lambrequins de sinople et d'argent. Tenants deux lions de sinople pi. i, fig. 9. On remarquera que la couleur du lion est parlante, le sinople ou vert, peu employé pour les animaux de cette catégorie , devant évidemment rappeler , dans le cas parti- culier , la couleur des eaux du fleuve auquel les zu Rhein ont emprunté leur nom/. Nos planches donnent encore d'autres variantes, ainsi qu'un certain nombre de sceaux, provenant des sources suivantes I. Armoiries 1. \u Rhein de Hœsingen Armoriai de Conrad GrUnenberg, p. i77b; Wurstisen, Basler Chronik, lib. IV, cap. 14; Armoriai anonyme de M. X., armoriai de la société du Herold de Berlin, p. 32 1 , et armo- riai de Siebmacher I, p. 197. 2. Armoiries de Jean, 1292, Bourcard, 1416, Jacques, 1462, bourgmestres de Bâle, et de Hugues zu Rhein, chevalier, 1 191 , d'après l'armoriai de M. X. L'armoriai de la Bibliothèque municipale de Colmar, p. 140», donne l'écusson de même, mais les lambrequins complètement verts. 1 La particularité que nous soulignons ne se trouve que dans Y Armoriai d'Alsace. Toutes les autres armoiries, anciennes et modernes, que nous connaissons, ne la présentent plus. 2 Sources Gothaisches genealogisches Taschenbuch der freiherrlichen Hâuser, iSbg , p. 933; Ernest Lehr, L'Alsace noble, t. III, pi. 23; Rietstap, Armoriai général, t. V. 1 Sauf les armoiries n0^, 9 et le sceau n° 10, nous devons ces renseigne- ments à la bonne obligeance de M. Kindler de Knobloch, qui nous a égale- ment fourni les dessins à l'appui. Digitized by Googlt GoogI Digitized by VjOOQlC Planche I. louiSjftHOINHAUPT ARMOIRIES DE LA FAMILLE ZU RHEIN Planche II. 10 X0UI8 jfcHOENHAUPT SCEAUX DE LA FAMILLE ZU RHEINy Digitized by GoogI -57- 3. jum Reyn, d'après l'armoriai de Sebald BUheler, p. 109, appartenant à M. le baron Zorn de Bulach, d'Osthausen. 4. fw Rhein de Hœsingen, d'après l'armoriai de la Bibliothèque de Colmar, p. II2\ 5. Armes des éveques Frédéric et Gaspard zu Rhein, d'après Wurstisen. 6. fum Reyn, variante de l'armoriai de S. BUheler, p. 296*; variante in- exacte, car ce sont les armes des nobles de Dornach, qui portaient d'argent au lion contourné et morné de sable. 7. Frédéric zu Rhein, de Hœsingen, en 141 5 ?, variante de l'armoriai ano- nyme de M. X. Nous ne donnons pas Fécusson, qui est le même que celui des nM 1 et 2 ; quant aux lambrequins, ils sont tout verts. 8. Dietherich ? zu Rhein, prévôt de Mulhouse, en i36o, suivant le même armoriai. Même observation pour l'écusson. Les lambrequins sont d'argent et de sinople. 9. Armoiries actuelles des barons de zu-Rhein, de la branche de Bavière. II. Sceaux 1. Jean-Bernard, 1420 n° 6. 2. Dietherich de Rin peut-être ah Rhyn, chevalier, 1 372 n° 2. 3. Herterich, chevalier, i36i n°.2}> . . 4. Jean, 1431 n° 3 § 2. 5. chevalier, i386 n° 3. 6. Herterich, fils du précédent, i386 n° 5. 7. Fritschemann, 1387 n° 1 § 3. 8. Jean, i365 page 60. 9. Catherine de Veltheim, sa mère, 1 365 p. 59. 10. Louis, baron de zu-Rhein, 1887, chef actuel de la branche de Bavière n* 3o § 3. 11. Hugues ze Rine, écuyer, i38o Archives des Hattstatt, à Bâle. Celui-ci est évidemment de la famille am Rhyn, dont il porte les armes v. p. 55. GÉNÉALOGIE Pour procéder méthodiquement, nous avons dû classer la famille par branches, en commençant par la souche originaire de Bâle, qui a donné naissance aux lignes de Mulhouse et de Brisach. Il ne nous a pas été possible d'établir une filiation pour Bâle et Brisach, mais la liste de la première ville nous semble plus complète que ce qui Digitized by VjOOQIC — 58 — a été publié jusqu'ici. Elle offre en même temps un tableau exact de la situation prépondérante occupée par les zu Rhein dans l'ancienne cité rauracienne. A. Souche Bàloise Les zu Rhein faisaient partie, à Bâle, de la société du Perroquet, \um Psittich; vers la fin du xiv° siècle, ils figu- raient parmi les chevaliers du Sanct-Georgenschild. Hugues, Ier du nom, paraît le premier dans l'histoire, comme témoin d'un acte, en 1 169. Il revient en la même qualité, en 1174, au bas d'un document de l'évêque Louis Garwart, de Bâle, et, en u85, dans un diplôme du roi des Romains Henri VI, daté de Bâle pi. I, fig. 2. Werner, son fils, est également nommé dans ce dernier acte. En 1202, il est qualifié de chevalier et de membre du conseil de Bâle. Gunon, de Soleure, et son fils Hugues, font, vers 1180, une donation au couvent de Schœnthal. Cunon, le vieux, sans doute le même, est témoin, le 11 février 1207, au bas d'un document du comte Rodolphe de Thierstein, avec un autre Cunon, chevalier, qui reparaît encore le 11 juillet 121 8. Jean, cité en 1223, est, en 1241, prévôt du couvent de Lautenbach. Jean, chevalier, souscrit, en i23o, un décret de Henri de Thoune, évêque de Bâle, relatif aux églises de Saint- Léonard et de Saint-Pierre de Bâle. Rodolphe, chevalier, est, en 1241, témoin d'un acte du comte Albert de Ferrette. Il assiste avec les deux suivants dont l'un, Conrad, est son frère, le i5 janvier 1271, à la vente des possessions d'ULRic de Ferrette le parricide à l'évêque Henri de Neuchatel, de Bâle. Conrad, chevalier, frère du précédent, paraît encore en Digitized by Googlt -59- mai 1281, comme caution de l'évêque Henri d'Isny, de Bâle, pour le comte Thiébaud de Ferrette. Jean, chevalier, fils de Rodolphe, suivant notre tableau G, est cité d'abord en 1271 ; puis revient en 1282, comme arbitre dans une contestation entre le comte de Mont- béliard et l'évêque de Bâle. En 1290, il est le 1 ie bourg- mestre de Bâle pi. I, fig. 2. Hugues , fait , en 1275 , avec sa femme Agnès et du con- sentement de leurs enfants Hugues et Elisabeth , un échange de propriétés avec l'abbaye d'Olsberg, en Argo- vie, 11 est cité ensuite, comme chevalier, avec Conrad v. ci-dessus, en l'année 1281. Jean, seigneur de Haesingen, meurt en 1307 et est enterré dans l'église de Saint-Jean, à Bâle. Jean, chevalier peut-être le bourgmestre atteste, en i3i2, avec son fils Hugues, chevalier, fondateur de la ligne de Mulhouse, une sentence arbitrale du comte Ulric de Ferrette. Iean, religieux dominicain du couvent de Bâle, est com- pris dans l'essaim que cette maison envoya s'établir à Colmar, et fut, en i3o8, prieur de cette filiale. D'après M. X. Mossmann1, feu M. Moné n'est pas éloigné de lui attribuer la rédaction de la Chronique qui, de 121 8 à 1 3o3 , complète les Annales des dominicains de Colmar. Henri Heintçme, cité le 21 avril i338. Marguerite, fille du chevalier Henri, vend en i338, à Richard Vaidrel, chevalier, des biens à Soyhières. Gotschi, est, en 1341, témoin d'une vente. Jean est religieux de Lucelle, de 1349 à i3Ô2, sous l'abbé Jean III. Jean, chevalier, est, en i353, marié avec Catherine de Veltheim sceau n° 9. Celle-ci, alors veuve, reparaît en i365, avec leur fils 1 Notice sur Dornach, p. 10. Digitized by GoogI — 6o — Jean, écuyer sceau n° 8, qui, du consentement de sa mère, vend une rente annuelle à Vorstetten. Jean est, en i388, commandeur de Tordre de Saint-Jean à Rheinfelden. Il pourrait être le Hanemann cité, en i38i, comme Comthur des Hanses \u Rheinfelden St Johans Ordens des heiligen Spitals \u Jérusalem. Pierre est, en i383, Hauscomthur à Benggen et, six ans après, il est dit Conventherr de la même maison. Rodolphe, chevalier, membre du conseil à Bâle, est, en 14 14, un des envoyés de cette ville au concile de Constance. Alexis fait partie, en 1424, comme mercenaire SôldnerJ d'une expédition dans le margraviat de Bade, sous le commandement de Bourcard, qui suit. Bourcard, chevalier, cité en 1409 avec Hammann v. p. 67, est, en 1414, le 33e bourgmestre de Bâle pi. I, fig. 2, fonc- tions dont il a dû être revêtu à diverses reprises par la suite. A partir de cette époque il revient fort souvent, qualifié de chef d'expédition. Ainsi, en 142 1 , il com- mande les 41 chevaux fournis par Bâle dans la guerre contre les Hussites; en 1423, il est de l'expédition de l'armée de l'évêque contre le comte Thiébaud de Neu- chatel, qui s'en vengea en lui brûlant son village de Haesingen. L'année suivante, il commande une partie du corps de troupes qui envahit le margraviat de Bade et, en 1427, c'est encore lui qui est à la tête de l'expédition contre Héricourt, en Bourgogne. Puis, en 1428, il figure comme juge dans le combat singulier entre Henri de Ramstein et l'espagnol don Juan de Merlo et enfin, deux ans après, il est cité, comme possédant en fief avec d'autres nobles, du comte de Thierstein, un quart de la dîme à Frick, Wittnau et Eytcken. En h3i , il paraît pour la dernière fois. Ursule, en 1428, femme du damoiseau Jean de Wessen- BERG. Digitized by Googlt — 6i — Frédéric, custode de la cathédrale, est élu, le 9 janvier 1437, 49me évêque de Bâle, en remplacement de Jean de Fleckenstein f 20 décembre* r436, en compétition avec Bourcard de Rathsamhausen, qui fut indemnisé d'un autre côté. Lç 1 1 mars suivant, le pape Eugène IV confirma l'élection de Frédéric, qui mourut le 5 janvier 1451 et fut enterré dans la cathédrale de Bâle. Etienne, prieur du couvent de Schœnthal, achète, en 1445, au magistrat d'Olten un cens annuel sur Langenbruck. Jacques est armé chevalier, en 1452, par l'empereur Fré- déric III, sur le pont du Tibre à Rome. La même année, il est nommé bourgmestre à Bâle pi. I, fig. 2. Dix ans après il participe, du chef de sa femme, à l'engagement sur les villes de Zofingue, Aarau, Lenzbourg, Sursée et Sempach. En 1464, de concert avec un noble d'Eptingen, il s'empare de la personne du prêtre Dr Cyriacus, de Bâle. Jacques eut trois filles Claire- Anne et Dorothée sont, en 1466, religieuses de Sainte-Claire à Mulhouse, Elisabeth figure, en 1480, comme religieuse du couvent de Klingenthal, au Petit-Bâle, et Ursule paraît, en 1482, avec son mari l'écuyer Jacques Bapst d'Ichtratzheim '. Les deux époux vivent encore en 1491, et leurs enfants Lûtelmann et Junta héritent de leur tante Suzanne, de Grandvillars Opu Granewil , sœur de leur mère. Claire, religieuse du couvent de Klingenthal, dès 1429, est mentionnée comme abbesse du même couvent à partir de 1447 et meurt en 1455. Une autre 1 Au siècle suivant, nous trouvons deux membres de la même famille, Técuver Jean-Jacques Bapst de Bolsenheim, de Strasbourg, marié, en 1544, avec Marguerite zum Rryne, qui reparaît en 1469, comme veuve, et Gas- pard Bapst de Bolsenheim qui, en i55i, a pour femme Suzanne zum Rhyne. Nous ne pouvons rattacher ces deux femmes à aucune branche et il est probable qu'elles sont de la famille am Rhyn, de Strasbourg. Digitized by VjOOQIC — 62 — Claire est, en 1480, également religieuse de Klingenthal et abbesse en iSog et i5i8. Melchior, archiprêtre du chapitre de Bâle, est, en i5io, témoin d'une inféodation du Sisgau à la ville de Bâle, par l'évêque Christophe d'UTENrçEiM. Nous rangeons encore avec les précédents Rodolphe ze Rine von Rinegge, chevalier, et Hugues ze Rine von Rinegge, écuyer, mentionnés en i323. Ce dernier portait les armes de la famille. Ils étaient investis de fiefs des abbayes de Murbach et de Lucelle * . Vers la même époque, en 1 32 1 , paraît aussi un écuyer Conrad ze Rine von Leimen, beau-frère de Conrad Kurtze, écuyer, bourgeois de Turckheim et fils du chevalier Anselme Kurtze*. B. Branche de Brisach D'après Mone, Zeitschrift fttr die Geschichte des Ober- rheins, XIII, p. 49, les zu Rhein de cette branche avaient leur château dans le voisinage de TEckartsberg à Brisach. Le premier dont l'histoire fasse mention est Conrad, membre du conseil, en 1261, revient en 1266, 1271, 1283 et 1294, et meurt le 11 octobre i3i6, qualifié de magister et civis bourgmestre et bourgeois de Brisach. Il fut enterré au couvent de Pairis. Werner, son frère, est, en 1290, également membre du conseil, ainsi qu'en 1294 et 1296. Cité encore en i3oy, avec le précédent, il paraît, pour la dernière fois, le i3 novembre i3i5. Henri, bourgeois de Brisach, fait donation au couvent de 1 Archives du Haut-Rhin, fonds de Lucelle et de Murbach. * Archives du Haut-Rhin^ couvent d'Unterlinden. Digitized by Googlt — 63 — Pairis, au mois de mai 1293, de rentes sises à Mauchen- heim et est, en 1296, membre du conseil avec les deux précédents. Jean, est dit bourgeois de la ville, en i3og. Walther, également bourgeois, vend, le 12 janvier 1344, une redevance en grains Fruchtgtilte à Obersaasheim, près de Neuf-Brisach. Dans l'acte, il est question de sa femme Claire, et de sa belle-mère ÇswigerJ Mechtilde zum Rust1. Jean, bourgeois de Brisach, en i343, pourrait être le même que celui de 1309. Nicolas, prêtre, frère de défunte Anne, femme de Henri Schorne, bourgeois de NeuenburgBade achète à celui- ci une maison, le 10 octobre 1343. Louis LiXt\emannjy de Brisach, et sa femme Agnès, fille du chevalier Henri zem Wighus, vendent, le 23 février 1372, un arpent de forêt dans la banlieue de Mul- house*. Jean, bourgmestre de Brisach, achète des rentes et des biens Zinsen und GùterJ à Iringen, le i5 septembre 141 1, pour la somme de douze florins. C. Ligne de Mulhouse Quoique la ligne mulhousienne des zu Rhein ne date que du commencement du xive siècle, on peut admettre que la proximité de Bâle et de Mulhouse et la similitude de leurs institutions, ont antérieurement déjà amené cer- tains membres de la famille à séjourner dans nos murs. Nous n'en voulons comme preuve que le chevalier Hugues qui, en 1 236, figure en tête des témoins de la cession d'un moulin à Tordre Teutonique par l'universalité des bour- 1 Monb, Zeitschri/t, etc., XI, p. 332. * X. Mossmann, Cartulaire de Mulhouse, t. I, p. 285. Digitized by VjOOQ 16 -64- geois de Mulhouse1. Il était membre du conseil de notre ville. En 1210, il est mentionné pour la première fois, comme renonçant à un fief à Attenschwiller, qu'il tenait de l'abbé Arnold, de Murbach, et, en 1240, il assiste à un arrangement entre Rosheim et le couvent de Hohenbourg \ Un siècle après, nous trouvons des zu Rhein en posses- sion de fiefs dans le Sundgau, sans pouvoir les rattacher directement ni à la souche bâloise, ni à la ligne de Mul- house. Nous les intercalerons, par ordre chronologique, en les marquant d'un astérisque, dans le présent chapitre où ils nous paraissent devoir figurer de droit. Pour ce qui concerne la demeure de la famille à Mul- house, on trouvera, en dehors de ce que nous avons déjà dit page 43, encore d'autres détails dans les notes de Hugues II et de son fils Herterich II. Le premier zu Rhein fixé authentiquement dans notre ville, fut 1. Hugues, Ier du nom3, chevalier, membre du conseil à Mulhouse en i356, f après i366, fils de Jean, chevalier, v. p. 5ç. Ainsi que nous l'avons vu, il avait quatre fils 1. Bourcard, chanoine à Bâle, en i366. 2. Herterich n° 2 qui suit. 3. Frédéric le jeune Fritschemann, der jllnger, écuyer% qui est, en i36y, en contestations avec les habitants de Blotfheim, village qu'il préten- dait avoir reçu en fief occulte de l'archiduc Rodolphe d'Autriche4 Allié de Bâle en i3yj, il est cité encore en i38j sceau n°7; puis, en i3g?, comme représentant de Liestal dans une composition entre cette ville et Fullendorf; puis enfin, en dernier lieu, en 1401, il figure sur le rôle des impositions Steuerrodel de Bâle, pour une fortune de 4 à 5 000 florins. 1 X. Mossmann, Cartulaire de Mulhouse, t. I, p. 5. 1 Gyss, Histoire de la ville d'Obernai^ t. I, p. 64. 1 Pour le numérotage des noms de baptême qui se répètent, nous ne tiendrons pas compte des branches de Bâle et de Brisach, dont nous ne possédons pas la filiation complète. * Schoepflin-Ravenez, t. IV, p. 145. Digitized by Googlt — 65 — // ne paraît pas avoir laissé d'enfants, car Frédéric II , fils de Jean-Bernard n° 6, hérita, vers 1470, certains biens qui lui avaient appartenu l. 4. Henri paraît avec le précédent en i3yg. C'est sans doute lui qui, en 1412, de concert avec Rodolphe de Neuenstein, s'empara du chdteau de Furstenstein, dont ils passèrent la garnison au fil de l'épée. Cela leur valut d'être assiégés par les troupes de Bâle dans leurs trois châteaux de Furstenstein, de Blauenstein et de Neuenstein. Henri, fait prisonnier dans le premier, eut la tête tranchée. Wurstisen dit expressément à ce propos que les deux n'étaient pas bourgeois de Bâle. Cité dès 131 2, Hugues Ier est investi , en 1363, du village de Haltingen, fief qui, avant lui, appartenait déjà à sa famille v. p. 42. 'Frédéric Fritschemann, peut-être un frère de Hugues Ier, est, en i328, en hostilités avec la ville de Strasbourg. A cette occasion, les nobles de Hauss promettent à celle-ci de rester neutres*. En i335, Rodolphe et Pierre Schaler tous les deux ont été bourgmestres de Bâle se portent caution pour lui auprès de Strasbourg. Le 22 février 1340, il vend des rentes à Rixheim. *Zéphyrius sans doute son nom en religion , f 26 août 1367, était père-gardien des franciscains de Thann, de i36o jusqu'à sa mort. Il mourut, suivant la Kleine Thanner- Ckronick, un seinem Nativconvent {u Mtilhausen», c'est-à- dire dans son couvent natal de Mulhouse, de sorte qu'il a dû être en parenté très rapprochée avec les précédents. Il en est de même de *Hermann, moine franciscain à Thann, f en 1367, cité dans la même chronique; de 'Catherine et d'ADELAïDE, religieuses du couvent d'Unter- linden. Celle-ci meurt, en i38i , abbesse du couvent de Saint-Biaise. 1 V. dossier M, carton Blotzheim. * Archives de Strasbourg. Digitized by GoogI — 66 — 2. Herterich, Ier du nom, chevalier, prévôt de Mul- house, fils de Hugues Ier, eut pour femme Claire, fille de Hugues Walch zum Thor1, l'aîné, dont il eut i. Hugues II n° 3 et 2. Gunther n° 4, qui suivent, 3. Marguerite Gredelin, qui paraît en i365. Herterich est cité comme témoin en 1346 et 1347. A partir du 3 décembre 1360 jusqu'au 17 avril 1366, le Car tulaîre de Mulhouse, tome I, le mentionne dans sept documents comme prévôt de Mul- house pi. I fig. 8 et pi. II fig. 3. En 1361 , il est investi de fiefs à Ruelisheim8 et, en 1365, il vend avec sa femme et ses enfants, à l'empereur Charles IV, die eigentschafft an dem gesesse, dos des Birkenmortz was, et le reprend immédiatement en fief8. Le beau- frère de Herterich, le chevalier Hugues Walch zum Thor, le jeune, appose son sceau avec ceux des vendeurs. Un chevalier Dietherich de Rin Sceau n° 2 est, en 1372, Tune des cautions du Domprobst Jean de Kybourg, fait prisonnier par Strasbourg4. S'agit-il du nôtre, ou d'un am Rhyn? Le 19 mai 1378, Herterich est mentionné avec son frère Fré- déric Fritschemannus %e Rin et Hertricus, frater ejus, en qualité de vassaux de Tévèque de Bàle6, puis, pour la dernière fois, en 1384, avec son fils aîné. 3. Hugues II, f 1408, chevalier, prévôt de Mulhouse, avait pour femme Marguerite de Jungholtz f 1400, qui lui donna trois fils 1. Herterich II n° 5, qui suit. 2. Jean, Ier du nom, qui, en 1400, scelle avec son frère aîné, une dona- tion du père. Huit ans après, il est investi, avec ses deux frères, de 1 Vieille famille noble mulhousienne mentionnée dès n65. Ce Hugues Walch a donné son nom anciennement à la rue de la Justice actuelle, qu'elle a longtemps conservé. Leur nom même leur venait de leur demeure, touchant presque la porte de Baie. Voir, pour d'autres détails, Kindlkr de Knobloch, Der alte Adel im Ober-Elsass* pp. 94-95. * Archives de Strasbourg. * Archives de Mulhouse, carton n° 24. * Archives de Strasbourg, Pfalj, carton n° 129. * Archives de Carlsruhe, conv. 181. Digitized by Googlt -67- la succession paternelle. En 141 2, Catherine de Bourgogne, veuve de Léopold-le-Supbrbe, lui concède le fief de Hœsingen, qu'il a pro- bablement partagé un peu plus tard avec Bourcard zu Rhbin, bourg- mestre de Bdle v. p. 60. De 1422 à i43i il est bailli de Rhein/elden Oberster Vogt der Burg von Rheinfelden. — Sceau n° 4. 3. Léonard, mentionné , en 1400, avec ses frères, mais il est dit qu'il n'avait pas encore de sceau, puis en 1408 et, en dernier lieu, en 1442, chaque fois en compagnie de ses frères. En 1412, il paraît comme tuteur de son cousin Bourcard, fils de Gunther n° 4. 4j£> Hugues II paraît pour la première fois en 1365, sous le nom de Hùgelin Petit-HuGUEs, comme il est dit ci-dessus. En 1367 et en 1369, il est encore écuyer, et ce n'est qu'en 1384 que nous le retrou- vons, en qualité de chevalier, siégeant au tribunal d'Ensisheim, avec son fils Herterich II, écuyer. L'année suivante, il devient momentanément prévôt de Mulhouse1 et, en 1386, il est caution sceau n° ç, ainsi que son fils Herterich, pour le comte de Fribourg. En 1388, après l'extinction des sires d'UESENBERG, il est investi de l'office d'échanson Schenkatnt de l'èvèché de Bàle*. Après le décès de sa femme, Hugues fait donation à l'église de Saint-Etienne de Mulhouse, le samedi après la Saint-Matthieu 25 septembre de l'an 1400, pour le repos de son âme et de la sienne, de deux livres et dix-huit deniers à Mulhouse, sur une propriété sise à côté du jardin de Knobeloch. Cette donation est scellée également par ses deux fils aînés; quant au plus jeune, le document constate qu'il n'avait pas encore de sceau '. Dans le Cartulaire de Mulhouse, 1. 1, p. 408, il est question, en 1398, de l'hôtel de Hugues et d'une rue zu Rhein aboutissant à celle des Tanneurs, sans doute la rue des Bons-Enfants actuelle. 4. Gunther, f avant 141 2, fils de Herterich Ier, eut quatre fils 1. Pierre, mentionné en 141 2 et en 1442 ; 2. Jean-Bernard n° 6, qui suit ; 3. Bourcard, qui paraît également en 141 2 et en 1442, et 4. Hammann qui, mentionné déjà en t3g6, pourrait avoir été l'aîné de 1 V. ci-dessus, p. 40, note 5. * Sachs, Einleitungen in die Geschichte der Markgrafschaft Baden, t. I, p. 454. 1 Archives de Mulhouse, carton n° 27. Digitized by GoogI — 68 — ses frères. A cette date il est commandeur de l'ordre de Saint-Jean et, en 1406, un document le qualifie zur Zeit S ta tt h al ter des erwtir- digen Herren Brader Hessen Stegelholtz, Meisters in tUtschen landen *. Deux ans après il est nommé grand-maître de l'ordre en Allemagne, en remplacement de Frédéric de Hohenzollern. En 140 g il est arbitre, en compagnie de plusieurs nobles, dont le cheva- lier Bourcard zu Rhein *. // mourut , le jour de la Saint-Jacques a5 juillet de l'année 1444, et fut enterré à Bâle, dans l'église de Saint-Jean. 5. Catherine, f après 1443, femme du chevalier Jean Henslin de Hunawihr. Elle est veuve en 141g. 6. Ursule, en 1440, abbesse du couvent de Sainte~Croix-aux-Mines. Mentionné dès 1384 et 1386 sceau n° 6 avec son père, Her- terich II , est investi, en 1408, après la mort de celui-ci et en compagnie de ses frères Jean et Léonard, du fief de Mulhouse, consistant en une maison et une cour, avec dépendances, situées à côté du chevalier Hans Heber, investiture qui lui est renouvelée en 1442, par l'empereur Frédéric. En 1418, Herterich est assesseur de la cour féodale Lehens- gericht de Lœrrach et, dix ans après, comme il est dit ci-dessus, il est bailli de Cernay, où il possédait une maison. A la mort de son beau-père, en 1438, l'abbaye de Murbach l'investit du fief de Dornach, dont il s'était fait assurer, dès 1419, une part et la sur- vivance1. A ce moment il a dû également hériter la cour des Dornach, de la rue des Maréchaux, que les zu Rhein ont conservée ensuite jusqu'à la Révolution. Herterich paraît pour la dernière fois en 1442, à l'occasion d'une contestation avec Mulhouse ; la même année, l'empereur Frédéric lui confirme, ainsi qu'aux fils de Gunther, ses cousins, les fiefs qu'ils tenaient de l'empire dans notre ville. 6. Jean-Bernard, chevalier, seigneur de Haesingen, fils de Gunther, eut pour femme N. Truchsess de Rheinfelden, et délaissa deux fils 1 Frédéric II, chevalier f avant iSoS\ seigneur de Hasingen. Il figure, en 14699 sur la liste des vassaux de l'Autriche en Alsace. En 1478, il soulève un conflit avec Mulhouse en tuant un juif, ressortissant de la ville, ce qui donne lieu à la régence d'Ensisheim de saisir son vil- 1 X. Mossmànn, Notice sur Dornach, pp. 8-9. Digitized by Googl — 7i — lage de Hœsingen tombé en commise l. Pierre de Haguenêach, grand-bailli d'Alsace, l'avait investi de biens à Blotfheim, en qualité d'héritier de FRiTSCHEMANN-le-jeune ; ce fief lui fut confirmé par V empereur Maximilien, en i5oo. En 1484, il reçoit une part de Niedersteinbrunn , puis , en 14g g , son frère Gaspard , évêque de Bdle, l'investit du Burgstall, près du Blauen, du village de Luemsch- willer, de Wittolsheim avec sa cour colon gère, Certains de ces fiefs lui étaient échus en héritage après la mort de Bourcard et de Jacques zu Rhein, de Bdle, et de son cousin Hammann de Reinach. Enfin, en i5oS, Frédéric paraît pour la dernière fois , d'abord dans un document de l'abbé de Murbach , qui l'investit avec son cou- sin Michel zu Rhein fils de Jean III du village de Dornaeh*, puis dans une vente d'une partie de la forêt de l'Isenholtj, que Mulhouse lui achète au prix de 145 livres bdloises *. D'après Wurstisen , il aurait été majordome Hoffmeister de la cour épiscopale de son frère, à Bdle, lequel l'aurait en outre délégué, en 1482, à la Diète de Baden. Nous supposons, sans pouvoir l'affir- mer , que Georges zu Rhein , de Mulhouse , étudiant immatriculé à l'Université de Bdle *, en 1S10, a dû être son fils. C'est la seule trace que nous ayons trouvée de ce dernier. 2. Gaspard, seigneur de Hœsingen, né à Mulhouse, en 1433, f à Delé- mont, le 5 janvier i502 , de la peste, et enterré dans la cathédrale de Bdle, fut, de 14S4 à 1461, le 25*** prévôt du chapitre de Saint- Ursanne •, custode de la cathédrale de Bdle et enfin évêque de Bdle, à partir du 4 janvier 147g1. Gaspard fut également, en 1460, le deuxième recteur en fonctions de l'Université de Bdle , succédant à Georges d'Andlau. avec le précé- dent, du mariage de son frère aîné. 1 X. Mossmann, Cartulaire de Mulhouse, t. II, p. 272. * V. dossier M. Digitized by Googl -73- ^ Rodolphe de Ramstein, seigneur de Guilguenberg, sur la demande de l'évèque Frédéric zu Rhein, de Bâle, investit, en 1447, Jean III, Faîne — fils de Herterich, dit le document *- et ses hoirs, du quart de la dîme de Fislis, de Ligsdorf et de Betlach. Il eut, quel* ques années plus tard, ainsi que ses frères, certaines difficultés avec Mulhouse, qui furent aplanies en 14;;, par l'abbé Barthélémy de Murbach. Cependant il fallut, en 1464, une nouvelle composition amiable entre les deux partis, dont se chargea le wildgrave Jean de Daun. Cinq ans après, Jean est investi du fief de Morschwiller, où il causa encore, en 1471, d'autres ennuis à la ville l. Dans le dossier D, il existe un Schadlosbrieff délivré, en 15 14, par Nicolas d'Eptingen, en faveur de son beau-frère, tnynfhmtlicher Heber Schwoger,» Jean zu Rhein. Il est à supposer qu'il s'agit ici de Jean IV et non de son père, alors déjà mort, ainsi que son frère Louis. 9. Jean IV, le jeune, f i535, seigneur de Dornach et de Morschwiller, avait pour femme Anne de Kaysersberg dont la mère était une Meyer de Hûningen. Les enfants de cette union furent 1. Chrischone, qui eut de son mariage avec Eustache Degelin de Wangen, trois enfants cités en i568 a Jean-Georges, conseiller de l'archiduc d'Autriche; b Aiwe, femme de Jean-Conrad de Pforr et Ursule, alors célibataire. 2. Jean-Sebastien n° 10, qui suit. 3. Marie, qui épousa l'écuyer N. Weisz, lequel fut, en i5j2, enterré dans V église Saint» Jean, à Bâle. Ils eurent un fils, le damoiseau Paul Weisz, f à Bâle, en 1607*. 4. Rose, femme de Petermann d'Offenbourg, de Bâle, demeurait avec son mari dans la grandWue, alors appelée Grafengasse, dans l'hôtel des nobles d'Illzach, plus tard la propriété de Jacques Ziegler, bourgmestre *. Ils eurent un fils, nommé Jean. Le premier Offenbourg, Hemmann ou Jean, fut prévôt de Mulhouse de 141 y à 1422. Il fut armé chevalier, en i433, à Rome, par l'empereur Sigismond. 4j£> Investi par Etienne de Froberg, en 1490, de différents fiefc 1 Cartulaire de Mulhouse, t. IV, pp. 33-40. 1 Tonjola, Basilea sepulta, p. 294, et Baslerisches BUrgerbuch, pp. 348 et 349. 8 Pétri, Zu Rheinische Chronick, 1640. Digitized by VjOOQ 16 — 74 — à Hirsingue, Heimersdorf, Muesbach , Haguenthal et Riedisheim, en compagnie de son frère Michel , Jean IV obtient encore avec lui, dix ans après, le village de Morschwiller, devenu vacant par la mort de leur père et de leur oncle. De concert avec sa femme, il fait, en 1511 et en 1520, au Pfrundhaus de Mulhouse une donation, que leur fils racheta en 15841, et, en 1528, il est encore cité comme recueillant certains biens à Dornach, de l'héritage de Frédéric II, chevalier n° 6 § 1. 10. Jean-Sébastien I6r du nom f 3 mai 1587, seigneur de Dornach et de Morschwiller, conseiller de la régence d'Ensisheim', se maria deux fois. De sa première femme, Marie-Judith f 1564, fille de Jean-Ulric de Hohenfirst, et de N. de Blumeneck, il eut quatre filles 1 . Marguerite, citée en i588 et en i5g6, qui épousa Egmond de Reinach. Ils eurent trois fils et une fille. L'un des fils* Jean-Jacques f 1610 continua la race. C'est devant un de leurs descendants directs, Hum- bert de Reinach f 1696, que Louis XIV adressa à Mme de Main- tenon cette phrase connue Madame, voief ici Mons. de Reinach ; sa famille me fournit plus d'officiers gentilshommes , que toute la Basse-Bretagne, qui est pourtant une de mes plus grandes pro- vinces. » A ce moment, vingt-quatre Reinach étaient au service de la France ! 2. Anne, mentionnée en i588 et en i5ç6. 3. Marie-Madeleine f 1628, épousa Vécuyer Jacques de Falcken- stein8. Ils eurent, entre autres enfants, Jean-Sébastien + 1628 et Jean- Evrard, gouverneur des pays antérieurs d'Autriche et grand- bailli Obervogt de la seigneurie d'Isenheim. Elle se remaria avec Nicolas de Weylersperg. 4. Barbe, citée en i588 et i5g6; épousa Jacques d'Andlau, de Witten- heim, mais a dû mourir avant 1606, car elle ne figure plus dans le testament de son frère Jean V. De sa seconde femme, Marie-Suzanne f avant 1602, fille de Jacques de Rotberg et de Marguerite d'Andlau, Jean-Sébastien eut encore les enfants suivants 1 V. dossier D. 8 V. l'épitaphe, p. 53. • V. pour cette famille F. Cast, Adelsbuch des Grossherjogthums Baden, 1845, p. 79. Digitized by GoogI ~75- 5. Jean-Louis, mort jeune. 6. Jean-Jacques n i j, auteur de la branche de Morschwiller, qui suit. 7. Jean-Christophe n° 1 7 , auteur de la branche de Dornach , qui suit. 8. Jean V, coseigneur de Dornach f à juin 1606, qui n'eut pas d'en- fants de sa femme Suzanne de Reinach * f 1640. Cité en iSg?, en iSgg et en 1602, il fit son testament, le 10 avril 1606*. La ville de Mulhouse racheta, en 1644, de son neveu Jean-Sébas- tien II, la dîme dite Vorzehnte , d'Illfach*, qu'il avait héritée de Jean V. 9. Marie -Jacobée, citée en i588 et en i5g6, eut pour mari Jean- Sébastien d'Andlau f 12 mai i5gg, veuf en premières noces de Claire- Anne Zorn de Plobsheim. Elle vivait encore en 1606. 1 o Anne w f citées par Pétri, Zu Rheinische Chronick, qui ont dû 1 11. Marie, 5 / ' ' * TT \ en bas âee. 1a. Ursule J * 1 mourir Jean-Louis, déjà grand-bailli de Thann, en 161 2, année où le 15 août, il est parrain de Jean-Louis Rosengart, frater Illuminatus cf. /Berne Thanner Chronick, p. 44, contribua, en 1628, avec beaucoup d'autres nobles, pour cinquante livres, à la restauration de la collégiale de Thann. Quelques années auparavant, il avait hérité de son grand-père Jean-Louis d'Andlau une rente Zinsbrief de mille florins sur la ville de Guémar, qu'il vendit, en 1624, à son cousin Robert de Roggenbagh, chanoine à Bâle. En 1632, il est men- tionné comme possédant des vignes à Dornach. La date approximative de son décès nous est fournie par une lettre de Jean-Henri d'Ostein, évèque de Bâle, où il dit, entre autres, à Jean-Sébastien II, qu'il a omis de lui indiquer la date exacte de la mort de son cousin Jean-Louis, dont il sollicitait le fief. 13. Jean-Guillaume f 1682, épousa, en 1642, Marie- Béatrice f 9 mars 1673, à Morschwiller, fille de Jean- Jacques Reich de Reichenstein et cTEuphrosine de Rei- nach. Il en eut dix enfants 1 . Jean-Jacques II, chanoine et écolâtre du chapitre de Bâle Domcapi- tular und Scholasticus. // mourut en i6go 8. 2. Jean- François-Louis n° 14, qui suit. 1 Contrat de mariage du 17 novembre. 1 L'Alsace noble donne à Jacobée-Béate, comme parents Jean-Paul de Ruest et Amélie d'Eptingen, ce qui ne doit pas être exact, Jean-Paul, grand-bailli de Thann, ayant vécu en 1489. Par contre, Guillaume de Ruest occupait cette charge en i562 cf. de Knobloch, loc. cit. , p. 78, et Kleine Thanner Chronick, p. 16. On remarquera du reste que le fils de Jean- Louis zu Rhein s'appelle Jean-Guillaume, ce qui confirme notre opinion. 8 II existe aux archives de Carlsruhe un document concernant le partage de son héritage, daté du 10 novembre 1690. Communication de M. Kindler de Knobloch. Digitized by GoogI -78- 3. Jean-Guillaume II, qui devint, en 167g, chevalier de l'ordre de Saint-Jean. 4. Marie-Jacobée , chanoinesse du chapitre des dames nobles de Mase- vaux. Elle fut élue abbesse après Madeleine de Falckenstein, décédée le g septembre 1686 l. 5. Marie-Euphrosine, morte en bas âge. 6. Marie-Anne-Suzanne, née en 1646, fut élue, en 1701, princesse- abbesse de Schœnnis et mourut, le 20 août 171 1 , âgée de 65 ans*. 7. Anne- Marie était encore célibataire en 1678. 8. Marie-Catherine se maria avec Jean-Conrad d'Andlàu, de Valw?> né en 1 684. Celui-ci représenta ses enfants, en 1 690, lors de la mort de Jean-Jacques II. L'Armoriai d'Alsace mentionne encore, en 1 697, les deux époux, pages 22 et 1 5 g- La femme est inscrite comme suit M arie-Cathe- rine d'Andlau, née de Zering, femme de Jean-Conrad d'An dl au, gentilhomme d'Alsace, etc.... Porte de gueules à un léopard lionne ou rampant d'argent.» Il y a ici une erreur évidente de d'Hozier, pour le libellé des armes des zu Rhein. . 9. Marie-Jeanne, née le S mai i655, épousa, le 12 septembre 167g, Jean-Christophe de Liguertz de Glairesse, et vit encore en i6go. Leur fille Jeanne-Béatrice + 1722, devint la première femme de François-Antoine II de Zuckmantel. io. Marie- Barbe, chanoinesse de Masevaux, citée en 1668. A du, suivant Pétri, zu Rheinische Chronik, mourir également comme abbesse de ce chapitre. 4j£> Après avoir prêté en 1653, ainsi que nous l'avons vu, l'hom- mage féodal à la France, Jean-Guillaume revendiqua, en 1666, auprès de la chancellerie de Bâle, des fiefs de la succession de son cousin défunt Jean-Sébastien II dossier D. 14. Jean-François-Louis, f à Morschwiller, le 3 octobre 1689, Pr^ Pour femme Marie-Jeanne-Sybille, fille de Jean-François de Roggenbach, de Zwingen né en 1628, t i6g5, conseiller de son frère le prince-évêque de Bâle, et de Marie-Jacobée Munch de Rosenberg. Les registres de baptême de la paroisse de Morschwiller leur donnent les enfants suivants 1 Annales des franciscains de Thann, t. H, p. 681. * de MUlinbn, Helvetia sacra. Digitized by Googlt — 79 — t. Marib-Annb-Ursule-Sibylli, née le 3 mai 1682. 2. M arie- Anne-Françoise , née le 16 février 1684, + 7 juillet i?63y fut admise, en ijo3y au couvent de Sckœnnis, dont elle devint prin- cesse-abbesse, le 14 février 17 35 l. 3. Anne-Marie-Ursule, née le 3o décembre i685. 4. M ARiE- Ursule-Caroline, née en 1686, f 17 5^ chanoinesse à Mase- vaux. 5. François-Joseph-Conrad n° i5, qui suit. 6. Marie-Anne, née le 23 février 1690, épousa Jean-Henri-Chrétien- Antoine de Flachslanden, de Dùrmenach. Leur fille Marie-Made- leine, née en 171g, + // mars 1781 , devint, en 1774, princesse- abbesse d'Andlau •. Lévêque Jean-Conrad de Roggenbach, de Bâle, figure en qualité de parrain pour les deux derniers baptêmes. i T7^7t chanoinesse d'Épinal. 4. François- Benoît- Antoine- Louis, né le 3o septembre 1754 » ntort en bas âge. ^ François-Joseph-Antoine-Sébastien, qui résidait à Thann, paraît avoir eu le goût des spéculations financières et industrielles. Il fut l'un des associés de la première manufacture d'indiennes, installée, en 1762, au château de Wesserling, sous la raison sociale Sandherr, Courageot & O \ En 1770, il eut un procès relativement à un prêt d'argent, de 8,000 ff, contracté plusieurs années aupara- vant. Il en est question dans le Mémoire pour le directoire de la no- blesse de la Basse-Alsace sur la poursuite dujutfLEYSER de Niederhagen- thaï contre MM. de Zu-Rhein et de Reichenstein ; Colmar, 1770, in-fol. Bibliothèque Gérard, catal. n° 3391. 1 V. l'acte de société dans le dossier M. Digitized by GoogI M I — 82 — E. Branche de Dornach 17. Jean-Christophe, né en 1574, f à Dornach, le 29 septembre 1629, ^s ^e Jean-Sébastien Ier, se maria deux fois, comme son père et son frère aîné. Sa première femme, qu'il épousa en 15941, Marie-Cécile f avant 1602, et en- terrée à Dornach, fille de Laurent de Heideck, deGuetwill Guertwiller ? conseiller de la régence cTEnsisheim, et d' Ursule de Flachslanden, lui donna deux enfants 1. Laurent, né le 22 mars i5g6, f i63iy conseiller de la régence d'Ensisheim Kammerrath, qui n'eut de safemmef Marie-Agnès de Rosenbach, que deux filles a Marie-Cécile, et b Marie-Françoise, élue, le 3o mars 1664, princesse-abbesse de Schœnnis, + 27 sep- tembre 1677. 2. Anne-Marie, née le 2g juillet t5gy , épousa Dietrich-Melchior de Rosenbach {fils de Jean-Dietrich , f i656, commandant à Rhein- felden. Elle est mentionnée comme veuve en 1642. S'étant remarié en 1602% avec Marie*Ursule, fille de Jean-Adolphe de Roggenbach, capitaine des pays anté- rieurs d'Autriche à Schopfheim, et de Marie de Pforr, il eut encore quatre enfants 3. Frédéric, né le 4 mai i6o3, + en bas âge. 4. Marie-Salomé, née le 2g juillet 1606, épousa, le 26 juin i63o, Othon-Rodplphe de Schoenau, veuf de N. de Rosenbach, lieutenant- colonel et grand-bailli des quatre villes forestières , et en eut six enfants. Elle est veuve en 1642 5. Jean-Sébastien II n° 18, qui suit. 6. Melchior, né le 10 mai 161 1 , cité encore en 162g et en i632, est mort jeune et sans avoir été marié. 4$+ Le 19 avril 1610, Jean-Chrtstophe est investi par l'abbé Nicolas Boucherat, ainsi que son frère Jean-Jacques, de la branche de MorschwtUer, des fiefs relevant de l'abbaye de Lucelle. 1 Contrat de mariage daté du 7 mai 1594. * Contrat daté du 7 février 1602 dossier D. Sa seconde femme était la sœur du mari de sa nièce Marie-Suzanne, fille de Jean-Jacques zu Rhein n° 11. Digitized by Googlt — 83 — La veille de sa mort, soit le 28 septembre 1629, il fit son testament dossier D, par lequel il constitua Dornach comme Stammgut ou siège principal. Il y est aussi question d'une maison qu'il possé- dait à Ensisheim. 18. Jean-Sébastien II, né le 16 mars 1608, \ 19 juin i666f, seigneur de Dornach, puis de Pfastatt, épousa, le 8 janvier 1634, Madeleine- Antoinette {alias Madeleine- Catherine, fille de Frédéric -Walrab de Koppenstein et d'ELiSABETH de Steinkahlenfels , qui lui donna douze enfants 1. Christophe- Frédéric, né le 10 novembre i634, f 1640, 2. Jean-François n° 20, auteur de la branche de Pfastatt, qui suit. 3. Marie-Jacobée, née le 28 janvier 1 638, épousa, à Dornach, le 2 février 16S6, François-Guillaume, baron de Reinach-Foussemagne, lieute- nant-colonel du régiment d'Alsace, cavalerie, et fils du généralissime des armées impériales, Jean-Henri de Reinach, l'illustre défenseur de Brisach, en 1 638. Ils eurent trois fils, dont le second, François- Joseph-Ignace, devint, en 1 7 18, comte de Grandvelle-Foussemagne*. La fille de celui-ci épousa le fils aîné de Renaud-Guillaume zu Rhein no 19 § 1. 4. Othon- Albert, né le 2 novembre i63g, f 1 1 février 1640. 5. Marie- Françoise, née le 1 1 février 1641 , f 26 janvier 172g, céli- bataire. 6. Marie-Julienne, née le 14 octobre 1643. Son parrain fut l'évêque Jean-Henri d'Ostein, de Bâle. 7. Jean VI, né le 21 août 1645, f aussitôt baptisé. 8. Marie- Ursule, née le 21 janvier 1647 , se maria à Dornach, le 22 novembre 1666, avec le baron Gervais-P rotais de Baden'. Elle est encore mentionnée en i6g2. 9. Meinrad, né le 3 janvier 164g, devint commandeur de l'ordre Teu- tonique à Strasbourg. 10. Marie-Salomé, née le 18 novembre i65o, épousa, à Dornach, le 3i mai 1667, François-Conrad Nagel von der Altenschoenenstein. 1 Son acte de décès est accompagné, dans le registre mortuaire de Dor- nach, de remarques du curé de l'époque, sur sa maladie et sa fin chrétienne. Cf. C. Seyfried, loc. cit., p. 7. * Ernest Lehr, l'Alsace noble, t. III, p. 23-24. 9 Cette famille tirait son nom du château situé près de Badenwiller et paraît déjà en 1 148 en qualité de ministériaux Dienstmannen des ducs de Zaeringen. Elle s'est éteinte en i83o. Digitized by VjOOQIC -84- ii. Màrie-Ève, née le 23 avril i652, se maria, àDornach, le 4 novembre i6y5i avec Georges de Rosen, major du roi. Elle est encore men- tionnée, comme veuve, en tôgj, par /'Armoriai d'Alsace, p. 33j. 12. Renaud-Guillaume n° 19, qui suit. Le dossier D contient de nombreuses pièces concernant Jean- Sébastien II, qui paraît avoir été disposé à la chicane et qui fut en contestations continuelles avec la ville de Mulhouse. Aussi celle-ci dut-elle souvent le rappeler au sentiment exact de leur situation respective, comme par exemple dans une lettre datée du 15 octobre 1645, qui commence ainsi Wirhaben E. Str. abermahliges hitzig vnd ail %u empfindlickes Schreyben, dergleichen wir auch von hbheren orten vndt groszeren leûthen, ganz ungewohnt, empfangen...1 En 1653, il prêta l'hommage féodal, avec son cousin de Morsch- willer, à la couronne de France. Depuis 1640 il était bailli Vogt de Pfestatt, au nom de Tévèque de Bàle, alors Jean-Henri d'Ostein. Le successeur de celui-ci, Jean-Conrad de Roggenbach, cousin de Jean-Sébastien, lui vendit, en 1658, ce fief, qui, depuis lors, devint l'apanage de la branche aînée de la ligne de Dornach*. 19. Renaud -Guillaume, né le 29 septembre 1654, ï i5 janvier 1704, capitaine au régiment d'Alsace, épousa, en 1684, Marie-Sophie-Sibylle \ née à Spechbach, le 9 mars 1664, f 6 octobre 1720, fille de Guillaume- Jacques de Reinach f i685, de Spechbach, de la ligne Jean-François est investi, le 29 mars 1677, de l'emphytéose 1 Cf. Ernest Lehr, V Alsace noble, t. II, p. 363, et le certificat de noblesse, signé par d'Hozibr des archives P. Digitized by Googlt -87- de Lucelle, et, en 1696, de fiefs de l'évèché de Baie C'est lui qui, en 1725, restaura, avec son frère, le château de Pfestatt détruit par le feu. 21 Jean-Meinrad-Jacques, né le 10 janvier 1677', t * Dornach, le 19 février 1729, épousa, le 24 mars 1701, Marie-Charlotte, fille de Philippe Sauvage et de Marie- Hélène-Françoise de Kieffenberg*. Les enfants de cette union ont dû être nombreux , mais nous n'avons pu retrouver que les quatre qui suivent. Il est probable que les parents n'habitaient pas Pfastatt avant 1721, année où leur dernier fils seulement est inscrit dans les registres de cette paroisse. 1. Philippe-Jacques n° 23, auteur de la branche cadette de Dornach, qui suit. 2. François-Conrad, + /• avril 172g, célibataire. 3. Jacobée, f ig avril 178g, à Spechbach, et enterrée à Morschwiller . Elle se maria dans cette dernière commune, le 26 octobre 1 766, avec son cousin François-Joseph-Conrad zu Rhein n° 1 5, de Morsch- willer, v*u/4'Anne-Marie-Françoise de Roggenbach. 4. Didier-Sébastien n° 22, qui suit. Nous n'avons presque aucune donnée sur Jean-Meinrad- Jacques, qui ne figure que dans un certificat de noblesse de d'HoziER et dont M. Lehr ne parle qu'en passant. La famille de sa femme a dû être anoblie plus tard; car nous avons trouvé des de Sauvage à Pfestatt, au milieu du siècle dernier. 22. Didier-Sébastien, né à Pfastatt, le 1 1 septembre 1721, fie Ier février 1793, ancien lieutenant au régiment du Lan- 1 Le registre des baptêmes de Dornach mentionne un Jean-Georges, fils des mêmes parents, sous la date du 24 janvier 1677. Il s'agit évidemment de Jean-Mbinrad-Jacques, et il n'y a là qu'une erreur d'inscription. 8 Sans avoir la certitude que ce sont là les parents de la femme, nous avons cependant beaucoup de raisons pour le croire, sans qu'il soit néces- saire de les énumérer ici. Nous nous contenterons de constater qu'ils figurent, en 1697, dans l'Armoriai d'Alsace, p. 267, et que le fils de Jean- Meinrad- Jacques porte aussi le prénom de Philippe, qui paraît alors pour la première fois dans la famille. Digitized by VjOOQIC — 88 — guedoc, infanterie, grand-maréchal de Tévêché de Bâle, à Porrentruy, épousa, en premières noces, Marie-Reine de jESTETTENsans doute fille d' Antoine de Jestetten, f 1762, dernier de sa race1, décédée, le 16 avril 1759, à Porrentruy, et enterrée à Dornach; il en eut huit enfants, tous nés à Porrentruy 1. Joseph-Antoi ne-Xavier- Louis, né le 20 février 174g, f 26 mars 1755. 2. Guillaume-Jacques-Joseph-Xavier, né le 7 mai 1750 , + iS mai 1 750. 3. Jean- Baptiste- Béat-Charles-Xavier, né le 11 mars 1751 , f 22 février 1752, 4. François-Xavier, né le 24 février 1752, + 3 mai 1757. 5. Jeanne-Jacqueline-Xaviere-Walburge, née le 3 1 juillet 1754, qui devint religieuse à Olsperg Suisse. 6. Marie-Françoise-Xavière-Benoise, née le 5 novembre 1755, qui fut religieuse à Saint-Etienne de Strasbourg. 7. Marie-Anne-Françoise-Xavibre, née le g décembre 1756, qui devint chanoinesse à Lutter Lorraine. Elle vivait encore en 1787. 8. Charlotte-Xavière, née le 16 mai 1758, f 3 novembre 1758. Il se remaria ensuite, en 1763 \ avec Marie-Anne-Josèphe née en 1743, fille du baron Joseph- Antoine-Célestin- François-Louis Reuthner de Weyl, seigneur de Lexhau- sen, capitaine général de l'évêché de Bâle, et de Marie- Victoire-Claudine , baronne d'EpTiNGEN, de Neuwiller. Elle lui donna encore sept enfants , dont les cinq derniers sont nés à Pfastatt 9. Guillaume-Jacques-Conrad, né le 3 février 1767, admis à Y Ecole royale militaire de Pont-à- Mousson en 177g, reçu sous-lieutenant, le ig novembre 1784, au régiment JeSchœnau, plus tard capitaine 1 Schoepflin-Ravenez, t. V, pp. 749-750, donne les armoiries de la famille Ecartelé aux r et 4 de sable à la meule de moulin d 'argent , aux 2 et 3 de gueules à Vdne issant d'argent. Par contre, Y Armoriai d'Alsace, p. 265, men- tionne un Henri-Christophe de Jestetten, écuyer, portant de gueules à une roue d'horloge d* argent, ecartelé aussi de gueules à une tête et col de cheval, coupé d' argent. * Contrat de mariage du 3 octobre 1 763 dossier F. Digitized by Googl -89- au régiment rf'Eptingen ou de Reinach, puis au régiment de la Tour, au service d'Autriche, fut tué, en 1797, en se battant contre son pays, dans les rangs de l'armée de Condé. La liste des émigrés de 1 7g3 le désigne comme officier déserteur de Salm. 10. Marie-Antoinette- Victoire, née le 21 avril 176g, t à Mulhouse, le 22 novembre 1827, épousa, en premières noces, à Pfastatt, le 8 avril 1788, Matthias-Antoine-Meinrad de Goecklin, capitaine de hussards, dont elle eut, le 3 j janvier 178g, une fille Antoinette- Joséphine-Sophie, qui se maria plus tard avec Lebert, dessi- nateur à Mulhouse. La mère se. remaria, en 1806, avec Jean-Baptiste BrUsch, culti- vateur, de Pfastatt f avant elle, et lui donna entre autres enfants un fils, dont la descendance vit encore à Paris. Elle racheta le châ- teau de Pfastatt qui, après sa mort, fut acquis pour servir d'éta- blissement industriel , connu aujourd'hui sous le nom de fabrique SCHAEFFER ET O. 11. Marie-Walburge-Hortense , dont le fils fonda le rameau des Rieff de Zurhein n° 32, qui suit. 12. Joséphine-Marie-Madeleine, née le 10 juillet 1774^ t à Habsheim, le 28 août i853, épousa, le 24 février 1796, l'huissier François- Antoine Parant, né à Ammerschwihr, en 1765, mort, à Habsheim, le 5 mars 1846, fils de Christophe-Jacques Parant et de Marie- Anne Grasfues *. Ils eurent une nombreuse progéniture, parmi les- quels plusieurs fils, dont un seul marié, Pierre- Antoine-Christophe t 1864, avec Elisabeth Hartmann, de Mulhouse. Leur descen- dance a quitté notre ville, il y a peu d'années. i3. Joseph-Octave-Alexandre, né le 17 mars 1776, lieutenant au régi- ment de Royal-Etranger, au service d'Angleterre, fut tué, en I7g6, en portant les armes contre la France. La liste des émigrés le désigne aussi comme officier déserteur de Salm. 14. Georges- Judas-Thadbe-Thomas d'Acquin-Charles , né le 10 mars 1778, mourut également à l'armée de Condé, en 17g 7, comme lieu- tenant aux dragons de la Tour. i5. Xavier-Meinrad-Sébastien, né le 8 décembre 1781, f ig mai 1784. Philippe-Jacques Iw obtint sa retraite, le 12 avril 1762, avec une pension de deux mille livres dossier P. Nous n'avons pu trou- ver le nom des parents de sa femme, ni les lieux de naissance et de décès de celle-ci. Elle ne devait pas être d'extraction noble, aucun acte de Pfastatt ne lui donnant la particule. 24. Philippe-Jacques II d'Orvin?, né en 173 1, f à Dornach, le 12 novembre 1776, capitaine au régiment d'Eptingen, épousa Madeleine-Sophie *, née en 1736, f à Dornach, le 7 janvier 18 18, fille de Frédéric-Charles d'Ocahan, seigneur de Bolsenheim, un des présidents du corps équestre, et cTAmande-Rose-Félicie Pataski. Leurs enfants furent 1. François-Joseph, né à Dornach, en 1766, f le 7 février 1826, à l'hospice de Mulhouse. Dans l'acte de décès, il est qualifié de céliba- taire et d'ancien militaire; la liste des émigrés, de I7g3, le dit au service étranger ». 1 V. la lettre de tonsure qui lui fut délivrée, le 3 août 1772, par l'évêque Simon-Nicolas de Froberg, de Bâle dossier D. • Elle avait trois sœurs , qui moururent à Dornach , au commencement de ce siècle. Deux d'entre elles avaient été religieuses de Saint- Etienne à Strasbourg. Digitized by VjOOQIC — 92 - 2. Madeleine-Thérèse, née le 7 décembre 176g, f en bas âge. 3. Madeleine-Thérèse-Sophie, née le 25 mars 1771. Elle vivait encore en 178g. 4. Constant-Pierre-Célestin, né le 2 j mai 1772, f en bas âge. 5. Jean-Clément-Célestin, né le 23 novembre 1774, Il s'engagea, 5»t- vant une déclaration faite en I7g3 par sa mère, dans le 53* régi- ment d'infanterie autrefois en Alsace v. p. 49. Nous n'en avons pas trouvé d'autre mention. Philippe-Jacques II entra, le Ier mai 1741, comme cadet dans le régiment de Waldner, devint enseigne en 1746, sous- lieutenant le 23 mai 1748, lieutenant et chevalier de Saint-Louis le 14 avril 1762, puis capitaine en second au régiment suisse dEptingen. Il reçut, en 1746, des blessures au siège d'Anvers, en 1762, à celui du château d'Amônebourg1, et obtint sa retraite après 1764, avec une pension de six cents livres. 25* Jean-Sébastien-Guillaume-Ignace, né à Pfastatt, le 24 juin 1740, \ à Dornach, le 2 août 1807, dernier seigneur de Dornach, capitaine de la garde-nationale de ce village, épousa, à Brunstatt, le 18 avril 1791, Anne-Catherine, née à Morschwiller, le 14 septembre 1770, f à Dornach, le 3 juin i835, fille de Joseph Kirchhof et d'ANNE-MARiE Ligi- bel. Les enfants nés de cette union à Dornach furent 1. Catherine, née en I7g8, f 16 ventôse an ix 7 mars 1801. 2. Fabien-Sébastien n° 24, qui suit. 3. Philippe-Jacques, né le 3o germinal an x 20 avril 1802, f 27 septembre 18 10. 4 Catherine, née le 1 5 fructidor an xi 2 septembre i8o3, f à Mul- house, le 26 août 1837, comme ouvrière de fabrique. 5. Anne-Marie, née le i5 février 1806, f 12 janvier 1816. Pour d'autres détails, v. p. 49 et suivantes. 26. Fabien-Sébastien, né le 27 ventôse an vin 18 mars 1800, f à l'hôpital de Mulhouse, le 3i décembre 1886, douanier , puis garde-barrière au chemin de fer de Mul- house, épousa, en 1829, à Thann, Marie-Anne Strub, née 1 Communication de M. Xavier Kohler, archiviste à Porrentruy, et notre honorable confrère du Musée historique. Digitized by Googlt -93- dans cette ville en i8o5, f à Mulhouse, le 25 janvier 1868, et en eut cinq enfants 1 . Louis- Albert , né à Dornach , le 12 décembre 1 83o, f à Mulhouse, le g février 1 84g . 2. Sébastien, né à ?, en i83i, f i832. 3. Jean-Baptiste n° 27, qui suit. 4. Constantin, né à Vieux-Thann, en i83g, f 1842, au même lieu. 5. Joséphine, née à Mulhouse, le 7 novembre 1842, vit encore comme veuve ^'Auguste Linder et de Godefroi Mertz. 4g> Pour d'autres détails, v. pp. 50-çi. 27. Jean-Baptiste, né à Huningue, le 18 novembre i833, ancien sellier, surveillant au retordage de rétablissement Dollfus-Mieg et Cîe, à Dornach, est aujourd'hui le der- nier représentant mâle de son nom en Alsace. Il s'est marié trois fois i°à Riedisheim, le 12 janvier i863, avec Cathe- rine Kiechel, née dans cette commune, en 1840, f à Mul- house, le 16 juillet 1875, qui lui donna cinq enfants dont les trois premiers nés à Riedisheim ï. Berthe, née le 16 novembre i863, épousa, le 6 mars i883, Léopold Mertz, fils d'un premier mariage de Godefroi ci-dessus. 2. Gustave, né le 16 janvier i865, f mai i865. 3. Amélie, né en 1866, f à Mulhouse, le 28 mai 1869. 4. Camille, né le 12 décembre 1867, f 25 février 1870. 5. Lina, née le 26 juin 1872, f le 8 août i8y3. Il se remaria, le 14 avril 1877, avec Catherine Greder, née à Mulhouse, le 14 octobre 1847, f le 3i août 1879, dont il n'eut qu'une fille 6. Hélène, née le 24 mai 1878, f 16 septembre 1878. Enfin , en troisièmes noces , il épousa , à Dornach , le 2 août i883, Caroline Rûdtmann, née à Achkarren, le 3o septembre i83i. Digitized by GoogI - 94 - H. Branche de Bavière . 28. François-Joseph-Nicolas, né le i5 octobre 1747, \ à Wùrtzbourg, en 1785, capitaine au régiment d'Alsace, chambellan de l'électeur de Mayence, et fils de François- Joseph- Antoine-Sébastien n° 16, épousa Marie-Thérèse, baronne de Redwitz, dont il eut deux fils 1. Philippe-Antoink-Maximilien-Joseph n° 29, qui suit. 2. Frédéric-Charles-Joseph-Chrétien, né le 18 avril 1782, f 184., chambellan du grand-duc de Toscane, épousa Emilie f le 3 juillet 1 86g, fille de François-Albert de Friedrich, ministre plénipoten- tiaire hadois '. Ils n'eurent pas de postérité. lrchen. foseph-Piei en 1754, f ap1 devint religi n-Guillajim£ II lieutenant au 1* rég* d'inf. bavar. lieutenant au 2e rég* d'inf. bavar. fin de faciliter t intelligence du texte, nous bre généalogique de la famille zu Rheih, je Mulhouse C, et divisé en autant de t notre notice. Pour ne pas charger inutile-, ïy avons pas porté la descendance féminine f ls en bas-âge. Les numéros qui précèdent t aux numéros correspondants du texte, générations de la ligne de Mulhouse C — — appartiennent à la souche bâloise; nous vieu arbre généalogique du dossier M, sans xnticitè de cette filiation. Ce n'est qu'à partir nos données s'appuient sur des documents J Digitized by Google Digitized by GoogI IV AUGUSTE STOEBER SA VIE ET SES OEUVRES Par le Dr Henri Ehrismann Suite et fin Dans la première partie de notre étude1 nous avons fait remarquer que l'activité littéraire d'Auguste Stœber comprend deux phases distinctes l'une, où prédomine la poésie, l'autre, où viennent s'y joindre les recherches historiques et philologiques. Nous avons con- sidéré la période de 1840 à 1850 comme l'époque de transition. Cette transition n'eut d'ailleurs rien de brusque. Dans les premières lignes de ses Memorabilia vitœ * Stœber en parle comme suit t Peut-être me reprochera-t-on un jour d'avoir non seulement trop t écrit, mais encore d'avoir embrassé des sujets trop différents. Le premier de ces reproches est peut-être fondé, le second l'est moins. Quand je considère de près mon développement intellectuel, il me • semble comme une chaine dont les chainons sont parfaitement reliés entre eux, dont chacun est nécessaire à l'autre et s'y rat- • tache sans solution de continuité. • Dans la suite, nous esquisserons rapidement ces deux phases de la vie littéraire de Stœber. 1 Cf. Bulletin du Musée historique 1886. 3 Voir la notice sur Stœber publiée par M. le professeur E. Martin, Jahrbuch des Vogesenclubs I. Digitized by GoogI — 100 — LA PÉRIODE POÉTIQUE Sous cette désignation nous comprendrons non seulement les ouvrages en vers, mais encore les œuvres d'imagination qui, tout en n'étant pas soumises aux lois de la versification, s'élèvent néan- moins au-dessus de la simple prose par le caractère poétique du style et des idées, comme les nouvelles, les contes, etc. Les principaux ouvrages en vers de Stœber ont paru successive- ment dans les recueils suivants 1. Alsatisches Vergissmeinnicht Heitz 1825. 2. Alsabilder Ph. Dannbach 1836. Ces deux ouvrages ont été composés en collaboration avec M. Adolphe Stœber. 3. Gedichle1 1™ édition 1842, 2 édit., Mulhouse, Risler, 1867. 4. Drei Aehren im Ober-Elsass 1M édition 1873, 2e édition 1877, Schultz, Strasbourg. 5. E Firobe im e sundgauer Wirthshus avec accompagnement de musique, par S. Heyberger. Veuve Bader& O, Mulhouse, 1868. 6. D'Gschichtevom Milhûser un Basler Sprichwort, d'r Fûrsteberger v'rgwe t avec portrait et illustrations, Pétry, Mulhouse, 1882. 7. Erzàhlungen , Màrchen, Humoresken, PkantasieUlder und kleine Volksgeschickten 1873. Pour bien apprécier l'œuvre poétique d'Auguste Stœber, telle qu'elle résulte de ces diverses publications, comme aussi pour appré- cier sa personnalité littéraire en général, il est indispensable de se rendre compte des conditions et du milieu dans lesquels elle se produisit. Tandis qu'en France la lutte acharnée du romantisme contre le classicisme passionnait les esprits et réveillait partout 1 Les Gedichtê contiennent tontes les poésies qui ont paru dans YEkâsri- sehts Sagenbuch 1862, ainsi que celles qui ont été publiées séparément dans des journaux, revues et anthologies, par exemple le PfeffelcUbum 1869, de Th. Klein. Digitized by Googlt — 101 — l'intérêt pour les discussions littéraires, il se développait en Alsace un jeune talent, dont toutes les aspirations devaient tendre, sem- blait-il, à prendre rang parmi les illustres champions de cette mêlée homérique. II n'en fut rien, cependant, et non sans causer quelques déceptions voyez l'article de la Revue germanique, de février 1831 , p. 239-241, Stœber s'engagea dans une voie toute différente. Nous verrons plus loin, avec de plus amples détails, comment il fut, en effet, amené à se rattacher, au point de vue littéraire, à l'école allemande. Profondément épris de cette littérature si riche, à laquelle l'Alsace n'avait pas fourni les matériaux les moins pré- cieux, il voulut, lui aussi, faire chanter sa muse dans la langue dont les accents profonds et le génie lyrique convenaient si bien à son inspiration. C'était là se résigner d'avance à n'être lu et goûté, parmi ses concitoyens , que par un cénacle restreint d'admirateurs et d'amis. Mais la nature et les inspirations de Stœber l'attiraient invincible- ment vers la patrie de Schiller et de Goethe. L'on sent dans son style et ses vers l'étude amoureuse et approfondie des grands poètes d'outre-Rhin, sans que toutefois on puisse lui faire le reproche d'une imitation servile des maîtres. Son lyrisme, en effet, est romantique une certaine teinte de romantisme est en général inséparable de toute poésie moderne ; mais il sait toujours éviter l'écueil et, n'aliénant en rien son origi- nale simplicité au profit de l'école du romantisme à outrance, il ne cherche pas, comme celle-ci, son idéal dans l'exagération de la note forcée. De bonne heure déjà il s'était senti captivé par les aimables lé- gendes de son pays natal, et c'est dans ce riche fonds et cette mine inépuisable, fructifies encore par sa verve abondante et son imagi- nation productive, qu'il a puisé ses meilleures inspirations • Dos mu88 dos Land der Sage sein, Am Wasgau und cm Ehein. dit-il de sa province natale ; et , sous l'évocation magique de son Digitized by VjOOQ 16 — 402 — talent, les légendes prennent corps sous nos yeux émerveillés, tan- tôt sombres et terribles, tantôt gaies et consolantes, comme le rayon de soleil qui perce les nuages — et le moyen-âge , cet âge d'or du poète, revit devant nous avec son charme puissant et son cachet d'étrange mystère Es wandeln am Gestade in cdter, deuUcher Tracht BcUhsherren, Ritter, Bûrger in bunter Festespracht. Dans les récits populaires Part, la technique, si je puis dire, sont nécessairement relégués à l'arrière-plan. En effet, à moins de leur enlever leur grâce naïve et leur arôme de poésie originale, le poète doit traiter les légendes avec la plus grande simplicité d'accent et de versification. Aussi la forme poétique est-elle plus parfaite dans les autres œuvres de Stoeber, dans les petites ballades, les pièces lyriques, où il peut donner libre cours â son talent de versificateur souple et élégant. Sans se départir en rien de l'émotion vraie et du sentiment profond qui le caractérisent, il s'y montre l'habile ouvrier que Rûckert, Uhland, Schwab et Simrock avaient en haute estime, et que toute une pléiade de poètes alsaciens, tels que Daniel Hirtz, Ch. Hackenschmidt père, Th. Klein , Candidus, Gust. Mùhl, Fréd. Otle, etc., étaient fiers de proclamer leur maître, à la censure et à l'approbation duquel ils soumettaient leurs travaux littéraires. Sans doute il ne faut pas chercher chez lui la forme impeccable, le brillant coloris, le feu d'artifice de mots pittoresques, dont trop souvent les poètes modernes font l'unique objet de leurs efforts ; mais il a , ce qu'il est moins facile d'acquérir, le vers naturellement facile et gra- cieux, l'inspiration élevée et pure. Comme pour toutes les âmes grandes et sensibles, la poésie était chez lui pour ainsi dire la musique de l'âme. L'influence de Schwab et surtout celle d'Uhland sur la muse d'Auguste Stœber est indéniable. C'est à ce dernier qu'il a em- prunté la forme et le mouvement de ses ballades, telles que Nixe und Faun la Nymphe et le Faune, p. 86 et le véritable bijou poé- tique Der Knabe am Bôlchmsee, que voici Digitized by Googlt — 103 — Dm goidigWauen Kdfer nach, Der durch den Wald geschwirrt, Zum wilden See, eum Bôlehensee Hat sieh die Maid verirrt. Da taucht sum Wellenschooss Ein gctdig Loekenhaupt Mit Augm blau, krystaUenklar, Mit schûfnem Krans umlaubt. Zu sussent Grusse ôffnct sich Des Knaben rother Mund, Ztoei weisse Arme streckt er aus Und sinkt surûch sum Qrund. Dos Mâgdlein tief im Fieber brennt, Am Bett die Mutter wacht, >„Ach Mutter lein! ach Mûtterlein! „ Das ist die îetste Nacht ! „ Den Knaben aus dem Bôlehensee, „ Den hab ieh heut geschaut, „ Er spraeh so sussen Liebeslaut, n Und ich bin seine Braut ! a Und horch! es fluthet trie Fluthgebraus, Es klirrt am Fensterîein; Ein lockig Haupt, ein helles Aug* Schaut in das Kâmmerlein. Und draussen toild im Mondenschein Ein Hochzeitreigen fliegt; Das Mdgéttein lâchelnd, todesstiU, Sich in die Kissen sehmiegt. Plus tard, Gœthe est devenu son poète de prédilection. Der Schatz- grâber, imitation très originale de la romance connue de Gœthe, qui porte le même titre, témoigne suffisamment de l'ascendant qu'a- vait pris sur l'âme de Stœber le prince de la poésie lyrique. La langue allemande a un mot intraduisible en français, parce qu'il est, dans sa signification spéciale, absolument étranger à l'es- prit français et en quelque sorte incompatible avec lui das Gemùth. Dans les poésies lyriques et descriptives de Stœber ce sentiment particulier, ce mélange d'inconscients regrets, de vagues tristesses, Digitized by Googlt — 104 — d'aspirations indéfinissables» occupe une large place, sans toutefois tourner à la mélancolie ni au sentimentalisme. Telle de ses pièces porte l'empreinte d'un large souffle d'inspiration, comme Le Munster de Strasbourg dans la nuit étoilée. Les pièces lyriques les plus réussies de Stœber sont celles dans lesquelles il se borne aux indications de couleur, esquissant délica- tement sa pensée, sans marquer d'un trait décidé des contours bien accusés. Je dirai même que les pièces de longue haleine, les déve- loppements à grand orchestre ne sont guère son fait; l'inspiration quelquefois lui fait défaut quand il lui demande un trop long effort. Par contre il a, à un degré éminent, le sentiment et la compréhen- sion de la libre nature. Quel charme exquis dans ses rêveries au fond des bois, au bord d'une source cachée, où il se retrempe des ennuis de la vie 1 II a rendu avec un rare bonheur l'impression de calme et de langueur de Midi dans les bois 1867, p. 7 Mittagsfeier MU der Wald, Ailes 8tiU umher. AUes athmet leis empor Wie im Traum enteûckt, Wie wenn durch der Zweige Flor Oott hereingeblicht. C'est Auguste Stœber qui, par les vers charmants qu'il leur a con- sacrés Drei Aehren im Ober-Elsass, a le plus contribué à la vogue des Trois-Épis , le site si connu qui domine l'entrée de la vallée de Munster, t Bien des sites ont eu leur chantre », dit M. Mossmann1, c mais aucun n'a été vu sous tant d'aspects , dépeint , analysé, c refouillé comme nos Trois-Épis. Ce joli recueil en est le guide • poétique, et les vingt-sept morceaux qui le composent, qu'ils décrivent ou qu'ils racontent, expriment avec un rare bonheur ui la r Fern van Liebea f 4 Oft,r Bru iiible , .urelles de ,. / juse ,os et avec ,/ie étude aussi attu aractére de notre campagna. ainsi que celui de Colmar don- ; le plus vif succès la saynète osie, dV Fùrsteberger v'rgme, pourrait s'intituler ^o verbe. Dans la préface l'auteur nous raconte lui-même quelle manière il fut amené à l'écrire • C'était lors de mon , arrivée à Mulhouse , il y a tantôt quarante ans, qu'un honorable , bourgeois de cette ville, foulon de son métier, m'a donné l'expli- , cation du proverbe mulhousien, d'r Fùrsteberger v'rgesse. L'anec- dote m'a fort plu et comme, il y a peu de temps, je m'en suis • ressouvenu, j'ai pris la résolution de la narrer en vers, en Fen- • cadrant dans la description d'une famille bourgeoise du temps où € s'est passée cette véridique histoire. Je ferai ainsi pour Mulhouse, • mais d'une autre manière, ce qu'Arnold a fait pour Strasbourg, c en écrivant le Pfingstmontog. Le Fùrsteberger est un poème moral, où la note gaie alterne avec des accords d'un caractère grave, voire même touchant ; H est une image poétique, captivante, de l'imperfection du bonheur humain. Il nous donne en même temps une excellente peinture , détaillée minutieuse — et toujours attrayante — des mœurs, des qualités intellectuelles, morales et religieuses, ainsi que des petits travers de cette vaillante bourgeoisie mulhousienne du siècle passé, sur laquelle Digitized by Googlt \u s'est étayée la p lion du vieux F w ainsi dr lit avoi» •e, y uii-nu œber excellaii oasion, madrigaux, épi. la plupart des vers de cette véritables perles, n'ont pas été fc retrouvé quelques-uns dans les papiu en patois et portent tous le cachet de la pi. délicieuse bonhomie que Stœber a toujours eue . un spécimen inédit ! DENKSPRICHLE on tes, est tantôt une pure fiction, °i rattache à des faits réels, à des "puisé dans de vieux auteurs, erle, ou bien il s'est adressé lui prédomine partout c'est ntime du peuple alsacien. pour n'en citer qu'un s premiers numéros *, mieux réussi de nte peinture du t un contem- • poétiques Stœber "noinia >rten *en an Herr Eduàrd Thierry 6rr si ' koschbre Hunigtrank 6. Dezember 1883 Es 8chint dos Johr sin toieder o Viel Imme urne tfflogt, Han uss dé Blueme frisch un froh Oar suesze Sâftle tfsoge; Use Jilge bol, bol use éPr Eos1 ; Han nit wie d'Maiekdfer brummt, Nai! eè han Wm Bluemeethos Bi'r Artoet, fine Lièdle g'eummt. Un druf, belade rich un echwer Mit Hunig fliègt è jed's daher, 1 C'en est im des meilleurs; c'est en même temps la dernière poésie qu'il ait écrite trois mois avant sa mort. Digitized by GoogI — 408 — en 4865 pour la Concordia, société de chant mulhouaienoe. Son ami Heybwger, le compositeur connu, Pavait mise en musique. Elle eut un véritable succès, de sorte que Stœber l'amplifia considé- rablement, en ajoutant ce qui en forme aujourd'hui la première partie. Ce n'est pas un drame dans la véritable acception du mot ; il n'y a ni intrigue, ni action, l'effet scénique est nul. C'est une série de tableaux, dont l'enchaînement dramatique est souvenl un peu relâché, mais qui représentent, dans un ensemble plastique, une suite de scènes populaires, bien vraies et naturelles de la vie dans un village haut-rhinois. Nous avons là une étude aussi attrayante que remarquable des mœurs et du caractère de notre campagnard sundgovien. Le théâtre de Mulhouse ainsi que celui de Colmar don- nèrent à différentes reprises et avec le plus vif succès la saynète augmentée 1868. L'autre poésie, d'r Fùrsteberger v'rgesse, pourrait s'intituler épopée-proverbe. Dans la préface l'auteur nous raconte lui-même de quelle manière il fut amené à l'écrire • C'était lors de mon c arrivée à Mulhouse , il y a tantôt quarante ans, qu'un honorable • bourgeois de cette ville, foulon de son métier, m'a donné l'expli- • cation du proverbe mulhousien, d'r Fùrsteberger v'rgesse. L'anec- c dote m'a fort plu et comme, il y a peu de temps , je m'en suis • ressouvenu, j'ai pris la résolution de la narrer en vers, en l'en- • cadrant dans la description d'une famille bourgeoise du temps où en n'ou- bliant jamais d'indiquer leur provenance locale. Les différentes phases de l'enfance se déroulent progressivement devant nos yeux ; nous entendons ces douces et mélancoliques berceuses qui nous endormaient jadis, ces refrains avec lesquels on calmait nos cris et nos pleurs. Nous voyons éclater sous toutes les formes la tendre sollicitude de la mère pour son enfant Ken Mueder isch *o arm, Se laU iehr Kindel warm. Cernay. Peu à peu l'enfant commence à voir, à distinguer les objets qui l'environnent ; on lui apprend les premières notions de la pluralité des choses en comptant et en distinguant les doigts les uns des autres Dose isch d'r Dûme, Dâ frisst gern Pfl&me, Dâ sait 100 nàfnme, Dâ sait in's Herre Garte, Dâ Mai Spitzbne WxlVs im lierre saghe. Guebwiller. Assis à califourchon sur les genoux de sa mère l'enfant, balancé en cadence, entend Ridde, Bidde, BèssU, Z'Basel steht e SMèssle, Z'Rom steht e Glockehûss, '0 lûeghe schene Jungfre drues. Eine spinnt Side, Pondre gaie Wîde, UdriUe spinnt 's Jdwe Gtdd, Uvierte isch mim KinéUe huld. Puis nous le voyons grandir, nous soutenons ses premiers pas chancelants, nous l'écoutons bégayer les premières paroles ; bientôt Digitized by GoogI — 114 — nous l'accompagnons à l'école , nous nous réjouissons d'assister à ses jeux dans la rue et sous le toit paternel ; nous voyons s'éveiller peu à peu les facultés de son âme , nous corrigeons ses petits dé- fauts et nous développons ses bonnes qualités. Partout éclate la grâce naïve , le doux parfum de cette poésie primitive si imagée et si pittoresque, qui cache sous son enveloppe simple un fonds iné- puisable de sagesse populaire. Le Volksbùchlein est le miroir le plus fidèle de la vie intime du peuple alsacien. II en est une étude vivante. La seconde édition considérablement augmentée a encore ajouté les enfantines » des patois romans, parlés dans les Vosges alsaciennes et dans le Jura. Le volume se termine par un grand nombre de notes explicatives d'un caractère essentiellement philologique. Nous reconnaissons immédiatement le disciple des frères Grimm aux soins , à l'exacti- tude presque méticuleuse avec laquelle toutes les questions sont creusées et approfondies. L'innovation de Stœber fit surgir une légion d'imitateurs, surtout en Allemagne, tels que Mùhlbachs Kinderfrùhling 1843; les deux éditions du Kinderbuch de Simrock, 1848 et 1857, qui alla jusqu'à en copier servilement les principes de division. Firmenrich a cité environ la moitié du Volksbùchlein dans sa célèbre anthologie Germaniens Vôlkerstimmen. Le Volksbùchlein devait faire partie d'un grand ouvrage philologico-historique sur la langue allemande en Alsace. Dans une lettre adressée à son ami Louis Schneegans, le 21 novembre 1856, nous apprenons que Stœber avait, ni plus ni moins, l'intention de composer une encyclopédie de la langue et de la littérature alsaciennes. J'en donne le plan à titre de curiosité et comme document du premier et unique essai de ce genre. Plan. Elsàssischer Spraclisatz in 5 Abtheilunyen 1. Sprachproben aus allen Jahrhunderten der elsàssischen Littera- tur, von Ottfrit bis an das Ende des XVI. Jahrhunderts Fischart. Mit kurzen biographischen Notizen und Charakteristik. Digitized by Googlt — 115 — II. Sprachproben aus sàmmtlichen elsàssischen Dialect-Dichtern, von Arnold bis zur Gegenwart. III. Die elsassische Volkspoesie, vertreten durcb eine stark vermehrte Auflage meines Volksbùchleins. IV. Grammatik der elsàssischen Mundarten. V. tilsàssisches Idiotikon. Une œuvre pareille ne saurait s'exécuter sans coopération. Aussi Stœber avait-il trouvé des collaborateurs. M. le professeur Bergmann devait se charger de la rédaction de I et II, le pasteur Liebich, alors à Philippeville en Algérie, plus tard à Saint-André-de-Laneize Lozère, aujourd'hui à Douera, de IV ; Stœber lui-même voulait traiter III et V. Le numéro III vit seul le jour. Quant à VElsàssisches Idiotikon, Stœber n'en a publié qu'un spé- cimen en 1846 dans les Elsassische Neujahrsblâtter. Dès 1828 d'ailleurs il s'était mis à recueillir les matériaux de ce dictionnaire ; le terminer a été le rêve de sa vie. Le 25 avril 1872, il écrit à M. Rod. Reuss t Ich will Hand an die Redaktion meines làngst begonnenen elsàssischen Idiotikons legen, da ich gern vor meinem Lebensende es noch herausgeben môchte. » Douze ans après il n'avait pas encore réalisé ce plan *. Il faut espérer que le résultat de ces longues et patientes recherches sera publié un jour ou du moins utilisé par une main compétente. Si le Volksbuchlein est le livre le plus original de Stœber, les Sagendes Elsasses* sont l'ouvrage le plus important que nous ayons de lui. Ces deux livres ont véritablement établi sa réputation de savant. Les tSagen » sont un recueil de toutes les légendes alsa- ciennes, que Stœber avait pu recueillir avec l'aide de collaborateurs 1 M. X. Mossmann, ami intime de Stœber et collaborateur de FIdiotikon, m'a confidentiellement dit que Stœber avait fini par renoncer à ce travail, voyant qu'il ne l'avait pas conçu avec la rigueur exigée par l'état actuel de la science. 1 Die Sagendes Elsasses, 1M édition, Zollikofer, 1852; 2e édition, ibid., 1858. Digitized by VjOOQIC — H6 — dévoués tels que Gustave Miihl, Ohleyer, Nessler, Zetter Fréd. Otte, Hugo, Ehrsam, Hirtz, Ringel, Sloffel. C'est pour ainsi dire une édition scientifique de son Elsdssisches Sagenbuch de 1842, qui est une anthologie poétique de légendes alsaciennes. Dans les Sagen Stœber a abandonné la forme poé- tique, littéraire, sous laquelle il avait auparavant présenté les légendes du pays d'Alsace. Il lui tient à cœur de les rendre telles qu'elles se racontent dans le peuple, et il s'efforce de se rapprocher autant que possible des versions authentiques. Il avoue lui-même avoir autrefois fabriqué des légendes pour les mettre en vers tSagen- Schmiedeperiode», expression textuelle de Stœber. Maintenant plus de fictions, plus de ces licences qui donnent à la légende une tour- nure artificielle, mais la vérité simple et nue. c Vouloir arranger ici, c'est déranger > — tel était le principe scientifique de ses maîtres, les frères Grimm. Il l'a strictement appliqué et a engagé ses collabo- rateurs à en faire de même. Il a recueilli avec beaucoup de circon- spection et de défiance les légendes qu'il trouvait dans les livres et les chroniques ; car elles ne sont que trop souvent de pures fictions, qui n'ont rien de commun avec la tradition populaire. Stœber nous donne d'abord la légende telle qu'il l'a trouvée ré- pandue parmi le peuple; puis il ajoute des notes explicatives et cherche à découvrir le noyau de vérité historique ou morale qui se trouve au fond de la plupart des légendes. • Personne ne l'ignore plus aujourd'hui >, dit-il, nos légendes populaires sont des sou- venirs vagues, mais précieux de nos origines historiques ; ce sont Il céda à des vœux si flatteurs.! Son petit travail a le mérite de rouler sur un sujet non encore traité en Alsace. » Il poursuivait, en le fai- Digitized by VjOOQIC — 420 — saot, un but tout spécial. Il désirait C'est sur ce dernier point qu'il insiste particulièrement ; il y trouve même la raison d'être scientifique d'une future collection complète d'ex-libris alsaciens. Il cite à l'appui de sa thèse l'opinion de M. Poulet-Malassis Les ex-libris, recherchés surtout comme pièces bibliographiques et c comme images de décorations et d'ornements, offrent assez sou- • vent un intérêt littéraire et biographique, i Nous terminerons cette notice par l'étude du caractère des écrits périodiques d'Auguste Stœber. Dès 1835, Ehrenfried Stœber avait conçu avec quelques amis l'idée de fonder une gazette littéraire indépendante et patriotique — comme le dit Stœber dans le prospectus de VErwinia. — Il avait déjà trouvé des actionnaires et des collaborateurs, quand une mort prématurée l'empêcha de mettre ce plan à exécution. Ses fils, Auguste et Adolphe, que le succès incontestable des AkarBilder semblait d'ailleurs autoriser à se mettre à la tête du mouvement littéraire alsacien, entreprirent alors de réaliser l'idée. de leur père, de doter l'Alsace d'un organe littéraire, rédigé en allemand et répondant aux besoins des Alsaciens qui aimaient et cultivaient encore la vieille langue de leur pays. Ce projet d'une publication périodique, qui devait constituer peu à peu une littérature provin- ciale en évitant soigneusement et par principe toute polémique ou discussion politique, fut, du reste, le rêve de toute la vie d'Auguste Stœber, et il lui resta fidèle jusqu'au bout, en dépit des échecs réitérés qu'il devait subir dans cette voie. Il fut, pendant un demi- siècle, le champion ardent et zélé d'une idée il lutta pour la con- servation de l'individualité alsacienne. Toute sa carrière de poète, d'historien , de philologue , a pour point de départ cette idée , son activité littéraire et scientifique s'y rattache sans cesse, y converge et ne saurait s'expliquer sans elle. Mais les temps étaient difficiles Digitized by Googlt — 121 — pour une lutte de ce genre, et Stœber eut le malheur de voir ses intentions méconnues. L'Alsace, en effet, traversait alors une période de transition, de transformation. Quoique, depuis que Louis XIV l'avait rattachée à la France, elle fût véritablement soumise à son sort , la nouvelle province française n'en était pas moins, pendant plus d'un siècle, restée allemande de mœurs, de caractère, de langage. Vint la Révo- lution, qui, ici aussi, changea la face des choses. D'un côté elle fit disparaître la plupart des institutions du passé qui subsistaient en- core comme par exemple l'université allemande , d'un autre côté le souffle puissant de l'enthousiasme qu'elle souleva , entraîna tous les cœurs, et comme le dit si bien Gérard, la communauté des pé- rils sur les champs de bataille, la profondeur des rénovations sociales, les ardentes fusions en tous les sens soudèrent indissolublement ces générations à la France. La transformation de l'Alsace sous le rap- port de la langue prit un essor puissant dès la fin de la première moitié du siècle présent, le français tendait de plus en plus à sup- planter l'allemand , même comme langue usuelle et intime. Mais plus une innovation est grande, plus est vive aussi la réaction qu'elle provoque. Un certain nombre d'Alsaciens de vieille roche , fidèles à leurs traditions, s'obstinèrent à cultiver l'allemand, la langue de leurs pères, à écrire de la prose allemande, à composer des vers alle- mands ; sans du reste, et Ton ne saurait trop insister sur ce point, mêler à leurs aspirations littéraires aucune arrière-pensée, ni ten- dance politique. Mais il manquait un organe, et, pour se faire en- tendre, leur muse était obligée de recourir aux journaux et revues d'outre-Rhin. C'est alors que, groupant autour de lui ces forces éparses, Stœber fonda YErwinia, à laquelle échut la tâche ingrate et difficile de conserver dans notre province l'esprit et le goût de la littérature allemande. Elle parut pour la première fois le 5 mai 1838 et s'intitula Revue littéraire, historique et artistique, publiée avec la collaboration de poètes et d'auteurs allemands, suisses et alsa- Digitized by Googlt — 122 — tiens, et fut, dès ses débuts, vivement combattue par une autre gazette littéraire, Y Album Alsacien. Cette feuille, fondée à Stras- bourg, en décembre 1837, et rédigée par L. Spach sous le pseudo- nyme de Lavater, tendait, il est vrai, en un point, au même but que sa rivale VErwinia, savoir en ce qu'elle aussi voulait contri- buer à la décentralisation littéraire en faveur de laquelle il commen- çait alors à se manifester un certain courant en France, et délivrer la province du joug intellectuel exclusif que Paris faisait peser sur elle. VErwinia comme V Album cherchaient donc à donner à l'Alsace un organe spécialement littéraire et artistique , en un mot , ils de- vaient créer une littérature alsacienne. Les deux feuilles s'atta- chaient à réédifier le passé de l'Alsace , à faire connaître, à révéler pour ainsi dire l'Alsace à la France et à elle-même. Elles avaient conscience de la mission particulière qui s'impose à l'Alsace par suite de sa position géographique, mission qui est de servir t d'entre- pôt littéraire de la France et de l'Allemagne » , c'est-à-dire d'être le trait-d'union entre les deux pays. Mais ce qui les distinguait pro- fondément, c'est l'instrument avec lequel elles opéraient. V Album Alsacien se servait de la langue française, VErwinia se publia en allemand, comme nous l'avons vu. Celui-là partait de la conviction que l'unique ancre de salut pour la jeunesse littéraire d'Alsace était dans le soin et l'emploi de la forme française»; celle-ci voyait dans cette idée un attentat aux traditions alsaciennes. V Album demandait la fusion absolue de l'Alsace avec la France, VErwinia défendait l'individualité alsacienne, et s'opposait à ce qu'elle se confondit et se perdit dans le grand tout de la nation française. Elle ne voulait nullement sacrifier le français, comme le prouve d'ail- leurs la suite même. VErwinia, d'ailleurs n'était pas aussi exclu- sive que V Album Alsacien, comme l'atteste l'article qui eut un si grand retentissement Wir reden deutsch » de M. Ed. Reuss, un des champions les plus convaincus de la campagne entreprise par Stœber. Cet article peut être considéré comme le manifeste de cette unique école franco-alsacienne et demeurera un document Digitized by Googlt — 123 — précieux de l'histoire de la civilisation alsacienne. En voici le ré* sumé L'Alsace étant française et voulant — ajoute-t-il expressément — le rester, au point de vue politique, il est nécessaire que tout Alsa- cien sache ou comprenne la langue du pays dont il fait partie. Mais il ne doit pas avoir honte de ses traditions , de sa langue , de ses mœurs , qui sont d'origine essentiellement germanique ; bien au contraire , il doit respecter le génie de sa race et lui rester fidèle. Deutsch mùssen wir predigen und singen, schreiben und reden, beten und dichten ! Nur unter dieser Bedingung sind wir treu und fromm, tapfer und freiheitliebend ». M. Reuss combat cette préten- tion tout illibérale, illogique, que le culte et l'amour des lettres allemandes est une absurdité, voire même un crime pour les Alsa- ciens lettre de Stœber à Strobel. Stœber , lui aussi , s'exprime et s'explique catégoriquement Erwinia 1838, p. 32 Ein Volks- stamm, der seine Lieder, seine Sagen, seine Vorgeschichte vergisst, seine Sprache gering achtet, begeht einen geistigen Selbstmord». Ces paroles énergiques résument le programme de Y Erwinia; elles sont en même temps la formule , d'après laquelle Stœber a disposé sa vie et à laquelle il s'est conformé jusqu'à la fin. Il luttera malgré tout et contre tous pour la conservation de l'individualité alsacienne. H continuera à parler et à écrire la langue que lui ont transmise ses pères, langue qui est en même temps celle des humbles, à l'étude desquels il a, avant tout, consacré sa vie et qui doivent, eux aussi, avoir leur part dans les biens intellectuels que son école et lui s'efforcent de créer. Voir à ce sujet la citation rapportée plus haut, p. il! Das Volk will auch seine Lieder haben », etc. Malgré ces intentions généreuses il faut le reconnaître, à quelque parti que l'on appartienne et en dépit des espérances qu'elle avait fondées, V Erwinia ne put se soutenir longtemps. Les grands écri- vains allemands de l'époque, Ruckert, Schwab, Simrock, tout en prodiguant l'approbation la plus flatteuse à l'entreprise, s'en tinrent aux encouragements et trouvèrent moyen de refuser poliment leur concours. Les quelques hommes de talent qui s'attachèrent à la Digitized by VjOOQIC — 124 — fortune de VErwinia, les poètes alsaciens, Candidus , Strobel, L. Schneegans, Daniel Hirtz, Friedrich Otte Zetter, ceux d'Alle- magne , comme Geibel , Kiltzer , Nodnagel , Bechstein , Bube, Schnezler et d'autres , n'étaient pas de taille à lutter contre les génies qui illustraient les lettres françaises à cette époque. Sous le charme de l'épanouissement merveilleux de la poésie romantique française, les regards de l'Alsace littéraire se tournaient invincible- ment de ce côté, tandis que le public, sur lequel comptaient Stœber et ses amis , se désintéressait des belles-lettres ou avait trop peu d'instruction pour les comprendre et s'y intéresser. Ainsi délaissée, VErwinia cessa de paraître dès 1839. Cet insuccès ne découragea pas Stœber. Il reprit, en 1843, sa tentative de publication périodique littéraire, mais l'expérience l'avait rendu prudent la nouvelle feuille, ou plutôt le nouveau recueil ne parut qu'une fois par an sous le nom A'Elsàssische Neujahrsblàlter, se soutint jusqu'en 1848, mais n'obtint qu'un cercle d'abonnés assez restreint, Stœber se résigna alors à abandonner la publication d'une feuille traitant purement de littérature. En revanche, il fut un des collaborateurs les plus assidus du Samstagsblatt , créé en 1856, à Mulhouse, rédigé par Fr. Otte Zetter, dernier et seul organe qui servit encore unique- ment les besoins intellectuels du petit groupe vieil-alsacien. Lorsque cette gazette , elle aussi, dut cesser de paraître , en 1866, Stœber n'hésita pas à ouvrir à la littérature alsacienne, comme dernier re- fuge, VAlsatia, qui n'avait reçu jusqu'alors que des travaux histo- riques. Depuis l'échec des Els assise he Neujahrsblàtter Stœber, recon- naissant que le terrain de la pure littérature n'était guère fécond en Alsace , s'était engagé résolument dans la voie qu'il avait abor- dée déjà en 1842 avec son Elsàssisches Volksbuchlein, et s'adonnait particulièrement à l'histoire de l'Alsace. Dans la brochure posthume Recherches sur le droit d'asile de Mulhouse au xvie siècle» 1884, embrassant d'un vaste regard ses travaux alsatiques pendant cin- quante ans, il nous expose son programme • Le but de ce programme, dit-il, me semblait être de s'occuper c moins de l'histoire politique de l'Alsace , traitée par tant d'écri- Digitized by Googlt — 125 — c vains distingués, que de celle de la vie intime et caractéristique c des habitants ; de cette vie intellectuelle et native qui trouve son expression simple et vraie dans d'autres éléments dans la tradi- c tion orale transmise de génération à génération, dans les légendes, t le droit, la juridiction, les mœurs, les us et coutumes, les jeux et € les pratiques qui se reproduisent régulièrement, dans les proverbes, • les chansons, voire même les rondes et rimes primitives des en- • fants. Ce sont là, m'at-il semblé, autant d'éléments précieux dont c la synthèse est indispensable pour tracer l'image fidèle et com- • plète de la physionomie d'un pays et d'un peuple.» Après quelques tâtonnements, Stœber avait trouvé là sa véritable voie, le domaine où il devait déployer une vaste et féconde activité. On s'accorde d'ailleurs, à le proclamer le rénovateur des études histo- riques en Alsace, ayant, quant à lui, été le premier à comprendre que Schœpflin et Grandidier n'avaient pas tout dit. Il consigna le résul- tat de ses investigations et de celles de ses nombreux amis et colla- borateurs dans VAhatia, qui parut assez régulièrement pendant plus de trente années 1850-76-84. Les premiers collaborateurs que Stœber sut gagner à son œuvre, furent ses anciens amis des Elsàssische Neujahrsblàtter J. Heitz, G. Mûhl et L. Schneegans. C'est avec leur coopération que fut pu- blié le deuxième volume de YAhatia, en 1851. Autour de ce noyau d'hommes convaincus vinrent se grouper rapidement tous ceux qui s'intéressaient au passé de l'Alsace, et qui étaient désireux d'apporter leur gerbe à la moisson que VAhatia promettait chaque année. Le nombre des collaborateurs presque exclusivement d'origine alsacienne, atteignit dans l'espace d'une quarantaine d'années, environ le chiffre de cinquante. Outre les trois premiers, nous nommerons encore MM. X. Mossmann, l'au- teur bien connu du Cartulmre de Mulhouse, M. le Dr R. Reuss, conservateur de la bibliothèque municipale de Strasbourg , Ignace Chauffour , Stoffel , Dag. Fischer , Nie. Ehrsam , F. Otle , Albert Courvoisier, Rathgeber, etc. Digitized by Googlt — 126 — M. R. Reuss a nettement précisé les mérites qu'a eus Stœber en publiant Y A Isa lia L'étroit cabinet de travail du bibliothécaire et du professeur de Mulhouse a été , pendant plus de quarante ans, l'un des centres intellectuels de notre belle province ; il a su faire con- verger dans une même direction bien des activités séparées par des différences politiques ou confessionnelles, mais unies par un amour commun de la vérité scientifique et de la terre natale. Ce sont là des services rendus que les contemporains n'oublieront pas et qu'il faudra rappeler aux générations futures. » L'auteur ne saurait , avant de terminer , manquer de présenter ses sincères remerciements à MM. X. Mossmann, Dr P. Stœber et G. Dietz, pour les excellents conseils qu'ils lui ont prodigués. Digitized by GoogI COMITÉ DA0MINI8TRATI0N DU MUSÉE HISTORIQUE MM. Auguste Dollfus, président honoraire. Mathieu Mieg-Kroh, président Xavier Mossmann, vice-président. Joseph Coudre, vice-président; conservateur. Karl Franck, conservateur. Ernest Meininger, secrétaire. Edouard Dollfub-Flach, trésorier. Edouard Benner. Frédéric Engel-Gros. Jules Franck. Emile Gluck père. Daniel Grumler. Jean Heilmann. Edouard Hofer-Grosjean. Armand Ingold. Henri Juillard-Weiss. Fritz Kessler. Gustave Kœnig. Jean-Jacques IxEderich. Auguste Michel, aide-conservateur. Louis Schœnhaupt. Auguste Thierry-Mieg. Armand Weiss-Zuber. Digitized by GoogI — 128 — LISTE DES SOUSCRIPTEURS 1886-1887 MM. Aighinger Théophile. Amann Emile. Amann Jacques. Antoni Nicolas. Arlenspagh Jacques. Ast Henri. Audran Gustave. Audran Eugène. Bader Léon. Bader Léon Vvc. Bmh Fritz. Barlow-Kœchlin. Barth Eugène. Barth Jean Baudinot A. C. Bauer Benjamin. Baumert Ferdinand. Baumgartner Henri. Baumgartner-Knoll A. J. Baumgartner Léon. Baumgartner Léon Vve. Becker Auguste. Beinert Fritz V™. Benner Albert. Benner Charles. Benner Edouard. Benner Emile. Benner Henri. Bernheim Charles. Bernheim Léon. Behtelé Charles. MM. Bertrand S* Germain. Bertrand-L^derich Auguste. Bibliothèque de la ville de Col- mar. Bibliothèque de la ville de Strasbourg. Bidlingmeyer Jules. Biset Eugène. Bogh Théodore. Bœhler Aloïse. Bœhm Eugène. Bœringer Eugène. Bohn Charles. Bohn Georges. Bontemps-Rieffel Vvc. Bourgart Charles. Bourry Guillaume. Bourquin-Hartmann J . Brjendly J. Brandt Charles. Brandt Emile. Braun Albert. Braun Théodore. Breûer Otokar. Brtngkmann Jean. Bron Eugène-Edouard. Brughet A. Brunsghwig C. Brustletn Charles. Brustlein Henri Vve. Bughy Adolphe. Digitized by Googlt — 429 — MM. Bughy Henri. Buel Robert. Buhl Ch., pasteur. Bulffer Joseph-Dominique. Burgert Adolphe. BURGERT Jules. BURGHARDT AlthUT. Burghardt Jacques. BURGART-L^EDERICH J. V™. Burnat Emile. BURTSGHELL J. Clottu Jean. Coughepin Charles. Coudre Camille. Coudre Joseph. Couget Jean-Baptiste. COULERU-SCHMERBER flli. Courtois Clément. Danner Pierre. Dardel Gustave. Degermann Jacquea Degert Charles. Desaulles-Gluck P. Diemer Gustave. Diemer Michel. Dietlin Hercule. Dietsch sœurs. Doll Edouard. Dollfus Adrien. Dollfus Auguste. Dollfus Charles. Dollfus-Dbttwuxer Vïe. Dollfus-Sghwartz Edouard. Dollfus Eugène. Dollfus-Flagh Edouard. Dollfus Gaspard. Dollfus Gustave. Dollfus Jean. Dollfus Jean, ils. MM. Dollfus Josué. Dollfus Mathieu. Dormois Charles. Dreyfus Jacques. Dreyfus Léon. Dreyfus Mathieu. Drumm Oscar. Dumény Benjamin. Dupré-Heinck. Durthaller Albert. Eck Daniel. Eggenschwiller Jules. Ehrismann Dr Henri. Ehrmann, D. M. Ehrsam Nicolas fils. Eichert Edouard. Endinger Josué. Engel Albert. Engel Alfred. Engel Arthur. Engel -Dollfus Frédéric V**. Engel Eugène. Engel-Gros Frédéric Engel Gustave. EnqeltRoyet Eugène. Engelmann Godefroi. Erné Henri. Eschbagher Jean-Jacques. Essen von Alfred. Fallot Charles. Faudel Frédéric, D. M. Favre Alfred. Favre Arthur. Favre Eugène. Favre Gustave. Fœchter Jules. Fleisghhauer Edmond. Franck Frédéric. Franck Jules. 9 Digitized by Google — 130 — MM. Franck Karl. Frey Albert D. M. Frey Max. Fries Jean. Fritsgh Charles-Henri. Gantzer-Haffa Fritz. Gassmann Eugène. . Gatty Alfred. Gatty Ferdinand. G^byelin Georges. Gerber Auguste. Geyelin Eugène. Gilardoni Jules. Gimpel Abraham. Glœss Ignace. Gluck André-Armand. Gluck Emile. Gluck Emile fils. Gœtz Eugène. Gœtz Jean-Armand. Graeub E. Graf Greuling-Noiriel. Grimm Gustave. Grosseteote-Thierry Charles. Grumler Daniel. Grumler Jean-Georges Vve. Guerre Jules. Guth Jules. Haas Abraham. Haas Alexandre. HjEffely-Steinbach H. V™. H^nsler Auguste. Hanhardt Théodore. Hans Joseph. Hartmann Jacques. Hartmann, notaire. Heilmann Albert. Heilmann Edouard. MM. Heilmann Jean. Heilmann Heilmann Paul. Heilmann-Schcen J. Heinis Emile. Heinrich Ferdinand. Herrmann-Bornand Ch. Heyden Arnold. Heyer Edouard. Hofer-Grosjean Edouard. Hoffet Eugène, pasteur. Hubner Albert. Hubner Edouard. Huguenin Edouard. Huguenin Jules. Huguenin Louis. Iffrig Jean-Jacques. Igersheim Emile. Ingold Armand. Jjeger, D. M. Jaquel-Gœtz Emile. Jacques Charles VTe. Jeanmaire Paul. Jelensperger Charles. Jelensperger & Roudolphi. Jeannin Benjamin. Juillard-Weiss Henri. Jund Emile. Jung-Kjeuffer Charles. Juteau Eugène. Kammerer Théophile. Keller-Dorian Albert. Kessler Fritz. Kestner, D. M. Klein Georges. Klippel, D. M. Klotz Edouard. Knecht Louis. Kcechlïn Albert. Digitized by Googlt — 131 MM. Kœchlin Camille. Kœchlin Charles. Kœchltn-Claudon Emile. Kœchlin-Dollfus Eugène Vve. Kœchlin-Dollfus Marie V'*. Kœchlin Edouard. Kœchlin Edouard Willer. Kœchlin Emile Vve. Kcechlin Eugène, D. M. Kœchlin Fritz. Kœchlin Georges. Kœchlin Isaac, fils. Kœchlin Joseph. Kœchlin Jules VTe. Kœchlin-Klippel Emile. Kœchlin Léon. Kœchlin Paul. Kœchlin Rodolphe. Kœchlin-Schwartz Alfred. Kœnig Emile. Kœnig Eugène. Kœnig Gustave. Kohler Emile. Kohler-Dietz Eugène. Kohler Mathias. Kraus Henri. Kubler Gustave. Kuhlmann Eugène. KlJLLMANN Alfred. Kullmann Auguste fils. Kullmann Gustave. Kullmànn Paul. Kunetl Jules. Kunz M. Lacroix de Camille. Lederich Jean-Jacques. L^derich Ljederich-Courtois Charles. L^îderich-Weber Charles. MM. Lalance Auguste. Lampert Benjamin. Lanhofper-Ljederich Emile. Lantz Emile. Lantz Jean. Lantz Lazare. Lesage-Gœtz. Lisghy Edouard. Maisch Robert. Mantz-Blech Jean Vvê. Mantz Jean. Mansbendel-Hartmann Va. Mathieu Paul, pasteur. Mattmann F. Marozeau Philippe. Marquiset Henri. Martin E. Meininger Ernest. Meininger Jules. Meininger Meistermann Nicolas. Mergklen Gustave. Metzger Oscar. Meunier-Dollfus Charles. Meyer Alfred. Meyer Emile. Meyer Eugène. Meyer frères. Meyer Henri.' Meyer Robert. Meyer Valentin VTe. Meyrel Jules. Michel Auguste. Michel Fritz. Michel Thiébaud-Georges. Mieg Edouard Mieg Edouard-Georges. Mieg Charles V™. Mieg-Kœchlin Jean. Digitized by GoogI — 132 — MM. Mieo Mathieu. Miquey E. Mcehler François. Mojonnœr Charles. Moll Louis. Moritz Victor. Mossmann Xavier. Muller-Benner. Muller Emile. Muller Frédéric VYe. Muller Georges. Muller Henri fila Muller Louis. Muller-Munck Munck Charles. Muntz-Schlumberger VYe. Muralt de Albert. MUTTERER AugUSte. N^gely Charles. Nerlinger Charles. Neyser Jean. Nithard Xavier. Nœlting Emilio, Dr. Oberlin Charles. Obrecht Jean. Orth J., pasteur. Osterried Georges. Ostier Louis. Pattegay Math. • Péris Charles. Petit Auguste. Pétry Emile. Pfenninger Henri. Picard Pierrecy F. V™. Platen Jules. Platen Théophile. Poupardin Franz. Pouvourville Théodore. MM. Rack Iwan. Rayé Aimé. Reber-Dollfus Fréd. Redler Rby Emile V". Rieder Aimé père. Rieder Jacques. Riegler Charles. Rislek Adolphe. Risler Charles. Risler Jean. Risler-Sghœn Henri. Roesch Charles. Rœllinger Joseph. Royet-Geyelin Claude. Rûckert-Steinbach Jules. Sartoré Vincent fils. Schiffer Gustave. Schaller Schauenberg Rodolphe. Scheidecker Ernest. Scheidecker-Gantzer Eug. Scheidecker Henri. Scherr J. Scheurer-Frey André. Sgheurer Oscar. Sghieb Edouard. Schlumberoer Alphonse. Schlumberoer Amédée. Schlumberoer Schlumberoer Em., D. M. Schlumberoer Frédéric. Schlumberger Georges. Schlumberger Jean. Schlumberoer Jean fils. Schlumberoer Jules. Schlumberoer Jules-Albert. Schlumberoer Léon. Schlumberqbr Paul. Digitized by Googlt - 13*- MM. SCHLUMBEROER FlOTÇ- SCHLUMBERGER Th^C>4or0. SCHMALZERrKŒGHIJN VT». Sghmerbeh Alfred. SGHMERBER GWWUe. Sghmerber Jean. Schœn Alfred. Sghœn Daniel. Schœn Fritz. Schœn Gustave. Sghœn Jean-Bernard, SCHŒNHAUPT Loili?, Schrott Alfred, Sghrott Josepb, Schumacher Jwn, Schwarberg Henri. Schwartz Edouard. Schwartz Henri père. Schwartz Oscar. Schwettzer Louis. Simonet Eugène. Sitzmann Edouard. Spetz Georges. Spœrlein Ernest. Spœrry Albert Spcerry Henri. Steffan Emile. Steinbagh Georges. Steinbagh Georges jeune. Steinbagh Léon-Félix. Steiner-Dollfus Jean. Steiner-Schœn M. V™. Steinlen Vincent. Steinmetz Charles. Stern E., pasteur. Stetten de Frédéric. Stiehlé Adolphe. Stœber Adolphe, pasteur. Stœber Paul. MM. Stœcker Jacques. Stoll-Gûnthbr André. Stuckelberqer Hanfl. Taghard Albert. Thierry-Mieg Auguste. Thierry-Mu» Charles. Thierry-Mieg Edouaiti. Thierry-Mieg Emile. TmERRY-RÛGKERT JulftS. Tournier Wladimir. Vaugher Jean, Viénot John. VOGELSANG JûSepi*. Waghter Gustave, Wacker Albert. Wagker-Sghœn Ch. V". Wagner Auguste. Wagner Eugène. Wagner François. Wagner Théophile. Walther Oscar. Waltz André. Weber-Jacquel Charles. Wegelin Ferdinand. Wegelin Gustave. Wehrlé-Sonderegger. Weiller Benjamin. Weimann-Bohn, Mathias. Webs Albert. Weibs-Fries. Weiss Jacques. Weiss-Sghlumberger Emile. Weiss-Zuber Armand. Weizs^cker Charles. Welter Emile. Wennagel, pasteur. Wenning Alfred. Werner, D. M. Wick-Spœrlein Josué Digitized by GoogI — 434 MM. Wild Eugène. * Willmann César. Wrrz Charles. Wrrz Frédéric. Witz-Urner D. WOHLSCHLEGEL Oscar. Wolff-Thierry Vve. Wûrth Julien. Wurtz Fritz. Z'berg Jacques. Zengerlin Gustave. Zetter Alphonse. Zetter Auguste. Zetter Edouard. Zetter Henri. Ziegler Emile. MM. Ziegler Gaspard. Ziegler Jean. Ziegler Jules. Zimmermann Frédéric. Zimmermann Michel. Zindel Henri. Zindel Octave. Zuber Emile. Zuber Ernest. Zuber Frédéric père. Zuber Ivan. Zuber Victor. Zundel Charles. Zundel Emile V™. Zurcher Charles. Digitized by GoogI — 135 SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES Société industrielle de Mulhouse. Président M. Auguste Dollfus. Société d'histoire naturelle de Golmar. Président M. Adolphe Hirn. — POUR LA CONSERVATION DES MONUMENTS HISTORIQUES D'ALSACE. Strasbourg. Président M. le chanoine A. Straub. — belportaine d'émulation — Belfort. Président M. Parisot. — d'émulation de Montbéliard — Montbéliard. Président M. C. Duvernoy. — d'archéologie lorraine et du Musée historique lorrain, à Nancy. — philomatique vosgienne — Saint-Dié. Président M, H. Bardy. — académique d'agriculture, des sciences, arts et belles- lettres de l'Aube, à Troyes. Historische und antiquarische Gesellschapt zu Basel. Président Herr Dr. Achilles Burckhardt, Professor am Pœdagogium zu Basel. Schweizerisches Bundesarchiv — Bern. Bundesarchiv-Director Herr Dr J. Kayser. AlLGEMEINE GESCHICHTFORSCHENDE GESELL8CHAFT der Schweiz — Zurich. Président Herr Prof. G. von Wyss. Historischer Verein der fUnf Orte Luzern, Uri, Schwtz, Unter- walden und Zug in Luzern. Président Herr Prof. Jos. Léop. Brandstetter. Annales de l'Est. — Nancy. M. Ch. Ptister, secrétaire. MEMBRES CORRESPONDANTS MM. Arthur Benoit, littérateur, à Berthelming. conservateur des archives communales de Strasbourg. l'abbé A. Hanauer, bibliothécaire-archiviste à Haguenau. Xavier Eohler, archiviste à Porrentruy. Charles de Lasabliére, à Saint-Dié. Digitized by GoogI — 136 — MM. Théod. de Liebenàu, Directeur des archives du canton de Lucerne. l'abbé A. Merklen, professeur à l'Université catholique de Paris. Rod. Recss, conservateur de la bibliothèque comipimale dç Strasbourg. J. Ringel, pasteur à Montbéliard. Paul Riotelhuber, littérateur, h Strasbourg. Ch. Sohmidt, docteur en théologie, ancien professeur de l'Univer- sité de Strasbourg. D' L. Sieber, bibliothécaire en chef de l'Université de Bàle. Dr Rod. Wackernagel, archiviste d'Etat du canton de Pâle- Ville. Digitized by GoogI TABLE DES MATIÈRES Pages UN LBTTRB MT7LHOU8IBN, ThBODORB BrAUN. LU 8UITB8 D'UN COUP DB MAIN CONTRE DB JBUNB8 FRANÇAIS À BALB 25 NOTIOB HISTORIQUE BT GBNRALOQIQUB SUR LA PAKILLB Zu RhBIN 37 Auguste Stobbbr ; sa vœ bt bbs œuvres suite et fin 99 COKITB D'ADMINISTRATION DU KU8RB HI8TORIQUR 127 LlSTB DBS SOU80RIPTBUR8, 1886-1887 128 SOŒBTBS 0ORRB8PONDANTB8 135 MbMBRBS 00RRB8P0NDANT8 • 135 Digitized by Google MULHOUSE. — IMPRIMERIE VEUVE BADER & Cu Digitized by GoogI Digitized by VjOOQ 16 Digitized by GoogI BULLETIN DU MUSÉE HISTORIQUE DE MULHOUSE Digitized by VjOOQIC Digitized by GoogI BULLETIN DU MUSÉE HISTORIQUE DE MULHOUSE XIII ANNÉE 1888 MULHOUSE Imprimerie Veuve Bader et C,e 1889 Tous droite réservés Digitized by GoogI AVIS Le comité du Musée historique a l'honneur d'inviter les sociétés savantes correspondantes à vouloir bien lui faire connaître les changements qui pourraient avoir eu lieu dans le personnel de leurs présidents, pendant le cours de l'année. Le comité prie les mêmes sociétés, ainsi que MM. les membres correspondants, de lui accuser réception du Bulletin, afin qu'il puisse s'assurer de la régularité du service de ses envois. Le comité laisse aux auteurs la responsabilité des travaux publiés dans le Bulletin. Digitized by GoogI LE COMMERCE ET L'INDUSTRIE A BALE Par X. Mossmànn En économie sociale, l'école n'a reconnu longtemps d'autre prin- cipe que le laisser-faire et le laisser-passer son idéal était la liberté. Il fallut la lutte entre le libre échange et la protection, pour que l'on comprit que, si belles et séduisantes que soient les théories, elles ne prévalent pas contre les intérêts bien ou mal compris du travail, toujours variables et souvent contradictoires et divergents. Les expériences qui se succèdent depuis cinquante ans, ont décon certé plus d'un savant de cabinet. Il est bon de montrer qu'elles ne sont pas nouvelles, que le moyen-âge ne les a pas ignorées, que nos vieilles communes les ont tentées jadis sur une moindre échelle, que si hasardeuses qu'elles aient été, elles n'ont jamais causé de désastres irréparables. On est trop disposé à croire que ce qui a existé dans le passé, était d'institution fondamentale et permanente. Erreur ! ce qui a précédé, n'a jamais été qu'un des termes de l'évo- lution qui se poursuit et qui recommence. Il n'y a guère de livre, que je sache, qui fasse mieux saisir cette vérité que le solide monu- ment que M. Traugott Geering a élevé à l'histoire du commerce et de l'industrie à Elle ne se distingue guère de celle de la 1 Handel und Industrie der Stadt Basel, Zunftwesen und Wirthschaftsgeschichte bis eum Ende des X VII Jahrhunderts, von Tbaugott Gkbring, Dr phil. — Basel, Félix Schneider, 1886, in-8° XXVI— 678 pp. Digitized by Googlt — 6 — commune. L'affranchissement du travail a marché de front avec celui de la cité. Ses fluctuations ont exactement suivi celles du pouvoir, jusqu'à ce que Bâle fût devenu Tune des métropoles de la production et l'un des grands détenteurs du capital dans l'Europe centrale. Evidemment les recherches de l'auteur ont épuisé le sujet. On est confondu de l'énorme quantité de matériaux qu'il a dépouillés. Avec cela il est admirablement au courant des travaux de tous genres qui ont ouvert la voie. Malheureusement il ne sait pas tou- jours détacher de cet ensemble trop touffu le fait qui le domine ou l'idée qui l'éclairé. Mise en œuvre de notes prises au hasard de la plume, il oublie quelquefois de se demander si, pour le lecteur, elle est aussi intelligible que pour lui. Quoique généralement bien coor- données, l'ordre logique y dévie parfois, et il faut le rétablir par la pensée. Pour bien comprendre, il faudrait toute une bibliothèque d'ouvrages spéciaux que l'auteur suppose connus et auxquels il se réfère. Ce qui lui manque, c'est ce don de vulgarisation qui distin- gue, par exemple, l'Histoire du commerce en France, de M. H. Pi- geonneau. Mais tel quel, ce volume lourd et compact fournit tant d'aperçus nouveaux, il donne la solution de tant de problèmes, il éclaire d'un jour si pénétrant des questions qui trop souvent embar- rassent le médiéviste, que la réduction que j'en offre ici, chapitre par chapitre, presque sans y ajouter du mien, ne peut manquer d'être bien accueillie. I A Bâle, les corps de métiers procédaient du travail servile, tel qu'il était organisé dans le domaine de Pévéque. C'était le système en vigueur dans les fermes royales de Charlemagne cottidie servire in opère dominicoy servir journellement au profit du maître, sous la surveillance du villicus. Le villicus ou maire, préposé à l'exploita- tion du domaine et à l'entretien des serfs, répartissait entre eux les produits naturels à ouvrer, et, une fois transformés par leur main- Digitized by Googlt — 7 — d'oeuvre, livrait à la vente l'excédant de produits fabriqués que le domaine ne consommait pas. C'était, en somme, le mode d'exploi- tation des grands propriétaires romains. Si les serfs étaient trop nombreux pour qu'un seul agent pût diriger leur travail, on en formait des groupes, des officia, selon la nature de leur travail. Chacun de ces groupes avait à sa tête un officier spécial à B&le ces officiers étaient des ministériaux de l'évoque. A ces droits simplement domaniaux, les empereurs ajoutèrent, au xm0, au ximo siècle, des prérogatives politiques qui avaient été jusque là dans leurs propres attributions. De simple propriétaire du domaine et des serfs qu'il était, l'évoque devint ainsi un prince de l'Empire, le délégué permanent du pouvoir souverain, son repré- sentant au regard de l'universalité des habitants. C'est de ces nouveaux privilèges de l'évéque que date l'affran- chissement des travailleurs à ses serfs, comme à des artisans libres, il accorda la faculté d'acheter et de vendre, gratta emendi et ven- dendi. Ils ne travaillent plus pour son domaine, mais pour la ville; leurs outils deviennent leur propriété; ils se pourvoient à leur guise de matières premières et vendent leurs produits, ou disposent de leur main-d'œuvre au mieux de leurs intérêts. De toutes ses attri- butions, il ne reste à l'évéque, comme seigneur justicier, que la police du marché. La liberté partout rendue au travail donna un élan prodigieux au développement et i la prospérité des villes. A Bâle les anciens offices formèrent les premiers corps de métiers c'étaient d'abord ce que l'on pourrait nommer la famille, la maison de l'évéque, les Hausgenossen, qui fournissaient les monnayeurs et les changeurs, ces agents essentiels du marché public ; les Wein- leute> qui, d'une manière ou d'une autre, se rattachaient à la culture de la vigne, au commerce et à la manutention du vin; puis, les boulangers, les maréchaux, les maçons, les charpentiers, les artisans qui préparaient, qui ouvraient les peaux et les cuirs. Tels étaient, au xiim0 siècle, les éléments de l'industrie à Bâle ; elle tirait ses matières premières des domaines de l'évéque l'argent, le vin, le blé, le fer, Digitized by VjOOQIC — 8 — les pierres, le bois, les peaux. L'élève du bétail et la boucherie, la pèche, le tissage, la tannerie, la cordonnerie, la pelleterie, la sellerie n'étaient pas compris dans cette organisation primitive. Les règle- ments qui régissaient ces professions étaient plus impératifs que ceux des corporations plus récentes. Chaque métier était soumis à un ministérial de l'évêque, les Hausgenossen au maréchal, les Wein- leute à l'échanson, les boulangers au vidame. Chacun de ces officiers avait son droit de juridiction particulier; mais quand l'infraction commise compromettait la paix publique, le coupable était déféré à la justice du bailli, schultheiss, de l'avoué ou de l'évêque en per- sonne. La peine que le juge appliquait, était excessive la mort ou le bannissement. Le faux rnonnayeur était jeté dans une chaudière d'eau bouillante ; on scalpait le cabaretier qui fraudait le banvin, privilège de l'évêque de débiter son vin avant les autres produc- teurs ; vendre à faux poids ou à fausse mesure était également puni dans le corps et dans le bien des délinquants. Il n'y a que des serfs nouvellement affranchis, qu'on ait pu soumettre à des pénalités si barbares. Les professions qui surgirent au xiie siècle, les drapiers, les toiliers, les pelletiers, les tanneurs, les cordonniers, les selliers, les boursiers, avaient une constitution plus libre; le lien qui les unissait était plus lâche. Le point de départ de leur organisation, c'était la confrérie, qui ne se rencontre pas à l'origine des anciens offices. Les confréries étaient des associations privées, qui se réu- nissaient périodiquement pour discuter leurs intérêts communs, et où les artisans puisèrent le sentiment de leur solidarité. La confrérie prêtait son appui aux faibles, venait au secours des besogneux. Dans l'intérêt de tous, elle s'arrogea un droit de coercition sur ses membres, s'entendit pour acheter en commun les matières premières, pour réglementer la technique du métier et l'embauchage des ouvriers; elle établit, comme une maxime de droit commun, que nul ne travaillerait pour un client qui serait encore débiteur ailleurs. Pour que ses décisions eussent force de loi, l'évêque sanctionna les règlements que la confrérie promulguait, et, à la place du ministé- Digitized by Googlt — 9 — rial préposé à l'ancien office, patricien ou chevalier, il mit à sa tête un chef, zunftmestre, choisi parmi les confrères. Ce qui n'est pas moins remarquable que cette formation spon- tanée de nouveaux corps de métiers, c'est le progrès simultané de l'autonomie communale. Dès les premières années du xuime siècle, la ville était représentée par un conseil plus ou moins indépendant de l'évéque ; en 1225, elle avait un sceau communal; en 1226, des finances distinctes. A cette date, le conseil était composé de quatre chevaliers et de huit ministériaux à la nomination de l'évo- que; mais déjà du temps de Henri de Thun 1215-1238, il se manifesta une tendance à faciliter l'admission des artisans aux droits de bourgeoisie et leur accès au conseil. Sous Henri de Neu- chàtel 1262-1274, ils prennent part aux délibérations qui enga- geaient les finances de la ville. Mais ces concessions n'ont rien de spontané l'évéque a besoin de l'appui des corps de métiers contre ses barons et, en organisant les jardiniers, les tisserands, les ouvriers du bâtiment, il leur imposa et leur prêta lui-même le ser- ment de s'aider réciproquement dans leurs nécessités communes. Ce sont les corps de métiers qui lui fournissent les milices dont il a besoin dans sa lutte contre Rodolphe de Habsbourg, le futur roi des Romains, qui mit fin à l'anarchie du grand interrègne. A Bâle, comme partout, le service militaire amena la participation de ceux qui en avaient la charge, à la gestion des affaires publiques. Mais parmi ces corporations, qui peu à peu se substituent aux anciens privilégiés ou les absorbent, on voit poindre de bonne heure des germes d'inégalité les marchands, zum Schlûssel, et les merciers- épiciers-quincailliers, Kraemer, institores, zum Safran, prennent le pas, avec les Hausgenossen et les Weinleute sur les simples confra- ternités d'ouvriers. Après les professions non manuelles vinrent les drapiers et, entre elles, ces cinq corporations constituèrent dès lors une sorte d'aristocratie de l'intelligence et de la fortune. Les marchands vendaient en détail des draps qu'ils achetaient en gros dans les contrées du nord, ou des drapiers, Grautûcher, de Bâle. Les épiciers tiraient leurs marchandises du midi. Marchands Digitized by VjOOQIC — 10 — et épiciers étaient des importateurs. Mais les drapiers, qui n'avaient d'abord travaillé que pour la consommation locale, exportaient, en 1336, la moitié de leur production. L'avènement des corps de métiers, qui avait eu pour conséquence l'organisation des milices, réagit également sur la constitution des tribunaux. Anciennement l'unique tribunal, qui siégeait au parvis de la cathédrale, était celui de l'évéque, comme seigneur foncier ; dorénavant les métiers tinrent leurs plaids au Gaerberberg; plus tard ils eurent même un tribunal d'appel, formé de la réunion des préposés des différentes corporations. De son côté, la commune ressortit i celui de l'avoué, qui tenait sa compétence de l'empereur, et à celui du bailli, comme délégué de l'avoué. Les questions liti- gieuses entre les propriétaires de maisons cootiguës , étaient sou- mises à une commission d'experts, où siégeaient des maçons et des charpentiers tirés de leurs tribus. En 1305, les chefs de corps de métiers ou zunstmestrea prennent part à l'admission des nouveaux bourgeois; en 1313, au vote et à la répartition de l'impôt. A la même date, des membres des quatre corps de marchands, Hausgenossm, Weinleute, zum Schlùssel, zum Safran, obtinrent des sièges permanents au conseil ; les onze corps de métiers seulement en 1337 dès lors ces quinze conseillers plébéiens furent en possession de la majorité au regard des quatre chevaliers, des huit patriciens et du bourgmestre, qui en formaient le noyau primitif; seulement comme ces derniers, c'était l'évéque qui les désignait et non leur corporation. Une conquête plus précieuse encore des corps de métiers, ce fut le droit de séance au conseil, qu'ils obtinrent, en 1382, pour leurs chefs élus, ce qui mit les destinées de la ville absolument dans leurs mains. C'est là ce qui sauva l'indépendance de la commune menacée par la maison d'Autriche, qui, en possession de l'avouerie à Bâle, et seigneur du Petit-Bàle, sur la rive opposée, visait alors à la subjuguer, avec la connivence des grands vassaux de l'évéque, comme elle fit à Fribourg en Brisgau, comme elle le tenta à Mulhouse et à Colmar. La défaite de Léopold le Glorieux à Sempach, en 1386, déjoua ces Digitized by Googlt — il — menées du plus redoutable ennemi des libertés de Bâle la ville s'empressa d'acquérir du roi Wenceslas l'avouerie que sa mort avait rendu vacante, et de se faire engager le faubourg autrichien d'outre-Rhin par les héritiers du vaincu. Son triomphe ne fit pas perdre à cette démocratie uaissante la claire notion des vices qui lui étaient inhérents dès qu'elle fut maîtresse, elle modifia d'elle- même le mode d'élection des zunftmestres et des sexvirs qui cons- tituaient l'administration des corps de métiers. Jusque-là ils avaient été les élus de leur corporation dorénavant les sexvirs formèrent un collège de douze membres, six anciens, six nouveaux , nommés à vie par voie de cooptation , qui alternaient d'année en année et qui choisissaient le délégué chargé de représenter la tribu au sein du conseil. Cette réforme était son œuvre, et c'est la première fois qu'on la voit s'immiscer dans le régime intérieur des corporations. Par contre celles-ci obtinrent , dans certaines circonstances , une participation plus directe à la gestion des affaires communales, quand, pour former le grand conseil, on faisait appel à leurs sexvirs. Leur collège fournissait de plus les assesseurs au tribunal du bailli. C'est ainsi que les tribus devinrent des organes politiques de la cité, de simples confréries qu'elles avaient été au xui* siècle ; mais dès lors aussi leur nombre ne s'accrut plus, par la raison que chaque formation nouvelle aurait eu pour conséquence des modifi- cations dans l'organisme municipal. II À Bàle l'autonomie des corporations dans le ressort de leurs intérêts particuliers était quasi illimitée. Elles la devaient, d'une part, à l'appui qu'elles prêtèrent aux patriciens, achtbûrgêr, contre la noblesse, de l'autre, au besoin que l'évêque Henri de Neuchàtei avait eu de leur nombre contre ses barons. Elles s'agrégeaient les métiers qui leur convenaient et auxquels elles transmettaient leur droit de coercition. Leur compétence s'étendait même aux menues contraventions de leurs ressortissants, qu'elles affranchissaient de Digitized by Googlt — 12 — la justice basse de Yunzuchtergericht. Le conseil gardait dans ses attributions , d'une part , les affaires militaires et les finances , de l'autre, le droit de juger en appel, comme haute cour de justice. Et encore en cas de conflit entre les tribus, était-ce le zunflmestre en chef qui tranchait en dernière instance. Mais au point de vue social, les nobles et les patriciens, groupés en deux ou trois poêles, étaient prépondérants. Détenteurs du capital , ils vivaient sans rien faire de leurs rentes , officiellement qualifiés de mûssiggœnger, de fainéants. Ils comprirent de bonne heure le danger dont le nombre menaçait leur influence, et, pour ne pas être débordés, ils s'affilièrent aux corps de métiers, sans renoncer pour cela aux privilèges de leur caste par là ils s'ouvraient un nouvel accès au pouvoir comme représentants des tribus plébéiennes. Leurs préfé- rences les portaient cependant vers les corps de marchands ; ils se mirent à la tête de l'opposition contre l'élément purement féodal, où la maison d'Autriche recrutait ses partisans et ses vassaux. C'était aussi l'élément subversif, l'élément réfractaire à la commune et que, dans la suite, il fallut éliminer. Mais peut-être cette tendance à participer à deux corporations ne tenait-elle pas unique- ment à des visées politiques. Gomme grands propriétaires, les patriciens étaient en même temps de grands producteurs, et leur double agrégation leur procurait sans doute plus de facilités pour vendre leur blé, leur vin, leurs cuirs et leurs laines. Aux artisans il fallait d'autres matières premières encore, ou des marchandises qu'ils n'étaient pas en état de fabriquer eux-mêmes c'était par l'importation qu'ils se les procuraient , et ce négoce les obligea également à se faire recevoir dans les corps de marchands. Cette double participation ouvrait ainsi une nouvelle source de profits à tous ceux qui pouvaient l'obtenir, et c'est ainsi que l'organisation élémentaire du travail au moyen-âge , qui visait surtout à donner au plus grand nombre possible le moyen de vivre chichement dans la médiocrité et à parer à l'inégalité des conditions sociales, prépara elle-même les voies où elle devait se renouveler. Cet organisme dont l'évéque s'était fait une arme contre ses Digitized by Googlt — 13 — grands vassaux, se prêta tout aussi bieu à la défense de la cité contre ses ennemis du dehors. Dans le principe, l'artisan qui s'agrégeait à une corporation, ne devenait pas ipso facto bourgeois. Avant 1240, il commençait par être manant, Hintersœss, et, comme tel , il pouvait être soumis à payer le tonlieu , pfundzoll, au même titre que l'étranger. Le plus souvent l'admission était le prix dont la ville payait le service militaire de l'habitant. Quand elle était menacée par ses voisins, les arcbiducs ou le margrave de Bade, ou encore par les Ecorcheurs, les réceptions se faisaient par fournées. 11 en fut de même du temps du concile général , quand,' dans l'intervalle des sessions, il fallait combler les vides que le départ des pères causait dans les rangs des consommateurs. Tantôt la ville admettait au droit de bourgeoisie, sans s'inquiéter si le récipiendaire faisait ou non partie d'une corporation; tantôt elle l'envoyait se pourvoir de l'agrément d'un corps de métiers, qui commençait par s'enquérir si l'industrie du nouveau venu ne nuirait pas aux patrons établis. Peu à peu l'intérêt corporatif devint l'unique règle des admissions, qui cessèrent complètement à partir de 1700-1716. C'était dans le proche voisinage de Bâle que sa population se recrutait. Il fallait être de condition libre, et la preuve de la liberté, c'était quand, pendant jour et an, nul seigneur ne revendiquait le nouvel habitant comme serf de corps. Autrement l'air de la ville l'affranchissait, de même qu'ailleurs, à Golmar, par exemple, c'était la possession d'une parcelle quelconque des francs-alleux qui constituaient le sol primitif de la commune. La différence de natio- nalité, l'illégitimité de la naissance n'étaient pas alors un motif d'exclusion. Le sexe même n'empêchait pas l'admission dans un corps de métiers, quand la femme était de la partie. Quant aux hommes ils devaient être pourvus des armes nécessaires pour entrer dans la milice. Au point de vue de la moralité, tout ce qu'on exigeait, avant la Réforme, c'était la probité professionnelle. Du temps des évéques, la tromperie était punie du dernier supplice, plus tard de l'exil à perpétuité, de la note d'infamie, de l'irrépa- Digitized by Googlt _ 14 — rable déshonneur. A l'origine nulle justification à produire quant a la maitrise ; mais dès lors défense formelle de débaucher les ouvriers les uns des autres. L'admission était soumise à une taxe au profit du corps de métiers et à une cotisation annuelle. C'est en haussant arbitraire- ment les droits d'entrée, que la tribu mettait obstacle à son recru- tement et à l'établissement de nouveaux concurrents. Mais cela ne faisait pas toujours le compte de la ville, qui avait intérêt à l'accrois- sement de la population, si fréquemment décimée par la guerre et tes épidémies. En 1441, un décret fixa uniformément la taxe à 4 florins. La commune ne pouvait évidemment pas sanctionner l'égoïsme corporatif, quand il allait jusqu'à la priver de défenseurs. En temps ordinaire, l'artisan devait faire ses tours de garde, en cas de guerre, marcher sous la bannière de la ville ; il devait de plus son assistance pour éteindre les incendies. Chaque corps de métiers était préposé à la garde de l'un des secteurs de l'enceinte. Du temps des Armagnacs, ce service revenait tous les trois jours. Personnel dans le principe, il se transforma peu à peu en une redevance en argent, que les riches seuls, il est vrai, pouvaient acquitter. C'est avec ces milices que Bàle tint tête aux Armagnacs à Saint-Jacques, et qu'il figura avec honneur dans les guerres de Bourgogne et d'Italie. L'esprit corporatif se formait dans le local commun, dans le poêle de la tribu, et y trouvait son aliment. De très bonne heure les métiers eurent des maisons leur appartenant, où les artisans se réunissaient le soir, pour se réjouir et prendre ensemble un frugal repas. C'étaient les cercles d'alors. Le poêle servait en outre aux réunions de famille. Les habitudes de sociabilité contribuèrent à polir les mœurs et le langage. On a déjà vu que la corporation se dédoublait en confrérie. La confrérie prenait rang dans les proces- sions, procurait à ses morts un enterrement décent et, proportion- nellement au nombre de ses membres, des prières pour le repos de leur âme. C'est l'essence même du christianisme de confondre ainsi les intérêts de ce monde-ci et de l'autre. Après s'être associés dans Digitized by Googlt — 15 — ud but de soutien mutuel, pour la concurrence vitale, les artisans cherchaient à faire ensemble leur salut éternel. Gomme de juste, c'étaient les confréries les plus nombreuses, celle où la prière était le plus intensive, qui étaient les plus recherchées. Mais, parmi les patrons, l'esprit de confraternité n'allait pas jusqu'à distribuer des secours aux malades ; ce n'est que dans les associations ouvrières que la mutualité n'abandonnait pas le confrère dans le besoin. On a vu qu'à Baie chaque corps de métiers était représenté au con- seil de la ville par un conseiller et un zunftmestre. Assistés des sexvirs, ces deux officiers pourvoyaient à l'administration corpora- tive. Cependant leurs attributions n'étaient pas les mêmes. Gomme délégué du conseil, le premier était plus particulièrement chargé de veiller à l'intérêt public. C'est lui qui recevait, au nom de la ville, le serment annuel des affiliés, qui en avait le commandement, comme miliciens, qui portait à leur connaissance les ordres d'en haut, de même qu'il transmettait leurs résolutions au conseil. Mais ce qui donnait à la corporation son vrai caractère, c'était, non sa participation au gouvernement municipal, mais son droit de juridic- tion et de coercition. Elle l'exerçait même hors de son sein, puis- qu'elle pouvait contraindre à l'affiliation tous ceux qui entreprenaient sur les métiers qu'elle exerçait. Nous avons déjà vu qu'elle avait le droit de punir les contraventions de droit commun, dont l'artisan se rendait coupable. Bien entendu, c'étaient les infractions aux règle- ments qu'elle-même avait édictés, qu'elle poursuivait de préférence. Elle avait la haute main non seulement sur sa propre fabrication, mais même sur tous les produits analogues qui se rencontraient sur le marché. La tribu des épiciers- merciers, Zum Safran, était spécialement chargée de la vérification annuelle des balances, des poids et des mesures ; c'était l'office que remplissait jadis le Hmg- eisen de nos colonges alsaciennes. L'amende, la confiscation des marchandises, l'exclusion, l'exil même, telles étaient les peines que la corporation pouvait prononcer. Digitized by GoogI 16 III Nous avons vu que, sur les quinze tribus de Bàle, quatre étaient des corps de marchands. Leur commerce ne se bornait pas aux pro- ductions du sol. Nous avons déjà vu qu'il importait, d'une part, les épiceries du sud, de l'autre, les draps du nord. L'importation des draps suffit pour nous expliquer les conflits qui pouvaient surgir entre les négociants et les hommes de métiers. Pour ne citer que les drapiers, il est évident qu'affranchis des grands risques du commerce et des frais de transports qui grevaient l'importation, ils avaient la partie belle. Du moment que les corps de métiers formèrent la majo- rité au sein de la cité, leur politique économique tendit à réduire le plus possible les profits du commerce. Mais les négociants avaient un double avantage sur les artisans; d'une part, leurs capitaux, de l'autre, la situation de Bàle sur le haut Rhin, qui en faisait néces- sairement une place de transit. C'est par Bàle que l'Allemagne échangeait son sel, ses toiles contre les tissus de France, contre les laines d'Espagne, contre les cuirs et le safran ; par le Rhin lui venaient le lin et le chanvre, les fourrures, les laines de la Flandre, les draps de Malines et de Louvain, de Strasbourg, de Haguenau, de Saverne, le fer, le cuivre, l'étain, le poisson salé, qu'il réex- pédiait en Italie contre des épices et des produits du Midi, le riz, l'huile, le savon, le papier, des filés, de l'acier. La meilleure part de ce commerce se faisait à la commission, pour le compte de tiers ; il n'y avait que l'importation pour la consommation locale, dont les Bâlois faisaient leur affaire. Cependant dès le xive siècle, les drapiers, les toiliers, les tanneurs de Bàle exportaient une partie de leur fabrication. Le forain qui importait ou exportait, payait à l'évéque le tonlieu sur la valeur de la marchandise, 4 deniers par livre ou \ .66°/0 ; si, pour le transit, l'intermédiaire était un indigène, le tonlieu n'était que de 2 deniers, tandis que l'importateur ou l'ex- portateur de Bàle ne payait rien. Digitized by Googlt — 17 — Indépendamment de ce droit sur les transactions, le transit simple était passible d'un péage, également au profit de Pévéque 4 denier par bête de somme ou par roue de voiture. Ces deux droits, tonlieu et péage, étaient le prix dont le commerce payait l'entretien des . routes, la vérification des monnaies, des poids et des mesures, le sauf-conduit du seigneur terrien, à qui incombait la police du marché. Si à Bâle Pévéque ne tenait pas ces attributions de l'im- munité, on peut supposer qu'elles résultaient de son titre antérieur de defensor civitatis. Indépendamment des droits de l'évéque, la ville obtint, en 1366, de l'empereur Charles IV, l'autorisation de prélever pour son propre compte une taxe de 1/2 florin par balle de marchandise qui transi- tait. En 1373, elle se rendit acquéreur du tonlieu et du péage par voie d'engagement, et, en 1377, elle porta son droit de transit à un florin. Cette taxe était tout en faveur du commerce local, qui en était affranchi. Elle se maintint pendant plus d'un siècle au même taux; en 1489 seulement, le conseil le réduisit à un tiers. Toute marchandise étrangère, aussi bien celle qui ne faisait que transiter que celle qui se vendait sur place en gros, était entreposée à la halle aux ventes, au Kaufhaus. C'est là que la ville recouvrait son dû ; mais si le commerce y trouvait plus de sécurité, l'exagé- ration des taxes l'induisait à frauder. Il fallut prendre des mesures pour le détourner des chemins de traverse , où ses mar- chandises échappaient à la perception des droits; au xve siècle, quand les transactions devinrent plus actives, on consentit des rabais pour ne pas nuire à leur développement. Affranchies du ton- lieu, dès qu'elles étaient destinées à la consommation locale, les marchandises ne payaient alors plus qu'un droit d'entrepôt. C'est au Kaufhaus que les artisans allaient se pourvoir de leurs matières premières, les négociants des produits fabriqués ou des denrées qu'ils revendaient en détail, mais avec défense de les accaparer pour en spéculer celui' qui achetait au-delà de ses besoins, ne pouvait revendre qu'au prix coûtant. A l'arrivée de la marchandise, le com- merce local avait vingt-quatre heures pour s'approvisionner. Après Digitized by Googlt — 8 — ' ce délai seulement, le marchand forain pouvait acheter à son tour. Partout au moyen-âge on veillait à ce que le consommateur pût satisfaire directement i ses besoins, sans payer le bénéfice d'inter- médiaires inutiles. Des courtiers avaient pour office de mander l'arrivée des marchandises aux intéressés ; les transactions ne com- mençaient qu'après que tout le monde avait été prévenu. Ces agents y jouaient un rôle prépondérant, parce que personne mieux qu'eux ne connaissait les rapports de l'offre et de la demande. Les ventes à livrer étaient formellement défendues. L'importateur pou- vait charger le courtier d'écouler ses marchandises, et le courtier même pouvait opérer pour son propre compte; mais c'était une porte ouverte aux abus, que tout le système tendait à prévenir. Tous les agents du Kaufhaw, depuis le comptable qui en tenait les écritures, jusqu'au dernier emballeur, de même que les particuliers qui y trafiquaient, relevaient de deux délégués du conseil ; c'étaient ces officiers qui maintenaient les règlements, qui avaient la police des marchandises entreposées au-dehors et des transactions aux- quelles elles donnaient lieu, qui connaissaient des fraudes dans l'acquit des droits et des dettes consignées dans les livres du comp- table, en conformité de l'antique ju* mercatorum coloniensium. L'exécution de leurs sentences était parée. Us frappaient d'amende les fraudes au détriment du fisc, et accordaient des gages aux créan- ciers qui ne pouvaient se faire payer. Les jours de marché, le lundi et le vendredi, le Kaufhaus servait aussi à la vente en détail des draps et des toiles, des épiceries et des produits ouvrés de l'industrie locale. Le marché de Bâle était très ancien. L'évêque, qui en avait la juridiction, qui le pourvoyait d'argent monnayé, qui y maintenait la paix publique, y percevait aussi le tonlieu. Le forain le fréquentait sur le même pied que le bourgeois; seulement sa concurrence était de trop, et quand, en 4373, la ville prit la haute main sur le marché, l'étranger n'y fut plus admis que deux fois par mois. Même avant le transfert des droits de l'évêque au conseil, il semble que le prélat se fût déjà dessaisi de certaines de ses prérogatives en faveur des corps de Digitized by Googlt — 19 — métiers on a vu que les épiciers-merciers étaient détenteurs de l'étalon de l'aune ; il en était de môme des poids divisionnaires en bronze, tandis que les maréchaux et les bouchers étaient chargés de l'étalon du quintal en fonte, les jardiniers des mesures caves pour les grains, les débitants de vin des mesures caves pour les liquides. A la frappe des monnaies, les Hausgenossen joignaient la police du marché et la vérification des mesures. Ces attributions remontaient évidemment au temps primitif des offices épiscopaux. En dépit de la situation avantageuse de Bâle, pour devenir une place de grand commerce, il fallait néanmoins que l'homme lui vint en aide. Les contreforts de la Forêt-Noire produisaient du vin ; le Sundgau, les plaines de l'Alsace du blé. Pour l'échange de ces den- rées, on ne pouvait utiliser la place où se tenait le marché, qui était en contre-haut, près de la cathédrale. L'évéque Henri de Thun engagea le trésor de son église pour construire le pont sur le Rhin, le seul qui existât alors entre Constance et la mer, et pour créer, à l'entrée du fleuve en ville, un marché pour les produits du sol. Ce pont sur le Rhin est antérieur à la construction des ponts sur les deux affluents qui traversent la banlieue, la Wiese sur la rive droite, la Birse sur la rive gauche. En 1295 seulement, la ville acquit, moyennant 30 marcs d'argent , le droit d'établir des ponts sur la Birse. Quant à la Wiese, ce n'est qu'en 1432, qu'on parvint à s'en- tendre avec les margraves de Bade pour y construire un pont de voiture. Jusque-là il n'y avait eu que des gués. Des droits spéciaux de péage et de ponte nage étaient affectés à l'entretien de ces travaux. Quelque pénible et irrégulière que fût la navigation fluviale au moyen-âge, on la préférait aux transports par terre. Avant de s'infléchir vers le nord, le Rhin reçoit les eaux de l'Aar, de la Reuss, de la Limmat, rivières navigables au moins à la descente, qui faisaient de Bâle l'aboutissant naturel de toute la batellerie des ver- sants suisses des Alpes et la tête de ligne de celle du Rhin moyen. Mais, chose singulière, tandis que sur la Limmat, il existait un collège de nautes déjà du temps des Romains, à Bâle la corporation des bateliers-pécheurs ne remontait qu'à 1354. La rapidité du cou- Digitized by Googlt — 20 — rant ne permettait pas la remonte, et il fallait rétrocéder les bateaux aux bateliers d'aval. Le transbordement des marchandises était fréquent, parfois obligatoire. A l'origine, on payait un péage à Laufenbourg, à Bàle, à Strasbourg. En 1394, le roi des Romains Wenceslas autorisa la perception d'une taxe au Petit-Kembs, sur la rive droite ; vers la même époque, Brisach commença à exiger un droit de transit, comme à Bàle. Au xvi6 siècle, depuis Bâle jusqu'à Cologne, on ne comptait pas moins de trente-un bureaux de péage. En 1425, les bateliers de Strasbourg obtinrent de l'empereur Sigis- mond le monopole de la navigation en amont jusqu'au lac de Cons- tance. Mais Bâle protesta et fit maintenir à sa batellerie la remonte du fleuve, dans la partie est-ouest de son cours. A tous ces obstacles s'ajoutait le droit d'épave, la Grundruhr. Si le courant portait un bateau sur un atterrissement, sur un banc de sable ou contre un tronc d'arbre caché sous l'eau, il devenait, con- tenant et contenu, la propriété du seigneur riverain. Le Rhin était naturellement la voie que prenaient les négociants pour se rendre aux foires de Francfort. On s'y procurait des draps, des épiceries, des drogues. Le voyage se taisait en bateau à la descente, à cheval à la remonte. Arrivé à Francfort, on se défaisait de son bateau et l'on achetait une monture, qu'on revendait au retour. Le transport par eau des marchandises qu'on ramenait de Francfort, était l'exception ; il n'était possible qu'au moyen du halage. On préférait de beaucoup le transport sur essieu ; dans ce cas, comme dans l'autre, le voiturier se chargeait de tous les frais. Ce mode d'expédition était déjà pratiqué au xrv* siècle. Les voituriers de Strasbourg étaient partout renommés pour l'expérience qu'ils avaient de cette route ; ceux de Bàle étaient hors d'état de la leur disputer. Les stations qui figurent dans la Table de Peutinger et dans les Itinéraires, étaient encore au moyen-àge les gites d'étapes du commerce. Quoique plus dans l'intérieur des terres, Arialbinum, tient la place de Bàle comme tête de ligne. Catnbete est le Grand-Kembs, S tabula, près de Banzenheim, se retrouve comme bureau de péage autrichien à Otmarsheim. Puis viennent Brisach, Helellum ou EU, Strasbourg, Digitized by Googlt — 21 — Saletio ou Selz. C'est pour la protection de ces routes qu'au xiue siècle, les Hohenstaufen ont fondé les villes impériales, quand les donjons des Vosges, qui en avaient été chargés d'abord, devinrent des repaires de brigands. A Bàle aboutissaient également les routes qui, d'Ulm et d'Augs- bourg, de Nordlingue et de Nuremberg, servaient au commerce avec le centre de la France, soit par le plateau de Langres, soit par la Franche-Comté, en suivant toujours le tracé des anciennes voies romaines. L'antique chaussée qui traversait la Suisse en diagonale, au revers du Jura, depuis le lac de Constance, par Zurich, Brugg, Soleure et Avanches, jusqu'à Genève, était toujours sa principale artère. Pour rejoindre cette route , Bàle se servait des passages du Jura, dont l'un au moins, celui du Haut-Hauenstein, remontait aux Romains. Par là il était en relation avec Genève, Lyon, Bar- celone, comme avec le Grand-Sainl^Bernard. Cette route était voiturable, tandis que le col du Bas-Hauenstein n'était praticable que pour les bétes de somme. Ce dernier passage ne prit de l'im- portance que vers la fin du xm6 siècle, après l'ouverture de la route du Saint-Gothard, le mons Elvelinus des Romains. L'extension ter- ritoriale de Bàle vers le sud le rendit maître de ces voies de commu- nication et des péages qui en dépendaient. A cette époque, le plus avantageux des passages des Alpes était le Septimer. De même que le Saint-Bernard, c'étaient les Romains qui l'avaient créé. La route qui y menait et qui servait de trait d'union entre les lacs de Zurich, de Wallenstadt et de Côme, per- mettait, sur de longs trajets, d'user de bateaux pour le transport des marchandises. D'étape en étape, elle aussi suivait les anciens itinéraires. Le seul de ces passages dont les Romains n'aient pas préparé l'accès, est celui du Saint-Gothard. C'est le plus direct de tous. De même que celle du Septimer, cette route se prétait, par le lac des Quatre-Cantons et le lac Majeur, aux transports par eau. Par Gènes, le port rival de Venise, c'était la véritable voie d'accès de la vallée du Rhin, et, chose digne de remarque, son ouverture est contemporaine des premières ligues des cantons primitifs. Quant Digitized by Googlt — n — à Venise, elle avait sur Gênes l'avantage d'un chemin plus facile par le Brenner. La route était voiturable, et, dès l'an 1000, on la préférait à celle du Septimer. Les voies de communication constituent le grand outillage du commerce ; la comptabilité, les espèces monnayées, le crédit en sont le petit. Que pouvait être la tenue des livres, à une époque où il était si rare de savoir écrire et qui n'avait pas de cursive, où Ton ignorait à peu près l'art de la division et ne se servait que de chiffres romains? Les chiffres arabes commencèrent à se répandre en Italie au XIIe siècle; à Baie on ne les connut qu'au xv°, et ce furent les corps de marchands qui en répandirent l'usage. Tant qu'on ne fit d'affaires qu'entre soi, à la bonne franquette, on tint ses comptes de mémoire ; ce ne fut que, par le commerce avec l'Italie, qu'on apprit à tenir des écritures. La diversités des monnaies et leurs fluctuations exigeaient des connaissances spéciales, qui donnèrent lieu à l'industrie des changeurs. C'est également d'Italie que vint l'usage des lettres de change, que l'Eglise proscrivit, en 4257, et qui, vu de mauvais œil par la ville, ne prit tout son développement à Baie qu'au commencement du xv» siècle. Le commerce de l'argent, la banque, était entre les mains des Juifs, des Lombards, des Caortins. Les Juifs surtout étaient les grands bailleurs de fonds; déjà en 1395, la ville emprunta d'un coup 4300 livres du juif Moyse de Golmar. Cependant on évitait le plus possible de recourir au crédit par le seul fait d'en user, le marchand se rendait suspect ; aussi les faillites étaient-elles rares. Cependant au xve siècle, les capitaux commencèrent à s'associer pour commanditer l'exportation de produits manufacturés. C'est par là que les corps de métiers se laissèrent envahir peu à peu par les capitalistes. Dès la fin du xv* siècle, il y eut une réaction contre les sociétés de commerce, qui ruinaient les artisans ; ce fut l'autorité impériale et plus tard Luther, qui en donnèrent le signal. Digitized by Googlt — 23 — IV Le tremblement de terre qui renversa Baie, en 1356, entrava à peine son développement. Aux droits fiscaux acquis de l'évêque en 1373, la ville ajouta» en 1386, l'avouerie, la juridiction ; en même temps elle arrondit son territoire, sur la rive droite du Rhin, par l'acquisition du Petit-Baie, au sud jusqu'aux contreforts du Jura. Ce fut l'oeuvre des deux générations qui, après la catastrophe de 1356, précédèrent la réunion du concile général. Plus tard l'expul- sion de la noblesse arrêta net cette politique d'expansion et d'agran- dissement, dont les finances et le crédit de la commune avaient fait les frais. En 1362, elle racheta toutes les rentes qui grevaient son budget, moyennant un capital de 1500 livres, dont elle payait l'intérêt, à raison de 8 %; de 1390 à 1430, sa dette monta de 160,000 à 240,000 livres, dont l'intérêt ne revenait plus qu'à 4 ou 5%* Là dette publique représentait, sinon le quart, du moins un sixième de tout l'avoir des particuliers. Cette prospérité coïncide avec les progrès du commerce. Le négoce bat son plein au xive siècle ; plus tard les conflits avec la féodalité et le brigandage sur les grandes routes, qui en fut la conséquence, de même que le développement de la production locale, furent les avant-coureurs de son déclin. En 1362, on avait sacrifié l'industrie à l'importation ; à partir de la modification opérée, en 1382, dans le régime communal , le conseil fit de son mieux pour attirer de nouveaux métiers, susceptibles de faire concurrence aux artisans du dehors sur les marchés étrangers. Cependant, en matière de contributions, les corps de métiers se laissèrent leurrer par des idées égalitaires, qui agirent au rebours de leurs intérêts. Pour que tout le monde eût sa part des charges communes, on imposa le blé, le vin, le sel. Les prolétaires payèrent ainsi 1 */s % de leur salaire, tandis que, persuadé que le tonlieu qui frappait le commerce en détail, n'enchérissait pas la marchan- Digitized by VjOOQIC — 24 — dise et se prélevait sur le bénéfice du marchand, on le tenait quitte de ses contributions directes, si le produit de l'impôt indirect leur était supérieur. C'était favoriser le commerce aux dépens du fisc; mais quand, après cela, on substitua à l'ancien péage perçu sur le forain qui transitait, des droits ad valorem dont l'indigène était exempt, ce fut, pour le commerce, une prime qui profitait également aux intérêts du fisc, puisque les ventes et les achats des étrangers étaient, les unes et les autres, passibles du tonlieu ; les marchandises payaient ainsi le double, soit % au profit de la ville. Rien ne contribua plus à faire de Baie une place de commerce, de simple lieu de transit qu'il était. Son unique souci fut dès lors d'empêcher les pratiques qui fraudaient ses droits, telles que les ventes de marchandises extra-muros, les achats de denrées à livrer par les paysans des environs, en couverture des avances usuraires du négociant sur les récoltes à venir, les opérations par correspondance, dont l'usage se répandit dès le commencement du xvô siècle, la fréquentation des foires et des marchés du voisinage. Le haut prix des transports, les péages qui grevaient et entravaient la circulation des marchandises, étaient autant de primes pour le tra- vail local. À côté des épiceries et des salaisons que le commerce ne pouvait se procurer que par l'importation, il y avait la quincaillerie, la mercerie, les draps, les toiles, que les corps de métiers produi- saient eux-mêmes, tant que la consommation locale ne se montrait pas trop exigeante. C'était aux corps de marchands, surtout aux merciers-épiciers, à provoquer d'autres besoins, en répandant le goût des nouveautés, des modes changeantes, dont l'invention était le fait d'une culture plus avancée et plus raffinée. En attendant, la substitution des produits locaux aux articles importés entraîna de singulières anomalies chez les merciers-épiciers-quincailliers, ou poêle du Safran. Ce fut au Safran qu'on incorpora les fondeurs en cuivre, les tréfiliers, les épingliers, et non aux maréchaux ou aux orfèvres, les mégissiers et les parcheminiers, et non aux tanneurs, les fabricants de cartes à jouer, et non aux peintres, par la seule raison que, dans le principe, c'étaient eux qui importaient et qui Digitized by Googlt — 25 — vendaient les articles que ces artisans produisirent plus tard sur place. A l'origine, tant qu'il ne s'agit que d'évincer des concurrents étrangers, la liberté du travail au sein de ces corporations ne connut pas de limites; mais quand, alléchés par l'économie qu'ils faisaient sur les transports, les nouveaux métiers se furent multipliés au-delà des besoins de la consommation locale, il fallut bien restreindre le nombre des patrons et celui de leurs ouvriers. Seulement l'autonomie de la tribu était alors assez bien établie, pour qu'elle pût prendre ces mesures sans avoir à faire appel à l'autorité de l'évéque, ni même à celle de la ville. Gomme articles de grande consommation, le moyen-âge con- naissait le poivre, le gingembre, le safran ; c'étaient les ingrédients des épices composées dont nos ancêtres relevaient leur cuisine. A cette époque, dans notre contrée, on cultivait le safran ; à Bâle, c'était l'exposition du sud-est qui était la plus favorable. Pour pulvé- riser ces matières premières, dont le mélange se vendait en poudre, la corporation avait un pilon à elle ; cette usine, dont les épiciers dispo- saient à tour de rôle, comme les foulons de leurs moulins à foulon, les tanneurs de leurs moulins à tan, était le dernier vestige de la communauté des serfs ouvrant ensemble les produits du domaine seigneurial. Au regard du public, l'usage du pilon était soumis à un contrôle officiel pour prévenir tes falsifications. On a vu qu'à Bàle les drapiers et les toiliers formaient deux corps de métiers distincts ; à la longue, leur production ne suffit plus a la demande ; l'importation des draps par les marchands drapiers, Zum Schlûssel, des tissus légers par les merciers prit si bien le dessus, qu'en 1506, les drapiers et les toiliers fusionnèrent pour ne plus former qu'une seule tribu des tisserands. C'était l'importation libre des draps, accordée, dès 1362, dans l'intérêt des consommateurs, qui avait donné le coup de grâce à l'industrie des drapiers. Quant aux toiliers, ils n'avaient jamais été entrepreneurs de travail, ne travaillant guère qu'à façon pour le compte des ménages. La vente en détail des tissus importés ne laissa pas de soulever des conflits entre les marchands-drapiers et les merciers, quand ces derniers Digitized by Googlt — 26 — prétendirent débiter des draps fins à l'instar de leurs concur- rents. Dans le commerce des tissus, Bâle ne devint place d'exportation, que quand on commença à y employer le coton. Les Maures avaient introduit le tissage du coton en Sicile et en Espagne. Aux xjd° et xiv0 siècles, Florence, Milan, Barcelone étaient les grands marchés de cette nouvelle industrie. Elle pénétra dans l'Allemagne du Sud vers le milieu du xiv6 siècle. A Bâle, la première mention qu'on en trouve, remonte à 1367. C'était l'époque où l'ancien droit de transit fut porté au centuple, et il n'est pas impossible que cette aggravation eut pour but d'acclimater cette nouvelle branche de travail. Ce qui est certain, c'est qu'en 1393, le conseil donnait lui- même du coton à filer à de pauvres femmes. Le tissu qu'on en tirait, était le Schûrlitz, dont à l'origine la chaîne était de chanvre ou de lin ; là fabrication en devint bientôt assez prospère pour faire concurrence aux articles similaires de Milan et de Biberach sur les marchés étrangers. Une marque spéciale apposée par l'autorité en garantissait la provenance. Pour donner un grand essor à cette industrie, il aurait fallu que les exportateurs pussent faire travailler à façon, comme â Ulm et à Augsbourg, chez les tisserands du dehors, dont la main-d'oeuvre était meilleur marché. Malheureuse- ment le mauvais vouloir de la corporation ne permit pas de réaliser ce progrès. A cet organisme qui s'ossifiait, le concile général rendit la cir- culation et la vie. Pendant quelques années, il fit de Bâle une ville cosmopolite, presque une capitale. Avant tout il fallut en rendre l'accès plus facile aux puissants du siècle, laïques et ecclésiastiques, qui se rendaient à ces grandes assises de la chrétienté. Pour amé- liorer les chemins et les ponts de son territoire agrandi, le conseil obtint, en 1431, de l'empereur Sigismond l'autorisation d'établir de nouveaux péages et de nouveaux ponteoages. Il fallut créer de Digitized by Googlt — 47 — nouvelles industries et préparer de nouveaux logements dans des maisons qui n'avaient pas été bâties pour prendre des locataires. Des rez-de-chaussée on fit de nouveaux magasins. Dans les baux, les propriétaires s'obligeaient à fournir à leurs botes le bois, le charbon et le sel, comme ils fournissent aujourd'hui le gaz et l'eau. Ce fut là que s'installèrent les riches négociants venus à la suite du concile, les changeurs et les banquiers, les orfèvres et les joailliers, les marchands de tapis, de velours et de soieries. Le long des mai- sons, dans les rues, sur les places publiques et jusque dans Pinte* rieur de l'hôtel-de-ville, on établit à demeure des échoppes en bois, qui ne se montraient autrefois que devant la cathédrale, les jours de marché. On avait assez de notions économiques pour prévoir l'excédant de métaux prédeux que le concile allait faire affluer. Avant même qu'il se réunit, l'empereur Sigismond fonda à Baie un troisième ate- lier pour la frappe des monnaies d'or de l'Empire. Le premier était à Francfort, qui était le grand marché pour l'importation des mar- chandises des Pays-Bas et de la Hanse; le second à Nordlingue, par où passait le commerce avec Venise. La création d'un nouvel atelier était le meilleur moyen de prévenir l'accaparement de l'or par les Lombards et les Juifs. En 1509, l'atelier de Bâle fut transr féré à Augsbourg; mais, comme compensation, l'empereur Maxi- milien Ier autorisa la ville à frapper une monnaie d'or pour son propre compte. Le change, la banque, le commerce d'importation prirent un développement considérable. Mais les grandes affaires étaient surtout entre les mains des étrangers ; le commerce local se contentait de revendre en détail. Et cependant on constate pour cette période un énorme accroissement des fortunes privées ; parmi les marchands de drap et les épiciers-merciers-quincailliers, même parmi les maré- chaux, on trouve des particuliers qui doublèrent, triplèrent ou qua- druplèrent leur capital. L'apparition sur le marché de produits nouveaux ou de meilleur goût stimula l'émulation des artisans. Les vieux métiers commen- Digitized by Googlt — 28 — cèrent à se transformer eu industries d'art. C'est au concile que remonte la renommée des orfèvres et des fondeurs de Bàle, le goût des belles constructions et de la peinture, le pavage des rues, l'usage plus fréquent des vitres pour la fermeture des fenêtres. Ce fut alors que se montrèrent pour la première fois des brodeurs en soie, des passementiers, des confectionneuses de modes, des tisseuses de tapis. Ce fut alors qu'on s'essaya aux métiers qui devaient affranchir la consommation locale de l'importation des produits d'Augsbourg, de Nuremberg, de Cologne. Ce fut aussi l'époque des premiers progrès de la mégisserie et de la fabrication du papier, qui devaient devenir un jour des industries si prospères. Mais cet épanouissement avait quelque chose de factice et ne se prolongea qu'en partie au-delà du concile. A peine se fut-il prorogé, en 1437, que la famine, en 1438, la peste en 1439, les guerres qui, dès 1443, entravèrent la circulation des marchandises, amenèrent une prompte décadence. En 1441, le conseil se plaignait déjà de la dépopulation de la ville; ce fut alors qu'on abaissa les droits d'admission à la bourgeoisie. Et ce qu'il y a de plus signifi- catif, quand, en 1446, les rôles des contributions comptaient 593 contribuables dont la fortune dépassait 200 florins, en 1454, il n'y eu a plus que 460. C'étaient les étrangers qui avaient recueilli les grands bénéfices du concile, et le commerce local ne trouva même plus les fonds nécessaires pour commanditer l'expor- tation du Schiirlitz. Ce fut la ville qui intervint, pour soutenir de ses capitaux cette intéressante industrie. VI A tous les points de vue, les années qui suivirent le concile furent une ère de recul. L'émigration de la noblesse, de 1445 à 1449, mit fin à toute ambition politique, à toute extension territoriale. L'unique souci de ces gens de métiers et de commerce, qui auront dorénavant la haute main dans les affaires publiques, c'était d'assurer Digitized by Googlt — 29 — la protection des routes qui menaient chez eux, de prévenir l'éta- blissement de nouveaux péages et les pillages à main armée, forme spécifique des guerres de la féodalité contre les villes. Quand l'occa- sion se présenta d'acquérir de la maison d'Autriche les villes fores- tières, ce qui aurait permis de s'étendre à l'est sur le Rhin et de prendre possession des passages de la Porét noire, qui menaient au cœur de l'Allemagne et dans la vallée du Danube, Bàle refusa d'y engager ses fonds. On préférait développer les relations avec la France, pour profiter des facilités qu'à partir de Louis XI, ce pays accorda au commerce avec les cantons confédérés. La participation aux guerres de Bourgogne eut précisément pour résultat de conso- lider ces relations. On ne se préoccupa plus que de développer le travail et la production. On retrouva son compte dans la transformation d'une industrie locale. La mode avait adopté un tissu à ramages bicolores. C'est le Vogetechùrlitz, dont la chaîne et la trame étaient en coton, et qui dérivait du Schûrlitz. Sur le fond se détachaient par couples des oiseaux, quelquefois des lions, séparés par la palmette sassanide. Les tisserands de Bàle, aidés des teinturiers, trouvèrent moyen d'imiter ce tissu, dont le prix était très rémunérateur. La corpora- tion prit l'initiative de toutes les mesures qui pouvaient rendre cette fabrication prospère. En 1463, elle institua un contrôle officiel de ses produits, attesté par une marque apposée sur chaque pièce. Dès lors, d'année en année, on suivit les progrès de la mode. En 1489, on introduisit la fabrication d'un nouveau genre imité de celui de Francfort; en 1490, aux oiseaux primitifs on substitua des points ou des œils. Mais en même temps on limita la production annuelle, pour que l'abondance de l'offre ne dépréciât point la mar- chandise. Ne visant pas à produire en grand, le métier put d'autant mieux soigner sa fabrication. En 1508, le conseil rendit au nouveau tissu le témoignage qu'aucune autre ville ne pouvait entrer en concurrence avec Bàle. Le coton que le tisserand ouvrait, venait d'Italie en laine ou en filés. S'il achetait plus d'un quintal de coton brut, il était tenu de Digitized by Googlt — 30 — rétrocéder à ses confrères» au prix coûtant, telle quantité qu'on lui demandait. Le filage se faisait dans les couvents de femmes ou chez les béguines. Avant d'employer les filés, le tisserand était tenu de les faire visiter, et il ne pouvait en faire commerce à moins de leur avoir donné une nouvelle façon. Dans le principe, il blan- chissait et teignait lui-même. Mais avec les progrès de la technique, il se fit un départ dans le travail, et, en 1471, Bàle comptait déjà plusieurs teintureries prospères. Ulm avait la spécialité de la tein- ture en rouge, Augsbourg en noir, Cologne produisait des tissus carrelés ou rayés bleu et blanc ; c'étaient aussi les couleurs du Vogelschûrlitz de Bàle. Pour le bleu, on employait l'indigo de préfé- rence au pastel. L'indigo était connu à Bàle dès la seconde moitié du xve siècle. Ce qui empêcha cette fabrication, comme l'industrie textile en général, de prendre tout son développement, ce fut l'égoïsme pro- fessionnel. La corporation ne voulut admettre personne au partage de ses bénéfices. Elle monopolisa à son profit la vente en gros et en détail- Elle défendit d'employer la main-d'oeuvre du dehors au filage et au tissage, quoiqu'elle coûtât moins. Quand d'autres tissus évin- cèrent ses propres articles, elle eut beau changer son fusil d'épaule et, à la place du Vogekchiirlitz, fabriquer des draps, dans aucune branche ses prix de revient ne lui permirent de soutenir la concur- rence des toiliers d'Ulm, des drapiers de Strasbourg, qui pouvaient librement faire tisâer à la campagne. Voilà pourquoi l'exportation n'a jamais réussi aux artisans de Bàle. C'était se vouer à l'avance au sort des petites villes impériales, comme Memmingen, comme Biberach, dont les tisserands avaient aussi eu leur jour de splendeur et dont la décadence fut tout aussi rapide, faute d'avoir compris les vraies conditions de la lutte. Heureusement pour Bàle, personne ne pouvait le priver de son transit, et la fabrication du papier, l'imprimerie vinrent juste a point pour démontrer que la liberté du travail était la première condition de son développement. Dès le temps du concile, un Bâlois, Ueuri Halbisen, avait com- mencé sur une grande échelle à fabriquer du papier. Mais l'entre- Digitized by Googlt — 34 — prise ne put pas se soutenir il fallut des étrangers, les Galliriani, pour rendre cette industrie durable et florissante. Leur établissement est quasi contemporain de celui de Halbisen ; il est mentionné à partir de 1451 jusqu'en 1524. Ces nouveaux venus ne prétendaient nullement à un privilège exclusif. Ils se faisaient concurrence entre eux et ne mirent pas obstacle à la créa- tion d'autres usines rivales. L'invention de l'imprimerie assura l'avenir de cette fabrication. La production était incessante, et la nuit même n'arrêtait pas le travail. Les Galliziani essaimèrent avant la fin du siècle; l'un alla diriger la papeterie badoise d'Ettlingen; un autre fonda celle d'Epinal. La foire de Francfort devint le grand marché des papetiers de Bâle ; de là leurs produits se répandaient jusqu'aux bords de la mer du Nord et de la mer Baltique. Le papier à la tête de bœuf et au couperet, l'un des filigranes usités à Bàle, servit aux impressions de Strasbourg, de Spire, de Heidelberg, de Mayence, de Nuremberg, de Lubeck, de Rostock, voire à celles de Caxton à Londres. On ne peut douter que cette industrie n'ait puissamment contribué à acclimater celle dont Bâle a le plus sujet de s'enorgueillir, l'im- primerie. Ce fut sans doute un ouvrier de Gutemberg, Berthold Rodt ou Ruppel, de Hanau, qui, après la prisé de Mayence, y fonda le premier atelier. Il y trouvait des graveurs en bois et en cuivre, des enlumineurs, des fabricants de cartes à jouer, des fon- deurs de cuivre, les artisans qui partout ont préparé la voie aux imprimeurs. Plus tard les typographes feront appel aux artistes de la Souabe et de la Franconie, aux Holbein, aux Urs Graf, aux Sch&uf- felein, dont la collaboration fera de leur industrie un véritable art décoratif. Qui ne connaît les chefs-d'œuvre sortis des presses des Froben, des Kratander, des Herwag, des Episcopius, des Oporinus, des Pétri et de tant d'autres? L'imprimerie ne va pas sans le commerce des livres. La plupart des imprimeurs vendaient eux-mêmes les produits de leurs presses. Mais leur fonds de roulement était trop restreint, pour qu'ils pussent se passer de commandite. Ils préféraient de beaucoup travailler à Digitized by Googlt — 32 — façon pour le compte d'un éditeur, qui courait les risques, mais qui avait aussi les bénéfices de l'entreprise. L'université avait elle aussi servi de précurseur à l'imprimerie. On sait que l'initiative de sa fondation revient au pape Pie II, à iEnéas Silvius, qui connaissait Baie pour avoir pris part au concile. Quand il en fit la proposition, le conseil eut du mal à se résoudre. Les immunités du corps universitaire lui causaient de vives appré- hensions. Il craignait aussi la turbulence des écoliers, qui pouvaient le mettre aux prises avec les juridictions du dehors. Il songeait aussi aux sacrifices qu'exigerait le salaire des professeurs; cepen- dant il calculait que chaque écolier ferait une dépense annuelle de 20 florins et que, s'il n'en venait que 500, la circulation des capi- taux en serait augmentée de 1000 florins. Mais il y avait un autre avantage que nul ne pouvait prévoir alors ce n'étaient pas seulement des ouvriers qu'il fallait à l'imprimerie naissante elle avait aussi besoin de correcteurs instruits, comme Sébastien Brant et Reuchlin, et d'éditeurs capables de discerner les livres nécessaires à la rénovation des études, et ce fut l'université qui lui donna les uns et les autres. De 1470 à 1480, on compte 21 impri- meurs et libraires; de 1480 à 1490, ce nombre s'accroît de 17, et de 1490 à 1500, de 20 nouvelles officines. De tous les articles de luxe, le livre était peut-être alors celui qui procurait le plus de bénéfices. A cette époque, tout le commerce des livres en Allemagne était entre les mains des Bâlois Amerbach et Pétri et du Nurem- bergeois Koberger. Les foires de Francfort, de Lyon, de Leipzig, de Nordlingue et de Strasbourg étaient les principaux centres de leurs opérations. Dés 1473, l'imprimeur bàlois Bernard Richel fréquentait la foire de Leipzig. Mais celle de Francfort était plus importante; c'était là que les libraires s'assortissaient de leurs nouveautés, que les imprimeurs apprenaient à connaître les besoins du marché et que les uns et les autres réglaient réciproquement leurs comptes. Il semble que l'expédition habituelle d'une marchandise aussi encombrante que les livres, eût dû développer à Bàle l'industrie des transports. Il n'en fut rien. Ras plus qu'avant, ses voituriers ne Digitized by Googlt — 33 — furent en état de lutter avec ceux de Strasbourg. En général, c'est Strasbourg qui était alors le grand propulseur de la circulation dans l'Allemagne du Sud, tant pour les marchandises que pour les lettres et le numéraire. Par la nature et le mode de leur production, par le nombre des ouvriers qu'elles employaient, par l'importance des capitaux qu'elles absorbaient, la papeterie et l'imprimerie échappaient à la vieille réglementation des corps de métiers. Dès l'origine, on les considéra comme des professions libres. Dans le principe, les papetiers se considéraient volontiers comme ressortissant aux merciers-épiciers, qui avaient été jusque-là les importateurs du papier , mais quand, en 1508, la corporation prétendit un droit de contrainte même contre un imprimeur, le conseil rendit un décret qui s'en remettait aux intéressés du choix de la tribu dont ils voulaient faire partie. Dès 4470, on admit de simples ouvriers au droit de bourgeoisie. Ils purent se mettre en ménage ; leurs femmes et leurs enfants trouvaient de l'occupation dans les mêmes ateliers. En 1 540, les patrons et leur personnel furent affranchis du service des gardes et veillées. Mais ce fut aussi dans ces professions que se manifestèrent d'abord les inconvénients de la grande industrie. En 1471 déjà, les ouvriers imprimeurs se mirent en grève. Le mal s'aggrava, quand Bàle cessa d'être un des grands centres de l'imprimerie. Ce fut le commen- cement du prolétariat, d'autant plus sensible pour les. ouvriers, qu'ils étaient en dehors de l'organisation corporative et qu'ils ne participaient pas aux institutions de prévoyance qu'elle avait créées. A partir du xvie siècle, les ouvriers papetiers tombèrent à la charge de l'assistance publique ; à diverses reprises, le conseil mit leurs patrons en demeure d'améliorer les salaires ou de cesser leur industrie. C'est pour parer à cette situation, qu'en 1661, les impri- meurs se constituèrent en corps de métiers leur premier soin fut d'établir une caisse de secours. Quand, après le concile, Bàle cessa d'être ce qu'il avait été momentanément, l'un des principaux centres de la chrétienté, on crut que l'établissement de grands marchés, qui attireraient le 3 Digitized by Googlt — 34 — commerce de toute la région, pourrait conjurer le déclin, la ruine dont on était menacé. En 1471, alors que l'industrie du papier et des livres commençait à prospérer, on obtint de l'empereur Frédéric III la concession de deux foires annuelles, à l'instar de oelles de Francfort et de Nordlingue. Une amende de 60 marcs était édictée contre tous ceux qui troubleraient la paix de la foire. Le conseil prit aussitôt ses mesures on lança des placards pour faire savoir au loin que Bâle inaugurerait sa première foire à la prochaine Saint-Martin ; pour la circonstance, on renforça la garde des portes et des remparts, et l'on délégua la juridiction de la foire à une magistrature spéciale. Puis pour joindre l'agréable à l'utile, on organisa une loterie et on institua des prix de course pour les hommes et les femmes. Le oonoours fut considérable ; mais les résultats ne répondirent pas à ce que l'on s'en était promis. L'industrie, le commerce de la ville avaient espéré qu'Us seraient les maîtres du marché; mais tout au contraire, on fut débordé par les artisans, par les détaillants du dehors, dont la concurrence réduisit singulière- ment* les profits des Bâtais. Francfort et Nordlingue restèrent en possession du grand commerce international ; pour le trafic de la Suisse, il y avait la foire de Zurzach, pour celui de l'Alsace, celle de Strasbourg. Les deux foires de Bâle n'eurent qu'une importance loeale et, dès 1495, la première, cdle de la Pentecôte, tomba en désuétude. Le& foires n'eu exercèrent pas moins une influence considérable sur le développement économique de Bile. Le commerce y était libre pour l'étranger aussi bien que pour l'indigène, et les métiers ne pouvaient pas opposer leurs entraves corporatives à l'initiative individuelle. Rien ne contribua plus à développer l'esprit d'entreprise, à foire des commerçants de tous oes artisans routiniers. Ge fut sur- tout à partir de ce moment qu'au lieu d'attendre tranquillement les clients dans, leurs boutiques, ils allèrent au-devant d'eux et prévinrent leurs besoins par la fréquentation des marchés du dehors. L'esprit de négoce s'infiltra ainsi dans toutes les couches de la popula- Digitized by Googlt — 35 — lion et rendit les plus arriérés aptes à concevoir de nouvelles idées économiques. Cela ne faisait pas le compte des marchands propre- ment dits, qui voyaient avec déplaisir les hommes de métiers marcher sur leurs brisées. Aussi essayèrent-ils, en 1491, d'interdire l'admission simultanée dans un corps de métiers et dans un corps de marchands, qui donnait lé droit d'exercer deux professions à la fois; mais il fallut, dès 4495, revenir sur cette mesure et permettre de nouveau la double affiliation. Le coup fut mortel pour le commerce des draps, de la mercerie, de la quincaillerie. 11 n'en fut pas de même de l'épicerie, dont rien ne pouvait ébranler l'importation. Les épiciers avaient leurs fonds de roulement, un outillage en commun ; ils restèrent les maîtres de la situation* Ils acquirent de plus en plus le monopole de leur commerce dans tout le pays à la ronde. Ce fut vers cette époque, en 1489, que le sucre fit sa première apparition sur le marché de Bâle. De la fin du xv° siècle datent également les premières spéculations sur l'achat en gros des marchandises. On s'associa pour accaparer les matières premières, les denrées alimentaires, les produits de grande fabrication. Déjà en 1495, il fallut chercher des remèdes à cette exploitation des besoins publics par le capital, mais en vain. Dans ces années mémorables où Vasco de Gama doublait le cap de Bonne-Espérance, où Christophe Colomb découvrait l'Amérique, c'était pour Baie, comme pour Ulm, comme pour Àugsbourg, comme pour Nuremberg, une nécessité inéluctable de s'organiser pour le grand commerce. En 1515, la rectification de la route du Saint-Gothard donna une nouvelle impulsion au trafic entre la Flandre et l'Italie. Bâle eut le mérite de ne pas abuser des avan- tages de sa situation ; déjà en 1510, on consentit de fortes réduc- tions de droits en faveur de maisons de Côme, de Milan, de Gènes, de Lucques, de Lucerne, de Zurich, de Liège, comme aussi de Memmingen et de Nuremberg. Tout contribuait alors à développer la faculté de consommer, mais en même temps à affiner le goût et à le rendre plus exigeant. Les guerres contre Charies-le-Téméraire, les campagnes en Italie Digitized by Googlt — 36 — avaient mis la Suisse en rapport avec une civilisation plus avancée. L'argent était devenu plus abondant. En 4470, la solde que le roi Louis XI payait à ses mercenaires, était de 4 l/, florins par mois, autant que gagnait alors un professeur de la nouvelle université de Bâle. La soif des jouissances ne connut plus de bornes. La plus haute expression du luxe se manifesta dans le costume, dans ces beaux habits à crevés, qui permettaient l'emploi d'étoffes nuancées de couleurs diverses, mates ou miroitantes, qui, en bouffant, donnaient plus de relief aux nobles saillies du corps humain. La toque italienne, que la mode adopta en même temps, était la coiffure qui s'harmonisait le mieux avec les boucles d'une chevelure naturelle- ment ondulée. Bâle devint alors un des centres des plaisirs en Europe ; son diocèse passa pour être celui où Ton s'amusait le plus dans la vallée du Rhin, ce grand chemin du commerce et des prêtres. » Le terrain était propice pour la Réforme qui s'annonçait. Vil L'esprit d'examen et de critique ne s'est pas appliqué rien qu'aux questions religieuses. Les masses étaient beaucoup plus sensibles au malaise économique qu'elles ressentaient, surtout quand on conçut la possibilité d'y remédier. L'ancienne organisation de la commune visait à procurer à chacun des moyens d'existence assurés au sein de sa corporation, et, en théorie, la satisfaction des besoins de chaque groupe devait concourir également au bien-être général. Mais l'expérience démontrait de plus en plus combien cette concep- tion était chimérique. Partout l'opposition des intérêts se montrait à nu ; les corps des marchands faisaient concurrence aux corps de métiers ; les profits étaient plus grands et plus aisés d'un côté que de l'autre ; le pouvoir était devenu naturellement l'apanage des riches, et le fonds de roulement, le capital pesait lourdement sur le travail. On vient de voir qu'à Bâle, en 1491, pour en finir avec la concurrence des artisans, les commerçants refusèrent de les rece- Digitized by Googlt — 37 — voir dorénavant dans leurs corporations» mais que, peu après, en 1494-95, les hommes de métiers recouvrèrent les privilèges du commerce, en forçant de nouveau l'accès de deux corporations à la fois. Une réforme politique avait d'abord préparé les voies. Depuis que l'élément noble et patricien avait été amoindri et évincé, l'ancien conseil n'était plus suffisant, ni en nombre, ni en capacité. On lui avait adjoint, sous le nom de grand conseil, les douze sexvirs de chaque corporation. L'autonomie corporative en souffrit; mais ce fut au profit de l'influence collective de la bourgeoisie au sein de la commune. Jusque-là le corps des nobles et des patriciens, réduit à un seul poêle, la Hohe Stube, avait conservé son droit de cooptation pour le renouvellement du conseil. Seulement à la suite de l'entrée de Bàle dans la Confédération suisse, en 1501, les plébéiens obtinrent du nouvel évéque Christophe d'Uttenheim 1502-1526 de concourir dorénavant au choix des conseillers au même titre que les patriciens, si ceux-ci n'étaient plus en nombre. C'était mettre les simples bourgeois au même rang que la noblesse, quant à la disposition des offices et des dignités. Peu après, sous prétexte qu'ils faisaient valoir leurs capitaux, comme associés ou commanditaires, par l'industrie ou le commerce d'autrui, on obligea les patriciens à s'affilier aux corps de métiers ou de marchands. A partir de ce moment, toutes les résistances que les traditions con- servatrices pouvaient opposer aux réformes démocratiques, furent brisées. Au commencement du xvie siècle, le corps de la noblesse ne comptait plus que onze familles ; à partir de ce moment, pour y être admis, il fallut faire la déclaration de son avoir et en payer 10 % à la commune. L'un des premiers actes du nouveau conseil fut de demander aux corporations de lui faire connaître leurs vœux et leurs griefs. Une commission spéciale de neuf membres fut chargée de reviser et d'amender toutes les lois existantes ; ce fut elle qui se chargea de rechercher et de découvrir de nouvelles voies économiques. Ni les corps de marchands, ni les deux professions libres des imprimeurs Digitized by Googlt — 38 — et des papetiers ne firent de réclamation ; par contre les corps de métiers furent unanimes pour se plaindre de l'état de choses exis- tant et pour réclamer des réformes. Après avoir donné satisfaction aux plus pressés, le conseil passa deux ans à préparer un nouveau règlement général. Cette fois, c'est la petite industrie locale qu'on cherche à relever et dont les intérêts passent au premier rang. Le pauvre doit avoir sa place au soleil aussi bien que le riche ; il s'agit de venir en aide à la classe moyenne, de faire vivre une nombreuse petite bourgeoisie, de mettre un terme aux inégalités sociales résultant de la concentration du capital entre les mains de quelques privilégiés. Cette nouvelle organisation du travail est visiblement dirigée contre le grand commerce. Les matières premières et les denrées alimentaires , le marchand les importe en gros ; mais l'artisan est privilégié pour l'achat de celles dont il a besoin. Le négociant n'est là que pour tirer du dehors les artieles que les métiers ne produisent pas. Quant à concourir avec le producteur indigène, il n'en est plus question. Le droit de l'artisan de vendre les objets de sa fabrication lui assure le monopole de la vente de tous les produits similaires. II est assuré d'écouler l'ouvrage de ses mains, si même il est cher et mauvais. Ou bien le marchand ne peut pas vendre les articles que produit l'industrie locale, ou il est obligé de les vendre à plus haut prix. Dans l'exposé des motifs, les nou- veaux législateurs allèguent que, jusque-là, le commerce a fait grand tort aux métiers, en important des produits étrangers, ce qui a eu pour effet une diminution dans le chiffre de la population et dans le rendement des impôts. On revint sur le droit, récemment rendu aux bourgeois, de participer à deux corporations à la fois ; doré* navant il ne fut plus permis de s'associer en dehors de celle à laquelle on appartenait, ni même pour l'exploitation d'une môme branche, si ce n'est entre le père et ses fils. Les capitalistes ne devaient plus commanditer que des membres de la tribu à laquelle ils appartenaient. On multiplia les branches d'un même commerce ; il fut interdit aux drapiers de vendre, comme précédemment, en même temps que leurs draps, des boutons, des rubans, du fil et des Digitized by Googlt — 39 — aiguilles, et c'est à dater de cette réforme que, confondues jusque* là, l'épicerie, la mercerie, la quincaillerie devinrent autant de com- merces indépendants les uns des autres. Naturellement les marchands protestèrent contre cette réglemen- tation. Ce qui les indignait le plus, c'était l'accusation d'avoir été cause de la diminution de la population et des revenus de la ville. Leur défendre l'accès d'une autre corporation que la leur, c'était les vouer à la ruine. A l'interdiction de la vente des menus objets nécessaires à la confection des vêtements, les drapiers objectaient que le public en aurait bien vite assez de s'adresser à trois fournis- seurs différents, d'acheter chez les trois à crédit, comme il était d'usage alors dans le commerce de détail. Dans tous les cas, il fallait renoncer à la clientèle du dehors, qui préférera se pourvoir à Alt- kirch, à Habsheim, à Neuenbourg ou à Rheinfelden. Quoi qu'il en soit, ces mesures n'atteindront pas leur but, qui est de permettre au pauvre de gagner sa vie aussi bien que le riche. C'est le con- traire qui arrivera. Le petit drapier, réduit à ne vendre que ses draps, ne fera que végéter ; il se formera à son détriment quelques grandes maisons qui l'écraseront. Le gros commerçant se tirera toujours d'affaire, en faisant apprendre à ses fils les métiers qu'on lui interdit à lui-même. De leur côté, les épiciers à qui l'on rognait également les ailes, faisaient remarquer que, quand ils s'approvi- sionnaient à Venise, à Milan, à Lyon, à Francfort, à Nuremberg, ils ne pouvaient pas se restreindre aux seuls articles de leur com- merce, et qu'ils achetaient, par la même occasion, tout ce qui Sem- blait leur promettre quelque bénéfice. Après deux ans et demi de recueillement, en janvier 1526, le conseil apporta quelques modifications à son nouveau règlement, les unes favorables, les autres contraires aux intérêts du commerce. Les corps de métiers ne furent pas oubliés les toiliers qui, lors de l'enquête, s'étaient plaints de la concurrence des couvents de femmes à l'extérieur, furent autorisés à les faire travailler à façon pour leur propre compte. Depuis quelque temps, les mêmes artisans s'étaient mis à fabriquer des draps à titre de compensation sans Digitized by Googlt — 40 — doute pour les drapiers, on restreignit le droit des toiliers de vendre des tissus importés. Enfin pour couper court à toute nouvelle vel- léité d'opposition de la part des classes ci-devant privilégiées, le con- seil exclut leurs représentants de son sein, tandis que les corps de métiers s'obligèrent par serment à maintenir et à observer le nou- veau règlement. Les corporations dont on rognait les privilèges économiques et politiques, étaient aussi celles qui faisaient cause commune avec le chapitre de la cathédrale, avec les couvents, avec l'université, dans leur résistance contre la réforme religieuse. Si le catholicisme avait créé les formes où la pensée s'était complu au moyen-àge, il avait en même temps concentré d'énormes capitaux entre les mains de l'Eglise. Or le clergé se recrutait principalement dans les classes élevées, qui trouvaient là une carrière pour leurs cadets. Et il ne faut pas croire que, dans les couvents, les uns riches, les autres besogneux, on ne se livrât qu'à l'étude ou à la vie contemplative. Parmi les moines, on recherchait les frères lais qui savaient un métier, qui fussent maçons, tonneliers, charpentiers, menuisiers; on trouvait chez eux jusqu'à des ateliers de reliure, qui travaillaient pour le dehors. Dans les couvents de femmes, où les religieuses filaient et tissaient, le règlement de 1526 fit de son mieux pour mettre fin à cette concurrence. Il défendit même aux communautés de s'approvisionner de denrées et de matières premières au-dehors, et lorsque le conseil mit les conventuels en demeure de quitter leurs cloîtres, les corps de métiers allèrent jusqu'à leur contester le droit d'exercer une profession manuelle. Quand les réformateurs prê- chèrent la justification par la foi et non par les œuvres, le peuple vit en perspective les biens de l'Eglise faire retour à la chose com- mune, et les rentes que le clergé prélevait sur les produits du travail, rester dans les bourses des débiteurs. Il n'est même pas douteux que l'on ne soit allé trop loin dans cette voie. Du moment que le chrétien était dispensé de bonnes oeuvres, l'intérêt personnel le porta à croire que la charité n'était plus nécessaire, et qu'on pouvait se dispenser d'aimer le prochain. Luther et Zwingli Digitized by Googlt — 41 — l'ont bien compris ; aussi n'ont-ils cessé de fulminer contre l'égoïsme des grands et des riches et de leur prêcher l'amour de leurs semblables. A Bftle l'exclusion des patriciens du conseil ne pouvait les laisser indifférents. Ils émigrèrent et entraînèrent même à leur suite le personnel enseignant, si bien que, de 1529 à 1532, les cours de l'université furent suspendus. Restés seuls maîtres du terrain, les corps de métiers firent en sorte que leurs préposés, au lieu de se renouveler eux-mêmes, par voie de cooptation, fussent nommés dorénavant par voie d'élection, et les conseillers, au second degré par les sexvirs, de telle sorte que le grand conseil, renforcé de quatre élus de chacun des corps de métiers, fut, à partir de ce moment, une émanation directe des tribus, et le petit conseil une délégation du grand. Quand toutes les barrières eurent disparu, on commença à parler dans le populaire de l'abolition du cens, de la dime, des contributions, de l'accise. C'était un avertissement ; les autorités comprirent qu'il fallait enrayer et revenir en arrière. Après avoir démontré à ces anarchistes de la première heure, par des passages du Nouveau Testament, la légitimité de ces prestations, elles n'eurent rien de plus pressé que de reviser une constitution qui aurait permis de réaliser de si belles réformes ; les quatre élus des corps de métiers furent éliminés du grand conseil, et l'on réduisit la participation des artisans au pouvoir à un minimum absolument inoffensif. A partir de 1533, le gouvernement redevint oligarchique. Dans le domaine économique , le triomphe des corps de métiers sur le commerce eut un peu plus de durée. C'était l'époque où le transit fut à Bâle le plus florissant. En dépit des entraves qu'on leur avait imposées, son action vivifiante ne pouvait manquer de faire prospérer les corps de marchands. Ils firent de nouveau entendre leur voix La réforme tentée naguère, dirent-ils, n'est pas viable. Ce qui le prouve, c'est qu'elle n'est jamais entrée dans la pratique. On ne pourra mieux venir en aide au commerce et aux métiers, qu'en revenant en arrière et en restituant aux corpo- Digitized by VjOOQIC — 42 — rations leurs antiques franchises. » En principe, cette protestation ne souleva aucune objection. On rendit de nouveau libre l'associa- tion du capital et du travail, l'agrégation simultanée à deux tribus et la commandite. Môme les Juifs, qui représentaient la pire mise en valeur du capital, l'usure, et qui avaient été exclus des affaires, purent reprendre leurs opérations. La seule innovation qui survécut, ce fut le change, que la ville avait retiré des mains des anciens Hausgenossen et qui resta une institution municipale. Quelque temporaire qu'ait été cette réaction contre le capital, tentée ailleurs encore, à Zurich, à Francfort, à Spire, à Worms, à Aix-la-Chapelle, à Cologne, à Lùbeck, à Ratisbonne, à Ulm, cette expérience n'en mérite pas moins toute l'attention de l'économiste et de l'historien. Mais si les corps de métiers furent victimes de leurs illusions sur le rôle du capital et les conditions du travail , le système qu'ils firent prévaloir plus ou moins longtemps, n'en porta pas moins ses fruits. A Bàle môme plusieurs industries semblent lui avoir dû leur prospérité , les drapiers , les tanneurs , les mégissiers. 11 fit fleurir le régime de la petite industrie, d'où sortit la puissante organisation qui solidarisa en Allemagne les intérêts des compagnons et des apprentis, et qui fit plus ou moins de chaque artisan un ouvrier d'art, en exigeant de lui, vers le commencement du xvime siècle la production d'un chef-d'œuvre. VIII Le commerce de Bâle , débarrassé enfin de ses entraves , a pour principal représentant , dans la seconde moitié du xvT siècle, un simple marchand de draps. Entreprenant, actif, l'esprit ouvert, âpre au gain, mais comprenant que la probité est la mère du crédit et la clef des affaires , André Ryfi a laissé des mémoires d'une importance majeure pour l'histoire du négoce local. De son temps, le grand courant ne prenait plus son point de départ en Italie et dans les villes hanséatiques. La découverte du cap de Bonne- Digitized by Googlt — 43 — Espérance avait transféré le commerce maritime à l'Angleterre et aux Pays-Bas. Anvers commença par évincer Bruges, et, à son tour, Amsterdam détrôna Anvers, quand la persécution religieuse et les mesures fiscales du duc d'Albe poussèrent à bout cette popu- lation de marins et de trafiquants. Pour le grand commerce, Bàle n'avait été jusque-là qu'un simple lieu de transit. La contre-réforme en Italie lui amena ses premières maisons de commission. L'importa- tion et l'exportation des draps passa entièrement entre leurs mains. Les épiciers, en compagnie des imprimeurs, continuaient à se rendre à la foire de Francfort. A l'époque où les tanneurs et les drapiers fréquentaient les foires de la Champagne , ils avaient eu à Bar-sur-Aube leur • maison de Basle ». A Francfort les Bàlois eurent aussi leur Basler Hof. Pour y loger, il fallait se faire affilier à la Hanse. Ce n'était plus alors qu'une cérémonie burlesque, quelque chose comme le baptême de la Ligne de là le verbe hcemeln, dans le sens de berner, de mystifier. Contrairement à l'usage en vigueur dans les corps de métiers, anciennement les corps de marchands n'exigeaient pas d'appren- tissage proprement dit. Le jeune commerçant se formait aux affaires dans la maison paternelle, où, avec le reste de la famille» il suppléait le père pendant ses absences. Cependant quand il se forma de nouveaux centres de production et qu'il s'ouvrit dé nouveaux débouchés, on comprit la nécessité d'élargir son expé- rience. A Bàle, le premier règlement d'apprentissage pour les marchands* drapiers remonte à 1583. Mais antérieurement déjà, quand l'occasion s'en présentait, on envoyait le jeune néophyte chez un correspondant, soit à Strasbourg, soit à Francfort, soit à Amsterdam, mais de préférence à Genève ou à Lyon , où , tout en apprenant le français, il s'initiait aux vieilles traditions, aussi bien qu'aux nouveaux progrès du commerce. C'est à Genève qu'Adam Ryff commença son noviciat, qui fut de sept ans en tout il le continua à Porrentruy et le termina à Strasbourg. Il n'y avait que les toutes grandes maisons qui se permettaient le luxe d'un commis ou d'un apprenti. Digitized by Googlt — 44 — Les transactions se faisaient à l'occasion des foires et des mar- chés, et l'on tâchait d'en manquer le moins possible pour de simples marchés hebdomadaires qui ne duraient qu'un jour, on ne reculait pas devant des trajets de douze à dix-huit heures. Aux deux foires de Zurzach, de Strasbourg, de Francfort, à celle de Bàle se faisaient les achats en gros. Les draps venaient d'Anvers et de Cologne c'est de là qu'il aurait été de l'intérêt des détaillants de les tirer directement ; mais si le gros négociant leur faisait crédit d'une foire à l'autre, il fallait, pour les transports , risquer des avances qu'il n'était pas donné à tout le monde de pouvoir faire. Il n'était pas question d'aller jusqu'à Anvers on se contentait de faire ses achats à Strasbourg; les moins huppés se pourvoyaient sur place à Bàle même. Quant à Zurzach, il n'était pas possible d'en rapporter des draps, dont le retour à Bàle aurait été grevé de doubles frais de transport. A Bàle, comme à Strasbourg, comme à Francfort, le commerce en gros était entre les mains de négociants des Pays-Bas. Les règlements ne se faisant qu'à la foire qui suivait celle où l'on avait acheté, Ryff profita de cet avantage pour faire des achats simultanés sur plusieurs places. S'il parvenait à écouler promptement les marchandises des diverses provenances, il réalisait l'idéal du commerce , qui est d'arriver à un grand chiffre d'affaires avec le moindre fonds de roulement possible. Il avait pour les écouler sa boutique en ville, les petits marchés des environs, les foires de Bàle et de Zurzach. Si , avant la clôture de ces foires , il parvenait à se débarrasser de son assortiment, il était dans le cas de le renouveler sur place. Ces ventes au comptant mettaient le marchand en mesure de faire honneur à ses engagements. Ses opérations à Zurzach, au commencement de septembre, lui procuraient les fonds dont il avait besoin, le même mois, pour régler ses comptes à la foire de Francfort, et le produit de la foire de la Saint-Martin à Bàle couvrait les échéances de la foire de Noël à Strasbourg. Tenir les engagements qu'il contractait, fut la préoccupation constante de Ryff. S'il y est toujours parvenu, il croit que c'est par une Digitized by Googlt — 45 — faveur spéciale de la Providence un négociant du xixe siècle en aurait fait honneur à son savoir-faire et à sa chance. Le bon renom que son activité et son exactitude lui avaient acquis, lui valut, en 1578, d'être choisi par une importante maison d'Anvers pour la vente en gros de ses draps à Bâle. Rien ne fut plus favorable à ses affaires. A partir de ce moment, il cessa de courir les petits marchés des environs, pour se consacrer uniquement à ceux des principales villes de la Suisse les quatre foires de Soleure, les cinq de Berne, les quatre de Lucerne. Dans les foires, le marchand du dehors jouissait des mêmes immunités que l'indigène; cependant à Bàle, il devait se servir des mesures et des poids locaux, faire vérifier la qualité de ses marchandises par les contrôleurs attitrés des corporations et ne pas les colporter de maison en maison au- delà d'un certain délai. Dans le commerce en détail, l'étranger n'en avait pas moins l'avantage de vendre au comptant, tandis que l'indigène ne pouvait se dispenser de faire crédit. Les routes, les moyens de transports s'étaient améliorés. Il se faisait en Suisse un effort marqué pour substituer les voies de terre aux cours d'eau torrentiels des Alpes. La navigation ne se maintint que sur les lacs. Même en aval, sur le Rhin, le voyageur aimait mieux faire le trajet à cheval qu'en bateau. Ryff fit plus de cinquante fois le voyage de Francfort, deux fois seulement par eau. A cheval il fallait deux jours pour se rendre à Strasbourg ; de là quatre pour arriver à Francfort. C'est l'exagération des péages sur le Rhin , qui amena le commerce à préférer les routes de terre qui le longent. Mais quand celles-ci se hérissèrent également de barrières, il se produisit, au commencement du xvue siècle, une réaction en faveur des transports par eau. Cependant en Suisse on rectifia les anciens chemins de montagne, on construisit des ponts. Grâce à l'amélioration des parties les plus ardues du trajet, par les soins du canton d'Uri, le Saint-Gothard finit par l'emporter sur tous les autres passages des Alpes. Les routes devenues partout plus viables rendirent de plus en plus fréquent l'emploi des voitures pour le transport des voyageurs. Pour la fréquentation des foires, Digitized by VjOOQIC — 46 — on créa des services réguliers de pataches; en 1555, le littérateur Georges Wickram, de Colmar, publia le premier recueil de contes pour le délassement des voyageurs. À partir de 1619, un coche fit régulièrement le service entre Strasbourg et Francfort, en 1631, entre Strasbourg et Paris, et, vers 1650, entre Baie et Francfort. L'expédition des lettres marcha du même pas que le transport des personnes. Au moyen-âge, nos villes n'avaient que des coureurs pour le service de leur correspondance publique et privée. Mais quand, en 1516, François et Léonard de Taxis créèrent, entre Bruxelles et Vienne, le premier service de courriers à cheval, de postillons, la Suisse en profita pour y greffer sa correspondance avec la Hollande. À partir de 1569, il y eut un service hebdoma- daire entre Baie et Strasbourg. Vers la même époque, Saint-Gall ouvrit une autre ligne entre Lyon et Nuremberg, avec un embran- chement sur Bâle. Ce service devint assez important pour qu'en 1585, Schaffhouse lui opposât une concurrence qui finit par l'emporter. C'est ainsi que s'étendit peu à peu l'organisme essentiel du commerce. Tant que Ryff ne travailla que pour son propre compte, la tenue de ses livres resta passablement rudimentaire ; il ne la rendit exacte que quand il devint le représentant de la maison d'Anvers , mais sans jamais faire usage de la comptabilité en partie double, quoique, de son temps, elle commençât à se répandre en Allemagne. La mul- tiplicité des systèmes monétaires, les différences et les altérations des espèces, leur cours et leur change étaient pour le négociant un casse-tête auquel il remédiait au moyeu de tables de réduction. Des conventions entre Bâle, Fribourg, Colmar et Brisacb assuraient du moins aux monnaies de ces villes une taille et un titre uniforme. Par privilège elles en tiraient le métal de Sainte-Marie-aux-Muies, de Giromagny, d'Auxelles. Pour le commerce de l'argent, Bâle avait un agent spécial, comme pour le change. Du temps de Ryff, un de de ces argentiers mourut en laissant une veuve. Ne parvenant pas à tirer ses comptes au clair, elle épousa Ryff, qui devint ainsi entre- positaire des mines des Vosges. Digitized by Googlt — 47 — L'habile combinaison d'achats à crédit et de ventes au comptant, que Ryff eut, l'un des premiers, le mérite de comprendre, donna plus de solidité au crédit ; mais elle fit naître également la tenta- tion d'en abuser. Alors déjà des négociants déloyaux vendaient au-dessous du cours des marchandises qui n'étaient pas encore payées ; aussi les banqueroutes devinrent-elles de plus en plus fré- quentes. C'est ce qui arriva à l'un des concurrents de Ryff, qui., après avoir forcé tous les autres marchands à baisser leurs prix, fit faillite au bout d'un an de ce trafic. Cela jeta de la défaveur sur son propre commerce» également basé sur la confiance qu'il inspirait à ses fournisseurs. Sollicité par son père qui, pas plus que les autres, n'avait idée de ce nouveau mode d'opérer, il fut sur le point de renoncer à ses affaires. Mais il se ravisa et tint bon ce fut précisé- ment alors qu'il obtint cette agence d'Anvers, qui fut le vrai com- mencement de sa fortune. IX Au xvi* sièele, les persécutions et les guerres de religion, qui oui été pour certains pays des causes de ruine ou de recul, ont par contre amené un progrès marqué en Suisse et en Allemagne. L'émigration les mit de plus en plus en contact avec les civilisations plus avancées et plus raffinées de l'Italie, de la France et des Pays-Bas. Mieux que cela, elle y introduisit une population d'élite, dont le renoncement volontaire à la famille, à la patrie, souvent à la fortune, prouvait la haute valeur morale et intellectuelle, et dont les facultés devaient encore s'aiguiser davantage par le fait même de l'expatriation. Comme réfugiés, les nouveaux venus n'étaient que tolérés pour recouvrer leur rang social, il leur fallut montrer tout ce dont ils étaient capables dans les arts et dans les sciences, dans le commerce et dans l'industrie. Rien qu'en s'ingéniant à réaliser et à mobiliser leur patrimoine, ils contribuèrent puissamment à développer les institutions de crédit. Partout ils créèrent de nouvelles industries. Ce sont des exilés de France et d'Anvers, qui firent connaître à Digitized by Googlt — 48 — l'Allemagne les plus récents progrès de la teinture et de la fabrica- tion des draps. C'est de l'établissement du Bourguignon Charles Cousin, en 1587, que date l'introduction de l'horlogerie à Genève. D'autres Français lui apprirent le travail de la joaillerie et de l'orfè- vrerie. Neuchàtel dut aux réfugiés son industrie des dentelles. La fabrication du velours et du damas est venue d'Italie. Plus qu'aucune autre ville allemande, Bàle est redevable à ses réfugiés de son développement matériel et intellectuel. Ils ne lui vinrent pas directement de leur pays d'origine fuyant la persécu- tion, ils s'étaient d'abord établis plus près de la frontière, à Chia- venna, à Locarno, à Bellinzona, à Zurich, à Lausanne, à Genève, à Montbéliard, à Epinal, à Sainte-Marie-aux-Mines, à Frankenthal. Ce fut seulement après avoir perdu tout espoir de rentrer dans leurs foyers, qu'ils se décidèrent à aller plus loin. A Bàle, dès le principe, on se montra moins hospitalier pour eux qu'à Zurich et à Genève. Pour ne citer qu'un fait, ce ne fut qu'après la Saint-Barthélémy qu'ils furent autorisés à ouvrir des églises particulières. Les diffi- cultés qu'on leur fit, tenaient surtout au nouveau mode de recrute- ment de la bourgeoisie. Depuis 1487-1528, Bàle n'admettait plus de manants pour pouvoir se faire agréger dans une corporation, il fallait d'abord avoir été reçu bourgeois. En dehors des patrons, on n'accueillait que des compagnons, avec droit temporaire au domi- cile. Pour être reçu sans ce stage préalable , il fallait que la ville trouvât un avantage immédiat à l'établissement du récipiendaire, sinon elle le prenait à l'essai, comme domicilié, pendant une ou plusieurs années. Tout autre était la règle à Zurich, où Ton rece- vait à domicile tous ceux qui se présentaient, tandis que les Orelli, par exemple, qui avaient émigré en 1555, n'obtinrent définitive- ment le droit de bourgeoisie qu'en 1592. A Bàle les artisans, qui conservaient la haute main dans le gouvernement, ne voyaient dans les réfugiés que des concurrents. Dès 1542, le conseil prit des mesures pour prévenir l'établissement des étrangers de langue française. Il n'y eut d'exception qu'en faveur de ceux dont les richesses ou l'industrie pouvaient procurer Digitized by Googlt — 49 — à la ville honneur et profit. Un autre décret de 1561 précise encore mieux l'esprit qui dictait ces mesures dorénavant ne seront admis au droit de bourgeoisie, est-il dit dans ce règlement, que les per- sonnes nobles ou qui sont en état de vivre, sans travailler, de leur seul revenu, ou encore ceux qui, dans leur profession ont une telle supériorité, que la ville et la bourgeoisie puissent en tirer avantage. Par là Bâle devint le refuge de l'élite des exilés, tandis que Zurich, Berne, le pays de Vaud n'en reçurent que la plèbe c'est à cette immigration, plutôt qu'à l'ancien patriciat, que la ville doit en majeure partie son aristocratie actuelle. Cependant le plus considérable de ces étrangers, Marco Perez, juif espagnol converti au protestantisme, n'y fit pas souche. C'était le chef de la communauté réformée d'Anvers, le banquier de Guil- laume d'Orange. Prêt à tous les sacrifices pour sa foi, il fonda une imprimerie clandestine, d'où il répandit en Espagne 30,000 exem- plaires de l'Institution de Calvin. Lors de la rupture de Guillaume avec Philippe H, il fut l'un des premiers à émigrer. A Bâle on le reçut bourgeois sur sa réputation. Il y fut, comme à Anvers, magni- fique dans sa foi ; mais ses opérations commerciales lui suscitèrent des ennuis avec les corps de marchands. Pendant que les autres négociants de Bâle faisaient leurs achats en gros par des intermé- diaires, Perez se procurait ses marchandises de première main. Il pouvait ainsi les revendre à plus bas prix ; aussi ne lui permit-on pas de les débiter en détail. On en vint bientôt à réclamer des mesures contre l'établissement de ces réfugiés qui, par leurs capitaux et leurs commandites, écrasaient le commerce local. Perez mourut en 1572, cinq ans après son arrivée et, à la suite, sa veuve renonça à son droit de bourgeoisie. De retour à Anvers, elle eut l'honneur, en 1581, de tenir sur les fonts, avec Guillaume d'Orange, un fils de Duplessis-Mornay. Le plan de Marco Perez n'avait pas été seulement de faire de Bâle une grande place de commerce il avait aussi formé le projet d'y introduire l'industrie de la soie, avec le concours d'ouvriers venus d'Italie, de France. d'Espagne et des Pays-Bas. En 1570, 4 Digitized by Googlt — 50 — une c Compagnie du traficq de la soye > établie à Bâle faisait déjà des affaires avec ia France. Mais c'étaient les exilés italiens, et non Perez, qui devaient doter Bâle de cette nouvelle branche de travail. Grâce au voisinage de Genève et des vallées vaudoises, la Réforme n'avait pas été sans s'étendre dans le Piémont et la Lom- bard ie. Traqués par l'inquisition de Paul III, environ deux cents des prosélytes qu'elle y avait faits, s'étaient réfugiés à Locarno, en pays catholique. En 1554, il fallut déguerpir de nouveau. Ils cher- chèrent un nouvel asile à Zurich, où ils ne s'occupèrent d'abord que de grand commerce et d'exportation. Ils tiraient la soie, la laine, les épiceries de Venise, et les échangeaient contre les toiles, les cuirs et le suif de la Suisse. L'un d'eux fonda une teinturerie de soie et une fabrique de velours. Dans le principe, rien de tout cela ne faisait concurrence à l'industrie et au commerce indigènes; mais bientôt les nouveaux établissements portèrent ombrage aux corpo- rations, et, en 1558, un décret interdit l'admission de ces étrangers au droit de bourgeoisie el leur fit défense d'acquérir des biens-fonds; quant aux simples domiciliés, on les obligea à chercher fortune ailleurs. Plusieurs des expulsés vinrent à Bâle. De même qu'à Zurich, ils s'y établirent comme tisseurs de velours et teinturiers en soie. Le droit de coercition des corps de métiers n'eut pas prise sur eux, et leur industrie prit rang, après la papeterie et l'imprimerie, comme profession libre. A la tète de la colonie on trouve un membre de cette famille Pellizari, qui, de la Lombardie, d'où elle était originaire, étendit ses ramifications à Venise, à Genève, à Lyon et à Amster- dam. Claude et Corneille Pellizari s'établirent à Bâle, l'année même de la mort de Perez. Us achetèrent un de ces hôtels que l'exclusion de la noblesse avaient rendus disponibles, et qui devinrent peu à peu le siège de l'industrie et du commerce à Bâle. Leur première affaire fut un grand commerce de filés de soie et, pour gagner d'abord la bienveillance de la ville, ils s'obligèrent à payer le péage, non pas au taux réduit des marchands indigènes, Digitized by Googlt _ 54 — mais sur le même pied que les forains par là ils semblent s'être assuré le monopole de leur trafic. Mais bientôt ils y joignirent la teinture et le tissage. En 1575, ils prirent à la fois quinze ouvriers à leur service; dans les années suivantes ce nombre s'éleva à trente. Jamais encore on n'avait vu à Bâle d'atelier de cette impor- tance. En 1582, Stefano Pellizari conçut un plan plus grandiose encore. Il faut, disait-il, au commerce et à l'industrie de Baie autant de filés que deux mille personnes en peuvent ouvrer ; sur cette évaluation, il proposa au conseil de créer une vaste manufacture pour le filage et le moulinage de la soie à ce travail il voulait employer des enfants des deux sexes, qui auraient vécu et travaillé en commun, dans un grand édifice que la ville mettrait à sa disposition ; leur salaire serait venu en aide à leurs familles. Indépendamment de cette première transformation de la soie brute, Pellizari voulait introduire le tissage des étoffes unies, des taffetas, des satins, des gros-grains, dont la fabrication faisait la prospérité de Lucques, de Florence, de Rome, et qu'il aurait fait tisser à façon au domicile des ouvriers, à la condition que la ville édictàt des peines spéciales contre ceux d'entre eux qui détourneraient des filés. Il promettait de n'employer à cette industrie que des ouvriers établis ; mais il demandait qu'on ne reçût pas de nouveaux bourgeois qui lui fissent concurrence. Telles étaient les perspectives que cet Italien ouvrait aux artisans routiniers de Bàle sur l'évolution prochaine des condi- tions du travail. Elles n'avaient qu'un tort elles étaient trop colos- sales pour qu'ils pussent les saisir. Le conseil répondit à ces offres par une fin de non -recevoir. Malgré cela, c'est de l'époque des Pellizari que date le développement de l'industrie de la soie à Bàle, y compris celle des filés, non pas, il est vrai, sur la grande échelle qu'ils avaient rêvée. Cependant le tissage du velours ne se maintint guère plus de deux âges d'homme. Il appartenait aux Huguenots d'introduire et de fonder à Bàle l'industrie toute française de la passementerie, c'est-à-dire la fabrication des galons, des franges, des rubans, qui Digitized by Googlt — 52 — devait donner naissance à la rubanerie, florissante encore aujour- d'hui. Le plus ancien des passementiers de Bile est Antoine de Les- cailles, de Bar-le-Duc. C'était un ancien moine, qui s'était défroqué pour embrasser la Réforme. Devenu marchand, en 1573, il fut obligé de s'expatrier et se réfugia à Bâle, qui venait d'autoriser la célébra- tion du culte en français. En 1575, il remplit les fonctions de diacre et devint peu à peu l'ancien de sa communauté. Gomme passemen- tier, il arriva à employer successivement jusqu'à treize ouvriers, la plupart Lorrains. Malheureusement pour lui, il avait conservé de sa première profession le goût de la théologie ; il livra à la publicité des opinions qui n'agréèrent pas à ses coreligionnaires; en 1590, il dut se démettre de ses fonctions d'ancien, et, en 1592, il fut exilé de Bâle comme hétérodoxe, pour rentrer plus tard dans le giron de l'Eglise romaine. Mais comme passementier, son œuvre ne périt pas avec lui. Son premier ouvrier, Chrétien Huart, de Ramier près de Nancy, Martin Duvoisin, de Marney près de Langres, qui, en 1608, mourut à Lucerne martyr de sa foi, Nicolas Passavant, de Luxeuil, Pierre Veyras, d'Avignon, le Savoyard Philibert Scherer, ajoutèrent peu à peu de nouveaux ateliers à celui qu'Antoine de Lescailles avait fondé, et qui passa successivement entre les mains de Jean-Rodolphe Faesch et de Nicolas Bischoff. C'est à ces étrangers que Bàle doit la sève vitale qui l'anime encore. Ce sont eux qui lui ont donné le goût des belles habitations, d'une table mieux servie et plus recherchée, des jardins d'agrément. Ces nouvelles habitudes d'une vie plus large donnèrent un plus vif essor à l'industrie et au commerce corporatif. Malgré cela l'esprit démocratique de la commune ne put s'accommoder de ces splendeurs, qui froissaient ses instincts égalitaires. On trouva mauvais que les réfugiés réunissent plusieurs maisons particulières pour n'en faire qu'un seul hôtel, qu'ils fissent leurs provisions au marché avant que les bourgeois fussent pourvus. Le mauvais vouloir se manifesta encore autrement les corporations se prévalurent de leurs antiques Digitized by Googlt — 53 — privilèges et. dès 1573, les merciers firent défendre aux Pellizari d'ouvrir une boutique ils devaient s'en tenir à leur commerce en gros. A un autre encore, qui s'était cependant fait affilier chez eux, ils refusèrent le droit de vendre en détail. Cependant l'opposition formelle n'éclata que lors de la disparition des Pellizari et de Les- cailles. Dans l'espace de vingt ans, ils avaient groupé autour d'eux toute une génération de teinturiers et de tisseurs, avec leurs familles, qui avaient été simplement admis à domicile et que la mort ou l'exil de leurs patrons privaient de tout moyen d'existence. Après une cohabitation plus ou moins prolongée, l'humanité ne permet- tait plus de les expulser sans autre forme de procès on leur permit de filer, de teindre et de tisser de la soie pour le compte d'autres patrons. Mais les entrepreneurs de travail faisaient défaut, ce qui amena la dépréciation de la main-d'œuvre et la for- mation d'une nouvelle couche de prolétaires, qui, pas plus que ceux de la papeterie et de l'imprimerie, n'avaient la ressource des caisses de secours. Ce fut pour combler cette lacune que l'Eglise française fonda, en 4592, son aumônerie. En même temps le conseil mit des conditions plus dures à l'établissement des ouvriers mariés et défendit le mariage aux célibataires. En 1603, on finit même par faire déguerpir tous les Français qui n'étaient ni bourgeois, ni manants. L'édit de Nantes qui permettait aux Huguenots de rentrer dans leur patrie, rendait moins odieuses ces mesures restrictives contre leur établissement à Bâle. En 1 599, l'industrie de la soie occupait vingt-deux domiciliés et vingt-un bourgeois. Ces derniers étaient affiliés soit au corps des merciers, s'ils vendaient en détail d'autres articles encore que ceux de leur fabrication, soit à celui des tisserands, s'ils ne faisaient commerce que des passementeries ou des velours qu'ils produisaient eux-mêmes. Les domiciliés employaient peu d'ouvriers la main- d'œuvre, c'étaient leurs femmes, leurs enfants qui la leur fournis- saient, tandis que les autres patrons se servaient surtout d'apprentis, à qui ils donnaient la nourriture pour tout salaire, mais que plusieurs nourrissaient si mal, que, pour subsister, la plupart tombèrent à la Digitized by VjOOQIC — 54 — charge de la charité publique. Après avoir exclu les derniers venus de cette nouvelle branche d'industrie, il parut nécessaire de régle- menter son régime et, en 1604, sur la proposition des deux tribus intéressées, le conseil limita à trois ouvriers et à deux apprentis le personnel de chaque patron, à charge par lui de le nourrir. Le domicilié ne pouvait se faire aider que de sa femme et ne travaillait qu'à façon pour le bourgeois. En 1612, on ajouta à ce règlement l'obligation d'apprendre le métier pendant trois ans, et, avant de l'exercer, de servir pendant trois autres années comme com- pagnon ; pour les bourgeois, la force productive de chaque atelier était limitée à six métiers, avec défense d'employer plus de deux apprentis et de se servir d'ouvrières ; aux merciers il était interdit d'avoir des ateliers à eux , et les manants ou domiciliés ne pou- vaient avoir plus de trois métiers avec deux compagnons ; les passe- mentiers étaient libres de faire travailler au-dehors, à condition de ne pas chercher ni rapporter chez eux soit la matière première, soit des produits fabriqués. De profession libre qu'elle avait été dans le principe, l'industrie de la soie rentra ainsi dans le cadre des simples corps de métiers. Elle se dispersa et se morcela, au lieu de se concentrer dans la vaste manufacture que Marco Perez avait projetée. Le système corporatif se l'assimila, en résolvant à sa manière la question du travail des femmes et des enfants, le problème du paupérisme. À Bàle même, il ne voulait pas de main-d'œuvre à bon marché ; mais les entrepreneurs de travail avaient la ressource de l'employer au- dehors par là leur industrie prit pied extra-muros et rendit pros- pères les campagnes environnantes. La chapellerie, la chaussetterie, la mégisserie subirent également l'influence des réfugiés. L'affluence des chapeliers étrangers fut d'abord, il est vrai, une cause de trouble pour ceux de Bâle ; pour plusieurs ce fut la ruine. Mais les nouveaux venus introduisirent la fabrication des chapeaux fins, qui devinrent un article de mode, une coiffure de luxe le chapeau bâlois était un cône haut de 30 à 50 centimètres ; il se répandit au loin et détrôna l'ancienne toque. Digitized by Googlt - 55 — A la toque on substitua encore une autre coiffure en tricot de laine, qui donna naissance à la bonneterie et à la chaussette rie. En 1598, les bonnetiers et cbaussetiers de l'Alsace, du Sundgau, du Brisgau constituèrent une seule confrérie, dont ceux de Bâle réfusèrent de faire partie. Sous peine de n'être pas tenus pour t honorables », et de ne pouvoir embaucher de compagnons étrangers, il leur fallut s'organiser à leur tour. Mais chez eux la technique était différente; leurs produits avaient bien la même apparence, mais non la même valeur, et ils évitaient de les soumettre aux vérifications en usage sur les marchés étrangers. Les drapiers également furent amenés à fabriquer des draps plus fins. Avant que leur métier eût été réglementé, quelques chaussetiers avaient essayé d'accaparer les laines des campagnes environnantes pour en faire le commerce en gros ; les drapiers s'entendirent pour le leur défendre on ne devait acheter de la laine qu'autant qu'on en pouvait ouvrer soi-même. La prospérité de l'industrie textile eut pour conséquence l'introduction de la teinture des laines. Le travail était libre; il en résulta que les drapiers et les chaussetiers pouvaient aller d'un teinturier à l'autre, sans solder leur compte chez le premier qui leur avait travaillé pour mettre un terme au crédit trop prolongé qu'ils étaient dans le cas d'ouvrir à leurs clients, les teinturiers s'entendirent pour ne plus en accepter qui n'auraient pas réglé leur compte chez leur premier fournisseur. A Bâle, la mégisserie, privilégiée, depuis 1526, pour la vente des marchandises de sa fabrication, se développa rapidement. Dans l'Allemagne méridionale, le métier avait quatre centres principaux Francfort, Spire, Marbourg et Wùrzbourg; c'était Francfort qui connaissait des appels de ces différents ressorts. La mégisserie suisse ne reconnaissait d'autre tribunal que celui de Bâle. Le tannerie se ressentit du nouveau mode de confection des chaussures. Au moyen- Age les cordonniers fabriquaient les souliers d'une seule pièce aux xve et au xvr siècle, ils commencèrent à les faire de plusieurs mor- ceaux de cuir, et, au lieu de se pourvoir de peaux entières, ils trouvèrent avantage à s'adresser aux baudroyeurs, qui les leur ven- Digitized by Googlt — 56 - d aient par semelles, tiges et empeignes. A Baie, le premier bau- droyeur fut, en 1544, Pierre Horstin, d'Alençon. Des deux autres grandes industries de Bàle, l'imprimerie et la papeterie, la première dut également en partie son extension aux réfugiés. Parmi les typographes de la première moitié du xvie siècle, Nicolas Bischof ou Episcopius, Jean Vaugris, Thomas Guarin, Pierre Perna étaient des exilés de Lyon, d'Anvers, d'Italie. Nicolas Bischof et Jérôme Froben s'associèrent pour la vente en gros, à Francfort, des livres qu'ils imprimaient. Pour la correction, le pape Jules 111 donnait aux imprimeurs de Bàle la palme sur ceux de Venise. Mais quand, en 1604, la foire de Leipzig détrôna celle de Francfort, l'éloignement du nouveau marché greva les livres de Bàle de frais de transport, qui ne leur permirent plus de lutter contre les impres- sions des Elzevier. H n'en fut pas de même de la papeterie, qui garda toute sa supériorité. Cependant pour les papiers d'impression, elle avait des concurrents, notamment à Berne, dont elle contrefit le filigrane, l'ours. Celte fraude donna même lieu à des réclamations, dont il fallut tenir compte. De nombreux établissements avaient été créés dans un rayon plus rapproché encore, à Lœrrach, à Maulbourg, à Fribourg, à Colmar, à Cernay, à Thann, à Montbéliard, à Laufen, à Mùmliswil. L'approvisionnement en matières premières en devint plus difficile. Les marchands de chiffons de Bàle s'entendirent pour hausser arbitrairement les prix. L'industrie aurait décliné aussi bien que l'imprimerie, si elle ne s'était mise à fabriquer du papier à écrire, d'une qualité supérieure, qui fut bientôt apprécié dans toutes les chancelleries. La vente s'en faisait, sur une grande échelle, aux foires de Strasbourg et de Francfort. Des marchands en gros de cette dernière ville traitèrent avec Nicolas Heusler pour la four- niture de papiers, où l'aigle double de Francfort était substituée aux armes de Bàle. Après l'expiration de ce marché, Heusler crut pou- voir conserver cette marque, ce qui donna lieu à un conflit. H fallut l'intervention de l'empereur pour maintenir au papier de Francfort Temploi exclusif de l'aigle. Digitized by Googlt — 57 — Francfort était Tua des grands centres de cette vaste organisation des corps de métiers, qui dictait la loi à toute l'Allemagne. Une section faisait-elle mine de regimber ? Elle était mise au ban et, sous peine de perdre l'affiliation et d'être noté d'infamie, aucun ne pouvait travailler chez les patrons frappés d'interdit. C'est ce qui arriva aux papetiers de Baie. De même que les orfèvres, les chape- liers, les couteliers, les selliers, leur profession était du nombre de celles, où, à l'arrivée d'un affilié, les compagnons se réunissaient soi-disant pour s'assurer de son honorabilité » , mais au fond pour se livrer à des libations, causes perpétuelles de désordres. Charles- Quint, en 1548, la diète de l'Empire, en 1559, en 1568, eurent beau défendre le régal, qui, au point de vue économique, se tra- duisait par une aggravation des prix de revient, l'abus n'en persista pas moins. A Bàle, les patrons ne parvinrent pas à s'entendre pendant que Nicolas Dùrr se prétait aux exigences des ouvriers, son concurrent Nicolas Heusler les trouvait excessives et refusait de s'y soumettre. En 1594, grâce aux menées de Dùrr, la corporation ouvrière de Francfort disqualifia tous les compagnons qui se laisse- raient embaucher sans buverie préalable. 11 en résulta qu'à Bâle, comme à Strasbourg, les patrons récalcitrants ne trouvèrent plus d'ouvriers. A Strasbourg, l'autorité intervint et eut assez facilement raison de cette excommunication majeure d'un nouveau genre. Mais à Bâle, Dùrr faisait cause commune avec les compagnons, et il en fit venir toute une bande de Francfort, qui prétendirent imposer leur règlement. Cela ne faisait pas l'affaire de la ville, qui n'entendait pas se dessaisir de son droit de coercition ; mais on lui signifia que, n'ayant pas appris le métier, ses magistrats n'étaient pas compétents, non plus que la diète de Ratisbonne. De son côté, Dùrr soutint qu'il n'était au pouvoir d'aucun empereur, roi ou prince de faire la loi aux corps de métiers allemands. A Francfort le syn- dicat des ouvriers mit les patrons de Bâle en demeure d'adopter le régal des réceptions. Mais le conseil tint bon et refusa son consen- tement. Les représailles ne se firent pas attendre. Poussés à bout, les Digitized by Googlt — 58 - patrons sommèrent les meneurs de Francfort de lever l'interdit qui les frappait. Leur fermeté produisit son effet ; ils obtempérèrent à cette mise en demeure, et les papetiers offrirent même d'abolir le régal. Rien ne montre mieux que cette victoire l'importance de l'in- dustrie du papier à Bâle. Dans la suite elle acquît le monopole de l'importation dans les Pays-Bas, où le gouvernement et le commerce ont longtemps fait usage de ses produits. Peu à peu toutes les usines créées par la concurrence autour de la ville, passèrent entre les mains des Bàlois. Cependant les ouvriers se ressentaient peu de cette prospérité. Nourris par leurs patrons, souvent leur ordinaire n'était pas suffi- sant. Sous ce rapport, Dùrr, le fauteur du régal, était particulière- ment décrié, et ses adversaires prétendaient qu'il n'avait voulu le rendre obligatoire, que pour ramener à lui la main-d'œuvre qui désertait ses ateliers. Les ouvriers étaient-ils mieux traités ailleurs? On en peut douter, quand on voit, en 1616, le conseil enjoindre aux patrons de hausser leurs salaires, pour mettre un terme à la mendicité de leur personnel. Il est vrai que les papetiers prétendaient que, si leurs ouvriers voulaient travailler, ils gagne- raient largement de quoi vivre. Mais les femmes, les enfants de ceux qui étaient mariés, n'en étaient pas moins réduits à tendre la main. En 1623, le conseil décréta que dorénavant les ouvriers ni leurs familles n'auraient plus part aux distributions journalières de l'aumônerie et ne seraient plus admis à l'hôpital, leur main-d'œuvre procurant à leurs patrons assez de bénéfices pour que leur entretien ne retombât point à la charge du public. Mais cet avertissement servit de peu ; les mœurs et l'opinion finirent par prendre leur parti de cette mendicité spéciale. En 1770 seulement, les cinquante ouvriers des papeteries de Bâle s'entendirent pour fonder entre eux une caisse de secours mutuels. Digitized by GoogI — 59 — La Suisse n'a pas été à l'abri des guerres de religion elles l'épargnèrent toutefois à l'époque de la guerre de Trente Ans. A bien des égards, ce petit pays fut comme une oasis au milieu de la confla- gration générale. Et cependant le cliquetis des armes retentit jusque dans le proche voisinage de Bâle, en Alsace et dans le Brisgau, ces greniers d'abondance de la Suisse. 11 fallut se pourvoir ailleurs de blé et, grâce au savoir-faire de ses négociants, Bâle put souvent à son tour venir en aide à ses voisins affamés. Mais la disette ne fut pas moins constamment en perspective. Un autre phénomène économique, la crise monétaire qui éclata au commencement des troubles, est plus difficile à expliquer que la pénurie des céréales. Cela tenait-il à l'affluence des métaux précieux dont l'Amérique inondait les marchés européens, ou à l'altération des espèces? Bref, la livre bâloise, monnaie de compte, qui valait fr. en 1619, ne valut plus, en 1620, que en 1621, en 1622, le 21 juin 1623, le cours tomba même à 77 cent. Les conjonctures étaient favorables pour payer ses dettes; aussi, le 22 février 1623, le conseil dispensa-t-il les créanciers d'en accepter le remboursement. Ce que devait être le prix de toutes choses pendant ces fluctuations, on peut le comprendre pour y soustraire les denrées, les métaux régulateurs de la valeur, la ville revendiqua, en vertu de sa régale, le droit d'achat ou de préemp- tion sur les céréales, le vin, le cuivre et l'argent. Quant aux produits ouvrés et aux salaires, elle établit, en 1646, des tarifs régulateurs, en même temps que Strasbourg et Colmar. Bien entendu, les marchandises importées n'y étaient pas comprises il ne pouvait en effet être question de les soustraire â la hausse et à la baisse ; mais en leur rappelant le compte qu'ils auront à rendre au jugement dernier, le conseil adjura les marchands de ne pas majorer leurs prix de plus de 12 i/t pour cent. A en juger par le Digitized by Googlt — 60 — rendement des péages, le peu de sûreté des routes pendant la guerre ne fit pas grand tort au commerce d'importation, tout au plus en entrava-il le progrès, dont l'allure ne reprit qu'après le rétablisse- ment de la paix. L'importation était principalement entre les mains des Hollandais, dont le plan était de faire de la Suisse le marché aux échanges du Nord, de la France et de l'Italie. Pour encourager le transit, Bâle continuait à accorder des réductions de tarifs. Parmi les autres conséquences de la guerre de Trente Ans, on peut citer une diminution dans l'affluence des ouvriers allemands, qui trouvaient un autre emploi de leurs bras sur les champs de bataille. Par contre elle refoula à Bàle les populations du plat pays, qu'on employa aux travaux de fortifications. Pour la production locale, ces réfugiés étaient, non des concurrents, mais des consom- mateurs, qui contribuaient à maintenir les prix. On n'accorda le droit de bourgeoisie qu'à ceux qui étaient aptes à développer la pros- périté de la ville, des négociants qui s'obligeaient à ne faire com- merce que de marchandises de Paris. La situation de Bâle était essentiellement favorable à ce genre d'affaires ; de là ce commerce rayonnait sur toute la Suisse, en Allemagne et en Italie. Les plus importantes de ces immigrations ont été celles des protestants de Colmar, exilés en 1627. et celles des fugitifs de Sainte-Marie-aux- Mines, victimes, en 1635, des passages incessants de troupes. Parmi ces nouveaux venus, l'industrie désormais acclimatée de la rubanerie fit quelques recrues, entre autres les de Bary et les Sarrasin à en juger par leur nom, ces derniers descendaient d'un de ces esclaves maures qui, à Montpellier et aux foires de Champagne, faisaient l'objet d'un commerce important. Pour ces nouveaux bourgeois, le régime corporatif était une gêne dont plusieurs cherchèrent à s'affranchir, comme ils s'étaient affranchis des gênes des vieux dogmes. Ils ont été les premiers champions de la liberté du com- merce et du travail, qui peu à peu devait élever leur fortune au- dessus de la moyenne. Plusieurs de ces nouveaux venus renforcèrent les anciennes pro- fessions, par exemple le tissage du velours, auquel la guerre de Digitized by Googlt — 61 — Trente Ans fut mortelle, la passementerie, la bonneterie. Bàle leur dut aussi des industries nouvelles, la fabrication des boutons, l'un de ces articles de Paris, dont les réfugiés de Sainte-Marie-aux-iMines dotèrent Bàle, le parement des chapeaux, la fabrication des galons d'or et d'argent. Par leurs importations, plusieurs firent tort aux métiers indigènes, qui protestèrent souvent contre cette concurrence. À diverses reprises, le conseil intervint pour mettre fin aux abus que les chapeliers, les mégissiers, les tanneurs lui dénonçaient. Il en résulta que, pour ne pas enfreindre les règlements locaux, les contrevenants s'établirent dans les environs, d'où ils pouvaient, d'une manière ou d'une autre, approvisionner leur clientèle urbaine. Aux réfugiés également l'épicerie dut alors un nouvel essor. Ils devinrent les intermédiaires entre les détaillants de Bàle et les grands marchés d'Anvers et d'Amsterdam, de Hambourg et de Francfort. L'important commerce de la droguerie, encore de nos jours si pros- père à Bâle, leur dut aussi son existence. Leur influence n'est pas moins visible dans le commerce et dans la fabrication des tissus. Les vieux centres de production sur l'Escaut, sur la Meuse, sur le Rhin inférieur avaient été cruellement éprouvés par la contre-réforme. Leurs ouvriers s'étaient dispersés et dès lors ce furent la Saxe, la Lusace, la Bohême qui tissèrent les draps flamands. A Bàle la production locale se développa également, et l'on n'importa plus que les tissus mélangés de France, meilleur marché et plus élégants que les tissus pure laine. Cette importation, on la dut aux réfugiés, que le corps des drapiers refusa d'admettre, mais qui trouvèrent bon accueil chez les merciers-épiciers En 1619, le conseil reconnut à ces derniers la vente exclusive des tissus à la mode, en soie, en laine et coton ou lin, que les consommateurs finirent par préférer. C'est là ce qui assura la prépondérance au corps des merciers-épiciers, qui, en 1622, à l'occasion d'une taxe de 1 °/o sur 'a fortune, payèrent à eux seuls les 2/5 de la contribu- tion totale. A l'origine, ainsi que nous l'avons vu, la corporation avait elle- même essayé de restreindre le commerce des réfugiés qu'elle s'agré- Digitized by Googlt — 62 — geait. Ils ne devaient vendre que des articles de Paris ; mais il y en eut bien peu qui tinrent compte de la défense. Constamment ils élargissaient le cercle de leurs affaires. Leur exemple devint conta- gieux et, pour maintenir le respect dû aux anciens règlements, le conseil rappela aux corporations, en 1646 et en 1649, que leurs préposés étaient, comme toute autorité» d'institution divine et qu'en conscience on était tenu de leur obéir. La concurrence des bouti- quiers entre eux finit pas rendre inutile la vente au détail que, pour tenir le commerce local en bride, le régime corporatif de 1535 avait permise aux forains. L'élément étranger que les persécutions et les guerres de religion introduisirent à Bàle, agit comme un ferment sur le vieil organisme, qui s'atrophiait de plus en plus. Mais la sève nouvelle qu'il lui infusa, troubla des intérêts respectables, qui réagirent contre les intrus. Après la guerre de Trente Ans, on décréta que nul ne serait plus reçu bourgeois, s'il n'était né allemand. En 1676, on exigea en outre que chaque récipiendaire eût au moins un apport de 600 florins. Dès lors c'en fut fait de l'immigration française. Baie fut un des lieux de passage des réfugiés après la révocation de l'édit de Nantes ; mais leur flot ne laissa pas de nouveau sédiment sur ce sol que les persécutions antérieures avaient saturé. On fut charitable pour les exilés, et les compatriotes qui, avant eux, avaient trouvé un asile à Bâle, se montrèrent particulièrement généreux ; moins cependant qu'à Genève, où pour leur venir en aide, on dépensa plus de cinq millions de florins. Mais on ne fit ces sacrifices que pour les diriger sur l'Allemagne, où la Prusse, la Hesse, a Saxe firent de leur mieux pour attirer et pour condenser chez eux cette rosée fécondante. XI Au point de vue social, rien n'est moins connu que la manière dont s'est formée la classe ouvrière, le quatrième ordre», en dehors du vieil organisme urbain des corps de métiers et des corps Digitized by Googlt — 63 — de marchands. Bâle est un des centres où l'on peut le mieux étudier cette évolution. L'une des principales causes, c'est la prédo- minance du capital, qui commença à se manifester au xvr siècle. Enlre le négociant qui faisait travailler à façon et le manufacturier de nos jours, il n'y a de différence que dans la production plus intensive du second. Comme on a vu, ce sont les compagnons étrangers, principale- ment de langue française, employés par les professions libres, la papeterie et l'imprimerie, qui ont formé le premier noyau de la classe ouvrière actuelle. A l'origine, le salaire était suffisant ; mais il baissa rapidement, quand les réfugiés affluant de toutes parts, la main-d'œuvre fut plus offerte que demandée. Simplement pro- tégés ou tolérés, ils n'avaient aucun droit à faire valoir et, quand leur nombre menaça l'existence des premiers occupants, il fut facile de les éconduire. Us trouvèrent un asile dans les campagnes environnantes, où ils échappaient à la tyrannie des corporations et où ils vivaient à meilleur compte. En joignant à leur travail la cul- ture de quelque lopin de terre, si favorable à la santé comme à la moralité de l'ouvrier, ils formèrent la souche primitive de cette population féconde et laborieuse, qui fait encore aujourd'hui la prospérité de l'industrie en Suisse. Ces ouvriers devenus campagnards étaient bien plus dans la dépendance de la ville que les paysans. En identifiant l'Eglise et l'Etat, la Réforme avait eu pour conséquence de mettre celui-ci au premier rang. À Bàle, l'Etat c'était la ville, c'était le conseil, dont le despotisme éclairé ne le cédait en rien à l'absolutisme monar- chique. De là cet axiome le paysan doit être subordonné au bour- geois. Ce ne fut pas du premier coup que cette maxime prévalut. 11 fallut le soulèvement de 1653, qui s'étendit presque à tous les cantons et qui échoua sur toute la ligne, pour en finir une fois pour toutes avec l'autonomie des campagnes. Cette dépendance ne fut pas seulement politique elle fut en même temps économique. D'abord l'extension des grandes entre- prises, au xvi6 siècle, puis l'accumulation des capitaux et le goût du Digitized by Googlt — 64 — bien-être qui en furent la conséquence, produisirent leurs effets au loin. L'attache devint plus forte encore, quand le commerce et les professions manuelles prirent pied dans les campagnes et que l'agri- culture cessa d'être leur unique nourricière. Dans les villes, les corps de métiers ne pouvaient voir ces empiétements d'un bon œil. Ils s'efforcèrent de soumettre leurs concurrents du dehors à leur juridiction. Mais ces derniers avaient pour eux les négociants, les entrepreneurs qui les faisaient travailler, et qui y trouvaient mieux leur compte qu'en recourant à la main-d'œuvre plus exigeante, plus dispendieuse des citadins. La bonneterie semble avoir été la première de ces industries qui se répandirent dans les campagnes. L'invention du métier à tricoter, en 1589, l'avait révolutionnée; le tricot à l'aiguille devint la res- source des petits ménages du dehors, dont la production ne tarda pas à inquiéter les patrons de la ville. A Strasbourg, à Fribourg, à Brisach, ils se liguèrent contre cette concurrence. Mais à Bàle on n'avait d'action que sur les villages suburbains plus loin, c'était le territoire de l'évéque, où le travail était libre. Pendant la guerre de Trente Ans, le pays fut inondé de réfugiés, dont les bras étaient disponibles et qu'il fallut occuper. Grâce au bas prix de la main- d'œuvre, le commerce des bas fabriqués au-dehors prit une exten- sion considérable au détriment des artisans de la ville. En se référant au décret de 1526, qui ne permettait pas de joindre le commerce à la fabrication, ils firent défendre aux marchands qui n'avaient pas appris la profession, de faire travailler à façon par les gâte-métier. Cependant on ne prétendait faire aucun tort à la pro- duction indigène, qui était assurée de la clientèle locale, tandis que le commerce avait ses débouchés â Zurzach, â Vienne, à Gratz, à Augsbourg. Il n'en était pas autrement des marchands de soieries , pour le compte desquels les passementiers fabriquaient des rubans, sans que personne y trouvât â redire. Dès les premières années du xviie siècle, le prolétariat de la rubanerie s'était fixé â la campagne. Un décret de 1612 interdit déjà aux tisseurs de rubans du dehors Digitized by Googlt — 65 — de venir chercher du travail en ville. Par contre les patrons étaient autorisés à faire travailler extra-muros, mais à la condition d'en- voyer la matière première à leurs ouvriers et de quérir l'ouvrage chez eux. Dès 1648, la fabrication des articles communs s'était répandue principalement dans les vallées de Delémont et de Laufon l'industrie ne s'était réservé que celle des rubans fins. Ces producteurs du dehors étaient des transfuges de la ville, où ils avaient d'abord travaillé comme ouvriers. Souvent ils épousaient les servantes de leurs patrons avant de s'établir dans les environs, d'où ils bravaient toute contrainte corporative. De là des plaintes qui se tirent jour, en 1646, par une requête au conseil. Les négo- ciants pour lesquels les forains travaillaient, en furent saisis. Mais ils étaient devenus une puissance, contre laquelle il fut impos- sible aux maîtres passementiers de faire prévaloir leurs intérêts particuliers. Les commerçants établirent qu'il ne pouvait plus être question de maintenir les vieux règlements protecteurs. Les plai- gnants avaient appris à faire les articles de luxe, qui étaient plus rémunérateurs, et refusaient les commandes, quand on leur deman- dait de la marchandise ordinaire. Dans ce moment le commerce ne pourrait plus satisfaire sa clientèle, s'il n'avait pas la ressource de s'assortir au-dehors. Le lui défendre serait aussi ruineux pour les négociants que pour la ville, dont le revenu en serait certainement affecté. Quant à la crainte que les patrons expriment, d'être mis, pour toutes ces infractions, au ban de la passementerie de l'Empire, elle n'est pas sérieuse ; dans tous les cas, si cela arrivait, ils ne pourraient s'en prendre qu'à eux-mêmes, vu qu'ils n'ont jamais voyagé comme compagnons, qu'ils ont appris leur métier, non pas de maîtres qualifiés, mais auprès de simples ouvriers de France ou d'Italie, que, pour passer maîtres, ils n'ont même jamais produit de chef-d'œuvre. Cependant pour donner quelque satisfaction aux réclamants, les marchands offrirent de faire travailler les citadins, chaque fois qu'il sera prouvé qu'ils chômaient, en ajoutant toutefois que c'était moins le travail que la main-d'œuvre qui faisait défaut. La conséquence de tout cela fut qu'en 1648, le conseil abrogea la Digitized by Googlt — 66 — défense faite, en 1612, aux ouvriers du dehors de rapporter eux- mêmes l'ouvrage qu'ils avaient fait à façon. La fabrication des rubans prospérait cependant de plus en plus, si bien que la main-d'œuvre ne suffit plus à la besogne. Il fallut établir des règlements pour défendre aux patrons de se débaucher réciproquement leurs ouvriers et pour limiter à cinquante, 15 en ville, 35 à la campagne, le nombre des métiers qu'ils pouvaient faire marcher. Cependant l'outillage qui travaillait à plus de cinq milles de distance, à Sainte-Marie-aux-Mines, à Bienne, restait en- dehors de cette limitation. Les passementiers avaient leur part de cette étonnante prospérité. Leur corporation était alors peut-être la plus puissante de l'Allemagne, si bien qu'en 1648, elle prétendit soumettre à sa loi ses concurrents de Bienne, en 1651, ceux de Mulhouse. Mais Zurich fit à son tour la loi à Bâle, où l'on ne régalait pas les compagnons du métier à leur passage, où l'apprentissage était moins long, où l'on ne repous- sait pas les artisans dont la naissance n'était pas légitime. 11 n'en fallut pas plus pour faire décrier dans l'Empire tous les ouvriers de Bâle. Us furent expulsés de Nuremberg et d'Augsbourg. Cette déchéance était sans doute un petit malheur, puisque les patrons refusèrent d'intervenir et se laissèrent tranquillement disqualifier. Le partage amiable entre le corps de métiers et le corps des marchands, qui réservait au premier la confection des passemen- teries de luxe, et ne laissait au second que la fabrication des articles courants, ne résista pas longtemps aux progrès de la technique, qui finirent par l'emporter sur la dextérité manuelle des artisans, et au développement de l'industrie domestique dans le proche voisinage de Bâle, en première ligne dans le Margraviat. De là de nouvelles plaintes, surtout contre le nombre disproportionné des apprentis et contre le travail des femmes. Il fallut procéder, en 1666, à une nouvelle réglementation ; mais elle fut plutôt favorable que défavo- rable à la liberté du travail. On commençait à apprécier les bienfaits de la grande industrie. Rien ne le prouve mieux que l'application que la ville en lit â Digitized by Googlt - 67 - l'assistance publique. En 1605, elle créa un orphelinat, dont les pupilles levaient par leur travail pourvoir à leur entretien. Elle les occupa d'abord à faire de la passementerie, sans soulever des pro- testations de la part du corps de métiers. Plus tard elle leur fit tisser des draps communs, qui trouvèrent leur emploi dans les établisse- ments charitables. Dans la suite on loua cette main-d'œuvre aux entrepreneurs qui offraient les meilleures conditions, en 1676, par exemple à un bonnetier. Cependant, en 1713, les drapiers firent quelques représentations sur le tort que leur causait le tissage des draps par les orphelins ; mais ils furent déboutés de leur plainte. L'introduction d'un nouveau métier venu d'Amsterdam, qui permettait à un ouvrier, même sans apprentissage préalable, de produire autant de rubans à lui seul que seize autres avec l'ancien engin, révolutionna complètement cette fabrication. Les passemen- tiers, qui s'étaient désistés en partie de leur privilège pour permettre aux ouvriers indigents de produire les articles communs, remontrèrent que la nouvelle invention privait de leur pain de nombreux prolétaires que l'ancien métier faisait vivre, qu'avec le nouveau on ne faisait plus que de la camelotte et qu'il était notoire que, quand une ville fabriquait de la mauvaise marchandise, cela faisait tort même à la bonne. Il ne resterait plus aux patrons qu'à émigrer et à se fixer dans quelque ville où le métier aurait maintenu son bon renom, et alors adieu le commerce, adieu les beaux revenus qu'il procurait à la ville. L'exagération était visible le commerce se soucie de la qualité et du prix des marchandises, et non de la considération qui s'attache au métier. Aussi le conseil ne prit-il pas le change, et il chargea une commission spéciale d'examiner la nouvelle invention et de lui en rendre compte. Son rapport, daté du 3 août 1670, atteste que sa compétence était à la hauteur de sa mission. L'enquête qu'elle ouvrit sur l'emploi du nouveau métier, démontra que le reproche de ne produire que de la camelotte n'était pas fondé. Ce qui était moins contestable, c'est qu'il con- trevenait à la charité chrétienne, en privant de pain des milliers Digitized by Googlt — 68 — d'ouvriers de la campagne, à qui, pour vivre, il ne resterait qu'à porter leur main-d'œuvre à Zurich, dont la concurrence n'avait pu prévaloir jusque-là, par l'unique raison que les bras y étaient moins offerts qu'à Bàle. À cet argument les fabricants répondirent que les conditions du travail n'étaient plus les mêmes qu'autrefois, qu'en tout il fallait viser à l'économie, que la prospérité d'une manufacture ne dépendait pas du grand nombre de ses ouvriers, mais de la somme de ses produits, et que du reste les 300 ouvriers que l'adoption du nouveau métier rendrait disponibles, trouveraient facilement leur subsistance par le développement que prendrait la filature. Quant aux craintes des passementiers de ne pouvoir lutter contre une production plus intensive, elle n'était nullement fondée, puisque personne ne leur disputait le marché local, qui leur a toujours été réservé, tandis que les fabricants travaillaient pour l'exportation, en concurrence avec les producteurs français. Du reste les passementiers se trom- paient, en prétendant que partout le nouveau métier avait été proscrit cela n'est vrai que pour Genève, Francfort et quelques autres villes, tandis que rien ne s'oppose à son emploi ni en Bavière, ni à Vienne, ni à Coire, ni à Schaffhouse, ni à Feuerthalen, ni à Zurich. Reconnaissant l'impossibilité de concilier les deux intérêts en présence, la commission se rangea du côté des fabricants Si, dit- t elle dans son rapport, on n'avait pas inventé les nouveaux c métiers, les maitres-passementiers seraient peut-être fondés à maintenir leurs salaires et leurs exigences traditionnelles. Pour t arriver à ce résultat, ils ne reculeraient même pas devant la pro- t hibition absolue du nouvel outillage. Cependant cette mesure t n'aurait aucun effet durable, vu qu'au point où en est la concur- rence, il n'est pas admissible que les autres centres de pro- c duction l'adoptent également. Quoi qu'on fasse, on n'empêchera nullement la baisse des prix et tout ce qu'on aura gagné, c'est de forcer l'industrie à s'établir en territoire étranger, en privant la € ville du profit qu'elle en tire. L'exemple d'autrui prouve que rien Digitized by Googlt — 69 — ne peut enrayer le progrès du commerce et des manufactures, Comme remède aux effets résultant de l'adoption du métier perfectionné, la commission recommanda de favoriser la création de nouvelles manufactures, et particulièrement l'introduction du tissage des rubans en taffetas, à l'instar de Lyon, et de la filature de la soie, afin de réunir à Bâle toutes les branches de la même industrie. Cette consultation devait faire époque. Il est impossible d'en méconnaître l'importance, surtout quand on la rapproche des mesures que les villes impériales, Àugsbourg et Nurembourg en tête, prenaient alors contre le nouvel engin. En 1720 encore, à leur sollicitation, l'empereur défendit, par un rescrit spécial, le com- merce de ses produits. Par l'empressement qu'ils mirent à l'accueillir, quelques princes seulement, tels que le grand Electeur de Brande- bourg, se montrèrent, à l'égal de ces quelques bourgeois de Bâle, en avance sur leur temps. Mais pour que leur avis prévalût, il fallait qu'il passât devant d'autres instances et que le conseil le sanctionnât. 11 se laissa gagner par l'offre d'un droit de sortie sur les rubans, égal à l'ancien tonlieu du 60e, auquel il ajouta un impôt de 1 °/0 sur la production. Il fallut de plus faire une autre concession â la corporation des tisserands, qui prétendaient que les fabricants devaient être des leurs. Ces derniers eurent beau alléguer que leur technique n'avait rien de commun avec le tissage, qu'ils n'avaient pas appris le métier ni acquis la maîtrise, qu'ils n'avaient pas d'apprentis à pro- mouvoir, que la main-d'œuvre leur était fournie par des femmes et des filles de la campagne, avec lesquelles ils ne passaient aucun contrat il leur fallut se soumettre et se faire agréger chez les tis- serands. Ce fut au grand dam de l'ancien corps de métiers les intrus ne tardèrent pas à reléguer les artisans au second plan et à les évincer des offices corporatifs. Bientôt la tribu devint une des plus aristo- cratiques, pendant que les passementiers, qui jusque-là avaient pris le pas, succombaient par l'effet de la concurrence du nouveau Digitized by VjOOQIC — 70 — métier. En dépit de l'engagement qu'on avait fait prendre aux fabricants de ne pas vendre leurs produits entre Zurzach et Stras- bourg » , c'est-à-dire de ne pas pourvoir les petits marchands inter- médiaires, on ne put éviter la baisse des prix. Ce qu'il y eut de plus grave, c'est que les passementiers de Bàle furent décriés par tout l'Empire. Déjà en 1677, Hanau les rendit responsables de la propagation du métier perfectionné en Allemagne. Memmingen, Lindau, Constance, Schwabach refusèrent d'embaucher les ouvriers qui avaient passé compagnons à Bàle. Devant ses représailles, le corps des tisserands intervint il mit le conseil en demeure d'en finir avec le nouvel outillage, à l'exemple des Pays-Bas, de la Hollande, de Cologne, de Francfort, qui n'avaient pas hésité à le sacrifier aux intérêts des pauvres passementiers. Le conseil fit de son mieux pour faire lever l'interdit que la fédération des passe- mentiers allemands faisait peser sur ses ressortissants, mais sans grand succès. Même en Suisse, on rompit avec les artisans qui avaient fait leur noviciat à Bàle. Les plaintes devinrent si vives, qu'en 4681, les autorités rendirent un décret qui défendit de se servir dorénavant de ce métier de malheur; seulement trois jours après, on en suspendit l'exécution, pour prévenir la ruine d'une industrie florissante, qui contribuait pour une bonne part à la pros- périté des finances. Profitant de la réaction, qu'en 1688-91, les abus du gouverne- ment oligarchique avaient provoquée, les passementiers de Bàle renouvelèrent leurs attaques contre le nouvel engin. Les fabricants firent valoir les avances considérables qu'ils avaient faites pour l'introduire et pour le mener à son point de perfection ; ils objec- tèrent qu'avant son emploi, l'Allemagne recevait ses rubans de France, et que, si on ne leur permettait plus de s'en servir, les villes voisines, où la tyrannie des corps de métiers n'avait pas prise, ne manqueraient pas d'en faire leur profit. Bref ils obtinrent un nouvel atermoiement, moyennant le doublement du droit de sortie, qui fut ainsi porté à 3 l/8 pour cent. La prospérité de la rubanerie ne pouvait manquer d'influer sur Digitized by Googlt — 71 — la teinturerie ; mais celle-ci resta corporative et réussit à faire la loi à la rubanerie jusqu'au commencement de ce siècle. Les fabricants eurent beau se plaindre de l'esprit de routine des teinturiers, qui s'opiniâtraient à ne teindre que comme on le leur avait appris, si même leurs couleurs étaient démodées, ils ne purent jamais se faire autoriser à teindre chez eux. La bonneterie suivit la même marche que la rubanerie. On vient de voir qu'en 1677, le conseil permit d'appliquer à cette industrie le travail des orphelins, quoique l'apprentissage qu'ils faisaient ainsi, décrié aux yeux de la corporation des chaussetiers, ne les qualifiât pas pour exercer la profession. L'entrepreneur qui les employait, créa une grande fabrique de bas, qui souleva les protestations des intéressés il n'en était pas des bas comme des rubans, que l'on tirait autrefois du dehors ; quand la fabrication s'en introduisit à Bàle, elle ne fit tort à personne, tandis que les manufactures de bas ruinaient les maitres-chaussetiers. Leur concurrent répliqua que, conformément aux règlements, il ne vendait pas en détail, que si on voulait lui interdire le commerce en gros, il faudrait aussi défendre celui des draps, de la toile, des passementeries, des chapeaux, du papier, que les négociants font au détriment des tis- serands, des passementiers, des chapeliers, des papetiers, qui ont acquis la maîtrise ; mais ce serait la ruine de manufactures pros- pères, qui font vivre des milliers de pauvres gens. Du reste la tech- nique des orphelins différait de celle du corps de métiers, qui ne connaît pas encore les tricots fins à trois et à quatre brins. Pour conclure, il montra combien la multiplicité des industries était avantageuse au pays, en raison du travail qu'elles procuraient et des salaires qu'elles distribuaient. Les manufacturiers eurent gain de cause. Moins de dix ans après, les chaussetiers étaient réduits à demander de l'ouvrage aux fabricants. Leur industrie prit un nouvel essor, lorsque, sous Louis XIV, les bas de soie devinrent à la mode. Les ap prêteurs lui venaient de France en 1699, elle ne comptait pas moins de 104 ouvriers d'origine française. C'étaient eux qui gagnaient les gros salaires, tandis qu'à la campagne, la journée Digitized by Googlt — 72 — tombait de 4 sous à 2 yt sous. De là de nouvelles plaintes Autre- c fois, disaient les meurt-de-faim, nous ne pouvions suffire aux • commandes de MM. les négociants ; aujourd'hui nous ne travaillons t plus guère et encore n'est-ce qu'à des prix dérisoires. » En 1733, 52 ouvriers bonnetiers, dont 17 Français fondèrent une caisse de secours. La ganterie subit la même transformation que la bonneterie. De corporative qu'elle était, elle devint manufacturière. Ce fut un ouvrier bàlois, Werenfels, qui rajeunit cette fabrication, après avoir fait un nouvel apprentissage à Lyon. Jusque-là les gantiers avaient tiré de France les gants qu'ils importaient en Allemagne. La guerre survenant, ce commerce cessa et il fallut fabriquer soi-même les gants pour l'exportation. Comme les ouvriers allemands, dûment affiliés à la corporation, coûtaient plus cher que leur travail ne valait, on fit venir de France d'habiles coupeurs et appréteurs ; ils taillaient en ville et la couture se faisait à la campagne, selon l'exemple que la rubanerie et la bonneterie en avaient donné. Si, à l'origine, l'usage du tabac heurta des préventions, il n'en était pas de même des intérêts. On comprit de bonne heure qu'il y avait de l'argent à gagner dans cette nouvelle industrie ; le fisc également y trouva son compte. En 1671, Baie plaida la cause de ses fabricants devant la diète suisse, en attestant que leurs princi- paux débouchés étaient en France et en Italie, et que la consom- mation de la Suisse ne comptait pas. Avec la fabrication se répandit aussi la culture du tabac. En 1729, la corporation des jardiniers fut privilégiée pour le commerce des tabacs en feuilles produits dans les environs. La fabrication des draps dont les tisserands avaient le monopole, ne réussit pas à se transformer. Bâle fut distancé par l'Alsace, où le gouvernement français avait pris à cœur de développer cette industrie. Il en concéda le monopole à la maison Herff et Hœfer. qui fournissait aux ouvriers les laines et les deniers nécessaires » . Libre de toute attache corporative, et par conséquent de tout con- trôle, cette société produisait des draps communs à bas prix, qu'elle Digitized by Googlt — 73 — était sûre de vendre dans la province et qui, exempts de droits, pénétraient même en France cette concurrence fut mortelle aux drapiers de Bâle. En 1656, Henri Fûrstenberger, de Mulhouse, avait été au premier rang. Henri Hoffmann, qui s'établit en 1661, avait également appris le métier à Mulhouse ; un autre Hoffmann, Gabriel, en 1665, à Sainte-Marie-aux-Mines. En 1670, un simple négociant, Joseph Passavant, fut autorisé à fabriquer de I' esta- mine fagon de Reims » . 11 obtint pour ce genre de tissu la réduction du tonlieu à 1 %• Mais bientôt Fûrstenberger dut retourner à Mulhouse, où, en 1705, un autre Henri Hoffmann s'établit comme foulon. En 1700, il n'y avait plus de fabrique de draps à Bâle. Si cette industrie comptait encore, c'est par la teinture, que les arti- sans maintinrent en honneur.. La fabrication des boutons, florissante encore au milieu du xvue siècle, succomba sous le coup des jalousies corporatives. Les bou- tons étaient un de ces articles dont la France pourvoyait l'Allema- gne. En 1689, la guerre en ayant arrêté l'importation, un bonne- tier essaya de l'imiter. Mais les corps de métiers, alors prépondérants, firent défendre d'employer la main-d'œuvre locale à la nouvelle industrie. Il fallut faire travailler au dehors ou émigrer. Tels sont les divers aspects de la lutte que l'industrie moderne eut à soutenir contre la vieille organisation corporative du travail. Lors du dernier assaut qu'elle donna, en 1691, aux corps de métiers, elle gagna tout ce qui lui manquait encore pour se déve- lopper. Cette fois, ce ne sont pas les réfugiés qui furent ses cham- pions la semence qu'ils avaient répandue depuis un siècle, était tombée en bonne terre, et c'étaient des descendants de la vieille bourgeoisie qui furent ses défenseurs convaincus et triomphants. Dès lors elle fut en mesure de concourir sur le marche interna- tional. Les effets de la révolution économique qui prit naissance au xvume siècle, se sont prolongés jusqu'à nos jours. C'est alors que la France commença à évincer l'Italie dans la fabrication des soie- ries. La Hollande, à son tour, entra dans la lice. Elle avait l'avan- Digitized by Googlt — 74 - tage de pouvoir tirer les matières premières directement des lieux de production, tandis que la France dépendait de l'Angleterre, qui lui faisait les conditions les plus dures. Quant à l'Allemagne, que trente ans de guerre avaient saignée à blanc, le développement que Golbert sut donner à l'industrie française, acheva de l'abattre. La France pourvoyait l'Allemagne de ses produits et n'en tirait aucun. A l'exception du grand Electeur de Brandebourg, de la maison royale de Saxe, de la ville de Hambourg, personne ne se doutait, à l'est du Rhin, de la transformation qui s'imposait au travail. On ne se souvenait que de la prospérité antérieure, qui avait été le fruit du système corporatif, et l'on crut la ramener en s'y cramponnant. Il est certain que rien ne convenait mieux que la production locale des corps de métiers à l'isolement et aux besoins limités des centres de consommation et à la difficulté des transports. Après la Renaissance, qui créa des besoins nouveaux et changeants, avec les nouveaux moyens de communication par terre et par mer, le travail corporatif ne fut plus en mesure de concourir, dans l'in- dustrie textile surtout, dont les progrès techniques amenèrent néces- sairement une baisse des salaires. Goûte que coûte, il aurait fallu substituer les manufactures de la banlieue aux petits ateliers intra muros. Mais loin de là, les villes s'acharnèrent à se tenir à l'écart de la production, et elles en vinrent même à défendre l'emploi des engins perfectionnés, sans s'apercevoir que ce régime exclusif ne profitait qu'à l'étranger. Livrés à l'esprit de routine, les corps de métiers fermaient les yeux et se bouchaient les oreilles, pour ne pas se rendre à l'évidence des faits économiques, et aucun pouvoir n'était là pour passer outre à leur obstination. Tout ce que les corporations attendaient de l'Etat, c'était la garantie de leur travail et de leurs bénéfices. Dans le nord de l'Allemagne seulement, sous l'autorité de princes dont la main était plus ferme et le territoire plus étendu, la puissance publique comprit la nécessité de s'affranchir de la tyrannie des corps de métiers et prépara la voie à l'organisation moderne du travail. En dépit des bonnes relations de la Suisse avec la France, ce Digitized by Googlt — 75 — n'est pas à l'ouest, mais au nord et à l'est que Bile trouvait ses débouchés. Mettant à profit les guerres, qui coupaient court aux relations commerciales entre les deux voisins, son rôle et son intérêt étaient de substituer ses produits à ceux des rubaniers de Lyon sur le marché allemand. A Baie l'économie des frais de transport com- pensait les primes d'exportation usitées en France, et rendait tolé- rables les droits qui frappaient aussi bien la production que la sortie des marchandises. En 4670, l'industrie de la soie disposait de 359 ? bateaux pour ses expéditions à Francfort. A l'est, elle fournissait la Bavière, l'Autriche, voire la Hongrie. Ce fut la neutralité de la Suisse, pendant les guerres de Louis XIV avec l'Allemagne, qui lui valut surtout cette prospérité, de même que celle de Hambourg, pendant les guerres avec la Hollande, donna occasion à cette ville de se développer aux dépens des Provinces-Unies. Tous les efforts des fabricants de Baie tendirent à suivre les progrès de l'industrie de Lyon, et il n'est pas douteux qu'ils surprirent plus d'un de ses secrets, à la suite de la révocation de redit de Nantes. Par contre, le système prohibitif imité de Colbert par les pays voisins leur fut souvent une entrave. Ses principes gagnèrent même la Suisse, où, contrairement à la liberté du commerce proclamée à l'origine de la confédération, des barrières intérieures finirent par enrayer les échanges. La communauté des intérêts suggéra à Bâle l'idée d'un syndicat, d'un directoire du commerce. Il se peut même qu'il ait déjà existé, comme chambre consultative, en 4670, à l'époque où la ville demanda un rapport sur l'introduction du nouveau métier à tisser les rubans. En 1682, le directoire prit à son compte le service de la poste. Grâce aux progrès de l'exportation, ses attributions prirent de plus en plus d'importance. Tenir la ville en garde contre l'exa- gération des droits de sortie, obtenir au-dehors des réductions de droits, telle fut Tune de ses tâches principales. En général il fut plus facile de faire entendre raison aux pays antérieurs de l'Au- triche, où l'on ne prenait à cœur que les intérêts du fisc, qu'à la France, dont le gouvernement pratiquait un système raisonné de Digitized by VjOOQIC — 76 — protection. Quant à Bâle, avec le peu d'étendue de ses possessions, la prohibition n'était pas de mise impossible d'en réserver le marché aux corps de métiers ; il fallut se rendre à l'évidence qu'il n'y avait de salut que dans la grande industrie et dans l'exporta- tion, que c'en était fait des arts manuels, quand les progrès tech- niques arrivaient au point de se passer de la main-d'oeuvre, et que l'économie des forces primait, dans la production, toute autre con- sidération. Les boulangers et les bouchers, les tailleurs et les cor- donniers, les ébénistes et les ouvriers du bâtiment, voilà les seules professions que la révolution n'ait pas atteint seulement après avoir été, en quelque sorte, au moyen-àge, les grandes puissances de la commune, leurs corporations furent reléguées à l'arrière- plan. La gestion des affaires publiques passa aux mains des fabricants et, au xvmme siècle, ce fut leur intérêt qui dicta la loi. Un voyageur français qui visita Bâle, il y a cent ans," fait la remarque que les directeurs du commerce étaient les prêtresse l'unique divinité qu'on y ado- rait. Le jugement est sévère, moins mérité cependant à Bâle qu'ail- leurs. Le commerce ne vit pas de sentiments il ne se préoccupe que de la qualité et du bas prix des marchandises. Et cependant il faut bien se rendre aux revendications des prolétaires, avant qu'il ne soit trop tard. De nos jours on travaille officiellement à remédier à ce que leur misère a de plus criant ; mais c'est une grave erreur de croire qu'on en viendra à bout, rien qu'avec le socialisme d'Etat. Il faut en sus la charité chrétienne, qui s'inspire de l'amour de son semblable et qui le provoque à son tour. Elle n'a jamais fait défaut à Bâle, et ses œuvres cachées sont encore plus belles que celles qui se montrent au grand jour. — — •'na/xaaAAAAA/Ww* - Digitized by GoogI Digitized by GoogI 2 o *3 c o o X O H /-N /-s /-* 45 2 o H =5 O =3 O H ;Ii. rW\i*rOr\»ï,r ii tc»l lut* imi ..• dr\aul laJJWli-'-'dV, iln»-.^u^ki4j^k^^ nu vcri^E* prSpuJ lartrM' » Le cnléjOursl se cl*' t. J - inarn s>ibles. l»n plaff retrouvé aux aiv1» •• - tlêten>es Etpproche dillerrn! ^ ! est indiqué et qui, suhant U>* fondeur î> O O î- ees restes de temps trrs *ftïeiPfts =5 o T3 T3 > T3 o s .c * •2 O O y O CD T3 'S »c3 0> "'S w 3 O H i^- oo es o C^ »-* H i— i ^ ^SJ O ^ o O 5o es 3 3 o 22 * s p r" 2 -5 s * S g wf HH k£j o o ^ Digitized by Google Digitized by Googlt — 79 - tères lapidaires à remarquer Kaun et Oss en caractères runiques posées sans mortier et à trous de loup, ce qui est un appareil commun à toutes les constructions romaines, que nous retrouvons surtout à Auguste Rauracorum ; son édification remonte au moins au v*"10 siècle. L'enceinte est formée par quatre courtines bridées et flanquées par autant de tours; celle du Nord-Est formait la porte d'entrée. Trois de ces tours sont à base carrée, la quatrième est à base demi- circulaire avec la partie ronde tournée vers l'extérieur. La maison d'habitation, le corps de logis principal, était placée contre la cour- tine Est, l'écurie contre la courtine Sud*Ouest. Sur les courtines régnait une galerie, sorte de défense supérieure entrecoupée par les tours, dont les étages servaient de magasins, de chapelle, de prison et à d'autres usages domestiques. Les défenses extérieures se composaient à l'Est d'un fossé arti- ficiel avec contrescarpe en maçonnerie, et puis d'une sorte de chemin couvert extérieur formé par un mur d'enceinte secondaire ; devant la porte d'entrée se trouvait une série de cours composant un véritable propugnaculum. Le côté Ouest se défendait tout seul par une barrière de rochers inaccessibles. Un plan, retrouvé aux archives de Golmar, indique aussi comme défenses d'approche différentes lignes de palissades. Le puits qui y est indiqué et qui, suivant les chroniques, devait avoir une pro* fondeur de 80 pieds , est en partie comblé et son orifice dissimulé par des madriers recouverts de terre. Une végétation touffue entoure ces ruines et les recouvre en partie; malgré cela l'on peut encore retrouver les points principaux que nous venons de signaler et s'orienter facilement au milieu de ces restes de temps très anciens. Quoi qu'il en soit, construction franque, romaine ou féodale, la première mention que nous trouvions du château du Hohnack remonte, selon Lucie, l'auteur des annales des comtes de Ribeau- pierre, à Pan 1079? Digitized by GoogI — 80 — Voici du reste la citation de son texte Dos Schloss Hohennack soll anno 1079 in vollkommenen bau gewesen seyn, und soll verinog eines uraltens registerlins, ein vogt da getvohnt haben, welches herr Archivarius Luck zu einem in vorigen Seculo, verfertigten Grundriss dièses Schlosses Hohennack manu propriâ geschriben. » M. Wïockler, architecte à Colmai\ a eu la bonne fortune de retrouver le plan dont il est question ci-dessus, et qui est très pré- cieux en tant qu'il nous permet d'établir d'une façon certaine la destination des divers corps de bâtiments qui composaient l'ensemble du Hohnack ; ce que nous ne pouvons faire pour la presque tota- lité de nos anciens châteaux, faute de documents authentiques. Nous devons également à M. Winckler les deux planches qui accompagnent ce travail ; l'une est la reproduction fidèle du plan et l'autre la reconstitution du château, travail long et consciencieux de notre ami l'architecte artiste, qui se livre à un labeur incessant sur les monuments du moyen-âge existant dans notre pays. Schœpflin dit que la nature et l'art avaient fait du château une forteresse très imposante, que sa longueur était de 280 pieds et sa largeur de 210. En prenant texte de la version de Luck, qui, à défaut d'autres documents plus probants, doit servir de base â nos recherches, il est plus que probable que ce furent les comtes d'Eguisheim , pre- miers seigneurs connus de toute la vallée d'Orbey , qui construi- sirent le premier château de Hohenack. Ce burg altier fut-il édifié sur des assises existantes? C'est ce que nous devons supposer, car les comtes d'Eguisheim, descendants d'Etichon, se trouvaient trop rapprochés de la période d'occupation romaine pour ne pas avoir encore sous les yeux les ruines faites par les vainqueurs de l'em- pire romaiu et ne pas songer à utiliser, dans la mesure du possible, tout au moins les fondations de leurs établissements. Après l'extinction de la maison d'Eguisheim-Dagsburg, le Hohn- ack et le val d'Orbey passèrent avec beaucoup d'autres domaines aux comtes de Ferrette. Nous voyons en effet, en 1251 , Ulrich, Digitized by Googlt — 81 - comte de Ferrette, recevoir en lief de Henri, évoque de Strasbourg, les châteaux de Hohennag et de W indecke, ; charmants malgré leur simplicité, ils disent suffisamment et surtout disent bien ce que Ringel voulait faire entendre. Ces travaux, d'un genre tout littéraire, ne l'empochèrent point, lorsqu'il fut nommé pasteur à Diemeringen près Saarunion, en 1852, de se livrer à des études moins idéalistes et qui constituèrent l'occupation prépondérante de son existence d'homme mûr. Initié par les occupations de ses jeunes années aux travaux archéologiques et poussé par Schweighauser dans la voie favorite du vieux chercheur, il voua son attention aux objets qui se rappor- taient soit au temps de la domination romaine, soit au moyen-âge. Se trouvant, par la situation topographique de sa paroisse, au centre d'un vaste champ de recherches, riche en traditions histori- ques et non encore exploré, il n'eut garde de laisser échapper pareille occasion. Dès le début de la Société pour la conservation des monuments historiques de l'Alsace, nous le trouvons agissant, fouillant, découvrant, dessinant et se faisant un plaisir de commu- niquer à chaque séance de la Société une découverte nouvelle. Il commença par fournir au colouel de Morlet de précieuses indi- cations pour l'étude relative à la carte des Gaules, en étudiant à Digitized by Googlt - H5 — fond les voies romaines qui se croisent à Domfessel, étude qui fut continuée et élargie par la suite et lui valut une médaille d'argent. Le point capital de ses recherches fut la découverte de bains romains et de tuileries de môme époque à Mackwiller près Tru- bingen, Lorraine. Ayant été averti par un cantonnier intelligent de la présence de murs à fleur de terre. Ringel commença à faire quelques fouilles et rencontra ce que Ton appelle dans la construc- tion des bains romains des Sellœ ou Solia sièges pour les baigneurs; te caractère du bâtiment se révéla ainsi du premier coup à l'ancien élève de Schweighauser. Il mit successivement à jour les hypo- caustes, puis l'atrium qui renfermait non l'autel, mais une colonne qui a peut-être été le soubassement de la statue du dieu ou de la déesse présidant à cet établissement. Chaque année apporta un contingent nouveau aux découvertes précédentes et bientôt des plans en relief, accompagnés de dessins très détaillés, mirent en lumière ces importantes ruines, groupées le long de deux voies romaines dont un tronçon est encore intact entre Mackwiller et Domfessel. En lisant la description de la trouvaille de Ringel, on est frappé de l'analogie qui existe entre les bains de Mackwiller et ceux de Badenwiller, prototype des établissements de ce genre dans nos contrées. Ce qui vient encore ajouter à la ressemblance des deux stations, est la découverte que notre chercheur fit, plus tard, de tuileries étendues, dans les environs de Mackwiller. Badenwiller avait aussi des fabriques de tuiles à l'usage des habitations adja- centes, les traces en sont conservées dans les localités dont les noms sont terminés en villa, et qui entourent ces bains grandioses. Ringel explora encore de nombreux tumuli des environs de Saarunion et y fit des découvertes pleines d'intérêt qui figurent au musée de la Société pour la conservation des monuments histori- ques. Il trouva notamment, dans une tombe d'enfant, une fibule en bronze recouverte d'une admirable mosaïque, objet sur le compte duquel M. de Morlet s'exprimait en ces termes Grâce à M. Ringel, c et à lui seul, nous possédons un objet d'antiquité peut-être unique Digitized by Googlt — 116 — c dans sod genre dans les contrées de l'Est de la France, car à ma c connaissance les musées d'Alsace, de Lorraine et de la Franche- c Comté ne possèdent rien de comparable dans ce genre. > Un rappel de médaille d'argent, de nombreux encouragements et finalement une médaille d'or, furent la juste récompense de travaux considérables et consciencieusement remplis. En 1864, Ringel quitta Diemeringen pour aller à Montbéliard. Sorti de son champ d'explorations, il ne chercha plus, malgré la proximité de Mandeure à se créer une nouvelle source de travaux actifs et devenus trop fatigants pour son âge, II écrivait encore et mit la dernière main à un ouvrage, La Lorraine Allemande, dont le manuscrit a été déposé récemment par la famille au musée de Mont- béliard. Les événements de 1870 mirent définitivement fin à ses travaux. Vaincu par l'émotion, la fatigue, la maladie, il délaissa complète- ment ses occupations favorites qui avaient si bien rempli une grande partie de sa vie. N'imitant pas en cela son vaillant ami Stœber qui lutta jusqu'au bout, il se désintéressa de toute étude, se laissant aller à l'amertume de ses souvenirs, et mourut le 26 février 1885. Sans s'être particulièrement attaché à la partie de l'Alsace qui touche Mulhouse, Jean Ringel mérite cependant toute notre atten- tion pour le soin pieux qu'il a pris de reconstituer tout ce qui pouvait intéresser une partie de l'histoire de notre province. Son incontestable mérite, son commerce d'amitié avec l'homme qui a nos meilleurs souvenirs, nous font un devoir de ne pas passer sous silence un nom dont la place est marquée parmi les érudits qui ont illustré notre cher pays. — ~WlAAAAAAAAAA~w. Digitized by GoogI COMITÉ D'ADMINISTRATION DU MUSÉE HI8T0RIQUE MM. Auguste Dollfus, président honoraire. Mathieu Mieg-Kboh, président. Xavier Mossmann, vice-président. Joseph Coudre, vicer-président ; conservateur. Karl Franck, conservateur. Ernest Meininger, secrétaire. Edouard Dollfus-Flach, trésorier. Edouard Benner. Frédéric Engel-Gros. Jules Franck. Emile Gluck père. Daniel Grumler. Jean Heilmann. Edouard Hofer-Grosjean. Armand Ingold. Henri Juillard-Weiss. Fritz Eessler. Gustave K. Muller Georges. Mullkr Henri fils. Muller Louis. MULLER-MuNCK Munck Charles. MlJNTZ-ScHLUMBERGER Vve. Muralt de Albert. MUTTERER AugUSte. N^egely Charles. Nerlinger Charles. Netser Jean. Nœlting Emilio, Dr. Oberld* Charles. Obreght Jean. Orth J., pasteur. 08terried Georges. 08TIER LouiS. Pattegay Math. Péris Charles. Petit Auguste. Pétry Emile. Pfenhikger Henri. Picard Pierrecy F. Vv0. Plate» Jules. Platen Théophile. Poupardin Franz. Pouvourville Théodore. Rack Iwan. Rayé Aimé. Reber-Dollfus Fréd. Redler Françoi&Joseph. Rey Emile V*>. MM- Rieder Aimé père. Rieder Jacques. Riegler Charles. Risler Adolphe. Risler Charles. Risler Jean. Risler-Schœk Henri. Rœsch Charles. Rœllikger Joseph. Royet-Geyelim Claude. Rûckert-Stejmbaoh Jules. Sartoré Vincent fils. Schiffer Gustave. Schaller Schauehberg Rodolphe. ScHEIDECKER EmOSt. Schetoecker-Gaotzer Eug. Scheidecker Henri. SCHERR J. Scheurer-Fret André. Scheurer Oscar. Schieb Edouard. SCHLUMBERGER Alphonse. SCHLUMBERGER Amédée. Schlumbergeb Ed .-Albert. SCHLUMBERGER Em., D. M. Schlumberger Frédéric. SCHLUMBERGER Georges. Schlumberger Jean. Schlumberger Jean fils. Schlumberger Jules. Schlumberger Jules-Albert. Schlumberger Léon. Schlumberger Paul. Schlumberger Pierre. Schlumberger Théodore. Sohmalzer-Kœohlih V**. SCHMERBER Alfred. Schmerber Camille. Digitized by Googlt — 123 MM. Schmerbeb Jean. Schœn Alfred. Schœn Daniel. Schœn Fritz. Schœn Gustave. Schœn Jean-Bernard. SCHŒNHAUPT Louis. Schrott Alfred. Schrott Joseph. Schumacher Jean. Schwarberg Henri. Schwartz Edouard. Schwartz Henri père. Schwartz Louis. Schwartz Oscar. SCHWEITZER LouiS. Simonet Eugène. Sitzmann Edouard. Spetz Georges. Spoerlein Ernest. Spœrry Albert. Spœrry Henri. Steffan Emile. Steinbach Georges. Steinbach Georges jeune. Steinbach Léon-Félix. Steiner-Dollfus Jean. Steiner-Schœn M. V*6. Steinlen Vincent. Steinmetz Charles. Stern E., pasteur. Stetten de Frédéric. Stiehlé Adolphe. Stœber Adolphe, pasteur. Stœber Paul. Stœcker Jacques. Stoll-Gûnther André. Stuckelberger Hans. Tachard Albert. MM. Thierry-Mieg Auguste. Thierry-Mieg Charles. Thierry-Mieg Edouard Vve. Thierry-Mieg Emile. Thierry-Rûckebt Jules. Tournier Wladimir. VAucHERjean. Viénot John. Vogelsang Joseph. Wachter Gustave. Wacker Albert. Wacker-Schœn Ch. V*6. Wagner Auguste. Wagner Eugène. Wagner François. Wagner Théophile. Walter Eugène. Walther Oscar. Waltz André. Weber-Jacquel Charles. Wegelin Ferdinand. Wegelin Gustave. Wehrlé-Sonderegger . Weiller Benjamin. Weimann-Bohn, Mathias. Weiss Albert. Weiss Charles. Weiss-Frie8. Weiss Jacques. Weiss-Schlumberger Emile. Weiss-Zuber Armand. Weizsjecker Charles. Welter Emile. Wennagel, pasteur. Wenning Aifred. Werner, D. M. Wick-Spœrlein Josué. Wjld Eugène. Willmann César. Digitized by GoogI 124 — MM. Witz Charles. Witz Frédéric. Witz-Urner D. Wohlschlegel Oscar. Wolff-Thierry V**. Wûrth Julien. Wurtz Fritz. Z'berg Jacques. Zengerlin Gustave. Zktter Alphonse. Zettkr Auguste. Zetter Edouard. Zetter Henri. Ziegler Emile. MM. Ziegler Gaspard. Ziegler Jean. Ziegler Jules. Zimmermann Frédéric. Zimmermann Michel. Zindel Octave. Zuber Emile. Zuber Ernest. Zuber Frédéric père. Zuber Ivan. Zuber Victor. Zundel Charles. Zurcher Charles. Digitized by GoogI M5 — SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES Société industrielle de Mulhouse. Président M. Auguste Dollfus. Société d'histoire naturelle de Colmar. Président M. Adolphe Hirn. — POUR LA CONSERVATION DES MONUMENTS HISTORIQUES D'ALSACE. Strasbourg. Président M. le chanoine A. Straub. — belfortaine d'émulation — Belfort Président M. Parisot. — d'émulation de Montbêliard — Montbéliard. Président M. C. Duvernoy. — d'archéologie lorraine et du Musée historique lorrain, à Nancy. — des Annales de l'Est. — Nancy. M. Ch. Ptister, secrétaire. — philomatique vosgienne — Saint-Dié. Président M. H. Bardy. — ACADÉMIQUE D'AGRICULTURE, DE8 SCIENCES, ARTS ET BELLES- LETTRES de l'Aube, à Troyes. Hi8tori8Che und ANTiQUARiscHE Gesellschaft zu Basel. Président Herr Dr. Achilles Burckhardt, Professor am Pœdagogium zu Basel. Schweizerische8 Bundesarchiv — Bern. Bundesarchiv - Director Herr Dr J. Kayser. Allgemeine ge8chichtpor8chende Gesellschapt der Schweiz — Zurich. Praesident Herr Prof. G. von Wyss. Hi8tori8cher Verein der FtlNF Orte Luzern, Uri, Schwtz, Unter- walden und Zug in Luzern. Président Herr Prof. Jos. Léop. Brandstetter. MEMBRES CORRESPONDANTS MM. Arthur Benoit, littérateur, à Berthelming. conservateur des archives communales de Strasbourg. l'abbé A. Hanauer, bibliothécaire-archiviste à Haguenau. J. Kindler von Knobloch, généalogiste, attaché au Heroldsamt, h Berlin. Xavier Kohler, archiviste à Porrentruy. Charles de Lasablière, à Saint-Dié. Digitized by GoogI — 426 — MM. Théod. de Liebenau, Directeur des archives du canton de Lucerne. l'abbé A. Merklex, professeur à l'Université catholique de Paris. Rod, Reuss, conservateur de la bibliothèque communale de Strasbourg. Paul Ristelhubee, littérateur, à Strasbourg. Ch. Schmidt, docteur en théologie, ancien professeur de l'Univer- sité de Strasbourg. Dr L. Sieber, bibliothécaire en chef de l'Université de Bâle. Dr Rod. Wackernaoel, archiviste d'Etat du canton de Bâle- Ville. Digitized by GoogI TABLE DES MATIÈRES Pages Ls commerce et l'industrie a Balb 1 le chateau du hohnack 77 Note sur les sépultures anciennes de Taoolshbim 97 Préambule de l'acte de constitution de la Société du Nouveau- Quartier de Mulhouse 103 Notices nécrologiques 109 Comité d'administration du musée historique 117 Liste des souscripteurs 118 Sociétés correspondantes 125 Membres correspondants 125 Digitized by GoogI Digitized by GoogI BULLETIN DU MUSÉE HISTORIQUE DE MULHOUSE Digitized by GoogI Digitized by GoogI BULLETIN DU MUSÉE HISTORIQUE DE MULHOUSE XIV AVIVÉE 188» MULHOUSE Imprimerie Veuve Bader et Cie 1890 Tous droits réservés Digitized by GoogI AVIS Le comité du Musée historique a l'honneur d'inviter les sociétés savantes correspondantes à vouloir bien lui faire connaître les changements qui pourraient avoir eu lieu dans le personnel de leurs présidents, pendant le cours de l'année. Le comité prie les mêmes sociétés, ainsi que MM. les membres correspondants, de lui accuser réception du Bulletin, afin qu'il puisse s'assurer de la régularité du service de ses envois Le comité laisse aux auteurs la responsabilité des travaux publiés dans le Bulletin. Digitized by GoogI LA SÉCULARISATION DU PRIEURÉ DE SAINT-PIERRE A COLMAR Par X. Mossmann Nous avons raconté naguère, ici même1, comment la conquête du pays de Vaud, qui avait mis la république de Berne en possession de l'abbaye de Payerne, avait failli mettre les spoliateurs aux prises avec la ville de Colmar. Le prieuré de Saint-Pierre à Colmar était une filiale de Payerne. Il avait alors à sa tête Jean Cheurodi. Ce prieur venait de faire prononcer la commise contre le noble Jean-Louis Thurant, qui relevait de Payerne un fief de sa mouvance ressortissant à Saint-Pierre. Le vassal avait pris son recours en appel devant le nouveau seigneur domi- nant, qui trouva là une bonne occasion de faire valoir les droits plus ou moins litigieux qu'il tenait du succès de ses armes. Ses revendications restèrent alors sans effet ; mais, quoique Saint-Pierre fût toujours entre les mains de Cheu- rodi, le prieuré était devenu depuis lors une sorte de do- maine incertain dont l'Eglise et le siècle attendaient la va- cance pour se le disputer. En 1 55o, le doyen du chapitre de 1 Suite d'un coup de main contre de jeunes Français à Bâle. Année 1887, pages 23*3$. Digitized by Googlt — 6 — Saint-Sindon de Chambéry, Claude-Louis Alardet, obtint, grâce à une lettre de recommandation de l'empereur Charles- Quint pour le maître et le conseil de Colmar, que le prieur Cheurodi se reconnût de son obédience. La question sem- blait dès lors tranchée en faveur de l'Eglise, quand, vingt ans après, un nouvel incident remit tout en question. Le doyenné de la Sainte-Chapelle était à la nomination des ducs de Savoie. Après la mort ou la résignation d'A- lardet, Philibert- Emmanuel l'avait conféré à Pierre de Lam- bert, évêque de Maurienne, qui tirait de ce qui restait de son bénéfice, les deux prieurés de Saint-Pierre et de Saint- Gilles, un revenu annuel de cent couronnes. Quoique tout indique que Cheurodi payât régulièrement son dû à l' évêque, celui-ci trouva bon de transférer l'administration à un prêtre à sa dévotion, mais dont le vieux prieur refusa de recon- naître les pouvoirs. Ce fut alors que, pour se défendre contre cette intrusion, il résigna le prieuré entre les mains de MM. de Berne, à charge par eux de lui en maintenir la jouissance, sa vie durant. Les prétentions de Berne étant ainsi consolidées, Colmar écrivit, en février 1570, à l'avoyer et au conseil pour lui proposer de se substituer à leur droit de patronage sur Saint-Pierre. Cette ouverture fut bien accueillie, et, dans sa réponse, Berne se montra tout disposé à recevoir les députés qu'on lui enverrait pour traiter de l'affaire. On fit choix pour cette mission du stettmestre Grégoire Berger et du greffier-syndic Béat Haenslin, qui se mirent en route, lé samedi ier avril. Ils arrivèrent à Berne le mardi 4. Ils y connaissaient le Dr Thomas Schœpff, le médecin-physicien de la ville, un Alsacien sans doute, chez lequel ils commencèrent par prendre langue. Sur son avis, ils se rendirent, le lendemain à 7 heures du matin, à l'hôtel-de-ville, où ils rencontrèrent l'ancien avoyer Béat-Louis de Mulinen qui revenait du Digitized by Googlt — 7 — prêche, et à qui ils remirent leur lettre de créance. Le con- seil entra en séance ; au bout d'une heure, on leur fit dire que l'avoyer en exercice étant absent, on ne pouvait pas, pour le moment, traiter de l'affaire pour laquelle ils étaient venus, en les priant de prendre patience jusqu'à son retour. Le lendemain matin, les envoyés se rendirent devant l'hôtel-de-ville pour attendre MM. du conseil. Mais quand M. Steiger, l'avoyer, les aperçut il les pria de retourner à leur hôtellerie, en leur promettant que, dès que le conseil aurait expédié quelques affaires urgentes, il les ferait man- der. En effet, après une heure d'attente, deux conseillers vinrent les prendre et les accompagnèrent avec force poli- tesse à Thôtel-de-ville. On leur donna audience enfin, en leur demandant quelles propositions ils avaient à faire. En faisant allusion au grand âge de Jean Cheurodi et en rendant justice aux qualités -qui l'avaient fait chérir de la bourgeoisie et à la dignité de sa vie privée, ils exposèrent qu'il fallait prévoir la vacance possible du prieuré et le renouvellement des compétitions qui s'étaient produites lors du procès avec les Thurant, si un nouveau prieur se présentait pour revendiquer le prieuré, et si, comme il était arrivé naguère, il se prévalait d'un mandement impérial, obligeant la ville de lui prêter main-forte cotitre MM. de Berne. D'un autre côté, si même la vacance ne donnait pas lieu à contestation, et que, par vente ou autrement, Berne investît du prieuré un laïque qui prétendrait exercer le droit d'avouerie, ce serait pour Colmar une source in- cessante de difficultés, surtout si l'on considère que, de même que les autres maisons religieuses, Saint- Pierre a tou- jours été tenu de prendre part aux charges communes, taille et tribut de l'Empire, contributions contre les Turcs, etc.; que le prieur a de tout temps esté en justice devant le^con- seil de Colmar, qu'il en reçoit aide et protection et qu'il lui doit de ce chef un repas annuel si Berne devait aliéner Digitized by VjOOQIC - 8 — l'avouerie, elle ne conviendrait à personne mieux qu'à Col- mar. C'est pour ces considérations que les comparants ont reçu mandat de disposer MM. de Berne à céder à leurs commettants, par vente ou échange, leurs droits sur Saint- Pierre. Après ce discours, les deux conseillers qui étaient venus prendre nos envoyés, les reconduisirent à leur hôtellerie, où quelques membres de la seigneurie se proposaient de leur tenir compagnie pendant le dîner. L'assemblée fut assez nombreuse. Après le repas, les re- présentants de Berne témoignèrent à ceux de Colmar leur joie de la proposition qu'ils étaient venus leur faire. Ils n'a- vaient pas oublié le bon accueil que leurs députés avaient trouvé un jour à leur passage à Colmar. Quant à l'affaire, dont nos deux envoyés les avaient entretenus, ils se réser- vaient de la traiter avec eux le lendemain. C'était le vendredi 7 avril. On vint les prendre à 7 heures du matin pour les mener à l'hôtel-de-ville. Après les avoir fait longtemps attendre, on les fit entrer dans le poêle des bannerets, où ils se trouvèrent avec quatre délégués, parmi lesquels M. de Mûlinen et l'ancien greffier, qui leur de- mandèrent quelles étaient leurs vues. Après s'être consultés un instant, ils demandèrent avant tout à connaître les titres sur lesquels Berne fondait ses droits, et notamment l'a- vouerie. Ces messieurs s'attendaient à cette demande, et le greffier tira d'une boîte en bois blanc quelques vieilles chartes pour montrer comment Payerne était devenu pro- priétaire de Saint-Pierre, avec les rentes et les biens-fonds qui en dépendaient. Séance tenante, il leur interpréta en allemand deux diplômes, l'un de l'année 959 par lequel l'empereur Othon Ier faisait don à son féal Rodolphe des biens situés en Alsace, à Colmar et à Huttenheim, et con- fisqués sur un certain Gontran, qui, pour sa félonie, avait encouru la commise, lesquels biens étaient devenus la pro- Digitized by Googlt — 9 — priété de Saint-Pierre; l'autre, de l'empereur Frédéric II, daté de 1236, à Spire, était une confirmation d'une sen- tence de son aïeul l'empereur Frédéric Barberousse, rendue à Besançon, en 1 1 5o, qui déboutait le noble Udalhart de Viviers de ses entreprises sur l'abbaye de Payerne, sentence d'où il résultait que nul ne devait exercer de droit de pro- tection sur Payerne, si ce n'est celui que les religieux éli- saient à cet effet, et que dès lors Saint-Pierre en était une dépendance. Cependant avant de leur donner connaissance de ces titres, les délégués avaient déclaré à nos envoyés que Berne n'étant pas encore en possession effective du prieuré, il n'avait pas qualité pour transférer ses droits à Golmar avec toutes les sûretés requises, mais qu'entre-temps il ne les avait pas aliénés et qu'il n'y renoncerait pas au détri- ment de Golmar. Le dîner suspendit cette conférence. Quand on la reprit à 2 heures, nos envoyés remercièrent les délégués de leur avoir communiqué quelques-uns des documents sur les- quels Berne fondait ses droits de propriété et se déclarèrent prêts à traiter du prix, sauf à MM. de Berne à faire lever, tant par le duc de Savoie que par le chapitre de Chambéry et l'évêque, tout ce qui pouVait faire obstacle à la transac- tion. Après s'être longtemps consultés, les délégués jugeant que leurs pouvoirs n'allaient pas si loin, déclarèrent vou- loir en référer à leurs commettants, qui, le lendemain, leur feraient part de leur réponse. Après la séance du matin, M. de Mûlinen vint lui-même la leur communiquer verbalement. La chancellerie la leur remit en même temps sous forme de recès, en date du 8 avril. Dans cet acte la ville de Berne faisait remarquer que, tout en ayant pour elle le droit de propriété, elle n'était pas encore parvenue à le faire reconnaître, ni à s'assurer la tranquille possession de Saint-Pierre, et que, par suite, l'honneur ne lui permettait pas d'en disposer dès à pré- Digitized by Googlt — 10 — sent; mais elle s'engageait à faire les démarches nécessaires pour faire lever toutes les oppositions qu'avait rencontrées jusque là le plein exercice de ses droits dès que ce résultat serait obtenu, elle se déclarait prête à reprendre les négo- ciations avec MM. de Colmar. Dans ces termes, c'était une promesse de vente sous condition et, sans doute pour en- gager Colmar également, Berne lui députa, lé 20 mai, un de ses conseillers, Nicolas de Diesbach, en l'accréditant en même temps auprès du prieur Cheurodi. Dès qu'il fut certain de l'acceptation de Colmar, Berne se mit en rapport avec le duc de Savoie et avec l'évêque de Maurienne. Ses démarches ne furçntpas repoussées; le prélat laissa même entrevoir la possibilité d'une résignation de ses droits, mais en la subordonnant à une autorisation du pape, que lui et Son Altesse se faisaient fort d'obtenir. Par lettres du 28 juin, on fit part de ces bonnes dispositions à MM. de Colmar, comme au prieur, en leur mandant de faire de leur mieux pour maintenir le statu quo, et surtout de ne pas engager devant les tribunaux l'action au pétitoire, que Cheurodi avait proposé naguère au mandataire de l'évêque d'introduire contre lui. On pria le prieur en par- ticulier ne vouloir cependant perdre couraige, ny se dé- porter si tost de son office, moings aussy céder et quiter aulcungs droys et tiltres faisantz à laide du pryoré et ses appartenances», et on lui conseilla de laisser parvenir au- dict seigneur euesque le reuenu annuel prouenant a son ayde et profitt des emolumentz dudict pryoré, pour lentre- tenir en grâce et doulceur » envers lui. Il était en effet né- cessaire de se tenir en garde. Le vieux prieur Cheurodi était mort, le 29 août, et le fondé de pouvoirs de l'évêque Pierre de Lambert s'était empressé de revenir à la charge, cette fois avec une lettre du duc de Savoie, qui s'est per- due, le recommandant à MM. de Colmar pour qu'ils l'in- stallent dans le prieuré vacant. N'obtenant pas de réponse, Digitized by Googlt — 11 — le prince leur écrivit derechef, le 18 septembre, pour se plaindre de la fin de non-recevoir qu'ils avaient opposée à son recommandé; il lui semblait que la protection dont les marchands de Colmar jouissaient dans ses états aurait mé- rité plus d'égards. Le 6 octobre, l'évêquede Maurienne écri- vit à son tour, en exprimant son ressentiment à la ville pour avoir refusé de mettre son délégué en possession du bénéfice vacant, et en la menaçant de faire appel à la justice des princes chrétiens. Nous n'avons que la réponse au duc de Savoie, du 28 octobre. MM. de Colmar s'excusent le mieux qu'ils peuvent de n'avoir pas eu égard à son intervention ; s'ils n'ont pas agi comme il aurait voulu, c'est qu'après avoir longtemps résisté, les circonstances avaient amené le prieur défunt à reconnaître MM. de Berne pour ses avoués et patrons, comme étant aux droits de Payerne, ce qui créait une situation nouvelle contre laquelle la ville ne pouvait rien. Entre-temps l'empereur avait été saisi de l'affaire par l'évêque Pierre de Lambert, et il avait écrit à Colmar pour s'en faire rendre compte. La ville lui envoya aussitôt un rapport et, le 17 décembre, elle fit part de cette interven- tion à MM. de Berne, en insistant sur la nécessité de s'en- tendre avant tout avec l'évêque de Maurienne. Cependant tout en sollicitant la réintégrande du prieuré, le prélat en- voya son secrétaire à Colmar pour surprendre un envoi en possession ; mais le régisseur que Berne avait installé, tint bon et, de son côté, la ville refusa de l'évincer. Quand il vit qu'il n'obtiendrait pas gain de cause, le prélat se dé- cida enfin à suivre le conseil que Maximilien II avait donné de transiger, et, au mois de juillet 1571, il se rencontra personnellement à Thonon, devant des arbitres, avec des délégués de Berne, mais sans qu'on parvînt à s'entendre. Il se décida alors à envoyer deux procureurs à Vienne, à la cour impériale; cette fois encore Maximilien le ren- Digitized by Googlt — 12 — voya à s'accommoder avec MM. de Berne, à qui le duc Emmanuel-Philibert écrivit de son côté dans le même sens. Cependant les parties n'arrivaient pas à conclure, si bien que, le 7 novembre 1572, Berne écrivit à Colmar pour lui demander son avis sur la juridiction devant laquelle il faudrait porter l'instance. Cependant l'évêque Pierre de Lambert désirait en finir et, tant en son nom qu'au nom du chapitre de la Sainte- Chapelle, il constitua ses procureurs et ambassadeurs spéciaux », son neveu Claude Millet, docteur ès-droit et avocat au souverain sénat de Savoie, et son secrétaire Philibert de Chabert. De leur côté, MM. de Berne don- nèrent pouvoir de traiter à l'ancien avoyer Jean Steiger, aux trésoriers Nicolas de Graffenried et Jérôme Manuel et au banneret Ambroise Imhoff. Ces délégués tombèrent d'accord que le doyen et le chapitre de la Sainte-Chapelle de Chambéry céderont, quitteront, remettront et trans- porteront aux seigneurs et république de Berne tous droicts, noms, actions, prétentions, demandes, querelles, répéti- tions, causes et raisons quelconques» qui pourroyent aucunement compéter et appartenir sur le prioré de Saint- Pierre de Colombier, ses membres, appartenances et dépen- dances », à charge de payer à l'évêque de Maurienne, en deux termes, la somme de 6000 écus d'or au soleil, coin du roy de France », dès que l'évêque sera en mesure de produire la ratification du duc de Savoie, celle du chapitre de la Sainte-Chapelle et celle de l'empereur. Ce contrat, passé à l'hôtel-de-ville de Berne, sous la date du 3o janvier 1573, fut approuvé, confirmé et homologué par l'évêque Pierre de Lambert dans son palais de Saint-Jean-de-Mau- rienne, le 20 février suivant. Le duc Emmanuel-Philibert l'approuva également, le 8 mars, à Nice. La ratification du chapitre et des chanoines de la Sainte-Chapelle suivit, le 11 mars. Enfin, par un diplôme latin daté de Vienne, 18 Digitized by Googlt — 13 — avril 1574, l'empereur Maximilien II donna force de loi à l'acte passé entre les parties, dont la confirmation repro- duit fidèlement le texte français. L'avoyer et le conseil de Berne n'avaient pas attendu l'a- grément de l'empereur pour envoyer deux commissaires à Colmar, les conseillers Nicolas de Diesbach et Wolfgang Mey, pour s'entendre sur les termes du marché. Mais la ville ne voulut pas conclure avant l'approbation finale de Maximilien II et, même après qu'elle fut parvenue à Berne, on témoigna si peu d'empressement que, le 3o septembre 1574, les nouveaux propriétaires crurent devoir rappeler l'affaire, comme si les acheteurs éventuels l'avaient perdue de vue. Cependant on avait, à Colmar, dressé une évaluation dé- taillée du domaine de l'ancien prieuré. En propriétés bâ- ties, en forêts, en vignes, en terres maraîchères, en champs, en prés, en dîmes, en rentes foncières et constituées de toute nature, on en connaissait exactement la consistance, et, capitalisé au denier vingt, on trouva que le revenu re- présentait une valeur de 26,335 florins i3 */» batz. Cet actif était grevé de diverses charges les contributions extraor- dinaires à l'Empire représentant un capital de 1000 florins, la taille 32o florins, deux repas annuels, à l'un desquels le conseil et le clergé prenaient part et qui revenait à 3o flo- rins, l'autre qu'on offrait au magistrat et aux serviteurs de la ville et qui ne coûtait que 5 florins, un florin au bailli de Kaysersberg tout réuni, le passif montait à 2486 florins, ce qui réduisait la valeur nette à 23,849 florins i3 */* batz. Il est vrai qu'on n'avait fait figurer dans cette estimation ni les bâtiments du prieuré, en considération de leur vé- tusté qui rendait leur entretien très onéreux, ni le ban de Saint-Gilles, parce qu'il était uniquement chargé de pour- voir le ménage de bois et de fruits. Ce fut encore le stettmestre Grégoire Berger, qui fut dé- Digitized by Googlt — 14 — puté pour traiter avec Berne. Mais à en juger par l'écriture du rapport qu'à son retour il présenta à ses commettants, il était accompagné, cette fois, non par Béat Haenslin, mais par le greffier de justice André Sandherr, qui allait du reste sous peu remplacer ce dernier comme syndic. Ils arrivèrent à Berne, le 29 janvier, et descendirent à l'hôtellerie du Fau- con. Leur première visite fut pour le Dr Schœpf, qui les accompagna chez l'avoyer en exercice Seuber. Ils le trou- vèrent dans sa maison de campagne aux portes de la ville; mais il les renvoya au surlendemain, lundi, jour où le conseil devait se réunir. Il serait superflu d'entrer dans le détail des négociations, où Berne se fit représenter entre autres par MM. de Mu- linen, d'Erlach et de Diesbach. La première question qu'il fallut résoudre, fut celle de la garantie du vendeur. Berne croyait avoir assez fait en obtenant le désintéressement de l'évêque de Maurienne et en le faisant ratifier par le duc de Savoie et par l'empereur. Si l'éviction résultait d'un cas de force majeure, il n'admettait pas que l'acquéreur prît son recours contre le vendeur. Nos mandataires firent espérer que leurs commettants se résigneraient à cette exception, mais à la condition que l'on en tiendrait compte dans la fixation du prix. Ce fut pour eux une raison de ne pas faire la première offre et d'attendre les propositions des vendeurs. Ces derniers parlèrent de 32, 000 florins. Le chiffre parut trop élevé, en raison des entreprises sur les bois du prieuré par le sire de Schwendi, d'une part, par MM. de Ribaupierre, de l'autre, sans compter les cens qui ne rentraient pas, et on les pria d'en rabattre. MM. de Berne firent des difficultés ils avaient dépensé 12,000 florins pour contenter l'évêque de Maurienne, afin de rendre leur droit de propriété incommutable; ils prétendirent de plus que, de l'Alsace même, il leur était venu d'autres offres, qu'on avait toujours rejetées en raison de l'arrangement Digitized by Googlt — 15 — qu'on espérait avec MM. de Colmar. De leur côté, les délé- gués alléguèrent l'estimation que la ville avait fait faire et demandèrent qu'on se contentât du chiffre auquel elle mon- tait. Enfin après leur avoir encore parlé de 28,000 florins, Berne finit par se rendre à 27,000, payables en trois termes égaux, en florins de l'Empire, valant i5 batz de Constance, le premier à l'échéance de la Saint-Martin proche venante, les deux autres à pareille époque des années 1576 et 1577 avec les intérêts échus à 5 °/0- Enfin il était encore stipulé que les revenus de l'année 1 574 seraient compris dans la vente. Les délégués revinrent à Colmar avec une lettre de l'a- voyer et du conseil de Berne, du 2 février, qui confirmait les conditions dont on était tombé d'accord. Elle n'existe plus au dossier, mais d'après la réponse de la ville, du 12 du même mois, on voit que, tout en promettant son assis- tance chaque fois que les droits de l'acquéreur seraient con- testés, Berne refusait d'engager sa garantie contre l'éviction. Cette restriction n'était pas sans danger et l'avenir se char- gea de le démontrer. Cependant Colmar passa outre à l'ac- ceptation. L'entrée en possession devait être immédiate et les titres remis à l'acquéreur. Le régisseur qui, depuis i563, était préposé à l'administration du prieuré, Michel Huguet, de Fribourg en Suisse, était maintenu en fonctions ; cepen- dant, comme il s'était marié, la ville se réservait de lui faire d'autres conditions pour assurer la subsistance du nouveau ménage. En faisant cette réponse à Berne, elle lui envoya en outre un acte authentique, daté du même jour, et revêtu du grand sceau, qui l'obligeait définitivement. Une contre- lettre de l'avoyer et du conseil de Berne, du 9 avril suivant, rendit la vente irrévocable et définitive. Il ne s'agissait plus que de se libérer. La somme à payer n'était pas médiocre. Le florin valait à ce moment 4 fr. 84, et, au pouvoir actuel de l'argent 3. 11 les 27,000 florins Digitized by Googlt — 16 — faisaient 406,414 fr. 80. Berne avait des besoins d'argent déjà avant l'échéance du premier terme, l'avoyer et le conseil écrivirent au greffier-syndic Béat Haenslin pour s'informer s'il ne serait pas possible de trouver en Alsace des bailleurs de fonds, qui voulussent leur prêter i5,ooo couronnes. Haenslin leur répondit qu'il lui paraissait diffi- cile de trouver un aussi gros capital, d'autant plus que, dans ces dernières années, l'Autriche, la Bavière et d'autres états avaient par leurs emprunts absorbé toute l'épargne dis- ponible; mais que si Berne voulait accepter des espèces ayant cours, au lieu de florins de l'Empire, Colmar offrait de lui verser en une fois tout ce dont il lui était redevable. Subir une perte au change ne faisait pas le compte du vendeur ; cependant l'avoyer et le conseil donnèrent à comprendre, le 14 septembre, que si Colmar voulait bien, à la première échéance, lui payer la moitié du prix en florins de l'Empire, ils y consentiraient volontiers. Mais le maître et le conseil répondirent, le 26 octobre, que dans cette saison, où la fonte de l'argent était quasi sus- pendue, il y avait de grandes difficultés pour se procurer le métal nécessaire au monnayage, qu'ils ne pourraient leur donner pour le moment que 10,000 florins, sauf à compléter la somme au mois de mai. Cette proposition fut acceptée et Colmar paya en effet ce premier à-compte à un banquier de Strasbourg, Ulric Dietrich, sur une quittance de Berne, datée du 12 novembre; mais comme les florins de l'Em- pire avaient été échangés contre des florins du Rhin, sur une lettre de l'avoyer et du conseil, du 29 août 1576, il fallut ajouter une bonification de 322 florins, à titre d'agio. Les paiements en étaient restés là, quand, à l'approche du second terme, Colmar écrivit à Berne, le 3o octobre, pour lui en offrir le solde, soit 8000 florins en monnaie de l'Empire ; mais il tenait à se libérer et il ajouta que s'il convenait à Berne de toucher immédiatement le dernier Digitized by Googlt - 17 - terme en grosses sortes ayant cours, il pourrait s'acquitter complètement la rareté du métal l'avait encore une fois obligé à suspendre son monnayage, et c'était là ce qui lui dictait sa proposition. A ce moment le florin de l'Empire valait 1 57i batz, et Berne aurait préféré des florins du Rhin, qui en valaient 20. C'était le cours auquel Ulric Dietrich les lui avait comptés. Seulement au lieu de s'adresser au ban- quier, Berne fit proposer à Colmar par le Dr Schœpf, le ier novembre, de se charger de l'opération. Puis il se ra- visa et, le 6 novembre, il écrivit à la ville de tenir toute la somme à sa disposition jusqu'à nouvel ordre. Enfin, le 17 du même mois, il accrédita le Dr Schœpf pour s'entendre sur le paiement pour solde que Colmar lui avait offert. C'est ainsi que l'on tomba d'accord que, sauf 1700 florins que Berne consentait à recevoir en monnaie de rappe ou stebler, ayant cours à Bâle, tout le reste de la somme serait payé en florins de l'Empire, que le débiteur se chargerait de convertir en florins du Rhin, à raison de quatre des premiers pour trois des seconds. Moyennant ce change qui restait à la charge de Colmar, le créancier renonçait aux intérêts auxquels il avait droit. Ce fut Béat Haenslin, cette fois en qualité de stettmestre, qui se chargea de faire le versement, le 10 mars, à Bâle. Digitized by GoogI II UNE CHRONIQUE SUISSE INÉDITE du XVIme siècle Par Ernest Meininger I DESCRIPTION DU MANUSCRIT Dans une vitrine spéciale de la grande salle du Musée historique de Mulhouse, est déposé, depuis quelques années, le manuscrit de la chronique de la confédération suisse, écrite, en 1597, par André Ryff, de Bâle, et illustrée, sous la direction de l'auteur, d'environ quatre cents magni- fiques miniatures. Il existe en Suisse, à Bâle notamment, différentes copies de l'œuvre de Ryff, qui, dans son ensemble, est encore inédite1; mais aucune n'offre l'intérêt spécial de l'exemplaire acquis, au commencement de l'année 1882, par une réunion d'amateurs de notre ville, au prix de quinze mille francs, et donné par eux à la Société industrielle de Mulhouse. Le manuscrit était resté dans la famille de l'auteur, qui,- ayant 1 UHistorische und antiquarische Gesellschaft de Bâle a reproduit dans son Bulletin de 1889, t. III, i~ livraison i 3e volume de la série entière, avec l'autorisation de la Société industrielle, un fragment de la notice consacrée à la ville de Bâle. Digitized by Googlt eu u 2 2 w 4J G [iH Q » Pu 2 >- £ p P• einem Botten von Underwalden uff Montag vor Johanne; denselben Botten haben si wider ailes Kriegsrecht ertrengt. Die Eidtgnossen machten sich aufi Milhausen zuo entschitten, aber die Edlen wollten 629 iren nit erwartten, son der si liessen auflblasen, roumten das Lâger und macbten sich von dannen. Die Basler namen sich des Kriegs nit ahn, sonder si hielten an der Eidtgnossen Firzug ir Statt beschlossen. Das Paner von Bern lag vfl Sanct Johannestag 5000 starck zuo Brattelen und Muttentz, si zugen ufi Blotzen zuo, verbrandten dasselbig sampt dem Schloss, wie auch Bartenen1, Schlierbach, Eschentzwyler und andere. Zirich und Schwytz zogen ufi der Hart binnab, gwunen Pfafistat und besetzten das ; Brunstat, Zillisheim und Froningen warden verbrent; etliche Knecht liffen fur Schweighusen, wolten das onne Ristung stirm- men, deren warden 24 erschossen und sonst vyl verwundt. Als aber der rechte Hauffen herzuo kam, do liessen sich die Inhabere bey Nacht in den Weyer hinab und wichen. Mornderigs nam man das Schloss onne Widerstand inn, und wurd mit Pfaffstat gebUndert und verbrent Demnach zogen die Eidtgnossen gmeinlich 14000 starck uff das ^SJbOTufc611 Ochsenfeld und verharretten vyl Tag daselbsten, ob Jemandt zuo der ochsenfew. ^q^ erschynen wolte; aber Niemant facht sy ahn. Sie zugen fur Than, aber sy sturmbten nit; Alten Than, Hochen Roderen und Aufholtz verbranten si, Watwiler ward geblindert, das gantz Lanser 629b Ampt ward verbrent bis an 4 Derffer nit Das Altkilcher Ampt ward umb 2000 Gulden gebrandtschatzt; ftlr den Fliicken Hapsen allein hat man inen auch 2000 Gulden Brandschatzung anbotten; diewyl sy aber Milhausen heftig beschâdiget hatten, hat man bey 300 Wegen voll Fricht daraus gefiert und darnach verbrent Als nun Milhausen ires Aufsatzes entladen war, do zogen die Eidt- gnossen Sontags nach MargarethsB wider heimwertz; uff den Mentag, begerten sy von den Basleren den Pass aber ir Brucken, damit sy kenten fir Waltzhuot ziechen, aida sich Bilgram von Heiwdorfl, deren von Schaffhausen abgesagter Feind, enthielte. Der Pass ward inen Bartenheim. Digitized by Googl Digitized by VjOOQ 16 PI. II. Phototjpio Haili1. Colmtr. ARMES DE MULHOUSE Reproduction, en grandeur naturelle, d'une pa^e de la Chrn\iue 3iicie manu3?rite d"Andrô Ryff, ds 1597. Digitized by GoogI — 37 — abgeschlagen; des erzeigten si der Statt ein sollicben Ernst, das man die Hochwôhren besetzen muost; do si aber sachen das si nitzitschaffen mochten, do liffen si durch die R&ben und geschendten die Giettèr ûbel. Diser Zug gab Ursach das der Hertzog Sigmund von Oesterreich, ^Jjjjjj Jgjk uf Carolo von Burgund, das Elsas, Sundtgeiw und Preisgeiw, umb suihi. 80000 Gulden versatzt; daraus vyl Unruow ervolget. Anno 1469, im Julio, nam Margrafi Ruodolft von Hochberg, in Namen Hertzog Oarliss das Land inn und lies im huldigen. Aber es reiwet in am aller ersten; 630 * dan Garolus setzt Petteren von Hagenbach zuom Landtuogt, der hat vyl Ibels gestiftet. Anno 1506 warden die Milhauser Burger zuo Basel, damit mehreten si die Freindtschaftt bey den Eidtgnossen. Anno 1514, in der Wuchen nach Andreae, ward Milhausen zuo Zirich uff einer Tagleistung zuo dero sechsten zuogewandten Orth der Eidt- gnoschaft angenomen, und ist der Pundtsbrieft uft den 19*™ Jenner Anno 1515 ufgericht. Die Artickel diser Pindtnuss sind vast deren von Rotwyl gm&ss und gleichformig. Dise Statt Milhausen bat ein hôrliche feine Pollecei ; si bat auch 630b allerley Gwerb und Handtwercker zur Nothurft; lirnemlich aber begond sich die Burger am meisten mit dem Feldbôuw und Ràbwerck, dan es do gar ein hôrlich Glend hat und ist ein reehte Schmaltzgruoben mit allorlei menschlicher Narung. Dise Statt hat 6 Zinft, daraus besetzen si den Rath, als Schneider, aegement. Metzger, Râbleuth, Brotbecken, Schmyd und Gartner oder Ackerleuth. Derselbigen Zinften gibt ein jede jerlich 2 Rotsherren und 2 Meistér in neiw und alten Roth, wellichen si jerlich umb Wienechten besetzen, also das 12 Man den neiwen , und 12 Man den alten Roth besetzen ; dotzemol ordnen si auch einen neiwen Burgermeister, der regiert em halb Jor lang, und deren haben si vier. Die Zinfit haben auch ire Sechser; wan man in wichtigen Sachen grossen Roth haltet, so sitzen dieselbigen auch zuo Roth und ist der grosse Rott 66 Man. Dise Statt hat neben dem Roth auch 2 Gericht, als das Stattgericht, das wirt ordinare aile Mentag gehalten, an demselbigen werden allein Schuldsachen und Scheltwort liquitiert. Demnach hat si ein Consisto- rium oder Ehegericht, das wirt von geistlichen und weltlichen Per- Notre planche II reproduit le texte et la peinture de la page 630. Digitized by Googl — 38 — sohnen besetzt, und do in spànigen Ehesachen gehandlet, wie auch der Ehebrucb abgestroft. 631 Dise Statt hat wenig Landschaft, allein Ilzach und sonst ein Dorfl, denen ordnen si ein Vogt aus der Statt Es hat dise Statt Milbausen ein besondere grosse Freiheit, dan ob si gleichwol ein Deitsch Haus und ein Johannyter Haus haben, darinen Freiheiten sind, so ist doch liber dasselbige die gantze Statt tir sich selbs ein Freibeit oder freye Haus, was fir Todtschleger, Banckerotier oder was do fir Uebelthàter sein megen, denen man Freiheit zuogeben pflagt, inerhalb der Statt Milhausen Krytzstein komen, die haben ir Freibeit erlangt und in der gantzen Statt, so wol auf der Gassen als in den Wirtz und Burgers Heusseren, ist allenthalben Freiheit, doch uft volgende Ordnung und Meinung Wann nun Jemandts urab Todtschlag oder anderer Sachen willen in der Statt Milhausen Freyheit begert, derselbig muoss persônlich vor dera Roth zuo Milhausen erschinen, und doselbsten bey dem Eide mit wellichera er seiner Obrikheit verbunden, aile Circumstatijs, Umbstend und Ursachen wie sich die Sachen zuogetragen und verlofiFen haben darumb er Freyheit begert, erôfnen und anzeigen, damit man eigentlich wissen môge was fir ein Gasus das sey, ob etwas môrderisch oder firsetzlichs darbey seye, oder ob es ein ungeforliche Sach und Zuofahl 63ib seye. Befindt man nun das nichts firsetzlichs Arges domit firgeloflen ist, so verlicht man ime der Statt Freyheit, wird ime aber expresse, und rund dabey angezeigt, wo Jemandt k&me der umb Recbt wider inné anriefien wûrd, das man im dan Recht halten werde, und imvaal sich was befuonde das môrderisch oder sonst malefitzisch wâre, das wider die gegèbnen freyen Stot were, so wlïrde inné dise Freyheit nit schirmen, croasePreyheit sonier er mjeste gewertig Sein was Urtel und Recht mit sich bringen statt Milhausen. were> imvaai man aber Nichts mordtlichs, oder sonst firsetzlichs vern&me, das wider gegebne Freyheitten oder malefitzisch sey, so werd er der Freyheit megen gniessen, so wol nach als vor dem Rechten. Wofehr aber eine solliche Persohn wolt ûber Feld und ausser der Statt Milhausen Bann gon, so soll er solliches zuvor einem Burgermeister anzeigen; kompt er wider, so genyst er der Freyheit nach als vor, zeicht er aber one Erlaubt von der Statt hinweg, so hat er die Freyheit verloren; will er si weither haben, so muost er si von neiwen Dingen entpfochen und erwerben. Fir solche entpfochende Freiheit, betzalt ein Jeder dem Burgermeister und Roth 1 Gulden und dem Stattschreiber 1 Schilling inzuoschreiben. 632 So bald man ime die Freyheit verlicht, so muoss er ein aufgehepten Digitized by Googlt — 39 — Eid schwôren, das er die Zeith seiner Inwohnung zuo Milhausen, dem Burgermeister und Roth daselbsten aile billiche Gehorsame welle leisten, und was er mit der Statt oder den Iren fur Ansprochen zuo- samen gewunen oder bek&men, nienen anderswo dan under dem Staab zuo Milhausen berecbtigen, noch klagen welle. Item, wan man Sturm schlecht, das er mit gewehrter Handt zuom Panner tirs Rathhaus laufien, und was ime doselbsten befolen wirt, lieissig und treiwlich verrichten welle. Er soll auch weder inn noch ausserhalb der Statt nit auf seine Feinde gohn noch fr&ffenliche Hand brouchen ; item, er soll auch an einem Wirth zehren, und nit aus der Statt wychen, er habe dan zuvor Jederman contentiert und bezalt; und dise Freyheit erstreckt sich so with der Statt Bann goth und mag die Jederman der iro nôthig ist gebrouchen. Burgrecht. Mit dem Burgrechten diser Statt, hat es ein solche Meinung der mehrentheil Inwohner sind Hinders&ssen, doch haben sy mehr Gerech- tikeit dan andere Hindersâssen vyler Stôtten, und die môgen auch onne Verwirckung grosser Vrsachen nimmermehr von der Statt verwysen werden. 632b Die Burger aber haben sondere grosse Freiheitten von Kônig und Keiseren, in Todtschlegen und andere Fâlen, so tlber der Hindersâssen Freiheitten aufgond. Wellicher Burger werden will, der muoss keins Herren Leibeigen sein und sein Haus und Wohnungin der Statt haben; er muoss auch zuvor so lang in der Statt gewohnt haben, das er der Statt dry Gewerff zalt hab; item, von iren Zunftmeisteren das Zygnuss haben, das si sich jederzeith ehrlich und gehorsam erzeigt und verhalten haben, das auch gar kein Vermuottung do seye das er dis . Burgrecht umb keines frâffenlichen Firnemens willen begâre und suoche. Umb sollich Burgrecht und Freyheit betzalt er dem Roth ein Viertel Wyn und dem Stattschreiber 1 Schilling. Dis Burgrecht erbt uff aile ire eheliche Kinder, doch das die Sôhn des Tags wan si Hoch- zeith halten, sich in der Burger Zaal inschriben lassent, cost 1 Schilling; die Tôchteren aber, wan sich dieselben mit einem Burgersohn oder einem ehrlichen frômbden freyzigigen Gsellen versprechent, so mag derselbig Eheman, gleich des anderen Tags nach dem Kirchgang, das Burgrecht kauflen, also das er der dreyen Gewerfien obstond nit erwarten darff. 633 Es ist dise Statt Milhausen auch in der frantzôsischen Verein be- grifien, und ist alzeith manlich mit den Eidtgnossen zuo Feld zogen. Digitized by Googlt — 40 — Anno 1529 haben sy auch ir Kirchen reformiert1, und ieben aoch die reformiert evangelische Religion. Anfang Anno 1582 hat Bich ein geriage Sach zuo Milhausen angefengt, die scbadens. Sy aber vyl Guot und Bluot kostet hat, die hab ich ander Leuthen zuo einer treiwen Warnung und Exempel hieher zuoverzeichnen nit umb- gen kenen, ob es gleichwol Miey brouchen wirt Die Fyninger deren Briederen sind 3 gwftsen, der ein warStatschreiber hatten unfehr von der Statt, under Juncker Baschens Zrihn f Zwing und Bann, ein alten verlegnen Weyer, der war mit Holtz ûberwachsen. Denselbigen haben etlich andere Burger von Milhausen auch angesprochen. Die Fyninger wolten das nit zuogeben, sonder verhoften er were das ir, haben derwegen das Holtz fellen lassen. Als nun dis Holtz gef&llt gwesen, do hat die Obrikeit zuo Milhausen dasselbige der Fyninger Widerpart, onne Erôrterung der Sachen, erlaubt hinzuofieren ; dariber hat sich ein Rechtsiebung angefengt. Der Roth zuo Milhausen hat vermeint, diewyl Kieger und Antwortere 633b ire ingesesne 1 1 Burger sey en, den Handel in der Statt zuverrichten und bei iren Handen zuo behalten. Die Fyninger aber vermeinten incn beschech hieran Unbill, des Gegentheils Freindtschaft sey inen tlber- lâgen, derhalben soll onne Mitel dise Sach under dem Staab erôrtert werden, under wellichem das Guot glegen seye; gleicher gestalten verhoflet auch Juncker Baschen Zrihn, als Grundtherr, deswçgen hat er aile Urtlen so zuo Milhausen ergangen, tir undichtig geachtet und keine exequieren lossen, sonder den Fyningeren hierinen die Handt geboten. Er hat auch die von Milhausen vor der firstlichen Regierung zuo Ensisheim verklagt, das si ime in seiner HOrlikeit und Juridiction Ingrifi thuon wellen ; des hat die Regierung zuo Milhausen und vor gmeinen Eidtgnossen den Handel getriben. Der Roth zuo Milhausen vermeint ir Freiheitten vermechten das si zwischen iren Burgeren auch tiber auslendische Gietter wol richten mechten. Die Fyninger meinten nein, si haben deswegen beim Roth zuo Basel umb Schutz, Hilff und Roth angehalten. Der Roth von Basel hat etliche Mol ir erbare Rothsbotschaft hinab geschickt und under- 634 standen si in der Gietti zuoentscheiden. Als aber kein Theil dem anderen von seinem vermeinten Rechten wellen wichen die Obrikeit hat vermeint, sy die Fyninger l&nten sich unbillich wider si als ein Obrikeit auflf, so vermeinten die Fyninger ir Obrikeit soll mit iren 1 Les nouvelles doctrines forent prêchées à Mulhouse dès 1522. * Sébastien Zu Rhein. Digitized by Googlt - 41 — Burgeren nit also tiranisieren; sind also grim wider einander verbittert worden, and hat kein Theil mehr des anderen verschont. Die Fyninger sind erstlichs zuo den 4 evangelischen Stôtten gereist, ir Anligen klagt und umb Hilft angerieft. Die 4 Stôtt haben oftermolea iren Flyss, Miey und Arbeit angewendt, aber Ailes umbsonst; nit weiss icb wass firgange, je, die Fyninger raeinten es wurd ir Sach nit ernst- lich gnuog iirgenomen, derhalb sind sy tirbass zuo den catoiischen Orthen der Eidtgnoschaft gereisset und inen ir Notb geklagt, und haben do Ailes geôftnet, wass, wie und wiewith die 4 Stôtt tractiert haben, und si umb Hilf angerieft. Die catoiischen Orth haben sy uff ein Tagsatzunggehn Baden gwisea, do sollen si ir Anligen offentlich fûrbringen; das haben si gethon. Die Milbauser sind auch dahin citiert worden. Dis ist nun zuom ofteren Mol beschehcn. Daruff haben gmein Eidtgnossen den 4 evan- 634b gelischen Stôtten aufferlegt, das si freindtliche Mittel suochen und wo miglich den Handel schlichten sollen; die haben sich nun vyl und inancherley Wys bearbeittet, aber kein End finden kenen, dan sy ver- meinten beidersyts, die Obrikeit und die Fyninger, es wurd je ein Theil yon dem anderen wider die Billikeit getrungen ; die Fyninger trangen ufi ein unparteysch Recht, das ward inen zu Baden erkant Die Fyninger begerten dasselbige aus gmeiner Eidtgnoschaft, die Obrikeit aber wolt dasselbige aus gmeiner Burgerschaft setzen, Ursach, sy wendten ftkr, so man inen frômbde Richter setzen soit, wurde inen dasselbige preiudicierlich und ein Abbruch irer Freiheitten sein. Sind also in disem Streith dermassen ttber einander erzirnt worden, das die Fyninger ires Leibs und Lftbens halb kein sicheren Platz mehr in Milhausen hatten, deswegen ist der eltist Bruoder ' der domolen Stattschreiber gwesen in das deutsch Haus in die Freiheit gewichen, und darinen gestorben; die anderen zwen, Jacob und Matiss, haben sich aus Gnaden der Obrikeit, ein lange Zeith mit Wyb und Einden zuo Basel erhalten9; darzwischen hat man inen zuo Milhausen ir Haus, Hofl, Haab und Guot verschlossen. 635 Als nun gmein Eidtgnossen gar vyl Miey und Arbeit in der Sach gehapt und aufi allen Tagsatzungen damit molestiert worden, do kamen die 2 Fyninger mit etlich irer Verwandten ira Frieling Anno 1586, auflf ein Tag gehn Baden dohin waren die Milhauser auch citiert ; doselbsten 1 II s'appelait Michel. * Les registres de baptême de Baie mentionnent, en 1585, pour chacun d'eux la naissance d'an fils. Digitized by GoogI — 42 — erklagten sich die Fyninger, es tftten die von Milhausen den Badnischen Erkantnussen kein statt, begerten hiemit man solte die Milhausischen Gsanten doben in Arresta nemen, bis si erstatteten was gmein Eidt- gnossen erkant hetten, und das si zuo Baden Red und Antwort geben solten. Die Lender haben den Fyningeren Willen geben dan sy augen- schynlicb mehr uff der Fyninger dan uff der Statt Syten gehangen. Sind also die Milhaussischen Gsanten mit Lyb und Guot arrestiert worden, welliches zwor wider die eidtgnossischen Pindt gwesen. Als nun die Milhauser zuowissen begert, wer, oder worumb si gear- restiert worden, do hat Niemant wellen schuldig sein; die Lender waren gestendig, das si dem Weibel das Arrest zethuon befolen, aber in Namen von wegen der Fynigeren und irer Verwandten. So haben die Fyninger das Arrest nit wellen anglegt haben, sonder ir Begeren sey gwesen, das si die Lender in Arresta nemen solten, diewyl si von Milhausen haben weg reithen wellen; also ist ein Discordia under inen gwesen. Darauff hat man den Gsanten von Milhausen erlaubt 635b heim zuoreithen und Roth zuohalten. Doch haben si miessen an- globen, das sie sich gleich wider stellen wellent. A uff ir Widerkunfft ward abermolen erkant, man solte Flyss anwen- den, das der Handel gietlich entscheiden werden werden sic mecht, und sind darauff die Gsandten von Stôtten und Lenderen gmeinlich hinab geritten, haben aber nitzit ausrichten megen. Darauff haben die Fyninger hefftig bei den catolîschen Orthen an- gehalten dan si sich mehr uff die Lender, dan zuo den Stôtten gehalten, sy solten inen aus irem Mittel allein, onne Zuothuon der evangelischen Stôtten, ein Botschaft vergonen; das haben die 8 Orth inen bewilliget unach ailes und haben 3 Man in irem Namen abgefertiget iren Befelch zuo Mil- hausen zuverrichten. Als die nun zuo Milhausen igeritten sic, do haben si die 2 Fyninger welliche kein Sicherheit mehr in Milhausen gehapt onne Gleidt mit sich bracht ; vermeinende, sy, als Gsandte der 8 Orthen, solten Gleidts gnuog sein. Sobald aber die Milhauser vernommen das die Fininger sic per- sôhnlich verhanden, do ist aile Freindtschaft vergessen und die Eidt- gnossen nit empfangen, noch verehrt worden wie brichig ist und ist inen auch schlechte Ehr erwysen worden. Die Gsandten haben an- 636 zeigen lossen, si begeren das man inen ein gantze Gmein versamle wie in Lenderen der Brouch sey, so wellen si derselbigen iren Befelch fùrbringen; das hat man inen abgeschlagen und anzeigtdas solliches in den Stôtten nit breuchig sic seye, imvaal aber si fllr Roth begeren, so welle man inen denselben versamlen. Digitized by Googlt — 43 - Zwischen disen Dingen hat der Roth 30 oder mebr Burger indt Ristung gemaant, die haben die Hôrberg zuom Engel binden und vornen umbstelt, und die zwôn Fyninger diewyl sie onne Gleidt intràtten mit Gwaldt vor den Gsandten hinweg gnomen und gfangen glegt. Das hat die Gsanten so mechtig beschmocht, das si onverrichter Handlung, auch ungessen und truncken, wider aus der Statt verrithen sind ; das ist der Stat Milhausen zuo einem bluottigen Schweissbaad gerothen. Gâche Rooch, bringt gern ein Schmaach sic. Diser Zeit war eben ein gmeine Tagsatzung zuo Baden, dohin rithen der 8 Orthen 3 Gsandte von Milhausen, deren von Milhausen Botschaft war auch vorhin doben, das si vermeinten uff die vorige Handlung Antwort zuogeben. Als aber Herr Landamman Thanner von Ury und 636b 1 1 seine 2 Mitgsandte, den Tagsherren der 8 Orthen die Schmach so inen zuo Milhausen begegnet ist, klagten, do haben sy sich strags zuo Baden verglichen auff Ratifiication irer Oberen und der Gmeinden zuo irer Heimkunft denen zuo Milhausen die Pindt aufzuosagen und die Brieff zuo ûberschicken. Nach dem si nun von Baden heim komen, do ist es liber 8 Tag nit nie s orth aagen angestanden, die 8 Orth, Lutzern, Ury, Schwytz, Underwalden, Zugg, diê pindt aun. Fryburg, Sollenturn und Appenzell haben die Sigel von den Milhou- sischen Pundtsbrieffen geschnitten , und hand die Brieff bey einem Botten gehn Milhausen geschickt und die iren heraus begehrt Als nun dise Briefl zuo Milhausen gliffert worden, do hat der Roth die irigen nit heraus geben wellen, sonder haben mit dem Botten freind- lich sovyl gehandlet, das er die cassierten Brieff hat wider heim tragen, mit sollicher Vertrostung, der Handel werd so bôs nit werden, sonder ob Gott wil wider uff guotte Baan gerichtet werden. Die Milhouser haben solliches den 4 evangelischen Stôtten und Glaris in 111 geklagt, die sind alsbald gehn Arrouw zetagen zemen ge- 637 ritten, Mittel und Weg gesuocht wie disere Sacb. wider inzuorichten were, damit nit ein Ergers daraus entspringe; si haben gmeinlich neben den Milhauseren angehalten, das man die Pundtsbrieff wieder besiglen soit, aber umbsonst, und haben sich die 8 Orth ires Streiths nichts {sic mehr beladen wellen. Diewyl dan si bei den Lenderen nitzit erhalten megen, do sind recht die 4 Stott und Glaris gehn Milhausen gereist, haben den Handel mit Ernst fir sich gnomen und die Obrikeit und Fyninger also verglichen, vergieiciwng. Digitized by Googlt Auffruor der Burgeren. Nebenrftth. 2 Burgermefster und der Stattschreiber gestreckt. — 44 — das die Fyninger der Gfencknuss sollen ledig sein und soll aller Gespan und Widerwillen aufgchept sein, und sollen si beide Brieder onne Nach- theil irer Ehren, wider wie vorhin, sicher in Milhausen wohoen und sol jede Partey iren erlitnen Costen wellicher nit ring gwesen an im selbs haben. Also ist Milhausen, von dises geringen Handels wegen, umb ire Pindtnuss bei den 8 Ortten komen, aber der Jammer geth erst an. Als nun der Fyninger Handel verglichen gwesen, do hept sich erst der Bâtteltantz recht ahn, dan es hat sich die Burgerscbaft wider die Obrikeit gerothiert, und hat ein grossen und ein kleinen Hauffen geben ; 637b als das Geschrey under die Burgerschaft komen, sy seyen urab ir Pindtnuss bei den B Ortten komen und das si inen die Pundtbriefi haben heraus geben, do ist die Burgerschaft zemen gloften, haben zwo Parteyen gemacht Beim grôsseren Hauffen haben uff 300 Burger und Burgerssohn wider die Oberkeit zemen geschworen Lieb und Leid mit einander zelyden, sy haben ouch die 2 Fyninger und den Burger- meister Friesen wellicher vor etlich Jaren seines Burgermeister- thuombs entsetzt worden an sich gehenckt, und haben also den grôsseren Gwaldt bekomen. Die ûbrigen Burger als der kleiner Hauffen sind dem Koth ange- hangen, der grôsser Hauffen hat das Regement an sich gerissen, haben aus inen 12 Man auffgeworfien fUr Regenten und Râth der Statt. Dise 12 neiw Erwôhlte traaten fur den Roth und begerten zuowissen was Ursachen die 8 Orth inen die Pindt hetten heraus geben. Der Roth gab glimpfliche Antwort, aber si wolten doran nit komen, sy sendten ein starck Légation in die Lender die Sachen grundtlich zuo erkundigen und umb Gnad anzuohalten, das sy in die Pindt wider aufigenommen wurdent. Wiewoll sy nun kein gwisse Zuosagung entpfangen, so hat man sy doch vertrôstet, wan sy denen so Ursach hieran seyen das ist irer Oberkeit den Lohn geben, so wel man inen als dan mit guotter Antwort begegnen; haben inen also das Maul aufgespôrt und noch mehr wider ire Oberen verhetzt, das so bald sy wider heim komen sind, sy den Burgermeister Zigler, den Stattschreiber1 und den Burger- meister Hartman gfencklich inzogen haben. Die haben sy an die 638 Omm Sohillinger. Digitized by Googlt Si handlen grob — 45 — Tortur geschlagen, seer gestreckt und ailes Bôse an ineu geiebt, sy haben inen Artickel des gmeinen Guots und anderer Sachen halben tirgeschriben ; daraufi haben sy am Folterseil bekenen miesen. Sy haben den Roth entsetzt und das Regement iren verordnetten Zwelffen befolen, die Scblissel zur Statt. und dem Zûghaus denselbigen ûbergeben, also das ir Regement allerdingen corompiert gwesen ist. Darufi haben sich die 4 evangelisehen Stott, sampt Glaris, gar vast in der Sach bemieyt, aber Nichts ausrichten kenen, dan si zeigten ahn die gfangnen Burgermeister und Stattsehriber seyen Landtfuerr&tar und Schatzdieben, das haben si selbs bekaut; doch haben si die be- kanten Artickel den Gsandten nit zuostellen wellen, vyl weniger si zuo den Gfangnen wellen lossen. 638b Das neiw Regement begert an die Gsandten das sy der Statt Schatz versiglen solten bis zuo Austrag der Sachen, das haben si inen gewil- mu dên ôbêren. fohrt; daruff haben si den Burgermeister Biegen sic l auch in Isen geschlagen, und den 4*" Burgermeister Fineken auch wellen ergmfien, der ist in die Freiheit und darnach aus der Statt entrunen und sieh zuo Basel enthalten. In Summa, das ruochlose neiw Regement ist durch Ufwysen bôser Leuthen je lenger verhetzter worden; sy sind tâglichs umb Hilff und Roth zuo den catolischen Eidtgnossen gloffen wellichen si doeh nit mehr verwandt gwesen waren und haben dargegen der 4 Stôtten und Glaris Gsandten nur trutsige schlechte Antwort geben, und haben inen wieste Uebernamen angehenckt, in wellichem si ire Eid nit wol verwart haben. Si haben auch die 3 gefangne Burgermeister und den Stattschreiber zuom anderen Mol flir die 24 oder das Maletitzrecht gestelt, und 100 Artickel ufi si klagt, dem Burgermeister Fineken, haben si als einen flûchtigen Uebelthâter mit Recht gerieft Aïs nun die 4 Stôtt und Glaris noch ein Mol, als fur das letste Mol, bei den ttberig Eidtgnossen angehalten, das si doch gmeinlieh von den 13 Orthen ire Gsandten dohin ordnen solten, zuosechen ob man doch 639 àen Handel richten kente, ehe si inen den Gfangnen, den 3* Rechts- tag ergon liessen oder, wo das nit, so solte man inen doch von den 13 Orthen ein unparteysch Recht setzen, wie si das begert hetten; aber deren keins wollen die Lender thuon, sonder si haben aufl der Mil- hauseren Begehren allein etlkhe Gsandte dahin verordnet von den 8 Orthen, die allein sechen solten wie si aile Sachen verhandletten, aber si solten sich der Sachen nit beladen. 1 Pierre Ziegler. Digitized by GoogI - 46 — Àls si nun gehn Milhausen kamen, do hat man die Gsandten der 4 Stôtten und Glaris schlechtlich, der catolischen Ortten Gsandte aber hôrlich entpfangen und tracktiert ; si sind inen entgegen geritten und hôrliche Gselschaft gleistet, gegen den evangelischen aber hat man sich gestett als gegen Gesten die man nit gern sicht. Als nun die Gsandten der 4 Stôtten und Glaris ungeschaft wider verrythen miesen und zuom Thor aus wellen, do hat der Gsandt von Bern ein jungen Scherergsellen von Bern hinder ime uf dem Ross gfiert, dan si wolten Niemants mehr aus der Stattlossen; do haben si ire, der Gsanvor- reither sic, oder Einspânîge, tir den Grendel ausgelossen, und daraufl den Grendel zuogeschlagen, also das die Herren zwischen Ross und Wand verspôrt und irer Dieneren Hilft beraubt gwftsen, und haben den Schererknaben mit Gwalt vom Ross reissen wellen; als der Jung sich 639* aber styff an den Herren Gsandten gehalten, so sind si beide under das Ross gefallen; den ûberigen Gsandten haben si die Bichsen uff die Brust gesetzt, haben sich so Freindt Eidtgnossisch gegen inen erzeigt, das sy verursacht worden, firnemlich Bern, inen abzuosagen. Der B&r rist sich Disen Tag sind der Lenderen Gsandte noch do bliben, Mornderigs friey, haben die Milhauser verschaft das Wyb und Kind, sampt der gantzen Burgerschaft fur das Rothhaus erschinen dahin der Lenderen Gsandte gefiert wurden, uft die Kneiw niderfellen und umb Gotteswilïen umb Verzichung gebâtten haben, und das si wider in die Pindt auf~ genomen wurdent; wonit, so seyen sy verlossene Leuth. Darauff ant- worten die Gsandten, sy haben dessen kein Gwalt, sobald si aber heim kâmen, so wellen si das iren Oberen firbringen. Der Krieg wird Àls bald aber der 4 Stôtten und Glaris Gsanten heim komen, so sind si gleich zuo Arouw zemen geritten, disen Handel beratbschlaget und aida beschlossen, das si Milhausen mit Gwalt ûberziechen und stroffen welten, si auch zuo der Gehorsamme zwingen, und das soll in 111 und in Stille zuogon, und sollen gleich die 3 Stôtt Zirich mit eim Fenli, Bern mit 4 Fenlen, Schafihausen mit eim Fenli, Bern mit 4 Fenlen sic, wolgerist uff den 8* Juny Anno 1587 in Basel zemen komen. 340 Basel raustert, den 7* Juny, ire 2 Fenlin Knecht und machten 10 Stûck Geschitz uff Rôderen sampt der Munition fertig ; den 8* Juny friey umb 6 Uhren, zogen die Bernner mit iren 4 Fenlen woll gerist, darunder ein Fenlin Itelschitzen V waren, zuo Basel inn. Den 9to° Juny, kamen auch die von Zirich und Schafihausen, jedes Orth mit eim Fenlin 500 starck, die von Glaris hat man von Fore Ferne? des Wegs wegen, dobeimen glossen. Uff Sambstag den 10* Juny, sind die von Basel mit iren 2 Fenlen und erkant. Digitized by Googlt — 47 — dem Geschitz sampt der Munition, auch neben dem Fuossvolck40 Rei- siger Pferden, Morgens umb 8 Vhren, Sant Johansthor aus, den neiwen Weg hinab bis gegen Buottenheim1 ûber, und dan durch die Hart gezogen; inen sind die 4Fenlen Bernner uf dem Fuosz nachzogen, und sind strags nach Ilzach zogen, welliches Dorft deren von Milhausen ist ; aida haben si ir Loger geschlagen. Nachmittag zogen die 2 Fenlin von Zirich und Schaffhausen auch hernach und namen eben disen Weg gehn Ilzach, do si gmeinlicb den Sontag ausruowten. Die Regierung* hat am Sambstag Morgens in Basel den Pass aller- dingen abgeschlagen, sy wendeten fttr, man wurd die Fricht im Feld verdorben, welches doch nicht besehechen, dan man sonderlich wol schonet, aber wider disen Abschlag zog man manlich fort. 640b Als nun Milhausen den Ernst vernomen welches si doch zuobe- DerKrlegg6ht schechen nit vermeint haben, do hand si dapfter zu schantzen und âhn- bouwen firgenommen und sich umb Hilff ernstlich beworben. Den Mentag undZinstag, hat man mit inen gescharmitzlet, Mitwuchens den 14* Juny hat man erstlichs mit inen parlementiez ; diewyl aber die Milhauser sich aile Stund zuogesagter Hilff vertrosten, wie si auch denselben Tag etwas wenigs Hilff von den Vorleifferen entpfangen haben, und sich mechtig uff ir veste Statt verlassen, so haben si im fiarlement gar hochmiettigen trutzigen Bescheid geben, wolten kein parlement ne. Bericht anemen, sonder sy botten inen den Spitz und sagten, si weren inen nichts schuldig dan Krouth und Lodt, dessen hetten si gnuog. Die 4 Stôtt machten ir Rechnung, so si miesten die Statt Milhausen mit Gwalt inemen, so hetten si nitGwalts und Volcks gnuog. Darauff verschaften si in 111, das man mehr Volcks hinab ordnete, daruf rie sind die ausgelegten Basler aufgemaant worden und waren die Bernner auch schon im Nachzug. Zwischen disen Dingen waren 4 Frantzosen vorhanden, die sich des Sprengwerçks mit den Petarden underwunden, die lies man ir Sach anordnen und die Gelegenheit absechen ; denselben Mitwuchen znacht den 14. Juny * Anno 1587, umb 10 Vhren, haben dise Frantzosen ir Sach 641 angeschantzt, die zwen aussersten Grâben beim Armbrustrein, oder Baselthor, mit wenig Volcks sorglich ûberstigen, und diewyl am selben Orth die Statt am stercksten ist, do haben sich die Milhauser am selben 1 Battenheim. * La régence d'Ensisheim. 1 Le vieux style était encore en usage à Bftle et à Mulhouse. Eu réalité, Passant des Confédérés eut lien le jour de la Saint- Jean ; donc le 24 juin 1587. Digitized by GoogI — 48 — Orth am wenigsten besorgt; si haben auch nit vermeint das raan si gleich dieselbig Nacht, so bald auff das Barlement bin, soit angreiffen ; sonderlich die weyl inen unverborgen war, das man mehr Volck beschriben bat, derwegen vermeinten si sicher zesein, haben deshalben denselben Obent ein starck Triumpffmol gehalten, und dapfier zecht Als si nuu umb Mittnacht in der Statt angefangen still werden, sich aus den Bistungen in die Ruow begeben, do haben die 4 Frantzosen die Falbrucken hinderstigen, dieselb still nidergelossen, iren Petart ans Thor geschroubt und angezint, das Thor damit aufgesprengt, das ^Miihausen also die Knecht so darauff gewartet, onne Miey hinein gelofien, bis man iren in der Statt gwar worden ist; daruff haben si gleich Lermen geschrouwen und mit den Glocken Sturra geschlagen. In disem Trippel sind 4 Burger uff das Base! thor komen, die haben den Schutzgatren gefôlt, das hat grosse Verhinderung brocht, dan diejànigen Soldaten so schon in der Statt gwesen deren ungevor 30 gwesen sind, die haben Notb glitten, dan si von den Ausseren kein Hilff inehr haben kenen haben sich zimlich lang mit schiessen, houwen und stechen manlich wôhreu miesen, bis si die Hilff wider erlangt haben; hand zimlich grob glitten. 64lb In 111 haben die Soldaten mit Axen ein eintzigen Pfeiler des Schutz- gatrens abgehouwen, das also ein Man nach dem anderen hat durch schlietten miesen, und sind daruff dapfier hinein trungen. Àber die 4 Burger ufl dem Thor haben mit schiessen und werifen so grossen Schaden thon, das es ungleiblich ist; einer under inen ist ein Bichsen- schmid gwesen1, der hat allein geschossen, die anderen 3 haben ime geladen und mit Steinen herab geworffen. Er hat bey 50 Knechten erschossen und verwundt mit Doppelhocken. Der Sturm hat uft 3 Stundt lang gewftret, und sind uff beiden Syten 150 Man todt bliben und auch sovyl verwundt, doch haben die 4 Stôtt gesiget und die Statt Milbausen mit Sturm erobert Als nun die Milhauser gesechen das si ttberwunden waren, do sind die firnembsten Rôdliiierer, 20 bis in 30Persohnen, durch einheimlich Loch in der Rinckmouren aus entrunen ; die anderen ail vom grossen Haufien, sovyl deren im Sturm ûberbliben, sind ail gefencklich einge- nomen, die Firnembsten under inen in Thurn, in wellichem sy bisanhero 1 Martin Dummel, originaire de Zofingue. Il comparut, le 19-29 jais suivant, devant le conseil de guerre institué par les Cantons protestants et fat condamné à la décapitation ponr avoir continué le feu, malgré la proclamation de la cessation des hostilités. L'exécution eut lien le même jour. Digitized by Googlt — 49 — 2 Burgermeister und den Stattschreiber gefangen hielten, gelegt, und die Burgermeister und Stattschreiber gelôdiget; die anderen Aile hielt man in dem Saal under dem Rothhaus verschlossen. Mornderigs friey am Tag, sind die ûbrigen Fenlin aile sampt dem 642 gantzen hftlen Hauffen in die Stattgezogen und Losamenter gnomen. Man fiert auch das Basler Geschitz hinein und stelt dasselbige uflf den Platz. In Milhausen hat man 60 Stuck Bichsen uft Rôderen funden, ^?SSS. die waren aile etlich mit Kuglen, mit Geschrôt, Hagelgeschitz, und etlich der grôsten mit Kettenen geladen. Nach dem Sturm liffen zwor die Enecht herumb zuoblinderen, aber am 3* oder 4* Tag hernach hat man umbgeschlagen, wellicher Rechts begert der soll ufs Rothhaus komen, hinder wellichem etwas ist verzeigt worden, der hats miesen wider geben. Ungevor ein Monat nach dem Sturm hat man Malefitzrecht gehalten, zwen Burger gerichtet und etliche umb Gelt gestroft, den Mehrentheil der ûberigen Gfangen uflf ein Fuosfahl ledig glossen ; doch haben sy aile ÏS531 den Stôtten Zirich, Bern, Basel, Schaflfhausen und dem Land Glaris dcn 5 0rthen- schwôren miesen. Demnach ist ein neiw Regement besetzt und die Kriegsleuth beur- Jj^ taSEEÏîo laubt worden. Allein hat man 600 Man zu einer Besatzung do glossen, nc,w besetzt- und ist die Hauptmanschaft je ein Monatlang von Orth zu Orth under den 4 Stôtten der Ordnung nach umbgangen, die anderen sind heim zogen. Wie auf ein Zeith die Statt Milhausen, Umb ringer Ansprach kam in Grusen sic. Ein Kieffer sprach sechs Blappert ahn, Das kostet manchen stoltzen Man, Und machet vyl Landts undergon. Jetzundt der Anfang auch was schlecht, Doch muosten d'Herren werden Knecht, Das iren vyl kost Ehr und Guott, Darneben auch Lyb, Lâben, Bluott. Des solstu, lieber Christ, warnemen, Hastu schon Recht, thuon dich nit schemen, Bôsers zuovermyden, so thuon wychen, Loss dich mit deinem Feind verglichen, Sonst mag dirs bringen schlechten Fromen. Des ist Milhousen umb sein Gwalt komen, Bist kluog, loss dirs ein Warnung sein, So fahrstu recht im Frieden fein, Das geb uns Gott, Allen in gmein. Digitized by GoogI — 50J- Durch obstendte Begnodigung und Restitution irer Freiheitten und Gwaldts, haben die 4 Stôtt verhoft si wurden nunmehr fridlich und burgerlich mit einander làben, diewyl man sonderlich aus dem grossen und dem kleinen Haufien das Regement durch einander besetzt batte, so haben doch die vont grossen Hauffen so. vormoln die Myterey ange- richt und mit Hôrskraft haben miesen bezwungen werden, iren bôsen Nyd, Hass und die Rooch nit nachlossen kenen. Anno 1590, den 13* Juny, haben die vom grossen Haufien understanden die Statt Milhausen bey Nacht und N&bel, verr&terischer Wyse inzuo- nemen, ire Mitburger vom kleinen Hauffen liber gemachten Friden dieselbig Nacht zuo ûberrumplen, j&mmerlich hin zuorichten und zuo ermôrden. Mathys Fyninger umb welches Willen, mit sampt seiner Briederen, aller diser Jammer enstanden war, der war als ein ausgewichner Pan- dit, neben anderen seinen Gsellen, sider dem Sturm noch im Ellend; er hielt sich mehrentheiis zu Lutzern als ein Gast; er und seine Gespanen suochten aile Zeith Mittel, neben denen vom grossen Hauffen in der Statt Milhausen, wie sy sich ahn irem Gegentheil rechen mechten* Die Verr&ter in der Statt haben mit disen Panditen ein Conspiration gemacht Es bat die Statt Milhausen, neben einem Bolwerck, ein klein Tliirlin so in Graben geht, zuo demselbigen haben si heimlich lossen Schlissel machen und haben durch die Panditen aussen herumb heim- lich 34 Landtsknecht umb Sold anemen lossen, und dieselben 14 Tag lang uff der Hart erhalten. So ist auch domolen ein starck Reed gangen, der Fyninger hab umb Lutzern 50 oder 60 fireye Enecht angenomen, die er auch zuo disen bringen sollen. Als si nun iren Vortheil ersechen, do haben die Rôdelfierer ire Mit- burger vom grossen Haufien zuo Milhausen aufgemaant si sollen sich risten, jetz sey die Zeit vorhanden, das si sich einmol am kleinen Haufien rechen kennent, dernhalben sollen si treiwlich zuo inen halten; si haben sich vereinbart und beschlossen das si denselben Sambstag umb Mitnacht welten die Statt inemen wie auch beschehen. Si haben durch die ausseren Panditen die 34 Landtsknecht so si auf der Hart angenomen, denselben Obent an das nechste Orth zuo der Statt in die 643^ Hart bescheiden, und inen ir Firnemen angezeigt. Doch hat man si verwândt und bereth, dis beschech ailes aus der Obrikeit Befelch; si haben auch doselbsten ir verrôterisch zemengeschossen Gelt den Landsknechten ausgetheilt, damit si desto lustiger w&rindt; si haben inen auch versprochen, wan sy fttr Milhausen koment, so werd ein Thor offen ston, und werden 60 Eidtgnossen doselbsten zuo inen komen Digitized by Googlt — 51 . Schulthes trftbssinger sic zuo Lulzern. und mit inen hinein ziechen, es werden gleichvaals 200 Burger in der Ristung uff dem Platz stehn und zuo inen fallen ; es sey allein umb etliche ungehorsamen Burger zethuon, die wel man stroffen. Die Landtsknecht sind auff bestimpte Zeith fur Milhausen ko m en, aber do sind keine Ei'dtgnossen gwesen; Vrsach, Mathiss Fyninger ist zuo Lutzern mit gedachten Eidtgnossen uff bestimpte Zeitli auszogen, das er gar wol hette die verordnete Stund zuo Milhousen sein kenen; als aber Herr Schulthess Krebssinger der damolen neiw am Ampt gwesen ist es erfahren, den Fyninger und die Knecht so antroffen inlegen lossen, also sind si verhindert und von irem Unglick abgehalten worden. Als nun die Landtsknecht fttr Milhousen komen, do weder Eidt- gnossen, noch ein oflen Thor gefunden, sonder man hat si zuo dem kleinen Thirlin gefiert, do haben si sollen ein Leittern auff in die Statt ^nS^knecht6 stigen, do sind nun etliche erfahrne Eriegsknecht under inen gwesen, die haben anzeigt, dis sey kem rôdliche Sach, dan Kriegsbrauch und 644 Recht vermôg dis nit, das si mit Leitteren instigen sollen, si wellen mit keiner Verr&terey zethuon haben ; sind also darufi iren 8 wider abzogen, die anderen 26 sind umb des Raubs willen hinein gestigen, und ver- hofft neben den Verrâteren reich zewerden. Dieselbig Nacht sind die firnembsten Befelchshabere uff der Statt- wacht in der Yerr&terei interessiert gwesen, das ist darufi angesechen worden, si haben die Burgerschaft verhindert das si ire ordenliche Geng nit thon haben, uff das man das Gethimmel nit hôre. Doch sind aus sonderbarer Anschickung Gottes etliche Burger auf der Wacht gwesen, die haben fur sich selbs denselbigen Gang thon und haben ahn etlichen Burgeren argw&nische Sachen gespyrt, dan umb Mitter- nacht haben si gesechen das etliche Burger Liechter angezindt haben und mit iren Harnischen umbgangen sind, als wolten si die anthuon. Das hat inen Argwohn geben, haben denselben ahn iren Heuseren angeklopft und si befrogt, was das bedeute; si sind auch in Erfahrung komen das ein frembd Volck vorhanden sein soll, das haben si dem Burgermeister anzeigt, der hat ilentz befolen das man soll luogen ob die Thor verschlossen sey en, demnach soll man die Burger aufmundteren und inen befôlen, das ein jeder Mornderigs friey mit Harnischt und Gwôhr uff dem Platz erschine; die Nacht iiriber, sollen si sich gwarsam und still verhalten. Als nun des Burgermeisters Sohn und die anderen in der Statt herumb 644b laufien die Burger aufzuomundteren, do finden si die 26 Landtsknecht, sampt iren verràterischen Fiereren schon uff dem Platz, zuo denen Milhausen das ander Mol ingenomen. Digitized by GoogI -52- r a v2 tb&tten sich schon die Burger vom grossen Hauflen in iren Ristungen, \^r deren sind bey 70 gw&sen so umb dise Verrftterey gwist haben ; sy haben ail, Frômbd und Hemisch, grienne eichene Laubbuschen uff den Hietten gehapt \ das ist ir verr&terische Losung gwesen dabei si einander erkant haben. Si haben, si haben sic auch ir Wort oder .Losung gehapt Lutzern, und haben grusam zuosamen geschrouwen, hie Lutzern, hie Lutzern ! Durch dise Verrâter wurden etliche Burger, so nit zuo inen gehôrent, verwundt, aber des Burgermeisters Sohn so helflen die Burger aufinundtern ward erstochen. Also haben si die Statt in selbiger Nacht verràterischer Wyse ingenomen; vorhin hatten si die Glocken verspôhrt das man nit stirmen kent, haben das Geschitz ufl den Platz gezogen und liand angefangen die Burger vom kleinen Hauffen, ir Widerpart, gefencklich inziechen und zuoplinderen; haben also die Statt und den Gwalt inen gehapt bis es ist Tag worden. Si haben auch dieselbig Nacht ein Brieff ahn ein Persohn gehn Lutzern geschriben, das si dieselbig Nacht die Statt Milhausen ingenomen habent, dernhalben soll er inen die versprochne Hilff senden. 645 Demnach nun dise Landtskneclit mit Hilff der verr&terischen Bur- geren die gantze Nacht gewiettet, geraubet und Burger gefangen hatten, das si mied worden, auch gegen Tag gesechen haben das si nit 30 starcke Hilff hatten wie vermeint, sind si erschrocken und von Gott in irem Hertzen erschlagen worden; sind ins Pfruombdhaus f zogen, sich doselbsten mit Essen und Trincken erlaben wellen. In dem sind die Burger vom kleinen Hauffen wider erstarcket und behertzt worden, sind aufi den Platz zuosamen gangen ; zuo denen sind vyl vom grossen Hauffen gefallen, die haben entweders ein Misfallen oder Forcht der Stroff an diser Sach entpfangen. Das weist Gott allein. Nach dem si nun einander zuogesprochen khept haben, do sind si "sic^umb11 e ins Pfruombdhaus zogen, doselbsten die Landtsknecht gefrogt, wer si dohin gtiert und angewisen habe; haben si hiemit, sampt etlichen ver- râterischen Burgeren so bey inen gwesen gfangen gnomen, und si an die Statt gelegt do si vorhin die gfangnen Burger hinglegt hatten. Als aber hievor die verrâterischen Burger gesechen, das es nit allerdingen glicklich abgangen, do sind die Firnembsten von inen ûber die Mouren aus entwichen. 1 Y. la première figure de la planche III. * Le Pfrundhau8 ou hospice était alors installé dans l'ancien couvent des Cla- risses, approprié à cet usage en 1538. On sait que la synagogue actuelle, située dans la rue de l'Hospice, occupe une partie de l'enclos. Digitized by Googlt PL III. Conjurés muliiousiens en armes, 1590. Armes de Mulhouse. Fig. 2. Fig. i. Reproduction phototypique, en grandeiir natureUe. Fig. 3. Fig. 4. Armoiries de la famille Ryff. Digitized by GoogI Digitized by GoogI - 53 — Als nun der Tag wol anbrochen, und die Milhauser aller Sachen Beschaflenheit wol ersechen raôgen, do haben si zwen fimemer Burger liber die Mauren ausgelossen; die sind durch die Wassergrftben ge- 645b watten, in 111 uff Basel zu komen, und umb 8 Vhren schon doben gwâsen und dessen die Obrikeit berichtet Das hat man uff der Post den Stôtten Zirich, Bern und Schafthausen Kundt gethon und in 111 irer Gsandten begehrt. Als nun bald darauff Botschaft komen, das die Thâter gefangen und inen der Gwalt wider genomen seye, und haben die Milhauser ein • Besatzung von der Statt Basel begert, denen hat man 50 Man zuoge- Se^S wSSSSo schickt und inen 2 Gesandte zuogeben die Sachen zuverliôren. Die gericht. 26Landtsknechtsindgleich darauff am 4* Tag, Mitwuchens den 17* Juny * Anno 1590, verurtheilt und ail mit dem Schwârt gerichtet worden. Als nun der 4 Stôtten Gsandte zemen komen und Ailes flyssig erkun* diget hatten, aucli ein Urtel vber 5 verrâtherischer Burgeren* so die Rôdlitierer gewftsen sind gfelt, wie dan bey irer Examination gnuog- sam befunden, das si wol verdient^ha man si viertlieilen soit, auch die ûberigen gfangnen Burger dérëç;i\>der 33 gwâsen gietlich und peinlich ersuocht, und sovyl bey detwëjmgen funden, das die gegebnen 2JSSSi Urtheil uff Frytag den 19* Juny an den Finffen exequiert worden ; doch hat man inen uff ir trungelichs Bitten zuvor die Heipter abgeschlagen, und darnach gefiertheilt und uff die Strossen gehenckt. Si sind bey iren Vergichten bestendig verharret bis ans End. Sy sind auch darauff gestorben, das si von einer Persohn aus Lutzern • zuo disem Handel Roth und Anloos gehapt haben das ist dem gerechten Richter nit verborgen. 646 Dise Verrâther hatten schon vor That, durch ein Gleidt, dem Nach- richter von Than beschriben sic, allen Werchzeug zuom Viertheilen fertig gemaclit, wo inen ir verrâterischer Anschlag wolabgangen wâre; 1 Vieux style, comme pour les dates qui suivent. Parmi ces soudards un seul, Hans Frewler, était de Mulhouse. La famille Freuler est éteinte à Mulhouse de- puis le xvn* siècle ; elle y remontait au xve. Une de ses branches s'est trans- plantée à B&Ie, où elle compte encore des représentants. 9 Voici leurs noms Martin Stern, Caspar Dallmann, Michel Notter, Conrad Luderer et Hans Baumann. * Ryff fait ici, ainsi qu'à la page précédente, allusion à l'avoyer Louis Pfyffer 1523 — 1594, de Lucerne, le roi des Suisses », qui fit la guerre aux Huguenots en France, sous les Valois, et qui, dans cette malheureuse sédition des Fininger, dont le mobile était essentiellement d'ordre social, mit tout en œuvre pour brouiUer les cartes et amoindrir le parti protestant. Sut. Digitized by Googl — 54 — so haben si die firnembsten Burger dergestalten richten wellen, haben inen selbs ein Gruoben graben, darinen sy verfallen sind aus rechter ProYidentz Gottes. 7 Burger **ach La légende de Guillaume Tell. — Dans la même composition, on voit Tell refusant de saluer le chapeau de Gessler, la scène où il abat la pomme sur la tête de son enfant, sa fuite de la nacelle pendant la traversée du lac de Lucerne, et enfin l'embuscade sur la route de Kûssnacht. I8b Le fou d'Autriche accusant le lion. Allusion à la faiblesse du lion devant la vache suisse. 2ib Le sonneur de trompe d'Uri. — Cet instrument, appelé le taureau Stier d'Uri, passait pour répandre la terreur dans le camp ennemi, les jours de bataille. 36 Vue de Bellinzona, avec ses trois châteaux. 40 Les deux Harschhorne?* donnés à Lucerne par Charlemagne, en récompense des services rendus contre les Sarazins. 46 Portrait du duc Léopold d'Autriche, le héros de Sempach. 64b Siège de Zurich, en 1354, par le duc Albert d'Autriche et l'empereur Charles IV. 149b Pendaison de la garnison de Grandson, composée de 300 hommes qui s'étaient rendus à Charles-le-Téméraire , sur la promesse Digitized by Googlt Feuillet - 58 — d'avoir la vie sauve, et que celui-ci fit exécuter au mépris de la parole donnée. I52b Bataille de Morat, perdue, le 22 juin 1476, par les troupes du Témé- raire. 174b— 175 Une séance de la diète de Baden, en 1531. La plus grande aquarelle du livre, occupant deux pages et fort intéressante. — Parmi les députés des Treize cantons et des villes alliées, figure celui de Mulhouse1. I78b La danse des prostituées à Zurzach*. 202 Portrait de Charles-le-Téméraire. — Ryff affirme que c'est là son vrai portrait ! 207b Martyre de saint Urs, patron de Soleure. 224 Les ruines ttAugusta Rauracorum, en allemand Basel-Augst, près de Bâle. 242 Les monnaies épiscopales de Bâle, du xue siècle. — Ce sont les mêmes que dans Wurstisen, p. 113. 249b Portrait de Rodolphe de Habsbourg. 288 Médaille commémorative, droit et revers, du concile de Bâle, de 1431. — Voir également dans Wurstisen, p. 272. 290*' Portrait du chevalier Hemman Offenburg, de Bâle. — Très intéres- "sant pour Mulhouse, dont il fut le prévôt de 1417 à 1422. 3l9b Catapulte que la ville de Bâle fit construire en 1424. — Copie de la gravure qui se trouve dans Wurstisen, p. 397. 352b Bataille de Bruderholz, près de Bâle, livrée, en 1499, par les confé- dérés contre les vassaux autrichiens. 358b Bannière concédée, en 1512, par le pape Jules II, à la ville de Bâle. — Wurstisen en donne aussi, p. 505, une reproduction; mais le dessin de Ryff est à deux personnages. d8&> Portrait du réformateur Jean Oecolampadius Hausscftein , t le 23 novembre 1532. — Voir Wurstisen, p. 609. 1 Le Musée historique possède catal. n° 231 une copie de cette peinture faite, en 1793, par Peter Vischer, membre du conseil, à Baie, et dédiée à- son ami, Caspar Hirzel, de Zurich, ambassadeur à Bâle. L'artiste a ajouté au bas une espèce de pancarte portant cette mention Ex Chronica And. ByfU 8mat. Basil. MDCC1I1 ?. * Ryff donne des détails sur cette fête annuelle, fondée par Agnès, fille du roi des Romains, Albert Pr, assassiné par son neveu, en commémoration des soins donnés à son père par une femme de mauvaise rie, dans les bras de laquelle il expira. La danse était ouverte par le landvogt, et celle des prostituées qui dansait le mieux, recevait un florin d'or. Digitized by Googlt — 59 — Feuillet 410 Portrait de l'anabaptiste David Georg, f à Bâle, le 24 août 1556. — Il fut exhumé trois ans après sa mort, et son corps brûlé sur un bûcher, avec tous ses livres et écrits. Ryff dit qu'il a assisté à l'exhumation du corps, qui avait été embaumé, et que le portrait qu'il en donne est très ressemblant. 453b Entrevue entre André Ryff, accompagné de 20 Bâlois, et Jean Sigrist, chef des paysans révoltés de Bâle-Campagne. — Affaire connue sous le nom de Bappenkrieg 1594. 472 Jolie vue de Bâle et de Petit-Bâle. 492 Bataille de Saint-Jacques, sur la Birse, en 1444. 553 Vue d'une dizaine de châteaux construits sur des rochers inaccessibles, dans le canton des Grisons. — A remarquer les nombreux chamois dont l'artiste a peuplé le faîte des montagnes. 569 Les trois colonnes du Julier, dans les Grisons, d'origine romaine. 602b Vue de la ville de Sion et de ses trois châteaux. 622 Séance du tribunal aulique de Rottweil, en plein air, devant les portes de la ville. 644b Bourgeois de Mulhouse en armes v. ci-dessus. 653 Nicolas de Flûe, en costume d'ermite, dans un petit paysage. 58i Vue de l'ancien chemin de la Gemmi, dans le Valais. — Le nouveau chemin date seulement de 1737-1741. B. Armoiries de cantons, de villes, de villages, de bailliages, de seigneuries, etc. Nous décrivons ces différentes armoiries dans Tordre suivi par Ryff, en ajoutant, devant chaque notice, comme ci-dessus, le numéro du feuillet où se trouvent les écus- sons. Beaucoup de localités dont les armes sont blasonnées, ne faisant plus partie, de nos jours, du canton auquel elles appartenaient au xvie siècle, nous donnons, à la fin du travail, la table générale des noms de lieux, afin de faciliter les recherches. Comme le cadre de notre travail ne nous permet pas de faire la critique des illustrations de notre manuscrit, nous nous abstiendrons, à de rares exceptions près, de toute appréciation à l'égard des armoiries inexactes, d'autant Digitized by Googlt — 60 — plus qu'il s'agit presque toujours d'armoiries connues, au sujet desquelles on pourra consulter les ouvrages spéciaux. Pour cette partie de son œuvre, Ryff a utilisé, comme pour le texte, les chroniques de Wurstisen, de Stumpff et d'autres, de Stumpff surtout. Le mérite du conseiller bâlois est d'avoir donné les blasons en couleurs, ce que Stumpff n'a pas fait, — de les avoir groupés d'une façon rationnelle, et surtout d'en avoir ajouté un grand nombre d'inédits. A ce titre, cette partie de notre travail offrira aux armo- ristes suisses un très grand intérêt ; car il n'existe encore, que nous sachions, aucun armoriai général de lieux pour la Suisse. Pour ne pas être trop long, nous avons dû adopter les quelques abréviations héraldiques usitées suivantes arg. = argent, az. = azur, gu. = gueules, sin. = sinople, sa. = sable, ramp. = rampant, lamp. = lampassé, nat. = naturel, pass. = passant, mont. = monticule, dextre = dex., sen. = senestre. CANTON D'URI 21 Un double écusson aux armes du canton, surmonté d'un troisième aux armes de l'Empire d'or à un aigle à deux têtes nimbées de sable, les ailes éployées que somme la couronne impériale. Le double écusson l porte d'or a un rencontre de bœuf de sable, bouclé et lamp, de gu. Tenants1 à dex., le land- amman en tenue officielle et, à sen., le varlet aux couleurs du canton. 24b Uraellen Urserenj. Sous un écu aux armes d'Uri, un écusson double 1 Règle générale dans les écussons doubles, les meubles sont placés en pen- dants, c'est-à-dire qu'ils se regardent. Nous ne blasonnerons que la position ?éri- table. 1 Les armes des cantons, des Tilles alliées et de beaucoup de localités impor- tantes sont généralement placées, ainsi que le fait voir notre planche II, dans le paysage qui leur est propre, et accompagnées de deux ou de trois personnages décoratifs qui, sans être des tenants proprement dit, n'en font pas moins l'office, et auxquels nous appliquerons partout cette dénomination. Digitized by Googlt Feuillet — 61 — portant d'or à un buste d'ours issant de sa., lamp. de gu. Te- nants à dex., le landamman, à sen., le banneret * d'Urseren. 24b Lifpner Thaal Isenthal d'arg. à une église au nat., le clocher à sen., le portail à dex., sur le toit un bœufpass. au nat. CANTON DE SCHWYTZ 26 Ecusson double aux armes du canton de gu. à une croisette d'arg. dans le canton sen., au-dessous des armes de l'Empire. 29 Kissnàcht Kûssnacht. De gu. à un homme barbu, habillé de blanc, maillot jaune, coiffé d'une casquette noire, la sen. appuyée sur la hanche et tenant de la dex. une grande clef d'az. en pal, le panneton en chef, sur un tertre de sin. 29»» Die Mabch. Sous l'écusson de Schwytz, un double écu portant cha- cun de gu. à un anneau de sa. Tenants à dex., le landamman et, à sen., le banneret de la March, bardé de fer. 30 Eimsiedlei* Einsiedeln. Sous l'écusson de Schwytz, un double écu portant chacun d'or à deux corbeaux de sa., posés enfasce, les ailes éployées sans que les pattes soient visibles. Tenants à dex., le landamman, à sen., l'abbé dTEinsiedeln crosse et mitre, l'évangile sous le bras. 30»* Sous l'écusson de Schwytz, les armes de Pp-fiFFiKON, surnommé zuem Spycher Speicher = grange de gu. à la barre d'arg. chargée d'un lion d'or; » Walrauw Wollerau d'arg. à un lion ramp. et lamp. de gu. Flanquées des écus de Schwytz et de Glaris, qui les admi- nistraient en commun, les armes de » Utznach Uznach de gu. à une rose d'arg. » Gastthaal Gaster d'arg. à la bande d'or accosté de deux lions ramp. et lamp. de gu., celui de la pointe contourné. Tenants deux hommes bardés de fer, armés de hallebardes. CANTON D'UNTERWALDEN 38b Sous les armes de l'Empire, deux écussons Ob dem Wald Obwalden, qui porte coupé de gu. et d'arg. ; Nidt dem Wald Nidwalden, qui porte de gu. à la double clef d'arg., les pannetons en chef réunie en un seul anneau en 1 En Suisse, banneret et porte-bannière ont la même signification. Partout où il n'y a pas de mention spéciale, la bannière portée par ce personnage est aux armes du lieu. Digitized by GoogI FeuUlet — 62 pointe du même. Tenants à dex., le landamman, àsen., le var- let du canton. 35 Montsax zu Bkllkntz. Deux seigneuries ayant appartenu aux comtes de Montsax et aux comtes Montsax de Bellentz. Les premiers portaient d'arg. au lion contourné, ramp. et lump, de gu., couronné d'or; les seconds avaient l'écu parti, au 1 de gui au soufflet d'arg. posé en pal, au 2 d'arg. au soufflet de gu. 37b Bellentz Bellinzona. Ce blason est placé sous les trois écus d'Url, de Schwytz et d'Unterwalden, qui administraient cette ville en commun *, surmontés de celui de l'Empire. Il porte de gu. à une guivre d'arg. Quatre tenants, dont les trois varletsdes cantons, le quatrième en costume de magistrat. 38 Poleatz Blegno. Parti de quatre pièces, d'arg. et de gu., au chef d'arg. chargé de la lettre B d'or. 38b Riviera. De gu. à la fasce ondée d'arg., surmontée en chef de la lettre R d'or. CANTON DE LUCERNE 4lb Lucerne. Un double écusson, celui de dex. parti d'arg. et d'az., celui de sen. parti d'az. et d'arg. , sous les armes de l'Empire. Tenants le prévôt ou Tavoyer *, et le varlet aux couleurs de Lucerne. 45 Sempach. Sous Pécu de Lucerne, un double écusson portant d'or au lion ramp. et lamp. de gu., au chef de gu. Tenants le banne- ret de Sempach, et le varlet de Lucerne. 47 Sue8ee. Sous les armes du canton, double écu parti d'arg. etdegu., et de gu. et d'arg. Tenants le banneret de Sursée et le prévôt de Lucerne. 47b Wycken Wiggen. D'az. au lion ramp. d'arg., lamp. de gu. et couronné d'or. 43 Rottenbubo Rothenburg. D'arg. au château à deux tours ouvert de gu., sommé entre celles-ci de deux clefs d'arg. pincées en sautoir sous la tiare or et gu. insignes du pape. 1 Les trois cantons primitifs possédaient ensemble Montsax zu Bellentz, Bel- linzona, Blegno et Riviera. * Tons ces personnages portent en général le bâton préyôtal; un petit nombre seulement est en costume de magistrat, l'épée au côté, le manteau sur l'épaule, les gants dans la main. Par prévôt nous entendons désigner le premier personnage qui, suivant les cas, personnifie le landamman, l'avoyer, le bailli, etc., du lieu. Digitized by Googlt — 63 — Feuillet 48b Min8teb Munster, Beromûnster. D'or au Savnt-Michd ailé de gu., terrassant un dragon de sin. » Hapsptjbg Habsburg. D'az. au château à deux tours ouvert d'arg., sommé d'une perruche au nat. sur un perchoir d'or. 49 Malters. D'arg. à un arbre de sin., ayant dans ses branches de dex. un écureuil au nat., sur un mont, de six coupeaux de sa. 49b Eotlibuoch Entlebuch. De gu. à un arbre de sin. futé au nat. et une croix d'or sommé d'une couronne de sa., les deux sur un tertre de sin. 50 Ru8wil Rusweil. De gu. à un chevalier de Saint-Jean, la visière rélevée, s' appuyant de la sen. sur son bouclier, tenant de la dex. une oriflamme déployée rose de gueules ?. 50b Willesouw Willi8au. Sous Pécu de Lucerne, un double écusson portant d'or au lion ramp. et lump, de gu. Tenants le banne- ret et le varlet du canton. 51 S* Urbkn Saint-Urbain. EcarteU, au 1 et au 4 de sa. à la bande échiquetée de douze points d'arg. et de gu.; au 2, d'arg. au lion ramp. et lamp. de gu. ; au 3, d'or. L'écu est timbré de la mitre et de la crosse. » Rybseck Riseck. D'or à la licorne ramp. de sa. 5ib Meeischwakden. D'or à une autruche contournée d'arg. » Byrbe Birr. De gu. à la barre d'arg. » Tbiengbn. Ecu en blanc. 52 Weggis. De gu. au poisson nageant d'arg. » Aebicken Ebikon. De gu. à une sainte-Vierge debout, nimbée et couronnée d'or, habillée de rose et drapée dans un manteau bleu, dans sa dex. une baguette t d'or et sur son bras sen. un enfant-Jésus de carnation, nimbé d'or; le tout dans une gloire d'or. » Kûkdtwyl ? D'az. à un saint-Etienne nimbé d'or, habillé de blanc avec une dalmatique d'or, tenant de la dex. une palme de sin. et dans sa sen. trois pierres d'or sur un évangile de gu. ; sur un tertre de sin. 52b Kbikn Kriens. D'or à un saint-Fridolin, nimbé d'or, tenant dans sa dex. la crosse d'or et tendant, de la sen., wn morceau de pain à un ours de sa. levé en pied et portant le fagot de la légende, le tout sur un tertre de sin. » Horb. D'or au poisson de gu. posé en bande. Digitized by GoogI Feuillet - 64- CANTON DE ZURICH 64 Armes du canton. Sous Fécu de l'Empire, un double écusson taillé d'arg. et d'az. qui est le vrai, et tranché d'az. et d'arg. Te- nants à dex., un chevalier à visière relevée, l'épée à la main et, dans sa dex., le globe impérial ; à sen., le prévôt et le varlet aux couleurs de Zurich. 69 Stâffkn Staefa. D'arg. à une femme habillée d'or, vêtue d'un manteau bleu, les cheveux tombant en nattes sur les épaules, tenant dans sa dex. un peigne d'or et dans sa sen. une ai- guière du même. » Manidorff Maennedorf. D'or à l'ours de sa., levé en pied et avalant un poisson d'arg. 69* Mkylen Meilen. D'or au château ouvert à deux tours crénelées de sa., celles-ci sommées chacune d'une étoile à six rais de gu., sur un mont, de trois coupeaux de sin. » Ehelibach Erlibach ou Erlenbach. De sa. à la croix d'arg. 70 Kisznacht Kùssnacht. De gu. à un coussin à quatre glands d'or. » Zollikon. Taillé, au 1 d'arg. à la barre de gu., au 2 d'az. à une étoile à six rais d'or. » Flukteren Fluntern. D'az. à deux bâtons fleurdelisés d'arg. placés en sautoir. 70b Wâdwwyl Wâdensweil. De gu. aufermaU à l'antique d'or, posé en pal. 71 Horgkn. De gu. au cygne pass. d'arg., becqué, membre et lamp. d'or. » Talwyl Thalweii. D'arg. à deux massettes Mooskolben de sa., posées en sautoir, les tiges de sin. terminées par deux feuilles du même. 7ib Kilchberg. D'az. à la rose d'arg. » Wollishoffbk Wollishofen, Parti, au 1 coupé de 4 pièces de gu. et d'arg., au 2 d'arg. 72 Frey-Ampt-Kj*onow Knonau. Sous les armes de Zurich, deux écus- sons 1° d'or à quatre éperons de sa. réunis en croix, 2° de sable, à Vanneau sommé d'une croisette d'or, chappé-ployé d'or, dans les cantons dex. et sen., un anneau sommé d'une croisette de9 sa. Tenants dex., banneret à bannière de neuf pièces or et sa. ; sen., le varlet de Zurich. 72b SeblekbCebn Seldenbûren ou Sellenbûren. D'or au col d'ours con- tourné de sa., coupé et lamp. de gu. Digitized by Googlt — 65 — Feuillet 73 Hôdikgen Hedmgen. D'or à la pile de sa. mouvant du canton sen. de Vécu. » Cappellen Capell. Ecartelé au 1 et au 4 de sa., à la bande échi- quetée de douze points de gu. et d'arg. y au 2 d'or à quatre éperons de sa. réunis en croix, au 3 d'arg. à une chapelle au nat. L'écu est timbré de la mitre et de la crosse. 77b Gtrienixgen Grûningen. D'az. au lion ramp. d'àrg., 78 Getffensee Greifensee. D'or au griffon ramp. de gu. 78b Kiburg Kyburg. De gu. à la bande d'or accostée de deux lions d'or. 79 Elkon Ellikon. De gu. à lafasce d'arg., accompagnée de trois têtes de loup coupées de sable, deux en chef et une en pointe. » Hegi. D'or à un lion ramp. de sa., lamp. de gu. 79b Winterthur. Double écusson, sous celui de Zurich, portant chacun d'arg. à la barre à la bande, sur le pendant degu., accostée de deuxlions degu., les deux tournés à dex. Tenants prévôt et varlet. 81 Steinbeck Steinegg. D'arg. à lafasce entée-nébulée d'az. 8ib Stamheim Stammheim. Parti au 1, d'or à un demi-arbre à cinq feuilles arraché de sin. et mouvant due la partition, au 2, de gu. à un arbre ébranché et arraché d'or. » Andelfingen. De gu. à la bande d'or, accostée de deux lions d'or, dont celui de la pointe est accompagné en outre, vers le can- ton dex., d'une étoile à six rais du même. 82 Rimlakg Ringlikon. De gu. à la licorne Usante d'arg. » Stain am Rhin Stein am Rhein. Sous celui de Zurich, un double écusson 1° de gu. à un saint-Georges à cheval, celui-ci d'arg. terrassant un dragon d'or; 2° parti de pourpre et de gu. Te- nants prévôt et varlet. 83b Latjffen Laufen. D'az. à deux avant-bras velus de singe ? posés en pal, les mains appaumées de carnation. 84 Egusouw Eglisau. D'or au cerfpass. de sa., sur un mont, de trois coupeaux de sin. 84b Neiw Ampt Neues Amt. Coupé au 1 d'az. au croissant renversé d'or, au 2 d'or à deux roses de gu. 85 Râgenspurg Regensberg, château. Parti d'arg. et d'az. de six pièces, brochant sur le tout unefasce de gu. 85b Râgenspurg Regensberg, ville. De gu. au château-fort à deux tours accolé à quelques maisons d'arg., le tout surmonté d'un Digitized by Googlt Feuillet — 66 — arc-en-ciel au nat., dont les deux bouts sont garnis d'un nuage d'arg. 86 Btlach Bûlach. Tranché de gu. et d'arg. CANTON DE GLARIS 87b Sous Técu de l'Empire, un double écusson aux armes du canton De gu. à un saint-Fridolin de sa., nimbé d'or, le bourdon dans sa sen. et la Bible relié de sin., la tranche d'or dans sa dex. Tenants prévôt et varlet. 97b Webdehbebo. De gu. au gonfanon d'or. 98 Utznach Uznach, et Gàastthaal Gaster. Les deux blasons du feuillet 30b, flanqués des écussons de Glaris et de Schwytz, les quatre sous celui de l'Empire. Tenants prévôt et varlet. 98* Rappeeswtl. Entouré des écus d'Uri, de Schwytz, d'Unterwalden et de Glaris d'arg. à deux écots posés en pal de gu. et sommés de deux roses du même. Nota. Les armes d'Unterwalden sont ici coupé dé gu. et d'arg., brochant sur le tout deux clefs à double anneau passées en sautoir de l'wn en l'autre. CANTON DE ZOUG 102 Armes du canton. Sous i'écu de l'Empire, un double écusson d'arg. à lafasce d'az. Tenants prévôt et varlet. 105 Sakt Ahdees St. Andréas. D'arg. au lion ramp. et lamp. de gu, 105* Hyknenbeeg Hûnenberg. D'az. à deux bustes de cygnes issants et adossés d'arg., becqués et lamp. d'or. l » Kham Cham. D'arg. à l'ours passant de gu. et placé en bande, » Steinhusen Steinhausen. D'arg. à deux bustes de licornes issants et adossés de gu. 106 Sakt-Wolffgang D'or à un saint-Loup bénissant, crosse et mitre, habillé de rouge plutôt rose et vêtu d'un manteau bleu, sur un tertre de sin. » Walchwyl Walchweil. D'az. à un saint-Jean-Baptiste t nimbé d'or, portant sur son bras sen. l'agneau pascal sur une Bible de gu., à la trancha d'or. Ces armes ne sont pas exactes il faudrait deux licornes Usantes et adossée*. Digitized by Googlt — 67 — Feuillet 106 Gtanger8wil Gangoldschweil ?. De gu. à la religieuse nimbée d'or corsage violet, jupe jaune, manteau bleu tendant de sa sen. une bourse du même. CANTON DE BERNE 108 Armes de Berne, première forme. Sous l'écu des ducs de Zaeringen, qui est de gu. au lion ramp. d'arg. ?, deux écussqns formant pendant, chacun portant d'arg. à l'ours pa$s..de sa., lamp. de gu., sur un tertre de sin. Tenants à dex., le duc Berthold de Zaeringen, fondateur de Berne, à cheval, le caparaçon de celui-ci chargé des armes de famille -, à sen., un varlet aux couleurs de la ville. 109b Armes de Berne, seconde forme. Même écusson double, surmonté des armes des comtes de Savoie, qui portaient de gu. à la croix d'arg. Tenants le comte de Savoie et le varlet. 112 Les trois bannières successives de Berne 1° d'arg. à l'ours pass. de sa., lamp. de gu., sur un tertre de sin. ; 2° de gu. à la bande d'arg. chargée d'un ours pass. de sa., lamp. de gu. ; 3° de gu. à la bande d'or chargée d'un ours pass. de sa., lamp. de gu. 116 Armes actuelles de Berne. Sous Pécusson de l'Empire, un double écu portant de gu. à la bande et à la barre d'or chargée d'un ours pass. de sa., lamp. de gu. Tenants dex., un chevalier bardé de fer, la sen. sur la hanche, tenant de la dex. la bannière de Berne, dont la hampe est soutenue par un petit ours levé en pied, pendant qu'un autre, coiffé d'un bonnet rouge, en soutient les bouts flottants; à sen., le varlet aux couleurs bernoises. H9b Sous celui de Berne, quatre écussons Zollickhoffen Zollikofen. Parti, aulde gu. à deux lions affrontés et ramp. d'or, tenant dans leurs pattes deux poissons ? de sin. ; au 2 de gu. à la bande d'arg. chargée de neuf feuilles de sin. sur trois rangs ; Sâftigen Seftigen. Parti, au 1 de gu. à deux pelles de boulanger d'or, passées en sautoir dans un craquelin bretzel du même; au 2 d'arg. mantelé de gu., le triangle sommé d'une rose d'arg. ; Konelfingen Konolfingen. Parti au 1 de gu., à un couperet d'arg. emmanché d'or, au 2 de gu. au chef -pal. d'arg.; Sternenberg. Parti au 1 d'arg. à un marteau au nat., emmanché d'or, à un serpent d'az. couronné d'or et à des tenailles au Digitized by Googlt — 68 — Feuillet nat. tenant un morceau de fer de gu., le tout posé en pal; au 2 d'az. à rétoile à six rais d'or. Les cinq écussons y compris celui de Berne qui précèdent, ont pour tenants un magistrat bailli et le varlet du canton. I2lb Haslethal. Sous le blason de Berne, un double écusson D'or à l'aigle de sa., les ailes éployées, nimbée, becquée et membrée du même. Tenants le banneret de Haslen et le varlet. I23b Imterlappen Interlaken. D'arg. au buste de bouc issant de sa., accorné et lamp. du même. » Uhterseweh. D'or au buste de boite issant de sa., accorné et lamp. du même. 15*4 Thun Thoune. Sous les armes bernoises, un double écusson por- tant degu. à la bande et barre dans l'autre d'arg. chargée en chef d'une étoile à six rais d'or. Tenants le banneret de Thoune et le varlet de Berne. 125 Esche Aeschi et Fbutigen Frutingen. Deux écussons surmontés de celui de Berne et portant 1° d'arg. à la patte d'ours de sa. mouvante du canton dex. de Vécu ; 2° d'arg. à une aigle de sa., les ailes éployées, et couronnée d'or. Supports un taureau et une vache au nat. 126 Nider- u. Obersibenthal. Nieder et Obersimmenthal. Sous l'écu de Berne, deux écussons portant 1° de gu. au château ouvert à deux tours d'arg. ; 2° d'or au buste d'ours arraché de sa. et lamp. de gu. Tenants à dex., le banneret de Niedersimmen- thal, à sen., celui d'Obersimmenthal et le varlet de Berne. 127* Saaken Gessenay. De gu. au cygne grue? d'arg., les ailes éployées, sur un mont, de trois coupeaux de sin. 128 Lauppen. D'arg. au créquier arraché d'or. 130 Abbeeg Aarberg. D'arg. sic, à l'aigle de sa., les ailes éployées, sur un mont, de trois coupeaux de gu. sic. I30b Byben Bûren. Degu. à la patte d'ours d'arg., mouvante du can- ton sen. de l'écu. 131 Siqnow Signau. Parti de six pièces d'arg. et d'az., brochant sur le tout, deuxfasces de gu. 131b Suomiswald Sumiswald. Deux écussons, sous celui du canton 1° d'arg. à la croix de sa. ; 2° d'arg. fascé-parti de gu. parti, au 1 d'arg. à la fasce de gu., au 2 de gu. plein. Tenants dex., chevalier de Tordre Teutonique bardé de fer, la croix de sa. sur l'armure ; à sen., le banneret de Sumiswald et le varlet de Berne. Digitized by Googl — 69 — Feuillet I3lb Tbachselwald. De gu. à l 'arbre arraché de sin., futé au nat. L'é- toile d'or du canton senestre est omise ici. 132 Bbandys Brandis. D'arg. à l'écot de sa. terminé en chef d'une flamme de gu., posé en bande. I32b Huthwyl Hutwil. D'az. à deux clefs d'arg. passées en sautoir. 133 Buegdorf Berthoud. Double écusson Parti de sa. et d'arg., sous celui de Berne. Tenants le banneret de Berthoud et le prévôt. I33b Dobbebg Thorberg. De gu. à la porte ouverte à deux battants d'arg., sommée d'une croix du même, sur un mont, de trois coupeaux de sin. 134 Fbauwen Bbunn Fraubrunnen. De gu. à la barre d'or, accostée de deux lions pass. du même. I34b Landtshuot Landshut. De gu. à un armet Sturmhaube d'arg., la mentonnière d'or. 135 Wietlispach Wiedlisbach. D'arg. à la barre ondée d'az. » Wangen. D'arg. à deux clefs d'az. passées en sautoir. I35b Aabwangen. Parti, au 1 d'arg. à lafasce de sa., au 2 de sa. plein. » Gbienenbebg Grûnenberg. D'arg. à un monticule de six coupeaux de sin., sur deux rangs. » Buchse Buchsee. De gu. à la barre d'arg. chargée de neuffeuilles de sin. sur trois rangs. 136 Aabbubg. D'or au château de sa. surmonté d'une aigle pass. de même, les ailes éployées. » Zoffingen Zoflngue. Double écusson fascé de quatre pièces de gu. et d'arg., sous celui de Berne. Tenants à dex., le banneret de Zoflngue en armure, à sen., le prévôt et le varlet. 137b Stifft Zoffingen le chapitre de Zoflngue. D'or à un monticule de trois coupeaux de gu. Tenant un personnage réformateur ?, tenant dans sa sen. une bible reliée de gu. 139 Bibebstein. De gu. au castor vilené de sa., mordant dans un bâ- ton au nat. et assis sur un mont, d'arg. glacier?. » Lentzbubg Lenzbourg. Double écusson d'arg. à la boule de neige d'az., sous celui de Berne. Tenants à dex., le banneret de Lenz- bourg en demi-armure, à sen,, le prévôt et le varlet bernois. 139» Schenckenbebg Schenkenberg. Coupé, au 1 d'or à l'aigle de sa., les ailes éployées; au 2 de gu. au chevron d'or. uo6 Bbuck Brugg. Sous celui de Berne, un double écusson portant d'arg. à une double tour de sa., reliée par un pont du même. Te- nants à dex., le banneret de Brugg en demi-armure, à sen., le prévôt et le varlet du canton. Digitized by Googl — 70 — Feuillet I4ib Kûnigsfelden. De gu. à la croix de Lorraine d'arg. sur un mont, de trois coupeaux de sin. 143 Nidouw Nidau. D'arg. à la patte d'ours de gu. mouvante du can- ton sen. de Vécu. 144 Ehrlach Erlach = Cerlier. De gu. à la patte d'ours de sa., mou- vante du canton sen. de Vécu et tenant un arbre arraché de sin., futé au nat. L'arbre doit être en réalité un sapin. I46b Ifferten Iferten = Yverdon. Coupé au 1 dyarg. à la lettre Y d'or, au 2 d'az. à deuxfasces ondées d'arg. LOCALITÉS COMMUNES A BERNE ET A FRIBOURG 147b Oebkk Orbe. Sous les écus de Berne et de Fribourg, surmontés de celui de l'Empire — forme que nous retrouverons encore pour deux des trois autres localités de cette rubrique, — un écusson portant de gu. à deux bars adossés d'or et posés en pal. Te- nants dex., un banneret avec la bannière d'or et de gu., sen., le variet aux couleurs d'Orbe. 148b Graksee Grandson. Parti de six pièces d'az. et d'arg., brochant, sur le tout une bande de gu. chargée de trois coquilles d'or, Tenants le banneret de Grandson et le variet. 150* Gbasburg und Schwabtzenburg Grassburg et Schwarzenburg. Quatre écussons, dont ceux de Berne et de Fribourg au milieu, surmontés de celui de l'Empire. A dex., le blason de Schwarzen- burg porte de sa. à lafasce ondée d'arg., à sen., Grassburg porte d'arg. au lion ramp. de sa., lamp. de gu., sur un mont, de trois coupeaux de sin. Tenants le prévôt, une lettre à la main, et le variet aux armes de Fribourg. 153 Mubten Morat. Forme à quatre écus comme pour Orbe et Grand- son. Celui de Morat porte d'arg. au lion ramp. et lamp. de gu., couronné d'or, sur un mont, de trois coupeaux de sin. Tenants à dex., le banneret de Morat-, à sen., deux varlets aux armes de Berne et de Morat ?. UECHTLAND ET PAYS DE VAUD, APPARTENANT A BERNE SEUL 154 Wyffu8pueg Wifflisburg = Avenches. De gu. au buste usant de Maure habillé de bleu avec le collet jaune, tortillé d'or. 15$ Bâtterlingen Peterlingen = Payerne. Sous celui de Berne, deux écussons parti d'arg. et de gu., et parti de gu. et d'arg. Te- Digitized by GoogI Feuillet — 71 — nants dex. le banneret de Payerne \ sen., le prévôt et le varlet de Berne. I57b Milden Moudon. Sous le blason de Berne, deux écus parti de gu. et de sin. renversé pour le pendant, brochant sur le tout la lettre M d'or. 158 Viviss Vevey et Ziliung Zihl ?. Deux éeussons, sous les armes de Berne. 1° Vevey parti d'or et d'arg.; 2°Ziliung coupé d'arg. et de gu., au chiffre 3 de l'un en Vautre. Tenants le banneret de Vevey et le varlet de Berne. I58b Oeuno Oron. De gu. au croissant à figure humaine couché d'or. 159 Aelen Aigle. Sous celui de Berne, double écusson coupé, au 1 de sa. à une aigle d'or, les ailes éployées; au 2 d'or, à la même aigle de sa. Tenants le banneret d'Aigle et le varlet de Berne. I59b Losaken Lausanne. Sous Péeu de Berne, deux éeussons 1° la ville coupé de gu. et d'arg. ; 2° Pévêché parti de gu. et d'arg., chaque partition chargée d'un ciboire d'or. Tenants dex., le banneret de Lausanne-, sen., le prévôt et le varlet. 161 Morse Morsee=Morges. Sous les armes de Berne, deux éeussons fascé de six pièces de gu. et d'arg. Tenants le banneret de Morges et le varlet bernois. 162 Neuis Neus = Nyon. Sous celui de Berne, double écu parti de gu. et d'az. deuxième d'az. et de gu. au poisson nageant d'arg. brochant sur le tout. Tenants le banneret de Nyon et le varlet du canton. I62b Romont en ail. Rothmund. D'az. à la mitre d'évêque au nat. 163 Gotstat Gottstadt. D'or au pal de gu. chargé de trois chevrons d'arg. » Romomotier Romainmotier. Parti, au 1 de gu. à Vépée d'arg., au 2 d'arg. à la clef de gu. le panneton en chef. » Freihisperg Frienisberg. De gu. à la crosse d'évêque d'or posée en pal sur un mont, de six coupeaux de sin., avec une étoile à six rais d'or dans le canton dex. de Vécu. » Sant Johajns S*-Johannsen. De gu. à la bande d'arg. 163b Neueburo Neuenburg = Neuchâtel. D'or à une aigle à deux têtes de sa., les ailes éployées, brochant sur le tout un écusson d'or au pal. d'arg. chargé de trois chevrons de sa. Tenants dex., le banneret avec la bannière de gu. et de sin. de Neuchâtel, sen., le prévôt bernois. Digitized by GoogI — 72- Feuillet BAILLIAGES EN COMMUN AUX SEPT ET AUX HUIT CANTONS I66b Fratjwekfeld Frauenfeld. Une rosace faite avec les sept écussons de Zurich, de Lucerne, d'Uri, de Schwytz, d'Unterwalden, de Zoug et de Glaris, surmontée, en chef, des armes couronnées de l'Em- pire. Au centre, l'écu de Frauenfeld portant d'arg. à une femme habillée de gu., tenant en laisse un lion ramp. et lamp. du même. Tenants dex., un magistrat en manteau de fourrure, habillé de rouge, et un varlet habillé de bleu et de blanc -, à sen., un personnage vêtu de rouge et de blanc, avec une chaîne d'or sur la manche gauche de son habit allusion aux armes de Frauenfeld. 167 Altt Frauwenfeld. D'or à une femme agenouillée de face, les mains jointes en prières, habillée d'az. 167b Groffschafft Werdenberg und Sargans comtés de Werdenberg et de Sargans. Même rosace des sept cantons, au centre 1° Wer- denberg d'or à trois étoiles à six rais d'az., posées 2 et 1; 2° Sargans d'arg. au canard d'arg. sic pass. du même, becqùé et membre de gu., Vécu bordé du même. Tenants dex., les deux mêmes que pour Frauenfeld-, sen., le prévôt au man- teau blanc bordé de rouge. 169 RmNTAALRheinthal. Rosacedeshuit cantons soit Appenzell en plus, *au centre un écu d'or au bouquetin ramp. et vilené de sa., lamp. de gu. Tenants dex., magistrat portant un double collier en or, habit violet, manteau noir., et un varlet vêtu de rouge et de bleu; sen., le prévôt, habit rouge, manteau jaune. 171 Baden. Rosace des huit cantons. Au centre, un écusson portant d'arg. au pal de sa. et au chef de gu. Tenants dex., magistrat habillé de rouge, manteau noir, et le varlet vêtu de bleu et de violet-, sen., le prévôt, habit blanc, revers noirs, culotte jaune. 177 Wettigek Wettingen. Sous la protection des huit cantons. Ecusson isolé écartélé, au 1 et au 4 de sa. à la bande échiquetée de douze points de gu. et d'arg. sur deux rangs; au 2 d'arg. à la rose d'az. tigée et fenillée de sin., cœur de sa. ; au 3 d'arg. à lafasce ondée d'az., surmontée en chef d'une étoile à six rais d'or. I77b Zurzaoh. Sous la protection des huit cantons. Blason isolé d'arg. à la lettre Z de sa. 180 Mellingen. Rosace des huit cantons, comme ci-dessus ; au centre, un Digitized by Googlt FcuiUet - 73 - écusson portant d'arg. à la boule de neige de gu. Tenants le banneret de Mellingen et le prévôt. 181 Bremgarteh. [Rosace des huit cantons, au centre d'arg. au lion ramp., lamp. et contourné de gu. Tenants le banneret de Bremgarten et le prévôt. 183 Freyem-Empter im Wageothal Freien Aemter = francs bailliages. Rosace des sept cantons Appenzell en moins, au centre coupé de gu. et d'arg. Tenants dex., magistrat habillé de violet, manteau noir, et varlet à sen. 184 Mouri Mûri. Ecartélé, au 1 et au 4 de gu. à lafasce crénelée d'arg., au 2 et au 3 parti d'or et de sa. L'écu timbré de la crosse et de la mitre. CANTON DE FRIBOURG 193 Fryburg Fribourg. Sous Pécu de l'Empire, un double écusson coupé et arg. Tenants le prévôt et le varlet de la ville. I95b Joun oder Jonen. De sa. au sautoir d'arg. 196 Greters Greyerz = Gruyère. Sous l'écusson de Fribourg, un double écu de gu. à une grue pass. d'arg., les ailes éployées. Un seul tenant, à dex., le banneret de Gruyère. » Chorberg Corbers= Corbières. De gu. à la barre d'arg., chargée d'un corbeau pass. de sa. I96b Stâffis Stâfis = Estavayer. D'arg. à la rose de gu. » Zynno ?, château. Parti de six pièces d'arg. et d'az., brochant sur le tout une bande de gu. chargée de trois étoiles à six rais d'or. Nota. Ces deux derniers écussons sont réunis. 197 Monthebach Montenach = Montagny. Coupé, au 1 d'arg., au 2, parti de six pièces d'arg. et de gu. I97b Remond Remund = Romont. De gu. au château à deuœ tours d'arg. 198b Ruowen Ruw = Rue. Parti de gu. et d'az., brochant sur le tout une roue de voiture à six rais d'or. 199 Murten Morat. Comme feuillet 153, mais sans tenants. 199b Schwartzburg oder Grassburg. Comme feuillet 150b, mais sans te- nants. 200 Grabsong Gransée = Grandson. Parti desix pièces d'az. et d'arg., brochant sur le tout une barre de gu. chargée de trois coquilles d'or. 302b Orbach Orbe. Comme feuillet 147b, mais sans tenants. Digitized by GoogI Feuillet — 74 — BAILLIAGES DE FRIBOURG Fauernach Famergû = Vaumarcus . la bande d'or chargée d'un lion pass. d'az., lamp. de gu. Yllingen Illingen = Illens. De gu. au sautoir d'or. Grieningen Grûningen ?. Parti de six jnèces de gu. et d'arg., chargé en chef d'une étoile à six rais d'or. » Wippingen Vuippens. Parti de six pièces de gu. et d'arg. Ces deux derniers écus sont réunis. » Alten Ryff Altenryf = Hauterive. De gu. au lion ramp. d'az., lamp. de sa. f, et couronné d'or. 204 Plaffeyen Planfayon. De sa. à lafasce d'arg. » Font. De gu. à une étoile d'or, chargée en cœur d'une rose de gu. » Molieeen la tour de Molière. De gu. à une meule d'arg. la croix ou fer de moulin en gris. » Boll Bulle. Coupé au 1 d'arg. à un taureau pass. de gu. ac- corné et encorné d'or, sur un tertre de sin.; au 2 degu. plein. 204b Bossonens. Coupé au 1 de gu. à trois étoiles à six rais d'or posées enfasce; au 2, parti de six pièces d'az. et d'arg. » Castel Saot Dionis Châtel S*-Denis. D'or à l'aigle de sa., les ailes éployées, becquée et membrée d'or. » Thaalbach Thalbach = Vauruz. De gu. à la plaine ondée d'arg., brochant sur le tout trois sapins de sin., futés au nat., sur un mont, de t?vîs coupeaux de sin. 205 Ueberstein Surpierre. D'az. à trois besants d'arg. , 2 et 1. » Walenbusch Wallenbuch. D'az. au sapin de sin., futé au nat., sur un tertre de sin. » Cugie Cugy. Ecartelé 1 et 4, coupé, au 1 d'arg., au 2 de six pièces de gu. et d'arg.; au 2 et au 3, parti de six pièces d'arg. et de gu., brochant sur le tout c'est-à-dire sur 2 et 3, une fasce d'or chargée de trois roses de gu. * 205b Mont-Siluan Montsalvens. De gu. à une gruepass. d'arg., les ailes éployées, une étoile à six rais d'or dans le canton dex. de Vécu. » Profonde Vaux ? D'arg. à la bande ondée de gu. chargée en chef d'une étoile à six rais d'or. » Wuybsens Vuissens. D'az. à deux écots posés en chevron. 1 Le peintre s'est trompé pour la partition de la troisième écartelure, qui, en chef de la bande aux trois roses, est d'arg. et de gu., tandis que la partition en pointe est bien de gu. et d'arg. Gela est évidemment inexact, aussi lVons-nous rectifié ci-dessus. Digitized by Googl — 75 — Feuillet 206 Athalens Attalens. De gu. au lionramp. de gu., brochant sur le tout une bande de sin. » Sabt Albin S'-Aubin. D'arg. à une massette de sa., arrachée au à six feuilles de sin. et tigée du même. CANTON DE SOLEURE 209b Sollenttjrn Solothurn = Soleure. Sous Técusson de l'Empire, un double blason coupé de gu. et d'arg. Tenants dex., Saint-Urs, avec armure, bouclier et bannière aux armes de Soleure; sen., le varlet et le prévôt du canton. 2llb Halten. Barré de six pièces de gu. et d'arg. 212 Messen. D'az. au château hersé à deux tours d'arg. » Altreuw Altreu. Coupé de gu. et d'arg., brochant sur le tout une foi au nat., les manches de gu. » Am Labres Am Lebern. De gu. au pal d'or chargé de trois che- vrons de sa. 2l2b Zub Balm. Parti de gu. et d'arg. » Flumenthal. D'or à la tête de Maure tortillée d'arg. » Neiwen Bechburg Neue Bechburg. De sa. à lafasce d'arg. 213 Btjocheck Bucheck. D'or à trois roses de gu. rangées en pal. » Gosgen. Tranché de gu. et d'arg. 2l3b Olten. D'arg. à trois sapins de sin., futés au nat., sur un mont, de trois coupeaux de sin. 214 Tierstein Thierstein. D'or à la biche de gu. pass. sur un mont. de trois coupeaux de sin. 2Hb Falckenstein Falkenstein. D'or au faucon pass. de sa., les ailes éployées, sur un rocher au nat. 216 Gilgenburg Gilgenberg. D'arg. à deux bâtons fleurdelisés de sa., passés en sautoir. » Dornnach oder Dornneck. Dornach ou Dorneck. D'arg. à deux étuis de crosse adossés de sa. CANTON DE BALE 230 Babel, vor dem Bistttm Bâle, avant Pévêché. D'arg. à un croc de marinier à deux pointes de sa. » Bistttm Babel évêché de Bâle. D'arg. à la crosse de gu. posée en pal, l'extrémité recourbée en chef et tournée à dex. sic, et l'extrémité inférieure terminée par trois pointes. 230h Cinq écussons sur la même ligne Digitized by GoogI — 76 — Feuillet 1. Bistum évêché de Bâle. Comme ci-dessus. 2. Basel Bâle. D'arg. à la crosse de sa. posée en pat, VextrémUé re- courbée en chef et tournée à dex., et VextrémUé inférieure terminée par trois pointes. 3. Liech8tal Liestal. D'arg. à la crosse de gu. posée en pal, Vextré- mUé recourbée en chef, tournée à dex. sic et garnie de six sic perles du même, VextrémUé inférieure terminée par trois pointes; Vécusson bordé de gu. 4. Telsperg Delsberg=Delémont. Degu. à la crosse d'arg. posée en pal, les extrémités conditionnées comme au nM 1 et 2, sur un mont, de six coupeaux du même. 5. Lauffen Laufon. De sa. à la crosse d'arg. posée en pal, extrémUés comme aux n°* 1, 2, 4, sans mont, et sans bordure. 233 Bischoff évêque de Bâle. Ecu comme n° 1 du feuillet 230 et 230b, mais timbré de la mitre et de la crosse. 245b Bannières des deux tribus nobles Zum Sternen à l'Etoile. De gu. à une étoile à six rais d'arg. Zum Psittich au Perroquet. D'arg. à un perroquet au nat.} sur un perchoir d'or en forme de couronne, orné de six roses degu. 335h Trois écussons relatifs à la fondation de l'Université de Bâle, en 1459 La ville de Bale comme ci-dessus, page 230*». Armes de Jean de Venningen, évêque de Bâle. Ecart dé au 1 et au 4, d'arg. à la crosse de gu. déjà décrUe, au 2 et au 3, d'arg. à deux bâtons fleurdelisés de gu. passés en sautoir. Un livbe ouvert, avec l'inscription pie, ivste, sobrie, sapientl*, tenu par une dextrochère mouvante du chef, issante d'une nue d'arg. ombrée d'az. ; Vécu de Bâle en pointe. Le tout erir- tourépar une couronne de lauriers de sin. 416 Armes de l'évêque balois Jacques-Christophe Blarer de War- tensée 1575. Ecartelé au 1 et 4, d'arg. à la crosse de gu. déjà décrite, au 2 et au 3, d'arg. au coq hardi de gu., becqué et membre d'or. Ecu timbré de la mitre et de la crosse. 476 Balb-ville. Un écusson avec la crosse de sa. sur champ d'arg. dé- crite feuillet 230b n° 2, soutenu par une femme et, à dex., par un petit basilic. Trois autres tenants accompagnent le blason à dex., un banneret à cheval, l'homme et la monture bardés de fer ; à sen., un magistrat bourgmestre? habit violet, manteau noir et frlanc, et un varlet aux armes et couleurs de la ville. Digitized by Googl — 11 — Feuillet 475b Armoiries des trois sociétés du Petit^Bâle, dans un rec- tangle, et reposant sur un tertre de sinople Rabhauss Rebhaus = maison des Vignerons. De gu. à trois ser- pettes d'arg., emmanchées d'or à viroles d'arg., posées 2, 1. Tenant un lion d'or. Zra Hâben au geai. D'az. à trois anneaux d'or placés l'un dans l'autre, de forme ovale, reliés en chef, en pointe et sur les côtés, par une traverse du même. Tenant un sauvage de carnation, couronné de lierre, dans sa dex. un arbre arraché de sin. futé au nat. Zuom Gbyfen zum Greifen = au Griffon. D'arg. à un griffon ramp. d'or, les ailes d'arg. Tenant un griffon comme dans l'écu. TRIBUS DE LA VILLE DE BALE 477 Hohe Stube tribu des nobles et chevaliers. De gu. au château d'arg., à pont-levis d'or. Tenant un chevalier bardé de fer, tenant une barrière de gu. 477b Zuom Schlissel zum Schlûssel = à la Clef. * D'arg. à la clefd'az., posée en pal, le panneton en chef Tenant un banneret à bannière comme l'écu, habillé de bleu et de blanc. » Zuom Bâben zum Bâren ou Hausgenossen = à l'Ours. -D'os, à la couronne d'or. Tenant un ours levé en pied, ceinture bleue avec dague d'or, tenant de la patte dex. une bannière au meuble de Técu. 478 Zub Geltbh. De gu. à un sceau à vin Logel d'or. Tenant ban- neret, bannière comme Técu, habillé de bleu et de rouge. 9 Zuom Saffran zum Safran = au Safran2. Sur un bouclier d'az. deux écussons réunis sous un seul heaume, lambrequins arg. et sa. ; sur le cimier une fleur de lis de sa. 1° Parti au 1 d'arg. à un safran plante de sin., au 2 d'arg. à une demi-fleur f mou- vante de la partition de Vécu; 2° D'arg. à la tulipe de pourpre, tigée de sin. à quatre feuilles du même. Tenant banneret ban- nière comme Técu, habillé de violet, de vert et de noir. 1 Cette tribu et les trois suivantes étaient celles de l'aristocratie Herreneûnfte. Après elles, viennent celles de la bourgeoisie, qui n'ont pas de tenants, au nombre de onze complètes et de huit demies. 9 Les armes de cette tribu sont aujourd'hui d'arg. à la fleur de Us de sa. Le poêle est situé dans la rue des Tanneurs, à Baie ; Ryff y était inscrit et ses armes se voient encore sur la façade extérieure du bâtiment. Digitized by Googlt — 78 — Feuillet 478b Zuon Râbleutten zu Rebleuten = aux Vignerons. D'or au renard ramp. d'az., lamp. de gu., tenant dans sa patte dex. une ser- pette d'arg. emmanchée d'or. 478b Zuon Bôcken zu Bâcken=aux Boulangers. De gu. à un pain long et quatre petits pains accolés d'or, posés en barre et en bande sans se rejoindre, en forme de chevron, au-dessm d'un cra- quelin bretzel du même posé en pointe. 479 Zuon Schmiden zu Schmidten=aux Maréchaux. D'az. à des tenailles d'arg. placées entre deux marteaux du même, emmanchés d'o?; le tout posé en pal. » Zuon Schuomachben zu Schubmachern = aux Cordonniers. D'arg. au lion ramp. de sa., lamp. de gu., tenant dans sa patte dex. un soulier à la poulaine de sa. » Zuon Gerberen zu Gerbern=aux Tanneurs. D'arg. au lion ramp. de sa., lamp. de gu., tenant dans ses pattes un racloir d'arg., posé en pal, emmanché en chef et en pointe d'or. » Zuon Schneidern zu Schneidern = aux Tailleurs. De gu. à une paire de ciseaux d'arg., ouverts en forme de sautoir. 479b Zuon Kibsnern zu Kûrschnern = aux Pelletiers. De gu. à la bande % d'hermine. » Zun Gabtneen zu Gârtnern = aux Jardiniers. D'arg. au fer de fourche à trois pointes de sa., et à douille d'or. » Zuon Metzgebn zu Metzgern = aux Bouchers. De gu. au bélier saillant d'arg., accorné d'or, dans le canton dex. de la pointe un couperet d'arg. emmanché d'or. » Zuon Spywetteen zu Spinnwettern = aux Charpentiers ?. De gu. à un compas d'or, les pointes ouvertes en pointe7 entre une hachette et un marteau de maçon d'arg., emmanchés d'or; le tout placé en pal. 480 Zuon Schereren zu Scherrern = aux Barbiers. D'az. à une étoile à six rais d'or. » Zuom Himmel zum Himmel = au Ciel. D'arg. à trois écussons de gu. posés en pal. » Zuon Wâberen zu Webern = aux Tisseurs. D'az. au griffon ramp. et lamp. dœ gu., becqué et twembré d'or, tenant dans ses pattes vn bâton en pal de même. » Zuon Fischern zu Fischern = aux Pêcheurs. De gu. à un dauphin versé d'arg., suspendu à un ruban du même. 480b Zuon Schutleûten zu Schiffleuten = aux Bateliers . D'arg. à une ancre de sa. Digitized by Googlt Feuillet - 79 — SOCIÉTÉS DES FAUBOURGS 488 Quatre écussons dans Tordre suivant Zuom hochen Tholder, odeb ztjom Esel zum hohen Dolder, ou zum Esel=à la Haute cime, ou à l'Ane ; à S*-Alban. D'arg. au sapin de sin., futé au nat., sur un tertre de sin. Support un âne ramp. au nat., jouant de la cornemuse. Zuom Ruppp zum Rupf = Aeschen. D'arg. à la porte ouverte à deux battants d'or. Tenant un homme habillé de noir, manche jaune et bleu, culotte rouge. Zur Kreyen zut Krâhe = à la Corneille -, à Spalen. D'arg. à la cor- neille de sa., les ailes éployées. Support une corneille du même sur le sommet de l'écu, tournée à sen. Zur Magt zur Mâgd S1 Johann. * D'az. à une femme Sainte- Ursule? habillée de rose, manches d'arg., les cheveux flottants sur V épaule, tenant dans sa dex. trois flèches de sa. et, dans sa sen., une palme de sin. Ecusson bordé d'or, et soutenu par une femme habillée de bleu, manches et cheveux comme dit ci-dessus. TERRITOIRE DE BALE 489 Sisgouw Sisgau. Ecartelé au 1 et au 4, de gu. à V aigle vairé d'arg.; au 2 et au 3, d'arg. au lion ramp. et lamp. de gu. 489*> Sissach. Parti, au 1 de gu. au brcu habillé d'arg., appaumé au nat. ; au 2 d'arg., au bras habillé de gu., et appaumé au nat. 490 Varnspurg Farnsburg. Ecartelé au 1 de gu. à lafasce d'arg. , au 2 et au S d'arg. à l'étoile à six rais d'or, une plaine de gu. en pointe, au 4 d'arg. à lafasce de gu. 493 Varnspurg vieux Farnsburg. Coupé au 1 d'arg. à l'étoile à six rais d'arg., au 2 de gu. plein. » Zielempen. Tiercé en fasce de gu., d'arg. et de sa. 493b Hojhburg Homburg. D'or à deux aigles de sa. placées l'une au- dessus de l'autre, les ailes éployées. 494 Wallenburg Waldenburg. D'or à VaigU d'az., lamp. de gu., chargée de quatre burèles ondées-entées de pourpre. » Wildenstein. De gu. à la barre et à la bordure de sa. 1 Les armes de cette société sont tout antres aujourd'hui e? ae. au dauphin versé d'arg., pâmé de gu., la queue du même, suspendu par une corde en chevronau milieu d'une couronne d'or, placée en abîme et rembourrée de gu., que traversent deux flèches d'arg. emmanchées d'or et placées en sautoir. Digitized by Googlt — 80 — Feuillet 495 Lie8tall Liestal. Deux écussons comme feuillet 230b, n°3, formant pendant, sous celui de la ville de Bâle. Tenants dex., banneret habillé de rouge et de blanc; à sen., varlet vêtu de noir et de blanc. 495 Liechstal, das altt anciennes armes de Liestal. D'arg. à deux chandeliers d'or allumés de gu., passés en 495b Schawenbubq Schauenburg. D'arg. à trois fasces de gu. 496 Waetbhbueq Wartenberg. D'arg. au lion ramp. et lamp. degu. 496b Ramstein. D'or à deux bâtons fleurdelisés de gu., passés en sautoir. 497 M0nchen8Tein. D'arg. au moine habillé de sa., le capuchon rabattu et les deux mains jointes tendues devant lui. 497b Reechen Riehen *. Uaz. au mur en pierres de taille d'arg., sur cinq rangées, issant de la pointe de Vécu. » Hynningen Klein-Hûningen. Uaz. à un Hun, à barbe blanche,, bon- net tfaz., robe de gu., tenant dans sa dex. un bâton iïor, dans sa sen. des gants !, sortant d'une tente d'arg. posée sur un tertre de sin. et garnie d'arg. et de gu. dans sa partie supérieure. CANTON DE SCHAFFHOUSE 501 Schaffhausen. Double écusson sous celui de l'Empire D'or au bé- lier saillant et vilené de sa., lamp. de gu., accorné iïor. Tenants le prévôt et le varlet. 504b Neiwkilch, Obee- und Undeb Hallouw Neukirch, Ober- et Unter- Hallau 1° D'arg. à une église au nat. sans clocher pointu, celui-ci placé au premier plan en avant de la nef; 2° De gu. à la fleur de lis Liechtensteig Lichtensteig . Parti d'or et de sa. 542 Wyl. Rosace aux écussons des quatre cantons de la capitainerie v. ci-dessus, au centre, celui de Wyl d'arg. à l'ours de sa., levé m pied et lamp. degu. Tenants dex., banneret bannière d'arg. et de sa.-, sen., le prévôt. VILLE DE SAINT-GALL 546b Sant Gallen. Double ecusson, sous celui de l'Empire d'arg. à l'ours levé en pied de sa., lamp. de gu. et colleté d'or. Tenants prévôt et varlet. Digitized by GoogI — 84 — Feuillet CONFÉDÉRATION RHÉTIENNE Dreipundt der Rœtieren l 555b Bistum Chur Evêché de Coire. Double écusson sommé de la mitre et de la crosse et, sur le devant de la miniature, la Sainte- Vierge, renfant-Jésus dans ses bras. Au-dessus, une croix d'or. Chaque écu porte d'or au bouquetin effaré et vilenè de a., lamp. de gu. l'un tourné à dex., l'autre à sen., comme sur tous les écus doubles. Tenants dex., l'évêque crosse et mitre ; sen., un prêtre en surplis. COMMUNES DE LA LIGUE CADDÉE OU DE LA MAISON-DIEU Gotshaus Pundt 556b Coibk. Deux écussons sous celui de Tévêché crosse et mitre 1. La ville. D'or au château ouvert à deux tours crénelées d'arg., sous la porte un bouquetin effaré et contourné de sa. ; 2. Gotshaus Maison-Dieu. D'arg. au bouquetin effaré et vilenè de sa., lamp. de gu. Tenants prévôt et varlet. 568 Z1TZEK8 Zizers, Yis Ysch, Teimiss Trimmis, Undervatz Unter- vaz, formant ensemble une commune écusson vide. » Fibstnow Fùrstenau. Ecusson vide. » Obervatz Obervaz. Ecusson vide. &58b Reams. Ecusson vide. * Tieffen Kasten Tiefenkasten. Ecusson vide. » Gtbiffensteih Greifenstein. Ecusson vide. » Stala Stalla ou Bivier. Ecusson vide. 559 Mels. Ecusson vide. » Breoalien Bregalga ou Bergalga. Ecusson vide. » Zutz Zuz. Ecusson vide. » Sumada Samaden. Ecusson vide. 559b Postlaaf Puschlaf = Poschiavo. Ecusson vide. » Steioterg Steinsberg. Ecusson vide. » Schtjlss Schuls. Ecusson vide. » Remyss Remûs. Ecusson vide. 560 Mdssteethaal Mûnsterthal . Ecusson vide. * Mal8 Malix. Ecusson vide. » Schaotzen ?. Ecusson vide. 1 Aujourd'hui canton des Grisons. Digitized by GoogI — 85 — Feuillet COMMUNES DE LA LIGUE GRISE OU SUPÉRIEURE Ober oder grauwen Pundt 562 Abmes de la ligue. Double écusson sous celui de l'évêché de Coire mitre et crosse 1° Ecartelè, au 1 et au 4 de gris bordé d'arg.; au 2 et au 3 d'arg. bordé de gris; 2° Ecartelé, au 1 et au 4 dlarg. bordé de gris; au 2 et au 3 de gris bordé d'arg. Tenants prévôt en man- teau gris et blanc, et varlet avec la veste des mêmes couleurs. 562b DissENTis, avec Tahetsch Tawetsch, Lamps, Suwigs Sumwix, Me- dels, formant ensemble une commune. Ecusson vide. » Lugnitzer Thaal Lugnetz. Ecusson vide. » Ilantz Ilanz, avec Gruob. Ecusson vide cependant cette ville porte de gu. à la bande ondée Buchthalen 505b Bulach 86 Bulle 204 Bûren 130b Burgdorf 133 Calancathal 564b Gappel 73 Catzis 564 Gerlier 144 Cham 105b Gh&tel St-Denis 204b Ghur, évéché 555b — ville 556b Ghurwalden abbaye 566b Clavena 570b Coire v. Chur Conthey 613b Corbière* Corbers 196 Cugy 205 Dafaas ou Davos 566 Digitized by Googl — 93 — Feuillet Feuillet Feuillet Délémont on 230b Garten 505b Iferten 146b Delsberg Gaster le Ilanz 562h Diessenhofen 506 Genève Illens on 203 Disentis 562b Genevois comtes de 648 Illingen Dix juridictions 566 Gersan 652b Interlaken 123b Ligne 668b GeBsenay 127b Isenthal 24b Dornach on 216 Gilgenberg 216 Dorneck Glaris Jenatz 566b Gôsgen 213 Jenins 567 Ebikon 52 Gombs 587 Johannsen St- 163 Eggen Unter den 540 Gotteshaus Jonen 195b Eglisau 84 Gottstadt 163 Einsiedeln 30 Grandson Katzis 564 Eisenegg 540b Grandsee v. Grandson Kilchberg 7lb Ellikon 79 Grassbnrg 150M99b Elosters 566 Ems Ober- 564 Granbnnd Knonan 72 Enfiflchthal bannière 599 Greifensee 78 KonigBfelden 141b EnUebnch 49b Greifenstein 558b Eonolfingen 119b Entremont 615 Greyerz 196 Eriens 52b Erlach 144 Grieningen ? 203b Knndtwyl ? 52 Erlenbach 69b Grisons Kûssnacht 29 Estavayer 196b Grflnenberg 135b Kftssnacht 70 Grûningen 77b Eybnrg 78b Falkenstein 214b Grnob 562b Famergn 203 Gruyère 196 Laax Ob dem Wald zu 563b Farnspnrg Gnndis 613b Lamps 562b Feldsperg 564 Landshnt 134b Flima 663b Habsbnrg 48b Langwiesen 567 Flnmenthal 212b Hallan Ober- t Unter- 504b Lanfon Laufen Flnntern 70 Halten 211b Lanppen 128 Font 204 Haalethal 131b Lausanne, évêché 159b Franbrnnnen 134 Hauterive 203b — ville 159»» Franenfeld ancien 167 Hedingen 73 Lebern Am 212 — nouveau 165b Hegi 79 Lenzburg 189 Freibnrg 193. 668b Heinaenberg 564 Leuk 596b Freien Aemter im / „ftA Hemmenthal 505 Lichtensteig 641b Wagenthal [ ion Herblingen 505 Liestal 23^.495 Fribourg Herisan bannière 514b — ancien 495 Frieni8berg 168 Hinterrhein 564 Locarno 509»» Frntigen 125 Hombnrg 493b Lohn 505 Fûrstenau 568 Horb 52b Lonèche 596* Horgen 71 Lucerne ^i n /Mj \ * Hûnenberg 105b Lugano 508b Gall St-, abbé 666b Hûningen Klein- 497b Luggarus 609b — capitainerie 538 Hnndwyl bannière 514b Lugnetzerthal 562b — ville Hutwyl 132b Gangoldschweil 106 Msnnedorf 69 Digitized by Googlt — 94 Feuillet Mainthal Maggia 511 Maison-Dieu l 556b Ligne de la 668 Malans 567 Malix 560 Malters 49 Mangepan château 589 March Die 29b Martigny 616 Masox 564b Maurice Str 616b Mayenfeld 567 Medels 562b Meilen 69b MeUingen 180 Meh 559 Mendrisio 507b Merischwanden 51b Messen 312 Milden 157b Misox 564b Mftnchenstein 497 Molière La tour de 204 Montagny ou Montenach Monthey Monthex 621b Montsalvens 205b Montsax zu Bellentz 85 Morat Morbegno 570* Morges on j lgl Morse \ Moudon 157b Mulhausen Munster 48b Mûnsterthal 560 Mulhouse ▼. Mulhausen Mûri 184 Murten 197 Nengersriedt? Nemch&tel ou Neuenburg Nenkirch Neut Nidau Nidwalden 540»> 504b 162 143 32b Nyon Feuillet 162 Ob dem Wald zu Laax 563b Ober-Bund 562 Oberdorf 539»» Obersaxen 563 Obervaz 558 Obwalden 32b Olten 213b Orbach ou Orbe Orou 158*» Orsières 615 204 Parpan 566b Payerne 156 Peter St- in Schanfigg 567 Peterlingen 156 Pfeffikon 30»> Pierre St- 615 Plaffeyen ou Planfayon Plurs 573 PoschiaYO 559b. 569b Profonde Vaux ? 205b Puschlaf Ramstein 496b Rapperswyl 98b Rarogne 595 Raron barons de 594 Reams 558b Regensberg, ville 85b — château 85 Remund 197b Remus 559b Rhftzuns 564 Rheinthal 169 Rheinwald 564 Riehen 497b Ringlikon 82 Riseck 51 Riyiera 38b Rœsch abbédeSt-ftall 537 Rofflen 564b Romainmotier 163 Romont 197b Feuillet Romont ou Rothmund Rorschach Rothenburg Rottweil Rue Rûdltngen Rusweil Ruw / 162b 540 48 198*» 505* 50 198b Saanen 127b Sallion Salins? 614 Samaden 559 Sargans comté 167b Sarien 564b Schaffhausen ou i 501 Schaffhouse \ 664b Schantzen 560 Scham8 564 Schauenburg 495b Schenkenberg 139b Schiers 566b Schlans 563b Schleitheim 505 Schleuis 563b Schuls 569b Schwarzenburg 150b. 199b Schwytz 26. 659b Schyner Mathieu 61 lb évéquc de Sion. Seewis 563b Seftigen 119b Seldenburen ou Sellenbûren Sempach 46 Sept 568b Siders ou b Sierre \ b™ Signau 131 Siuunenthal Nieder- et Ober- Sion 601 Sisgau 489 Sissach 489b Sitten 601 Soleure ou 72b 126 Solothurn 209b. 664 Digitized by Googlt 95 — Feuillet Feuillet Feuillet Sondrio 570 Trachselwald 131b Waltenspurg 563b Splûgen 564 Traona 570»» Wangen 135 St&fa 69 Triengen 51b Wartenberg 496 Stafis 196b Trimmis 558 Weggis 52 Stalla 558b Trogen 514 Werdenberg 97b Stammheim 81* Trams 564 — comté 167b Stein am Rhein 82 Tschappina 565 Wettingen 177 Stein Aof 540*» Tnrtig famille 590*> Wiedlisbach 135 Steinegg 81 Wiesen 540*> Steinhausen 105*» Ueberstein 205 Wifflisburg 154 Steinsberg 559b Untersewen 123b Wiggen 47b Sternenberg 11 9b Untervaz 558 Wildenstein 494 Stnssavien 564b Unterwalden Willisau 50b Sumiswald 131b Urban Si- 51 Winterthur 79b Sumwix 562b. Uri Wippingen 203b Surpierre 205 Urseren 24b Wolfgang St- 106 Sursee 47 Uznach Wollerau Wollishofen 30»> 71b Tablât 539b Valais 669 Wonns 569b Tamins 564 - Bas- 613b Wyl 542 Tavelli ou Tavilli de^ — Haut- 585 Gradetsch famille/™^ Vais 565 Ysch 558 anciennes et nou-^ Yaumarcus 203 Yrerdon 146b Telles armes. Vauruz 204b Tawetsch 562b VenningenJeande, 335*» Zielempen nobles 493 Teiller famille 590b évoque de Bàle. Ziliung Zihl ? 158 Thannen ? 564b Verey 158 Zizers 558 Thayngen 505b Viège Visp 593 Zofingen, Tille 136 Thalbach 204b Vms 158 — chapitre 137b Thalweil 71 Vuippen8 203b Zollikofen U& Thierstein 214 Vuissens 205b Zollikon 70 Thorberg 133b Zoug ou b ftft1 Tboune ou 124 Wagenthal Freiei l"jl83 Zng I1 * Thun Aemter im Zurich Thusis 564 Wadensweil 70*» Zurzach 177b Tiefenkasten 558b Walchweil 106 Zuz 559 Tiolo ? 570 Waldenbnrg 494 Zynno ? château 196b Tirano 569b Wallenbuch 205 Toggenburg Wallis t. Valais Digitized by GoogI III MÉDECINS ET PHARMACIENS D'AUTREFOIS à Colmar Par Eugène Waldner Dans les archives des corps de métiers de Colmar se trouvent quelques pièces se rattachant à un conflit survenu, en 1669, entre les médecins physiciens et les apothicaires de la ville. Ces documents jettent une vive lumière sur l'organisation du service sanitaire de cette époque, et les traits que s'y décochent les parties adverses, nous rappellent le grand poète comique, contemporain de ces querelles. Un décret du magistrat vint mettre fin à l'agitation des esprits et tâcha de concilier les intérêts en cause. Je donne ci-après une analyse des quatre pièces dont se compose notre dossier. La première, requête des apothi- caires au magistrat, n'est point datée; elle doit être de peu antérieure à la réplique du docteur Andreae, du 3o avril 1669. Le mémoire du docteur Gloxin, qui est joint à celui de son collègue, est évidemment de la même époque. Ce -n'est que plus d'un an après, le 18 juillet 1670, que parut le décret du magistrat qui tranche les questions en litige. Mémoire adressé au magistrat par les trois apothicaires Wendel Gyntzer, Gottfridt Wolff et Johann Georg Krauss, en réponse au conseil de santé Sanitàtsherren qui avait cru devoir les rendre attentifs à leur serment Digitized by Googlt — 97 — i Ils déclarent vouloir se conformer en tous points aux règlements de leur profession, mais ils espèrent qu'il leur sera permis de délivrer un médicament sans ordonnance spéciale du médecin, dans le cas où le malade l'aurait déjà une fois employé avec succès. Par contre, ils demandent qu'on rappelle aussi les doc- teurs et physiciens à leur devoir, et qu'on leur défende de préparer des drogues chez eux, et de les vendre à leurs malades au grand dam des apothicaires. Si les médecins connaissaient quelques spécifiques dont ils ne voulussent pas divulguer le mode de préparation, les requérants sont prêts à leur acheter le secret pour un prix raisonnable. Ils expriment aussi le désir qu'on n'exerce aucune pression sur les malades quant au choix de leur pharmacie. Comme il arrive parfois qu'une purge ou autre médica- ment ne produit pas l'effet que les médecins en attendent, ils espèrent que ceux-ci ne s'en prendront pas à l'apothi- caire et ne le décrieront pas auprès des clients, avant de s'être préalablement enquis de la cause de l'insuccès. 2° Le magistrat est prié d'obliger au serment certains médecins qui, ne l'ayant pas encore prêté, se permettent de faire concurrence aux apothicaires et fabriquent des drogues de toutes sortes. 3° Il doit être enjoint aux barbiers et chirurgiens de renoncer au débit illégal de* sudorifiques, purgatifs, et autres médicaments. 4° Les charlatans qui viennent exercer leurs pratiques dangereuses, les jours de marché, ne devront à l'avenir plus être tolérés en ville. 5° A l'exemple des bonnes villes du Saint-Empire, où le nombre des pharmacies est strictement limité Strasbourg n'en a que cinq, Francfort, Ulm et Augsbourg en ont seu- lement quatre les suppliants prient le magistrat de main** tenir à trois le nombre des pharmacies de Colmar. Si on Digitized by Googlt en tolérait plus, les apothicaires se ruineraient mutuelle- ment et, faute d'écoulement régulier, ne pourraient plus fournir à leurs clients de produits frais. 6° Ils se plaignent que, en plusieurs occasions récentes, on n'ait pas tenu compte du privilège légal des apothicaires qui, dans une faillite, ont le droit d'être payés, avant tous les autres créanciers, des médicaments fournis aux malades. 7° Comme plusieurs universités comptent les apothi- caires parmi les lettrés et que, dans presque tout le Saint- Empire, ils sont exempts de prestations personnelles, les requérants demandent à être dispensés de monter la garde en cas d'alarme, vu que par suite de leur absence, les ma- lades ne pourraient être secourus à temps, s'il y avait péril en demeure ; toutefois leurs aides auraient, comme par le passé, à se rendre à leur poste. 8° Pour ce qui est du reproche qu'on leur fait de vendre leurs médicaments trop cher, c'est une pure calomnie ; car à Bâle, à Strasbourg et à Francfort, d'où ils font venir en partie leurs marchandises, les prix sont plus élevés. Ils prient donc le magistrat soit d'introduire chez eux le tarif de l'une ou de l'autre de ces villes, soit d'en faire établir un à leur usage. A ce mémoire sont jointes les observations des deux médecins physiciens, à qui le magistrat l'avait commu- niqué. Sous la date du 3o avril 1669, le docteur Andréas fait remarquer que la permission que demandent les apothi- caires, de renouveler un médicament sans l'autorisation du médecin, ne peut leur être accordée; car de ce qu'un remède, notamment un purgatif, ait une fois produit son effet sur un malade, il ne s'ensuit pas qu'il puisse être employé avec succès dans d'autres occasions. 11 repousse, comme une calomnie sans preuve, le repro- Digitized by Googlt — 99 — che de manquer à leur serment que les apothicaires font aux médecins, dont ils ne sont cependant que les subor- donnés. Quant à l'offre qu'ils font de se rendre acquéreurs des remèdes secrets ou spécifiques qu'il a rapportés de ses voyages ou découverts par la pratique, et qu'il délivre presque toujours gratuitement, il n'est nullement disposé à se rendre à leur demande. Les apothicaires auraient d'ailleurs, beaucoup plus que les médecins, besoin d'être rappelés à leur devoir. S'ils restaient plus chez eux et dans leurs boutiques et surveil- laient un peu mieux leurs commis et apprentis dans la préparation des remèdes, et surtout des purges, il n'arrive- rait pas tant d'accidents et ils ne seraient pas dans le cas de rejeter leurs bévues sur les médecins. Pour toutes ces raisons, le rapporteur prie le magistrat de rappeler les apothicaires au respect qu'ils doivent aux médecins. Passant à l'examen des articles 2, 3, 4, le docteur Andreae se déclare d'accord avec les exposants. Quant à l'article 5, il estime que les apothicaires ne sont pas fondés à demander le maintien à trois du nombre des pharmacies. Chacun sait que, jusque dans les derniers temps, il y a toujours eu quatre pharmacies à Colmar et qu'elles auraient pu se maintenir parfaitement, si les titu- laires avaient su les gérer. Pour l'article 6, le docteur Andreae se déclare incompé- tent il le renvoie à l'examen des juristes. 70 II est incontestable que quelques universités rangent les apothicaires parmi les lettrés, et il serait fort désirable qu'ils le fussent en réalité. Mais ce n'est pas une raison de les dispenser de s'acquitter de leurs devoirs de bourgeois et de monter la^garde. Dans un cas urgent, on les trouve- rait encore plus sûrement que quand ils s'absentent de la ville pendant quelques jours, sans la permission des méde- Digitized by Googlt — 100 — cins physiciens, ou qu'ils quittent leurs officines et se font, comme il arrive souvent, chercher en vain des heures entières. Mais quoi que le magistrat en décide, il est dési- rable qu'il se trouve toujours au moins un commis ou un apprenti à la pharmacie. 8° Il est de notoriété publique que les apothicaires de- mandent un prix trop élevé pour leurs drogues et exploi- tent leurs clients c'est un reproche qu'ils se font entre eux; cependant le docteur Andreae ne croit pas qu'on puisse remédier à cet abus par un tarif; car si quelqu'un veut agir consciencieusement et selon l'équité et la charité chrétienne, il n'a pas besoin de tarif; s'il ne le veut pas, un tarif ne servirait à rien. Dans le second mémoire sur la réclamation des apothi- caires, le docteur Paul-Benjamin Gloxin, qui se qualifie également de médecin physicien, ne partage pas en tout l'avis de son confrère. Il se plaint avant tout des insinuations dirigées par les apothicaires contre le corps des médecins et espère qu'ils seront punis de ce manque de respect. i° Passant à ses propres griefs et à ceux de ses collègues contre les exposants, il leur reproche de ne pas tenir le serment d'obéissance qu'ils ont prêté aux règlements, et juge nécessaire de le leur rappeler. 2° Il demande que les garçons apothicaires ne puissent être embauchés, sans l'autorisation des médecins physi- ciens, et qu'il leur soit enjoint de ne délivrer certains re- mèdes que sur l'ordonnance du médecin. Si les patrons les obligeaient à enfreindre ces prescriptions, leur devoir serait de s'en plaindre aux médecins physiciens. Si la pharmacie ne possède pas tel médicament prescrit, il ne pourra être remplacé par un autre à l'insu du médecin. Digitized by Googlt — 101 — 3° Le rapporteur propose qu'il soit de même défendu de prendre des apprentis sans l'assentiment des médecins physiciens. Les apprentis devront, sinon avoir quelque teinture de latin, du moins savoir l'écrire et le lire cou- ramment. 4° Avant un an de service, aucun apprenti ne peut raisonnablement être admis à préparer des médicaments. 5° Les trois apothicaires devront tenir toutes les drogues énumérées dans le catalogue que le magistrat a fait dresser à leur intention. 6° I! ne serait pas pratique d'élaborer un tarif pour les apothicaires, parce qu'il faudrait le renouveler trop souvent, à cause des grandes variations dans le prix de revient des drogues; cependant le prix actuel des médi- caments est beaucoup trop élevé, aujourd'hui surtout que les marchands fournissent presque toutes les matières premières à domicile. 7° Les drogues, ainsi que les officines, vases et instru- ments, doivent être tenus proprement et présentés aux inspections régulières. 8° Le docteur Gloxin trouve le nombre de trois phar- macies plus que suffisant pour les besoins de la ville, attendu que plusieurs apothicaires se sont établis dans les derniers temps à la campagne, aux portes de Colmar. Il est vrai qu'il est fort indifférent pour le bien public que les apothicaires s'enrichissent ou non ; mais ce qui est essentiel et ce à quoi le magistrat doit veiller en conscience, c'est que les médicaments soient toujours frais et qu'on ne débite pas de la marchandise avariée qui, au lieu de soulager les patients, occasionne de graves accidents, voire même la mort. Ce danger serait inévitable si, par suite de l'augmentation du nombre des pharmacies, chacune d'elles avait un débit moindre. On pourrait bien plutôt supprimer encore une des trois pharmacies existantes. Digitized by Googlt — 102 — En réponse à la requête des apothicaires et après avoir consulté l'avis des médecins physiciens, le conseil rendit, le 18 juillet 1670, le décret suivant i° Les médecins physiciens établiront un dispensaire auquel les apothicaires se conformeront strictement; de plus ils inspecteront les pharmacies plusieurs fois dans l'année et à Timproviste, et veilleront à ce qu'il ne s'y commette aucun abus. Par contre, les médecins ne composeront plus de médi- caments chez eux, à l'exception de remèdes secrets et spécifiques dont ils ne veulent pas faire connaître la préparation et qu'ils appliquent eux-mêmes aux malades, à la condition toutefois qu'ils agissent consciencieusement et n'usent point de fraudes. Les médecins devront laisser à leurs clients le libre choix de leur pharmacie et n'en recommander ni en discréditer aucune. 20 Tous les médecins établis en ville devront prêter serment d'observer strictement leurs règlements. 3° Il est défendu aux chirurgiens de préparer des remèdes composés, tels que sudorifiques, purgatifs ou autres, ou bien d'en prescrire sans l'assistance d'un mé- decin; mais il leur est permis de préparer des remèdes simples, des eaux vulnéraires, des dentifrices, gargarismes et autres médicaments employés en chirurgie. 40 Défense est faite aux charlatans de débiter leurs drogues autrement qu'aux foires annuelles. 5° Quant au nombre des pharmacies, le magistrat permet à Martin Kônigsmann d'en établir une quatrième ; mais il se réserve la faculté de restreindre ou d'augmenter à l'avenir le nombre des officines. 6° Pour ce qui est du droit que les apothicaires reven- diquent, d'être payés les premiers de leurs créances, en cas de faillite de leurs clients, le magistrat maintient l'usage en vigueur à Colmar. Digitized by Googlt — 103 — 7° Les apothicaires ne pourront être dispensés de monter la garde; si cependant leur présence était indispensable chez eux, ils pourront se faire excuser auprès de l'officier dont ils relèvent, en fournissant un remplaçant idoine. En cas d'incendie ou d'alarme, ils devront se rallier à leurs drapeaux et faire garder leur boutique par un garçon. 8° Quant au prix des drogues, le magistrat en appelle à la conscience des débitants, et espère qu'ils ne surferont pas leurs clients. 9° Avant d'être embauchés, les garçons apothicaires doivent être examinés par les médecins délégués à cet effet, et prêter serment par devant le magistrat. De même aucun apprenti ne pourra être engagé avant que lesdits médecins n'aient constaté qu'il sait un peu de latin et donne de belles espérances, afin qu'on n'admette pas le premier venu à l'apprentissage d'un art qui importe tant au bien public. Digitized by GoogI Digitized by GoogI — 105 — COMITÉ D'ADMINISTRATION DU MUSÉE HISTORIQUE M. Auguste Dollfus, président honoraire. MM. Mathieu Mieg-Kroh, président. Xavier Mossmann, vice-président. Joseph Coudre, vice-président; conservateur. Karl Franck, conservateur. . Ernest Meininger, secrétaire. Edouard Dollfus-Flach, trésorier. Edouard Berner. Frédéric Engel-Gros. Jules Franck. Emile Gluck père. Daniel Grumler. Jean Heilmann. Edouard Hofer-Grosjean. Armand Ingold. Henri Juillard-Weiss. Fritz Kessler. Gustave Koenig. Jean-Jacques Laederich. Auguste Michel, aide-conservateur. Louis Schoenhaupt. AUGU8TE ThIERRY-MiEG. Armand Weiss-Zuber. Digitized by GoogI — 106 — LI8TE 0E8 80U8CRIPTEUR8 1888—1839 MM. Aichenger Théophile. Amann Emile. Amann Jacques. Antoni Nicolas. Arlenspach Jacques. Ast Henri. Audban Gustave. Audran Eugène. Bader Léon. Bader Léon V*6. B^k Fritz. Barlow-Kœchlin. Barth Eugène. Barth Jean. Bary de Edouard. Baudinot Bauer Benjamin. Baumert Ferdinand. Baumoartner Henri. Baumgartner-Knoll, Baumoartner Léon. Baumoartner Léon V**. Becker Auguste. Beinert Fritz V™. Benner Albert. Benner Charles. Benner Edouard. Benner Emile. Benner Henri. Bernheim Charles. Bernheim Léon. MM. Bertelé Charles. Bertrand St-Germain. Bertrand-L^derich Auguste. Bibliothèque de la ville de Colmar. Bibliothèque de la ville de Montbéliard. Bibliothèque de la ville de Strasbourg. BlDLINQMEYER Jules. Bisey Eugène. Boch Théodore. Bœhler Alolse. Bcehm Eugène. Bœringer Eugène. Bohn Charles Vve. Bohn Georges. Bontemps-Reeffel V**. Borel-Wachter Henri. Bourcart Charles. Bourry Guillaume. Bourquin-Hartmann J. Brandt Charles. Brandt Emile. Braun Albert. Breùer Otokar. Brinckmann Jean. Bron Eugène-Edouard. Bruchet A. Brunschwig A. Brustlein Charles. Digitized by GoogI — 107 MM. Brustlein Henri V**. Buchy Adolphe. Buchy Henri. Buel Robert. Buhl Ch., pasteur. Bulffer Joseph-Dominique. Burgert Adolphe. BURGERT JuleS. Burghardt Arthur. Burghardt Jacques. Burgart-Ljederich J. V*6. Burnat Emile. Burr Georges. Burtschell J. Clottu Jean. Couchepin Charles. Coudre Camille. Coudre Joseph. Couget Jean-Baptiste. Courtois Clément. Danner Pierre. Dardel Gustave. Degert Charles. Desaulles-Gluck P. Diemer Gustave. Dieker Michel. Dietlin Hercule. Dietsch Sœurs. Doll Edouard. Dollfus Adrien. Dollfus Auguste. Dollfus Charles. Dollfus-Dettwiller V*. Dollfu8-Schwartz Edouard. Dollfus Eugène. Dollfus-Flach Edouard. Dollfus Gustave. Dollfus Jean, fils. Dollfus Josué V^. MM. Dormois Charles, Dreyfus Jacques. Dreyfus Léon. Dreyfus Mathieu. Drumm Oscar. Dumény Benjamin. Dupré-Heinck. Durthaller Albert. Eck Daniel. Eggenschwiller Jules. Ehrismann Dr Henri. Ehrmann, D. M. Ehrsam Nicolas fils. Eichert Edouard. Endinger Josué. Engel Albert. Engel Alfred. Engel Arthur. Engel-Dollfus Frédéric VTe. Engel Eugène. Engel-Gros Frédéric. Engel Gustave. Engel-Royet Eugène. Engelmann Godefroi. Erné Henri. Eschbacher Jean-Jacques. Essen von Alfred. Fallot Charles. Faudel Frédéric, D. M. Favre Alfred. Favre Arthur. Favre Eugène. Favre Gustave. Fiechter Jules. Fleischhauer Edmond. Franck Frédéric. Franck Jules. Franck Karl. Frey Albert, D. M. Digitized by GoogI — 108 MM. Frey Max. Frie8 Jean. Fritsch Charles-Henri. Gantzer-Haffa Fritz. Gassmann Eugène. Gatty Alfred. Gatty Ferdinand. G^eyelin Georges. Gerber Auguste. Geyelin Eugène. Gilardoni Jules. Gimpel Abraham. Glœs8 Ignace. Gluck André-Armand. Gluck Emile. Gluck Emile fils. Gœtz Eugène. Gœtz Jean- Armand. Graeub E. Graf Greuling-Noiriel . Grimm Gustave. Grosseteste-Thierry Charles. Grumler Daniel. Grumler Jean-Georges V* Guerre Jules. Guth Jules. Haas Abraham. Haas Alexandre. Hack Cari. ILeffely-Steinbach H. Vw ILensler Auguste. Hanhardt Théodore. Hans Joseph. Hartmann Jacques. Hartmann, notaire. Heilmann Albert. Heilmann Edouard. Heilmann Jean. MM. Heilmann Jean-Jacques. Heilmann Paul. Heilmann-Schœn J. Heinis Emile. Heinrich Ferdinand. Herrmann-Bornand Charles. Heyden Arnold. Hofer-Grosjean Edouard. Hoffet Eugène, pasteur. Hoppé Charles-Emile. Hubner Albert. Huguenin Edouard. Huguenin Jules. Iffrig Jean-Jacques. Igersheim Emile. Ingold Armand. J^ger D. M. Jaquel-Gœtz Emile. Jacques Charles Vve. Jeanmaire Paul. Jelensperger Charles. Jelensperger & Boudolphi. Jeannin Benjamin. Juillard-Weijss Henri. Jund Emile. JuNG-KiEUFFER Charles. Juteau Eugène. Kammerer Théophile. Keller-Dorian Albert. Kes8ler Fritz. Kestner, D. M. Klein Georges. Klippel, D. M. Klotz Edouard. Knecht Louis. Kœchlin Albert. Kœchlin Camille. Kœchlen Charles. Kœchlin-Claudon Emile. Digitized by GoogI — 109 - MM. Kœchlin-Dollfus Eugène VY€ . Kœchlin-Dollfus Marie V1*5. Kœchlin Edouard. Kœchlin Edouard Willer. Kœchlin Emile Vv0. Kœchlin Eugène, D. M. Kœchlin Fritz. Kœchlin Georges. Kœchlin Isaac, fils. Kœchlin Jules Vve. Kœchlin-Klippel Emile. Kœchlin Léon. Kœchlin Paul. Kœchlin Rodolphe. Kœchlin-Schwartz Alfred. Kœnig Emile. Kœnig Eugène. Kœnig Gustave. Kohler-Dietz Eugène. Kohler Mathias. Kbaus Henri. Kubljeb Gustave. Kuhlmann Eugène. Kullmann Gustave. KlJLLMANN Paul. Kuneyl Jules. Kunz M. Lacroix de Camille. Ljsderich Jean-Jacques. L-bderich L^derich-Courtois Charles. L^derich-Weber Charles. Lalance Auguste. Lampert Benjamin. Lanhoffer-T t derich Emile. Lantz Emile. Lantz Jean. Lantz Lazare. Lesage-Gœtz. MM. Lischy Edouard. Ludwig Maisch Robert. Mantz-Blech Jean Vve. Mantz Jean. Mansbendel-Hartmann J . - J . Ve Mansbendel Paul, pasteur. Mathieu Paul, pasteur. Mattmann F. Marozeau Philippe. Marquiset Henri. Meininger, Ernest. Meininger Jules. Meininger Meistermann Nicolas. Mercklen Gustave. Metzger Oscar. Meunier-Dollfus Charles. Meyer Alfred. Meyer Emile. Meyer Eugène. Meyer Jacques-Emile. Meyer Henri. Meyer Robert. Meyer Valentin V™. Meyer-Zundel Jules. Meyrel Jules. Michel Auguste. Michel Fritz. Michel Thiébaud-Georges. Mieg Edouard. Mieg Edouard-Georges. Mieg Charles V*8. Mieg-Kœchlin Jean. Mieg Mathieu. Miquey E. Mœhler François-X. Mojonnder Charles. Moll Louis. Digitized by GoogI 110 — MM. Moritz Victor. Mossmann Xavier. Muller Emile. Muller Emile. Muller Frédéric Vvej. Muller Georges. Muller Henri fils. Muller Louis. MULLER-MUNCK Mukck Charles. MUOTZ-SCHLUMBERGER V^j. Muralt de Albert. MUTTERER AugUSte. N^egely Charles. Nerldîger Charles. Neyser Jean. Nœlting Emilio, Dr. Oberlen Charles. Obrecht Jean. Orth J., pasteur. Osterried Georges. Ostier Louis. Pattegat Math. Péris Charles. Petit Auguste. Pétry Emile. Pfenninger Henri. Picard Plateh Jules. Platen Théophile. Poupardin Franz. Pouvoubville Théodore. Rack Iwan. Rayé Aimé. Reber-Dollfus Fréd. Redler François-Joseph. Rey Emile V*. Rœder Aimé père. Rieder Jacques. MM. Riegler Charles. Risler Adolphe. Rmler Charles. Risler-Schœn Henri. Rœsch Charles. Rœllinger Joseph. Royet-Geyelin Claude. Rûckert-Steinbach Jules. Sartoré Vincent fils. Schiffer Gustave. Schaller Schauenberg Rodolphe. Scheidecker Ernest. Scheidecker-Gaotzer Eug. Scheidecker Henri. Scherr J. Scheurer-Frey André. Scheurer Oscar. Schieb Edouard. SCHLUMBERGER Alphonse. Schlumberger Amédée. Schlumberger Ed. -Albert. Schlumberger Em., D. M. Schlumberger Georges. Schlumberger Jean fils. Schlumberger Jules. Schlumberger Jules-Albert. Schlumberger Léon. Schlumberger Paul. Schlumberger Pierre. Schlumberger Théodore. SCHMALZER-KCBGHLIK V*6. Schmerber Alfred. Schmerber Camille. Schmerber Jean. Schœk Alfred. Schœn Daniel. Schœn Fritz. Schœn Gustave. Digitized by Googlt - 111 — MM. Schœn Jean-Bernard. SCHŒNHAUPT Louis. Schbott Alfred. Schkott Joseph. Schumacher Jean. Sohwarbebg Henri . Schwartz Edouard. Schwartz Henri père. SCHWARTZ Louis. Schwartz Oscar. SCHWEITZER LouiS. Simonet Eugène. Sitzmann Edouard. Spetz Georges. Spœrlein Ernest. Spœrry Albert. Spœrry Henri. Steffan Emile. Steinbach Georges. Steinbach Georges jeune. Steinbach Léon-Félix. Steiner-Dollfus Jean. Steiner-Schcen M. V™. Steinlen Vincent. Steinmetz Charles. Stern E., pasteur. Stetten de Frédéric. Stiehlé Adolphe. Stœber Adolphe, pasteur. Stœber Paul. Stoll-Gùnther André. Stuckelberger Hans. Tachard Albert. Thiebry-Mieo Auguste. Thierry-Mieg Charles. Thierry-Mieg Edouard VYe. Thierry-Mieg Emile. Thierry-Rûckert Jules. Tournier Wladimir. MM. Vaucher Jean. Viénot John. Vogelsang Joseph. Vogt Edouard. Wacker Albert. Wacker-Schœn Ch. Vve. Wagner Auguste. Wagner Eugène. Wagner François. Wagner Théophile. Waldner Eugène. Walter Eugène. Walther Oscar. Waltz André. Weber-Jacquel Charles. Wegelin Ferdinand. Wegelin Gustave. Wehrlé-Sonderegger . Weiller Benjamin. Weimann-Bohn, Mathias. Weiss Albert. Weiss Charles. Weiss-Fries. Weiss Jacques. Weiss-Schlumberger Emile. Weis8-Zuber Armand. WEizSiECKER Charles. Welter Emile. Wennagel, pasteur. Wenning Alfred. Werner, D. M. Wick-Spœrlein Josué. Wild Eugène. Willmann César. Witz Charles. Witz Frédéric. Witz-Urner D. Wohlschlegel Oscar. Wolff-Thœrry V*6. Digitized by GoogI — 112 MM. Wûrth Julien. Wubtz Fritz. Z'berg Jacques. Zekgerlw Gustave. Zetter Alphonse. Zetter Auguste. Zetteji Edouard. Zetter Henri. Ziegler Emile. Ziegler Gaspard. Ziegler Jean. MM. Ziegler Jules. Zimmermann Frédéric. ZlMMERMANN Michel. Zindel Octave. Zuber Emile. Zuber Ernest. Zuber Frédéric père. Zuber Ivan. Zuber Victor. Zundel Charles. Zurcher Charles. Digitized by GoogI — 113 — 8DCIÉTÉ8 CORRESPONDANTES Société industrielle de Mulhouse. Président M. Auguste Dollfus. Société d'histoire naturelle de Cqlmar. Président M. Adolphe Hirn. — POUR LA CONSERVATION DES MONUMENTS HISTORIQUES D' ALSACE. Strasbourg. Président M. le chanoine A. Straub. — belportaine d'émulation — Belfort, Président M. Parisot. — d'émulation de Montbéliard — MontbéliarcL Président M. C. Duvernoy. — d'archéologie lorraine et du Musée historique lorrain, à Nancy. — des Annales de l'Est. — Nancy. M. Ch. Pfister, secrétaire. — philomatique vosGiENNE — Saint-Dié. Président M. H. Bardy. — ACADÉMIQUE D'AGRICULTURE, DES SCIENCES, ARTS ET BELLES- LETTRES de l'Aube, à Troyes. Hi8torische und antiquarische Gesellschaft zu Basel. Président Herr Dr. Achilles Burckhardt, Professor am Pœdagogium zu Basel. Schweizerisches Bundesarchiy — Bern. Bundesarchiv - Director Herr Dr J. Kayser. Allgemeine geschichtporschende Gesellschaft der Schweiz — Zurich. Président Herr Prof. G. von Wyss. HlSTORISCHER VEREIN DER FÛNF OrTE LUZERN, URI, SCHWYZ, UNTER- walden und Zug in Luzern. Président Herr Prof. Jos. Leop. Brandstetter. MEMBRE8 C0RRE8P0N0ANT8 MM. Arthur Benoit, littérateur, à Berthelming. conservateur des archives communales de Strasbourg. l'abbé A. Hanauer, bibliothécaire-archiviste à Haguenau. J. Kindler von Knobloch, généalogiste, attaché au Heroldsamt, h Berlin. Xavier Kohler, archiviste h Porrentruy. Charles de Lasablière, à Saint-Dié. Digitized by VjOOQ 16 — 114 — MM. Chrétien Pfister, professeur d'histoire à la Faculté des Lettres de Nancy. Théod. de Liebenau, Directeur des archives du canton de Lucerne. l'abbé A. Merklen, professeur à l'Université catholique de Paris. Rod. Reus8, conservateur de la bibliothèque communale de Strasbourg. Paul Ristelhuber, littérateur, à Strasbourg. Gh. Schmidt, docteur en théologie, ancien professeur de l'Univer- sité de Strasbourg. D* L. Sieber, bibliothécaire en chef de l'Université de Bâle. Dr Rod. Wackernagel, archiviste d'Etat du canton de Bâle- Ville. Digitized by GoogI TABLE DES MATIÈRES Pages Là SÉCULARISATION DU PBIBUBB DH 8AINT-PIEBBB A COLBLAR 1 Uns chronique suisse inédite du xvi™6 sibolb 18 Médecins bt pharmaciens d'autrefois a Colmar 96 comite d'administration du hu8bb historique % 105 Liste des souscripteurs 106 Sociétés correspondantes 113 Membres correspondants • 113 Digitized by VjOOQ 16 &•* Digitized by GoogI Digitized by GoogI Digitized by GoogI Digitized by GoogI Digitized by GoogI
I dipinti in Elden Ring consentono ai giocatori di prendersi una pausa dal combattimento e tuffarsi in missioni più scenografiche. Non è un segreto che Elden Ring possa essere punitivo. Sebbene sia stato definito il miglior gioco di tutti i tempi da Open Critic, Elden Ring non è per i deboli di cuore. A volte ti imbatterai in determinati articoli che non offrono alcuna spiegazione durante i tuoi viaggi. Il più delle volte, sono abbastanza utili e offrono ricompense interessanti. Uno di questi oggetti sono i dipinti che incontrerai in Elden Ring. Questi offrono fantastiche ricompense se risolvi il puzzle dietro di loro. Ecco dove puoi trovarli tutti e come risolverli! Hai problemi con la tua salute che diventa troppo debole? Trovare ogni seme d'oro è la chiave per migliorare la tua guarigione in Elden Ring. Dal software Ogni soluzione e posizione di pittura per anelli Elden In sostanza, quello che stai cercando è il fantasma del pittore quando crea la sua opera d'arte. Il dipinto ti mostrerà una posizione e dovrai individuare quel punto di osservazione. Una volta individuato, troverai uno Spettro d'artista su una sedia che scomparirà in una nuvola di cenere e lascerà una ricompensa. Lo spettro scomparirà, rivelando la tua software Homing Instinct Paint Posizione + Guida I giocatori possono trovare il dipinto Homing Instinct nella capanna dell'artista a Limgrave. Questo è uno dei dipinti più semplici che troverai in Elden Ring. Il modo più semplice per arrivarci è andare al sito di Agheel Lake North a Grace. Seguire la strada verso est fino ad attraversare il ponte. Da lì vedrai un bivio sulla strada. Vai a sinistra lungo il sentiero e prosegui verso nord. Non rimanere sulla strada! Alla fine, ti imbatterai nella cabina dell'artista. Troverai l'Artista Spettrale sul lato ovest di Limgrave. Vai al sito delle rovine sul mare di Grace e dirigiti a nord. Vedrai lo spettro fissare alcune lapidi. Ti ricompenseranno con il Copricapo da scarabeo. Per saperne di più Anello di Elden tutte le posizioni del mausoleo ambulante Posizione della pittura della profezia + guida I giocatori possono trovare il dipinto della profezia nel castello di Stormveil. Dovrai prima sconfiggere Margit, il Fell Omen, se vuoi accedere al castello! Troverai il Prophecy Board nel cortile appena prima del combattimento con il boss Godrick the Graft. Dal Lifeside Chamber Site of Grace, dirigiti a sud dove troverai un Giant e un Rotten Stray Dog. Guarda a destra e dovresti vedere una porta che conduce alla biblioteca. Troverai il dipinto qui. Puoi trovare l'artista spettrale nella penisola piangente. Dirigiti semplicemente alla Chiesa del pellegrinaggio, a nord della mappa, e proprio sul bordo della scogliera apparirà uno Spettro dell'artista. Ti ricompenseranno con il Ceneri di Warhawk. Posizione della pittura della resurrezione + guida Troverai il dipinto della resurrezione a Liurna dei laghi in una capanna d'artista. Incontro presso il sito di Grace a nord dell'autostrada Liurna. Da lì, sali sul sentiero a nord-ovest. Continua sulla strada e alla fine incontrerai la capanna dell'artista. Qui troverai il dipinto della risurrezione. Puoi trovare lo Spettro Fantasma a Caria Manor, nella zona nord-orientale dei laghi di Liurna. Lo stesso sito dove puoi trovare l'ambita Night & Flame Sword. Lo Spettro sarà in un'area del cimitero a nord-est di Caria Manor. Puoi accedervi solo dopo aver sconfitto il Cavaliere Reale Loretta, quindi ti consigliamo di aggiornare le tue boccette prima di andare lì. Avrai bisogno di tutte le cure che puoi ottenere. Dopo la battaglia, dirigiti verso l'arco ora sbloccato e verso est. Troverai lo spettro vicino a una lapide nel cimitero. Ti ricompenseranno con a Berretto da studioso giovanile, tunica da studioso giovanile e lacrima larvale che puoi usare per rispettare il tuo personaggio. Potresti voler rispettare il tuo personaggio più spesso di quanto pensi. Assicurati di sapere dove trovare tutte le Larval Tears! Posizione della pittura di Redmane + Guida Il dipinto Redmane sarà uno dei dipinti più complicati che dovrai risolvere in Elden Ring. Per trovare il dipinto, devi andare da Caelid. Quindi vorrai avere già con te alcune armi abbastanza potenti, poiché i nemici qui possono punire i nuovi arrivati. Avrai voglia di viaggiare velocemente al Selia Under-Stair. Da lì, sali le scale e gira a destra finché non vedi alcune rovine alla tua sinistra. Vedrai il dipinto sotto un arco. The Redmane Painter implicherà una certa piattaforma. Quindi preparati a morire per essere caduto più volte. Raggiungi il sito di Grace a Dragonbarrow Fork e dirigiti al Minor Erdtree. Da lì, vedrai nemici con pentole rotte. Vai nell'area meridionale di questa regione e vedrai una radice di roccia. Saltateci sopra e poi scendete alle altre radici. Consigliamo di partire a piedi, poi una volta raggiunte le due piattaforme dei pilastri, salire a cavallo. Una volta giù, vedrai una scogliera che domina un campo di battaglia. Ma attenzione perché qui c'è un gigante brutale. Il fantasma dell'artista sarà vicino al bordo della scogliera. Ti ricompenseranno con il Pioggia di frecce Ceneri di guerra. Hai mai incontrato Starscrouage Radahn? Potresti voler salire di livello prima di farlo. Posizione della pittura della canzone del campione + guida Troverai il dipinto La Canzone del Campione nel Castello Ombroso. Raggiungi il sito di grazia di Shady Castle Ramparts e dirigiti a est sul sentiero di pietra. Prosegui finché non incontri un'area aperta alla tua sinistra con un pilastro di pietra che ti porta giù. Ci saranno nemici scheletrici e lumache qui. Guarda ad est e vedrai una piattaforma di legno. Dirigetevi verso le scale e salite. Troverai il dipinto qui. Per trovare il fantasma dell'artista di Champion's Song, dovrai recarti al Rampartside Path Site of Grace. Da lì, vai a est finché non incontri un fulmine attorno a fiori giallo brillante. Da lì vorrai arrampicarti sulla scogliera dietro di te, quindi proprio accanto ad essa finché non vedrai alcune rocce puoi saltarci sopra. Dirigiti verso l'angolo della scogliera e qui vedrai il fantasma del pittore. Ti ricompenseranno con a arco per arpa. The Lands Between è enorme. Sapere dove trovare tutte le posizioni di Site of Grace renderà molto più facile trovare questi dipinti! Posizione + guida per la pittura di uccelli incapaci di volare Trovare il dipinto dell'uccello incapace di volare può essere relativamente facile se hai la Fortified Mansion, Grace Site al primo piano, poiché si trovano nella stessa stanza. In caso contrario, dirigiti al Grace Site del Western Capital Rampart e dirigiti a nord sul piccolo sentiero. Da lì, guarda alla tua sinistra. Dovresti vedere una porta gigante al livello più basso. Fatti strada qui. Una volta dentro, dirigetevi verso la porta sulla destra e seguitela fino a raggiungere il Palazzo Fortificato, Sito delle Grazie al primo piano. La vernice sarà proprio lì. Il pittore di uccelli senza volo si troverà a nord del villaggio del mulino a vento alla fine del percorso qui. Se questa è la tua prima volta qui, fai attenzione perché ci sarà un mortale boss dell'Apostolo Pelle di Dio. Sconfiggili e attiva il sito della grazia di Windmill Heights. Da lì, dirigiti a sud-est fino a incontrare un gruppo di nemici danzanti con petali rosa ovunque. Il pittore sarà sull'orlo della scogliera. Ti ricompenseranno con il Incantesimo del peccato mortale del fuoco. Per saperne di più Elden Ring come ottenere Black Knife Tiche – Nuova posizione di evocazione + Migliore mappa delle ceneri spirituali. Posizione del dipinto dello stregone + guida Il dipinto dello stregone si trova a Giant's Peaks, una delle aree di fine gioco di Elden Ring. Per arrivarci, dovrai sconfiggere Morgott the Omen King, alcuni dei quali non sono così semplici. Potresti prendere in considerazione l'idea di equipaggiare il Bloodhound's Step Ash of War, poiché eviterai molto. Dovrai andare al sito Grace del cancello principale di Castle Sol. Da lì devi entrare nel castello e sconfiggere due bestie leoni con le spade. Può essere un po' complicato, ma se preferisci ignorarli, evita le punte sul lato sinistro. Da lì, sali le scale e vai a destra. Vedrai una stanza di fronte a te sulla sinistra con le lumache. Sali la scala all'interno. Una volta sul tetto, devi solo farti strada attraverso il sentiero. Incontrerai nemici spettrali che possono svanire e baliste che lanciano frecce esplosive. Schiva fino alla fine, dove vedrai una scala che scende. Scendi la scala. La vernice sarà proprio lì. Per ottenere il pittore mago, dovrai dirigerti a sud di Castle Sol. Viaggio veloce al sito di Grace di Freezing Lake. Dirigiti verso la scogliera appena a nord di essa, quindi dirigiti a ovest. Alla vostra sinistra vedrete un ponte di pietra. Attraversare il primo ponte di pietra e proseguire verso ovest. Alla fine, ne incontrerai uno vicino al bordo della scogliera. Dirigiti verso il centro e affronta il lato che si affaccia sul fiume ghiacciato. Qui troverai il fantasma del pittore. Ti ricompenseranno con il Pezzo del Grande. Una volta trovati tutti i dipinti, potresti voler assicurarti che tutte le posizioni dei cuscinetti delle campane siano ordinate! Questi ti permetteranno di acquistare più oggetti dai gemelli a Roundtable Hold. Guide alla costruzione di Elden Ring Se sei determinato a trovare tutti questi posti, troverai molti nemici difficili sulla tua strada. Dai un'occhiata a tutte le nostre guide di costruzione per assicurarti di avere l'arma giusta per i tuoi attributi. Guide allo sviluppo
Elden Ring ne manque pas de coins mystérieux et d’énigmes à résoudre, et ce même dans la première zone, avec des bâtiments totalement annexes qui cachent parfois de nombreux trésors. C’est notamment le cas vers une tour près du site de grâce Rempart du Château de Vent-Hurlant, avec les fameuses trois bêtes érudites » à trouver. Voici comment faire pour résoudre l’énigme. Où trouver les trois bêtes sages de Vent-Hurlant ? En arrivant devant la tour, vous remarquerez une statue au pied de l’escalier qui vous parle de trois bêtes érudites à trouver afin de débloquer l’entrée. Pour trouver la première bête, il suffit de se retourner après avoir activé l’énigme. Vous verrez une tortue fantomatique qu’il faudra taper. Pour la deuxième, il suffira simplement d’aller à gauche de l’escalier, dans les buissons pour la trouver. La dernière est un peu moins facile à trouver car elle est invisible. Mais elle se situe dans le petit point d’eau juste à droite des escalier de la tour. En vous approchant de ce point, vous remarquerez les traces de pas de la bête, qu’il suffit de suivre pour la trouver. L’accès à la tour est maintenant débloqué, et vous pouvez monter tout en haut afin de récupérer un Mémolithe, qui vous débloquerez l’accès à un sort supplémentaire à transporter. Où trouver les trois grandes bêtes érudites de la tour de Chelona ? Cette tour de pierre d’éclat se trouve sur l’Autel Lunaire, après avoir battu Astel à la fin de la quête de Ranni. Il vous faudra trouver trois esprits de tortues et les taper pour débloquer la tour. Tout d’abord pour activer l’énigme, il faut absolument interagir avec le livre, et surtout ne pas vous téléporter, ça la réinitialisera. La première tortue se trouve à droite de la tour, à flanc de falaise. N’hésitez pas à lui lancer un pot enflammé par exemple, ou une flèche pour la déloger. La deuxième tortue se trouve beaucoup plus loin, à l’est de l’île. Il suffit de suivre le chemin indiquer et de trouver un petit passage pour laisser tomber en contrebas, et vous verrez facilement cette deuxième tortue qui est la plus facile à repérer. La troisième tortue est un peu plus compliquée à trouver si vous ne connaissez pas l’astuce. En effet, elle se trouve au nord ouest de l’Autel lunaire. Au centre de la forêt se trouve un courant ascendant, empruntez-le avec Torrent car la dernière tortue se trouve juste au dessus et plane dans les airs, donc il faudra mettre un coup en sautant. Ça y est, la tour de Chelona est maintenant ouverte. Il n’y a pas grand chose dans la tour de Chelona, mais au bout, vous trouverez un sort légendaire la fameuse Lune noire de Ranni la sorcière. Il s’agit du même sort que Rennala fait lors de sa deuxième phase. Vous vous changez en lune de glace qui vient s’abattre lentement sur vos ennemis. Attention tout de même, il vous faudra 68 d’intelligence pour pouvoir manier le sort. N’hésitez pas à consulter notre guide complet sur Elden Ring pour avoir plus d’informations sur le jeu, ou consulter notre guide du débutant.
ATTENTION Plusieurs tours existe dans le jeu et donc plusieurs énigmes ! Regarder bien sur la carte le nom que l’on puisse vous aider. 1 – Tour de pierre d’éclat de Testu haut de map ! Vous êtes bloqué devant une porte et un sceau qui demande de tuer 3 bêtes érudites. Le but est de trouver 3 tortues sur l’île pour pouvoir débloquer la porte le sceau. La première tortue se trouve sur votre gauche. Les tortues suivantes se trouve sur un arbre derrière le bâtiment puis en descendant sur le coter voir le clip Twitch juste à coter. Clip twitch pour vous aider pour la tour de Testu.. Oubliez pas de lâcher un petit follow si ça vous a aidé ! 2 – Tour de pierre d’éclat de d’Oridys bas de la map ! Exactement pareil faut tuer les tortues. La première se situe juste derrière vous ! Puis dans buisson juste à gauche de la première mission Et la dernière se trouve dans la mare à droite. Elle est invisible mais elle fait des petit pas dans l’eau visible. Si vous avez le multijoueur c’est assez simple de la reperer. Clip twitch pour vous aider pour la tour de Testu.. Oubliez pas de lâcher un petit follow si ça vous a aidé ! Récompenses des tours d’éclat ? Elle vous donne des Mémolithe qui permette d’augmenter votre nombre de sort emplacement ! Où trouver des mémolith dans Elden Ring ? Du coup le haut de la page vous répond exactement où les trouver ! Vous pouvez aussi avoir un mémotith en tuant Le loup cramoisi de Radagon ! Si vous cherchez de l’aide ou avez besoin de tuto vidéo, vous pouvez demander directement sur le stream ou le discord ! Stream Twitch Alucare Discord Discord Top des meilleurs classe Elden Ring Wiki Elden Ring Vous êtes bloquer quelque part d’autres ? N’hésitez pas à me demander !
Jérusalem délivrée 1581traduction Charles-François LebrunGerusalemme liberataSortie 24 octobre 1997 France. Romanlivre de Le TasseRésumé La Jérusalem délivrée est un modèle parfait de composition. C’est là qu’on peut apprendre à mêler les sujets sans les confondre l’art avec lequel le Tasse vous transporte d’une bataille à une scène d’amour, d’une scène d’amour à un conseil, d’une procession à un palais magique, d’un palais magique à un camp, d’un assaut à la grotte d’un solitaire, du tumulte d’une cité assiégée à la cabane d’un pasteur, cet art est admirable» Chateaubriand. Le poème du Tasse a nourri l’imaginaire de générations d’écrivains et d’artistes jusqu’au milieu de notre siècle. Nous avons choisi, pour retrouver la saveur et l’intensité de cette œuvre magique, une traduction en prose du XVIIIe siècle, élégante et précise, qui parvient à rendre le lyrisme et l’ampleur du récit épique dans un rythme Grande épopée de chevaliers partant en croisade pour libérer la cité sainte. Défilé de vaillants combattants de parts et d'autres, soupçons d'amour, de sortilèges, de retournements, et de grande bataille épique. Toujours avec une écriture assez charmante. Bon, par contre, ça fait bien timide à côté de l'explosif Roland Furieux. Vaut mieux les lire dans l'autre ordre du coup ! de mes bêtesSortie 17 février 2000 France. Roman, Biographielivre de Alexandre DumasKxking a mis 7/ Francis Lacassin, fin connaisseur de l'œuvre du maître à la belle tignasse, tenait depuis longtemps à voir réédité le livre qu'on va lire. Parce qu'il savait que Dumas avait lui-même quelques raisons d'y tenir qu'il ne s'agissait pas purement et simplement d'un de ces ouvrages de chic que l'écrivain vous sortait un matin de sa poche dans l'espoir de regarnir celle-ci encore que les ouvrages en question soient parfois épatants ; qu'il y avait logé quelque chose de plus, quelque chose qui ressemblait à un aveu... Ainsi nous revient, après une longue absence, ce bouquet de récits qui eut son heure de gloire dans l'ombre des Mousquetaires et de Monte-Cristo... Et dont on a tenu à garder ici les gravures d'origine. Dumas au sommet de sa gloire les années 1845-1850 fait bâtir à Port Marly, au bord de la Seine, un château de songe idéal moyen de se ruiner. Le seigneur des lieux rêve d'y faire la fête, mais travaille d'abord à son œuvre. Enfin et surtout, il profite de sa retraite dorée pour s'entourer d'une ménagerie parfaitement extravagante. Il a rassemblé là, au hasard de ses escapades, les animaux les plus étranges des animaux qui lui ressemblent... L'un d'entre eux surtout ! Portrait de l'artiste en chien fou...Annotation Anecdotes et souvenirs de Dumas liés à ses animaux, et le sieur en avait une petite ménagerie. Assez savoureux sans être passionant. Dommage aussi qu'il y ait autant de chasse, mais bon ça reste bien 1984Sortie juin 1987 France. Conte, Romanlivre de René BarjavelKxking a mis 7/ Qui ne connaît pas Merlin ? Il se joue du temps qui passe, reste jeune et beau, vif et moqueur, tendre, pour tout dire Enchanteur. Et Viviane, la seule femme qui ne l'ait pas jugé inaccessible, et l'aime ? Galaad, dit Lancelot du Lac ? Guenièvre, son amour mais sa reine, la femme du roi Arthur ? Elween, sa mère, qui le conduit au Graal voilé ? Perceval et Bénie ? Les chevaliers de la Table Ronde ? Personne comme Barjavel, qui fait le récit de leurs amours, des exploits chevaleresques et des quêtes impossibles, à la frontière du rêve, de la légende et de l'Histoire. Dans une Bretagne mythique, il y a plus de mille ans, vivait un Enchanteur. Quand il quitta le royaume des hommes, il laissa un regret qui n'a jamais guéri. Le voici Intéressant car le roman propose un condensé de pas mal d'éléments de la quête du Graal. Et aussi parce que Barjavel humanise grandement ses personnages, et les rend plus touchants, émotifs en particulier Merlin et son élue. Le côté enchanteur est présent, et le tout se lit facilement. Après, c'est quelque peu sombre, et on a pas le côté féérique naîf de Chrétien de Barnett et Cie 1928Sortie 1928 France. Recueil de nouvelleslivre de Maurice LeblancKxking a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de Les enquêtes de l'inspecteur Béchoux piétinaient. Surgit un détective privé, de l'agence Barnett et Cie, qui, en un clin d’œil, démasque le coupable, sauve les innocents... et tout cela gratuitement ! Arsène Lupin - il n'y a que lui pour réussir ces exploits - oublierait de se payer, resterait insensible aux jolies choses ? Charité bien ordonnée commence par soi-même. Lupin sait mieux que personne où trouver l'argent et les objets de valeur, un fabuleux collier de perles, une lettre d'amour du roi George IV, une lettre de chantage, un titre de propriété... Espiègle et généreux, d'une adresse et d'une intuition diaboliques, Arsène Lupin nous séduit encore dans ces huit aventures criminelles où le méchant est toujours puni et Barnett toujours enrichi !Annotation Suite d'histoires courtes où Lupin mène des enquêtes pour épauler à son grand dam un enquêteur de la police. Efficace et bien Cavalier suédois 1936traduction Martine KeyzerDer schwedische ReiterSortie 1987 France. Romanlivre de Leo PerutzKxking a mis 6/ Au début du XVIIIe siècle, en Silésie, près de la frontière polonaise, un jeune officier déserteur d'origine suédoise, Christian von Tornefeld, et un voleur sans nom promis au gibet échangent leurs identités. C'est le début d'une nouvelle vie pour le vagabond devenu le Cavalier suédois, mais pourra-t-il échapper à son destin ?Annotation ça aurait pu faire une nouvelle sympathique mais le roman étire tout ça beaucoup trop. Le propos est délié avec longueurs. Dommage, des moments prenant et d'autres beaucoup moins. Bon, ça reste court donc ça Huit Coups de l'horloge 1923Sortie 1923 France. Recueil de nouvelleslivre de Maurice LeblancKxking a mis 7/ Pour distraire et séduire une jeune femme, Arsène Lupin, sous l'identité du prince Serge Rénine, va s'attacher à résoudre huit énigmes en sa Encore un volume d'histoires courtes. Lupin s'allie cette fois à une demoiselle qui lui a tapé dans le monocle pour mener 8 aventures. Comme toujours en format court, c'est efficace et Dame de MonsoreauSortie 1846 France. Romanlivre de Alexandre DumasKxking a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de Paris, une nuit de février 1578. Dans une ruelle sombre des abords de la Bastille. Louis de Clermont d'Amboise, sire de Bussy, gentilhomme courageux et loyal, tombe dans l'embuscade que les mignons du roi Henri III lui ont tendue. Seul contre cinq, il ne doit la vie sauve qu'à l'intervention providentielle d'une belle inconnue blonde comme un ange...Annotation Là où la reine Margot m'avait barbé par son ton relativement sombre, manquant de truculence, ce tome lui englobe pleins de choses sentiments amoureux candides, bonne chaire et bons vins, personnages cocasses, personnages délicieux et traits d'esprits, gentilhommes, aventures, complots.. Et le tout en variant les tons sentimental, sombre, intriguant, comique, truculent, haletant.. ça donne un roman bigarré qui se lit drôlement bien et qui s'apprécie de mieux en mieux au fil de la Demeure mystérieuse 1928Sortie 1928 France. Policier, Romanlivre de Maurice LeblancKxking a mis 7/ La noble demeure du comte de Mélamare a été le théâtre de plusieurs enlèvements. Les victimes ? Une actrice et un mannequin. La comtesse et son frère sont-ils coupables ? Difficile à croire. Arsène Lupin prend l'affaire en main. Au milieu de toutes ces dames, le célèbre cambrioleur va devoir agir en véritable gentleman. C'est en 1907 que Maurice Leblanc crée le personnage d'Arsène Lupin, dont les premières aventures paraissent sous forme de nouvelles dans Je sais tout, une revue célèbre de l' Pas fou fou, mais ça reste du bon Comtesse de Cagliostro 1924Sortie 1924 France. Romanlivre de Maurice LeblancKxking a mis 7/ C'est ici la première aventure d'Arsène Lupin, et sans doute eût-elle été publiée avant les autres s'il ne s'y était maintes fois et résolument opposé. "Non, disait-il, entre la comtesse de Cagliostro et moi, tout n'est pas réglé. Attendons." L'attente dura plus qu'il ne le prévoyait. Un quart de siècle se passa avant le règlement définitif. Et c'est aujourd'hui seulement qu'il est permis de raconter ce que fut l'effroyable duel d'amour qui mit aux prises un enfant de vingt ans et la fille de Encore une fois, ça pousse un peu dans la longueur du long récit, mais c'est plaisant d'avoir Lupin avant d'être Lupin, déjà débordant d'enthousiasme et d' Vera 2007Récits du vieux royaumeSortie avril 2007. Recueil de nouvelles, Fantasylivre de Jean-Philippe JaworskiKxking a mis 7/ Le vieux royaume n'est plus que le souvenir de sa grandeur passée, une société féodale et chamarrée où des héros se dressent contre leur Depuis le temps que j'entends parler de cet auteur. Bouquin un peu déconcertant car chaque récit est littéralement un exercice de style. Du coup c'est un peu inégal à moins qu'on soit client au même niveau de tous les styles employés ici. On passe de la fantasy assez brute roi barbare torturé avec du mystère, un récit à la Pratchett franchement plaisant et drôle, un récit à la première personne très prenant et truculent, un récit plutôt sombre faisant plus penser à du Buzzati dans la morne campagne médiévale, un récit fantasy fantastique et combat. Bonne rencontre avec l'auteur qui semble assez rusé. Bon par contre, les placements de mots rares font parfois un peu forcés par contre, mais bon, ça gêne pas le plaisir et coup de coeur pour le perso Benvenuto, ça tombe bien pour enchaîner sur Gagner la la guerre 2009Sortie février 2009. Roman, Fantasylivre de Jean-Philippe JaworskiKxking a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de Don Benvenuto est au service du Podestat de la République mais est toujours très habile pour se fourrer dans les pires situations qui On retrouve avec plaisir la fripouille bavarde à l'héroïsme et à la narration. L'écriture est toujours aussi fluide, même avec les mots rares qu'on ne comprend pas quand on a la flemme d'ouvrir le wiktionnaire. ça se lit donc tout seul et l'univers est bien retranscrit, tout en couleurs et en sensations. L'écriture de qualité, même si les mots rares font parfois un peu forcés. Bon après, le pavé est peut-être un peu trop long, il y a un peu de remplissage et on sent comme une histoire volontairement complexifiée. ça perd un peu en efficacité par rapport à la nouvelle "Mauvaise Donne". 'fin bref, le pinaillage mis de côté un bon moment ! Frères Sisters 2011The Sisters BrothersSortie 1 septembre 2012 France. Romanlivre de Patrick de WittKxking a mis 3/ Oregon, 1851. Eli et Charlie Sisters, redoutable tandem de tueurs professionnels aux tempéraments radicalement opposés mais d’égale et sinistre réputation, chevauchent vers Sacramento, Californie, dans le but de mettre fin, sur ordre du “Commodore”, leur employeur, aux jours d’un chercheur d’or du nom de Hermann Kermit Warm. Tandis que Charlie galope sans états d’âme – mais non sans eau-de-vie – vers le crime, Eli ne cesse de s’interroger sur les inconvénients de la fraternité et sur la pertinence de la funeste activité à laquelle lui et Charlie s’adonnent au fil de rencontres aussi insolites que belliqueuses avec toutes sortes d’individus patibulaires et de visionnaires qui hantent l’Amérique de la Ruée vers l’or. Dans ce roman jubilatoire où l’humour noir le dispute à une subtile excentricité, Patrick deWitt rend un hommage décalé aux classiques du western tout en invitant le lecteur à en explorer les ténèbres, sous l’inoubliable houlette de deux frères moins liés par le sang et la violence que par l’indéfectible amour qu’en silence ils se Chaudement recommandé, il a froidement déçu. Inspiration au ras du gazon, narration au style des plus pauvres que en fait c'est pour coller au personnage du narrateur qui réfléchit pas très vite oui bon certes certes, reste que cela devient vite lassant, déroulé blasant, personnages qui ne sont pas attachants, retournements de situation qui laissent indifférents. En bref, zéro émotion ressentie, ennui total. Quarante-Cinq 1847Sortie 1847 France. Romanlivre de Alexandre DumasKxking a mis 7/ L'action se passe entre 1585 et 1586, treize ans après le massacre de la Saint-Barthélemy. Ayant succédé à son frère Charles IX, Henri III règne depuis dix ans sans avoir réussi à calmer l'agitation politique et religieuse qui livre le royaume aux Suite et malheureusement fin de la trilogie, dont on sent bien qu'un quatrième tome était à venir mais n'est pas viendu. Agréable lecture pour les éléments habituels qui me plaisent traits d'esprit, bonhommie, complots, aventure, dialogues qui filent tout seuls et puis aux deux-tiers du livre, ça devient bien dramatique et sombre et si ça reste efficace, c'est moins plaisant. L'équilibre n'est pas aussi bien tenu que dans l'épisode précédent. Mais ça reste bien Bouchon de cristal 1912Sortie 1912 France. Policier, Romanlivre de Maurice LeblancKxking a mis 7/ Arsène Lupin cambriole la villa du député Daubrecq. Mais les choses tournent mal ses deux complices, Gilbert et Vaucheray, sont arrêtés. Lupin parvient à s'enfuir avec un bouchon de cristal que lui a remis Gilbert, mais qui disparaît aussitôt. Voulant absolument délivrer Gilbert qui risque l'échafaud, Lupin espionne Daubrecq et découvre que ce dernier n'est autre qu'un maître chanteur. Il posséderait une liste de 27 noms impliqués dans l'affaire du canal de Panama. Document explosif qui serait caché dans le fameux bouchon de cristalAnnotation Rythme haletant avec une deadline léthale fixée au début, ça se lit bien. Un peu faible niveau mystère / ingéniosité par 1948Sortie 1948 France. Récitlivre de Blaise CendrarsKxking a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de Bourlinguer est un recueil de onze récits publié par Blaise Cendrars en 1948 chez Denoël. C'est à l'origine une œuvre de commande chaque récit devait accompagner une gravure de Valdo Barbey, mais le développement considérable de certains textes a entraîné la transformation du projet et finalement la création d'une œuvre à part entière. Les 11 récits réunis dans Bourlinguer sont de dimensions très variables et chacun d'entre eux porte le nom d'un port, réel ou Des récits / anecdotes autobiographiques reliés à des villes un peu partout sur le globe. ça peut être intéressant mais c'est surtout passionnant. D'une part, parce que le Blaise, c'était un bourlingueur, un aventurier qui a traversé des déserts pour faire du troc, porté volontaire à la guerre, écumé les mers comme marin, et vécut foultitudes d'expériences les plus diverses un peu partout avec tout le monde. Le genre à dévorer des livres, autant qu'à se réjouir d'une bonne bagarre, à boire des coups plus qu'il n'en faut et fréquenter les bordels en habitué. D'autre part, parce que le Blaise a une écriture qui se lit d'une traite. ça coule tout seul, les mots s'enchaînent, se suivent, se poursuivent. Ils vous alignent les verbes, les épithétes, les parenthèses, les digressions... pour finir par faire vous avaler des phrases longues de trois pages sans que ça vous fasse sourciller et qu'on en redemande. Une sacrée vie, autant dans le fond que dans la forme ! des délicatesses du français contemporainSortie février 2009 France. livre de Renaud CamusKxking a mis 6/ Sous la forme d'un dictionnaire des erreurs fréquentes d'emploi de vocabulaires ou syntaxes principalement. Sympathique pour la lecture picorée, notamment sur les emplois à tort par exemple, achalandé veut dire qui attire beaucoup de chalands et non pas bien fournis en marchandises, mais l'auteur vire facilement au réac' se piquant de tics de langages sans arrière-pensées ou s'irritant des mots un peu flexibles. Et bon, moi j'aime les jeux sur les mots, les tordre, les malaxer, alors y a des choses intéressantes mais ça ne donne pas envie de trinquer en conversant avec le sieur.. d'un corps 2012Sortie 9 février 2012. Romanlivre de Daniel PennacKxking a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de Le narrateur a commencé à tenir scrupuleusement le journal de son corps à l'âge de douze ans, en 1935. Il l'a tenu jusqu'à sa mort, en 2010, à 87 Le principe est un journal répertoriant les anecdotes et les réflexions liées au corps, et plus globalement au sens et sensations. Dis comme ça, on pourrait craindre le narrateur qui se regarde littéralement dans la glace pendant 60 ans, mais en fait ça donne un enchaînement de petites histoires où y a certes le rapport à son propre corps, les angoisses, mais aussi les relations aux autres, le père atypique, la mére de substitution, les vacances à la campagne, et toutes les étapes de la vie. Bis repetita, dit comme ça, ça sent la suite de clichés. Et c'est vrai. Sauf que le style est très bon phrases courtes et enlevées avec de chouettes tournures donnant une verve efficace. La patte Pennac en somme. Et au final, c'est agréable de lire le narrateur peu importe ce dont il parle. Mais comme ça le style le rend le sympathique, le propos est également du juif errant 1991Sortie janvier 1991. Romanlivre de Jean d'OrmessonKxking a mis 7/ À Venise, au pied de la Douane de mer, en face du palais des Doges et de San Giorgio Maggiore avec son haut campanile, deux jeunes gens qui s'aiment vont écouter, le soir, un personnage surprenant qui porte beaucoup de J'avais croisé le mythe du Juif Errant mentionnés dans d'autres bouquins, et cela m'avait intrigué. Une image d'un barbu marchant avec son bâton à travers les siècles. Je n'en savais pas plus. Et je croise ce bouquin dans un Relay. D'Ormesson ? j'avais un a priori d'une écriture trop polissée, mais bon ça se tente. Du coup, le Juif Errant raconte à deux jeunes de notre époque, une foule d'histoires qu'il a vécues, le récits se faisant tous en parallèles par de minis chapitres. A peu près chacune de ces histoires est mêlée à l'Histoire, il tient des rôles actif en croisant Néron, Chateaubriand, la Révolution, les invasions barbares, la découverte de l'Amérique par Collomb etc. D'où un côté aventures assez plaisant. Un peu aride sur les premières pages, l'écriture est en fait très fluide, et les phrases s'enchaînent sans problème même quand elles se répètent parfois. Certes, d'Ormesson insére autant de noms propres de personnalités et de lieux ou de faits historiques qu'il peut, mais ça n'alourdit pas le propos. Et au contraire, ça rentre dans la démarche du bouquin et du propos du Juif Errant qui est de tisser une vision globale de l'Histoire humaine et de tout ce qu'elle a produit. D'où aussi pas mal de digressions philosophiques et méta-physiques. Ces parenthèses passent bien aussi mais ça se répète quand même un peu dans le propos au bout d'un moment bon c'est un vieux de 2000 ans, faut bien qu'il radote un peu, et ça perd un peu du côté Dictateur et le hamacSortie 2003 France. Romanlivre de Daniel PennacKxking a mis 6/ Ce serait l'histoire d'un dictateur agoraphobe qui se ferait remplacer par un sosie. Ce serait l'histoire de ce sosie qui se ferait à son tour remplacer par un sosie. Mais c'est surtout l'histoire de l'auteur rêvant à cela dans son hamac. Et c'est l'éloge du hamac ce rectangle de temps suspendu dans le Le style Pennac a toujours le sens des bonnes expressions, et ce petit sourire aux lèvres. ça se lit bien, le bonhomme sait toujours écrire. Mais voilà, il n'avait une histoire que pour une nouvelle. Du coup, il sort du récit pour raconter des souvenirs du Brésil, faire un spin-off de l'histoire en rabâchant et ça devient un peu longuet. Alors ça se lit bien, mais on voit clairement qu'il était pas très inspiré niveau contenu, du coup ça manque de rythme, sa verve n'a pas la même urgence que d'habitude, et ça donne l'impression qu'il improvise au fur et à mesure de l'écriture et ça fait un peu du surplace. Tricheur Vie dangereuseSortie 1 janvier 1937 France. Récitlivre de Blaise CendrarsKxking a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de La Vie dangereuse est composée de cinq récits dans lesquels se mêlent des souvenirs de l'auteur, des bribes d'enquêtes journalistiques à travers le monde, Amérique du Sud, Antarctique... des réflexions en forme d'essai. Cette trame discontinue épouse le rythme de la vie d'aventurier de Cendrars pour qui la vie moderne est en elle-même un C'est reparti pour des anecdotes et tranches d'aventures du roublard Cendrars. Exotisme et écriture volubile font encore bon ménage. Et y a pas à dire, quand ça plaît le plus, c'est quand la personnalité de l'auteur déborde sur son écriture, qu'il parle de lui et de son intérêt pour les choses et que l'enthousiasme s'emballe. Pas aussi bien que Bourlinguer, mais bon, c'est le problème quand on commence par le haut du panier ! VII 1942VII. OlivérSortie 1942 Hongrie. Romanlivre de Antal SzerbKxking a mis 6/ Oliver VII est le tout jeune roi du royaume d’Alturie mais il ne veut plus régner sur un pays au bord de la faillite et dont les seules ressources demeurent le vin et la sardine. Il décide alors d’organiser un coup d’état contre lui-même... Ce faux complot aboutit et le roi abdique puis disparaît. C’est en Italie que le peintre Sandoval le retrouve, il est devenu Oscar, un petit escroc. Il va vite s’apercevoir, lors d’une de ces escroqueries loufoques, qu’il est bien difficile d’échapper à son destin... Mille personnages se mêlent, les quiproquos se multiplient, les situations sont cocasses et absurdes, voilà une histoire qui évoque irrésistiblement Shakespeare !Annotation Court roman à cheval entre le récit et la pièce de théâtre. Sur un ton léger, avec de l'humour. Sympathique mais ça m'a pas plus pris que ça. A la limite, j'aurais trouvé ça mieux en plus axé sur l'humour et les dialogues, en pièce de théâtre entière en fruits de la passion 1999Sortie 1999 France. Romanlivre de Daniel PennacKxking a mis 7/ La tribu Malaussène et ses proches ont le regret de vous annoncer le mariage de Thérèse Malaussène avec le comte Marie-Colbert de Roberval, conseiller référendaire de première classe. Cet avis tient lieu d' Après le retour à Pennac, le retour aux Malaussène. L'histoire en elle-même n'est pas des plus fameuses, oui mais la narration du chef de la tribu est toujours un régal, toujours aussi enlevée et efficace. On est en dessous des précédents tomes, mais comme celui là est court et que j'avais fait une grande pause dans la saga, pas de lassitude et ça se lit tout chrétiens et des MauresSortie 1996 France. Romanlivre de Daniel PennacKxking a mis 7/ Je veux mon papa » un matin, au réveil, le Petit a, tranquillement mais fermement, affirmé son exigence. Malgré les efforts de la tribu », rien ne semble pouvoir redonner l'appétit au Petit qui, atteint d'une crise de bartlebisme » aiguë, préférerait son papa ». C'est en se confiant à son ami Loussa que Benjamin Malaussène va retrouver dans les livres la piste du géniteur romanesque de son petit Et on enchaîne ensuite pas avec la suite, mais avec le tome précédent, tout petit petiot 84 pages mal tassées. Récit court mais qui avance d'une traite avec les ingrédients habituels. Valeur sûre. Pour le coup, la brieveté est plutôt bien vue même si ça fait cher la page. voyager avec un saumon 1992Il secondo diario minimoSortie 1997 France. Recueil de nouvelleslivre de Umberto EcoKxking a mis 6/ Umberto Eco Comment voyager avec un saumon Avez-vous déjà eu besoin de mettre un saumon fumé dans le mini-frigo de votre chambre d'hôtel ? Tenté d'installer un logiciel en lisant les trois volumes d'explications fournis par le fabricant ? Renoncé à prendre un médicament anodin en raison des risques terribles que sa notice fait peser sur certains sujets» ? Entrepris de chercher du sexe sur Internet oe Si vous répondez oui à l'une de ces questions, alors vous vous reconnaîtrez dans les pages de ce livre, qui relate, sur un mode hilarant et, hélas, vraisemblable, les aventures et mésaventures de l'homme d'aujourd'hui. En guise de bouquet final, vous découvrirez la Cacopédie un hallucinant voyage dans le savoir scientifique moderne poussé vers la folie à force d'atomisation et de luxe théorique... L'universitaire spécialiste de sémiologie, le romancier érudit et puissant du Nom de la rose et de L'Ile du jour d'avant livre ici un autre visage celui, moqueur et généreux, d'un observateur de notre temps et de sa folie ordinaire. Il convient d'ajouter qu'on éclate de rire à chaque L'érudit Umberto Eco s'improvise chroniqueur humoriste. Ouais ! Mi-figue, mi-raisin. J'aime pas les figues. En fait, bon, y a des choses plutôt drôles. ça se lit sympa. Sauf que la verve est un peu réservée, ça fait pas très naturel, on sent quand même l'académicien. Il aurait fallu aller jusqu'au bout tant qu'à râler sur la bêtise du quotidien, on sent pas les tripes ! Et puis une partie du propos est un peu convenue, une autre est rébarbative les postiches étant toujours aussi barbant que le matériau de base, c'est une règle. Du coup, j'ai sauté quelques pages et lu quelques autres en Chameau sauvageSortie 1997 France. Romanlivre de Philippe JaenadaKxking a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de " Un jour, ce n'est rien mais je le raconte tout de même, un jour d'hiver, je me suis mis en tête de réparer le radiateur de ma salle de bains . Je ne sais pas ce qui m'est passé sous le crâne ce jour-là, je me suis cru l'un de ces magiciens de la vie pour qui tout est facile. Il faut dire que jamais encore je n'avais été confronté à de réels obstacles, alors naturellement, j'étais naïf. "Halvard Sanz est un gentil garçon. Signe particulier doué pour les catastrophes en série. Il y a des gens qui n'ont pas de chance mais qui, genoux à terre, toujours se relèvent. Halvard est de ceux-là. Quête initiatique, roman picaresque, amour allégorique, loufoques aventures servies par une verve intarissable Mais le chameau sauvage, dans tout ça ? Quand vous en connaîtrez le principe, comme Halvard, vous verrez la vie Le narrateur commence à narrer ses mésaventures à partir d'un accident de radiateur, première d'une longue série d'embûches. Loser, stressé, désinvolte, il aligne les phrases enlevées, ça fuse et refufuse dans le texte avec parenthèses dans les parenthèses et multiples appartés. Bon rythme bien ciselé, écriture franchement réussie, pour la forme, pour le fond, c'est assez comique et burlesque au début, jusqu'à virer à limite du trop de pathos à la fin, mais c'est justifié. Sourire, tension, amusement, déglingue amour, sens de la vie, un roman 1992Sortie février 1992. Essailivre de Daniel PennacKxking a mis 6/ Les droits imprescriptibles du lecteur 1. Le droit de ne pas lire. 2. Le droit de sauter des pages. 3. Le droit de ne pas finir un livre. 4. Le droit de relire. 5. Le droit de lire n'importe quoi. 6. Le droit au bovarysme maladie textuellement transmissible. 7. Le droit de lire n'importe où. 8. Le droit de grappiller. 9. Le droit de lire à haute voix. 10. Le droit de nous Des anecdotes vraies ou fictives pour souligner que pour que les gens lisent, il faut avant tout leur faire aimer la lecture et qu'elle ne soit pas une corvée. Bon, en fait, un long article aurait remplacer le livre pertinemment. Après, c'est très court et Pennac se lit toujours bien, et on peut y chiper quelques envie de Chef-d'œuvre inconnu 1831Sortie 1831 France. Romanlivre de Honoré de BalzacKxking a mis 5/ À Paris, au début du XVIIe siècle, trois peintres devisent de leur art. L'un est un jeune inconnu, promis à la gloire Nicolas Poussin. Le deuxième, Franz Porbus, portraitiste officiel de feu le roi Henri IV, est, lui, dans la plénitude de son talent et au faîte de la renommée. Le troisième, maître Frenhofer, personnage plein de mystère qui a côtoyé les plus grands maîtres et assimilé leurs leçons, met la dernière main dans le plus grand secret à un bien mystérieux chef-d'oeuvre ». Il faudra que Gillette, la compagne de Poussin, en qui Frenhofer espère trouver le modèle idéal cherché en vain depuis des années, soit admise dans l'atelier du peintre pour que, y pénétrant derrière elle, Porbus et Poussin découvrent le tableau dont Frenhofer gardait jalousement le secret. Et cette découverte les plongera dans la stupéfaction. Ce conte fantastique» à la manière d'Hoffmann est aussi une méditation sur le pouvoir de l'esprit dans le domaine de l'art. Il prend naturellement sa place parmi les Études philosophiques de La Comédie Apparemment, c'est intéressant en tant que discours sur l'art et la manière de l'appréhender par les artistes. Soit. En tant que lecteur qui veut se divertir, on voit la trame s'amener progressivement et puis euh ah d'accord c'est fini. Comme ça là, ce qu'on devinait c'est ça ? ah bon. Euh. ça ne m'a pas fait rougeSortie 1831 France. Roman, Recueil de nouvelleslivre de Honoré de BalzacKxking a mis 4/ Dans une auberge au bord du Rhin sont réunis par le hasard deux jeunes Français et un riche négociant allemand qui passent une agréable soirée avant d'aller se coucher. Au petit matin, on retrouve le négociant décapité... Dans les brumes de l'Allemagne romantique, l'inspecteur Balzac mène l'enquête !Annotation Il semble qu'au 19e, les nouvelles prenant les traits du faits divers avaient du succès. Charles Nodier par exemple. Bon, ben moi je ne suis pas là pour ça, surtout que là la tension est désamorcée juste avant la fin, de surcroît. Boudiou, quel ennui. Le bouquin a encore 6 autres nouvelles, on va s'arrêter 1834Sortie 1834 France. Théâtrelivre de Alfred de MussetKxking a mis 6/ Florence, 1537. Alexandre règne par la terreur, et la vertu a fui. Son cousin Lorenzo ! Par mépris, on le surnomme Pièce aux répliques bien écrites, c'est charmant, surtout au début. Après, c'est un peu dur de comprendre le contexte, et je me suis pas plus attaché que ça, avec la foule de personnages, ça n'aide I Became the Mayor of a Large City in Iceland and Changed the WorldSortie 24 juin 2014 France. livre de Jón GnarrKxking a mis 6/ Témoignage intéressant Après la crise économique très forte en Islande il y a une dizaine d'années, une personnalité comique monte le Best Party de manière ironique, jusqu'à finir par être élu maire de la Capital. Par contre c'est dommage, on reste un peu à la surface, le débat sur le fond aurait pu être intéressant comment son équipe ont été une bonne équipe sans avoir le bagage des autres par exemple.
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